Metronomia a écrit:
Et très sincèrement, j'ai beau chercher, je ne vois pas quel poisson il aurait intérêt à noyer.
Ce qui me mets un peu mal à l'aise dans ce texte, c'est qu'il m'évoque assez douloureusement certains débats que j'ai pu avoir IRL ou sur Internet... avec des personnes qui rappelaient les limites de la Science ou critiquaient des travers de la communauté scientifique (ce que je peux tout-à-fait comprendre), mais dans le seul but de mieux pouvoir disqualifier l'intégralité des éléments factuels qui leurs étaient opposés.
Puisqu'il est bien connu que la neutralité axiologique parfaite n'existe pas, puisque l'on sait que certains labos ou équipes scientifiques sont à la solde de l'industrie agrophamarcochimique, alors les études scientifiques n'ont aucune valeur et les faits scientifiques n'engagent que les matérialistes obtus qui y croient. Et cela étant admis, on a les coudées franches pour parler tranquillou du compteur Linky qui est un complot gouvernemental pour nous abrutir à coup d'ondes toxiques et faire de nous de parfaits consommateurs obéissants, ou pour vendre des remèdes miracles à base de spiruline à des cancéreux éplorés.
Tu me demandes : « quel poisson l'auteur aurait-il à noyer ? ». Je n'en sais rien moi non plus. J'ai l'impression qu'il a simplement essayé de se faire l'avocat du diable et de proposer un contre-discours à l'approche rationnelle... mais pour être honnête, je n'arrive pas vraiment à déterminer à qui est destiné ce texte : aux collaborateurs les plus obtus de l'AFIS ? Au grand public ?
Le préambule et la forme du texte laissent penser qu'il s'agit de la deuxième solution, auquel cas, je trouve le discours bien trop complexe (et jargonneux, oui
) pour être entendu par des citoyens lambda... Le risque qu'il soit mal compris et interprété comme un
« vous voyez, le sociologique a dit que la science était à côté de la plaque sur tel ou tel sujet de société » me semble assez élevé.
Metronomia a écrit:
Si on ne rend pas toute leur complexité aux choses et aux problématiques, on les vulgarise. Et si on les vulgarise, alors on s'éloigne des subtilités scientifiques. Et c'est très bien aussi: il faut de la vulgarisation, mais il ne faut jamais perdre de vue qu'elle n'est qu'une simplification (et donc, qu'elle n'est pas vraiment fidèle à la réalité).
Bien sûr. Mais j'ai envie de dire que cela relève de la tautologie : par définition, la vulgarisation est une simplification de la réalité. On ne parle pas de la même façon de physique quantique selon qu'on s'adresse à des collégiens, ou à des chercheurs ayant travaillé pendant 20 ans dans ce domaine. Tout le monde — même le plus étroit d'esprit des rationalistes — en a normalement conscience.
Or, c'est un des soucis que j'ai avec la prose de l'auteur : les critiques qu'il adresse par exemple à l'étude de l'impact sanitaire des OEM relèvent complétement de la querelle de spécialistes. Elles sont largement incompréhensibles par des non-scientifiques. Ce qui me semble important, c'est qu'au niveau de granulométrie « grand-public », il y a un gigantesque consensus (quoi qu'il en dise) sur le fait qu'il n'y a pas de corrélation directe entre l'exposition aux OEM et électrosensibilité.
En fait, paradoxalement, je trouve que ce texte (s'il s'adresse effectivement au grand public) vulgarise assez mal ce qu'il veut légitimement rappeler. Au risque de donner l'impression qu'il convient de jeter le bébé avec l'eau du bain... ce qui serait quand même dommage.