Chimère a écrit:
En effet. C'est pourquoi c'est oublier la vertu cathartique de l'art et de l'imagination en général... et le processus de sublimation psychologique. En gros, faire une chanson, même si les paroles sont un peu hard, quelques part c'est une façon de détourner la violence sur un autre terrain que la "vraie vie".
Le "problème" (le mot est peut-être fort, mais il est tard et je suis moins apte à peser et évaluer chaque terme à cette heure

) que j'ai avec cette idée est qu'une chanson (ou toute autre oeuvre) diffusée dans l'espace public, c'est bel et bien la vraie vie et c'est quelque chose qu'on décide de diffuser à la face du monde (car il est évident que je ne tiendrais pas du tout le même discours à propos d'un journal intime, par exemple). Il faut donc s'attendre à ce qu'il y ait légitimement du répondant et des réactions en face (en plus, je le redis, je suis sûre que c'est au moins une partie de l'effet recherché). J'avoue en plus ne pas forcément voir le processus de sublimation qu'il pourrait y avoir dans le fait de traiter une fille de s****e dans ses chansons et d'exprimer son envie de la tuer. Exhutoire, éventuellement, sublimation, je ne parviens pas à l'envisager (mais j'ai peut-être tort). J'ai au contraire tendance à penser que ce type de comportement peut facilement conduire à un renforcement de ses croyances et entretenir (et diffuser) des conduites malsaines. Après, il est évident que s'il faut choisir entre ça et quelqu'un qui passe à l'acte, je choisis, en désespoir de cause l'option 1.
Chimère a écrit:
Après, je pense que la violence physique vient surtout parce qu'on a plus de mots, qu'on est justement pas capable (pour tout un tas de raisons) de l'exprimer, de la verbaliser, bref d'en faire quelques choses d'autre... Du coup, moi ce qui ferait vraiment baisser la violence, quelle qu'elle soit, dans les rapports humains, c'est des formes de "cours de psychologie et séance de verbalisation thérapeutique" dès les petites classes.
Je suis aussi pour l'idée d'en faire des choses. Chez soi ou dans le cabinet d'un psy par exemple. Par l'art aussi, bien sûr. Mais l'art, encore une fois, parce qu'il est destiné à l'espace public, nous engage et nous responsabilise. Je reste convaincue que l'on peut exprimer les choses autrement que par les clichés susmentionnés dans la chanson de Fuzati qui, d'après moi, ne font pas du tout réfléchir et sont purement gratuits. C'est d'ailleurs là que l'on pourrait entamer un débat sur ce qu'est l'art. La chanson de Fuzati est-elle de l'art? Pas forcément, de mon point de vue. Elle est une création, en revanche, c'est certain. Et assez mauvaise pour le coup. Je trouve qu'il y aurait 1000 autres façon bien plus malines de communiquer son amertume. Dans le genre textes de rupture amer, je préfère par exemple nettement la noyée de Gainsbourg, (hum... bon, et ce même si ce dernier était très loin d'être un modèle en matière de rapport aux femmes...

). Mais je vois une différence en ce que, dans cette chanson, il ne vise pas une femme parce qu'elle est une femme: il vise la personne qui lui a brisé le coeur un point c'est tout. Donc il n'a pas besoin d'en passer par des clichés sexistes et éculés (encore que l'allusion à la chienne crevée puisse y faire penser... à bien y réfléchir).
Citer:
je préfère qu'on les discute, qu'on argumente, peut-être que justement en faisant parler "sur" ce genre de textes et pourquoi certains garçons peuvent ressentir ça (parce que franchement, un mec qui traite une fille de salope ou de pute son problème il est où ? Bah justement du fait que d'une manière ou d'une autre, il ne peut pas aller au bout de sa virilité, donc il est impuissant symboliquement... donc sa frustration rejaillit en insulte... ), justement, ils arriveraient à verbaliser, donc à "objectiver" leur ressenti (qu'ils ne comprennent généralement pas, parce que toutes les fois où j'ai été confrontée, si je puis dire, à ce genre de types, on va pas se mentir, c'étaient pas des Prix Nobel...

) et donc, d'une certaine manière, à s'en délivrer...
Je ne suis pas d'accord avec le fait que les mecs qui tiennent ce genre de propos ne sont pas des Nobel. Pour reprendre l'exemple de Fuzati, le mec ne m'a pas l'air d'être un idiot du tout. Un con frustré probablement, mais pas un idiot. Du reste, si la mysogynie était l'apanage des andouilles, cela se saurait. Malheureusement, elle est un fléau qui touche toutes les classes sociales, tous les milieux, tous les individus (hommes comme femmes) et qui ne connaît pas non plus de frontières (même s'il y a évidemment des variations selon les gens, les endroits et les époques).
Citer:
Franchement ? ça dépend pas mal des conditions de la ruptures et de la relation antérieure, non ?
Tu ne t'es jamais posé la question de savoir dans quelles circonstances tu pourrais non seulement souhaiter mais aussi faire du mal à quelqu'un ?
Franchement? Non. Mais je le dis sincèrement: ce n'est pas du tout parce que je serais une oie blanche au dessus de ça. Mais alors pas du tout.

Il se trouve juste que je manque terriblement de confiance en moi et que j'ai une (trop) forte tendance à penser que le problème vient en fait bien plus de moi que de l'autre. Du coup, vouloir faire du mal ne fait pas sens. Et c'est d'ailleurs
aussi un vrai problème qu'il faudrait que je règle et surmonte à un moment donné, car je ne suis pas sûre que ce soit très sain non plus (comme quoi, tout est toujours à double tranchant et rien n'est jamais simple).
Du reste, bien sûr qu'on m'a déjà blessée et fait du mal. Bien sûr qu'il y a des gens contre qui je suis ou ai été en colère et dont j'estime qu'ils ont failli. Mais, ces gens auxquels je pense (et qui sont très rares) se trouvent aussi/surtout être des personnes que je sais être des gens biens au fond et qui ont juste fait ce qu'ils pouvaient avec les moyens qui étaient les leurs sur le moment. Ca ne veut pas dire que je les excuse car ils ont dépassé mes limites et qu'une fois qu'elles sont dépassées, je suis du genre assez impitoyable et catégorique. En revanche, ça veut clairement dire que je leur garde (et garderai) toujours au fond de moi mon affection. L'un n'empêche pas l'autre en fait. Je leur en veux, mais je les aime. Et je ne souhaite plus être en contact avec eux parce que je sais qu'ils ne peuvent pas vraiment faire autrement et que je ne suis quant à moi pas capable de l'accepter. Mais au fond, je sais que nous sommes juste toutes et tous juste humains et faillibles. Bref, là aussi c'est compliqué.
