Grand perdant du Grand Prix d'Europe, où il avait été éliminé sur un spectaculaire accrochage (cf. vidéo ci-après, pour ceux qui préfèrent la F1 dans ces moments-là

), Mark Webber a obtenu sa revanche aujourd'hui en Grande-Bretagne. En premier lieu sur son équipier Vettel, vainqueur à Valence il y a deux semaines.
L'accident de Mark Webber il y a quinze jours.Vettel avait signé la pole position à Silverstone après une belle bagarre, mais dans des circonstances troublées : l'équipe Red Bull avait en effet démonté l'aileron avant de Webber, récemment modifié, pour le placer sur la voiture de Vettel, qui avait perdu le sien en essais libres. Ce que Christian Horner avait justifié par la nécessité de privilégier le mieux placé des deux pilotes de l'écurie (Vettel avait alors 12 points d'avance sur Webber), tout en se défendant (assez hypocritement, au vu des épisodes précédents) de favoriser spécifiquement Vettel.
Webber partit pourtant mieux que Vettel, qui le tassa aussitôt copieusement contre le muret des stands, sans succès. À trop vouloir résister, l'Allemand se fit entraîner à l'extérieur dans le premier virage, où il creva son pneu arrière droit. Se retrouvant bon dernier, il effectua une brillante remontée pour terminer septième, non sans une résistance farouche de la part de Sutil en fin de course, qu'il doubla finalement aux forceps.
Webber, lui, signa un succès sans appel malgré un combatif Hamilton : désormais équipée d'un F-duct efficace, la Red Bull était tout simplement trop rapide par rapport à la McLaren, dont les ingénieurs ont temporairement renoncé aux échappements bas destinés à améliorer l'effet de sol généré par le diffuseur arrière. Button mit d'ailleurs plus de temps que son équipier à s'y faire : quatorzième temps des essais avec une voiture très instable du train arrière, il accomplit une course agressive qui l'amena à la quatrième place finale.
Le podium est complété par Nico Rosberg, qui accomplit une course discrète, mais solide et opportuniste malgré une voiture manifestement en retrait - la preuve avec Michael Schumacher, modeste neuvième après une course très animée pour lui (léger accrochage en tentant vainement de résister à Sutil).
Barrichello confirme le regain de forme des Williams en prenant une belle cinquième place, complétée par la dixième de Hülkenberg - vu un moment en troisième position grâce à une stratégie décalée. Ce dernier récupère le point perdu à Valence, où il avait été arrêté par une spectaculaire défaillance du pneu arrière droit : un lambeau de gomme s'en était détaché à pleine vitesse, perforant le ponton et crevant le radiateur, obligeant le pilote à s'arrêter pour éviter la surchauffe. De rage, Hülkenberg avait accablé de coups de pieds la glissière de sécurité...
Kamui Kobayashi prend quant à lui une sixième place brillante, qui ajoute du lustre à sa prestation précédente. À Valence, il avait profité de l'intervention de la voiture de sécurité consécutive à l'accrochage Webber-Kovalainen pour se hisser en troisième position avec ses pneus durs. Retardant autant que possible son arrêt (puisqu'il devait nécessairement chausser des pneus tendres), il était reparti pour quatre tours à couteaux tirés, doublant tour à tour Alonso et Buemi pour terminer septième. Son équipier de la Rosa ne profita pas, pour sa part, d'une brillante séance de qualifications, puisque la perte d'éléments de son aileron arrière allait nécessiter l'intervention de la voiture de sécurité, avant de l'obliger à abandonner.
Adrian Sutil, quant à lui, se signala par la science avec laquelle il parvint à résister aux assauts de Vettel, avant que ce dernier ne finisse par le doubler à moins de deux tours de l'arrivée. Il termine huitième, Liuzzi finissant pour sa part onzième après avoir été pénalisé de cinq places sur la grille de départ pour avoir gêné Hülkenberg en qualifs.
Les grands perdants du jour sont les pilotes Ferrari. La F10 est de toute évidence en meilleure forme, mais les circonstances de course allèrent contre Alonso et Massa. Déjà piégés à Valence par l'intervention de la
safety car, les deux hommes furent respectivement victimes d'une pénalité (Alonso ayant coupé un virage pour pouvoir doubler Kubica en début de course) et d'une crevaison pour le second (à la suite d'un contact avec son propre équipier au départ). Ils terminent aux 14ème et 15ème rangs.
L'ambiance chez Ferrari doit être au moins aussi tendue que chez Red Bull. On en veut pour preuve cette communication radio laconique d'Alonso une fois qu'il eût observé sa pénalité, intimant à son stand l'ordre de ne plus s'adresser à lui par radio. Une incartade que Stefano Domenicali accepta sans sourciller - mais le directeur sportif de la Scuderia devra très vite reprendre les choses en main s'il ne veut pas se faire "bouffer" par l'égo démesuré de son pilote.
Lorsque se produisit cet incident, Kubica avait déjà abandonné, vraisemblablement sur un problème de transmission. Le Polonais avait occupé la troisième place après le départ et avant sa passe d'arme avec Alonso. Petrov termine quant à lui treizième. Discret, il profita de l'intervention de la voiture de sécurité (rendue nécessaire par la présence sur la piste des débris de l'aileron arrière de de la Rosa) pour pointer au dixième rang. Mais il n'y resta pas, commettant une petite erreur en tentant de résister au retour de Vettel. Une crevaison lente acheva de ruiner ses efforts. Le Russe semble plafonner depuis quelques courses, et malgré la manne financière qu'il représente pour Renault, cette dernière, qui doit annoncer après le Grand Prix de Hongrie le nom de son second pilote pour 2011, le verrait bien remplacé par Kobayashi ou Buemi.
Le Suisse, d'ailleurs, fit une course honorable, pointant un moment sixième avant de finir douzième. La même stratégie décalée fit apparaître Alguersuari temporairement septième, mais l'Espagnol devait achever son Grand Prix dans le bac à graviers.
Chez Lotus, Trulli devance Kovalainen pour le gain de la 16ème place - alors que le Finlandais se montre désormais régulièrement plus rapide en essais. De façon générale, les voitures vertes ont bien progressé (elles n'ont concédé qu'un seul tour au vainqueur), mais il leur reste encore un cap à franchir pour pouvoir espérer mieux.
Les Virgin sont pour leur part toujours accablées d'ennuis de fiabilité, comme en témoigne l'abandon de di Grassi, mais elles ont en revanche redressé la barre en termes de performances. Dernièrement chahutées par les Hispania, elles ont repris l'avantage et se sont rapprochées des Lotus.
La marche en avant d'Hispania a justement été perturbée par le départ de Bruno Senna : à cours d'argent, le Brésilien a été remercié et remplacé par Sakon Yamamoto qui, s'il est bien pourvu en sponsors, n'est pas spécialement réputé pour ses talents de metteur au point.
Les quatre premiers du championnat se tiennent en 24 points, dans l'ordre Hamilton-Button-Webber-Vettel. Alonso est pour sa part décroché, à 47 points du leader, et on voit mal comment il pourrait raisonnablement revenir sur le quatuor de tête pour disputer le titre mondial. Alors que Webber a signifié clairement à son équipe (par radio dans son tour d'honneur) qu'il n'était certainement pas un pilote numéro deux, et que Christian Horner s'est prudemment abstenu de monter sur le podium pour y chercher le trophée dévolu au constructeur vainqueur, le Grand Prix d'Allemagne, où Vettel courra à domicile le 25 juillet, s'annonce électrique...