Rien ni personne n'a pu entraver la marche en avant de Mark Webber aujourd'hui, pas même les quatre interventions de la voiture de sécurité durant la course. L'Australien a mené de bout en bout, signant une victoire sans appel.
Vettel avait pris le meilleur sur Kubica pour récupérer la deuxièmle place, comme il l'avait annoncé avant la course. La première neutralisation se produisit dès le premier tour, après que Nico Hülkenberg eût détruit sa Williams dans le tunnel, très poussiéreux hors trajectoire. Elle fut fatale au moteur de Button. Alonso, mais aussi Bruno Senna, en profitèrent pour passer au stand chausser des gommes dures. Un pari audacieux qui leur permettait de ne plus s'arrêter ensuite, ayant passé les deux types de gommes (conformément à la règlementation) et les pneus durs paraissant susceptibles de tenir la distance. Si le Brésilien n'en retira rien - abandon sur panne - il en fut tout autrement pour Alonso.
L'Espagnol fit le spectacle en début de course, bataillant avec les Virgin et les Lotus, avant que les pneus tendres ne commencent à se dégrader au bout d'une vingtaine de tours, poussant tout le monde à s'arrêter. Alonso se retrouvait alors sixième, et sa course fut dès lors plus discrète. Webber, lui, s'était construit une avance suffisante pour ressortir en tête.
Puis vint la seconde neutralisation. Elle fut encore le fait d'une Williams. Barrichello, qui avait réussi un excellent départ et un bon début de course (un moment sixième), perdit le contrôle de sa voiture dans la montée de Sainte-Dévote - bris de suspension ou crevaison, semble-t-il. Le Brésilien en jeta son volant de rage, tandis que le reste du peloton se replaçait derrière la voiture de sécurité. Pour Webber, tout était à refaire.
L'Australien s'y remit sans se déconcentrer, Vettel étant incapable de suivre son rythme. Il en fut de même après la troisième neutralisation, conséquence probable de l'accident de Barrichello : une bouche d'égout s'était semble-t-il descellée au même endroit du circuit. Webber enchaîna alors les meilleurs tours en course, laissant Vettel, Kubica et Massa se disputer les places sur le podium. Malgré leurs efforts respectifs, ils restèrent dans cet ordre, Vettel se mettant à l'abri en s'adjugeant finalement le meilleur tour.
Dès lors, seule une défaillance mécanique pouvait empêcher le triomphe des Red Bull. Les freins, point faible de ces voitures en raison d'écopes de refroidissement trop petites, furent particulièrement surveillés. Mais la quatrième neutralisation coupa court à l'angoissant suspense. Jarno Trulli tenta un dépassement optimiste sur Karun Chandhok à la Rascasse à quelques tours de l'arrivée ; les Lotus avaient eu des difficultés avec leurs écrous de roue, d'où cette situation un peu atypique - l'Hispania du pilote indien étant bien moins rapide que la F1 malaisienne à la régulière. Leurs roues enchevêtrées, les deux monoplaces se retrouvèrent l'une sur l'autre, Trulli passant par-dessus Chandhok.
Après un moment d'hésitation, la direction de course fit donc sortir la voiture de sécurité. Celle-ci s'écarta symboliquement juste avant l'arrivée, laissant Webber accélérer une dernière fois jusqu'au drapeau à damiers. Derrière, toutefois, un opportuniste Schumacher en profita pour ravir in extremis la sixième place à Alonso. Un incident qui demeure toutefois sous investigation : en effet, le règlement veut qu'en principe, lorsque la voiture de sécurité s'écarte, il soit interdit de doubler avant d'avoir franchi la ligne de chronométrage... qui en l'occurrence se trouvait être la ligne d'arrivée. Sous réserve que Schumacher ne soit pas disqualifié ou pénalisé, il termine donc sixième, Alonso septième, Rosberg huitième, Sutil neuvième et Liuzzi dixième.
_________________ Je suis le grincement dans les poutres. Le battement d'ailes dans la cheminée. Les petites marques de dents dans la pêche. Je suis BATMAN FRUGIVORE. - Charles Montgomery Plantagenet Schicklgruber Burns.
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