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 Sujet du message: Re: L'affaire Villemin
MessagePublié: 28 Juin 2017, 18:10 
Lueur dans la nuit
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L'affaire rebondit logiquement avec la mise en garde à vue de Murielle Bolle...
Et l'Est Républicain sort cette information : pur plaisantin ou corbeau ? :think:

Citer:
Murielle Bolle : un mystérieux message laissé dans une église intrigue les enquêteurs

Une phrase énigmatique sur le registre situé à l’entrée de l’église de Lépanges-sur-Vologne a (re)mis les gendarmes sur la piste de Murielle Bolle. L’ADN a conforté puis réduit à néant cet élément à charge. Un rebondissement surréaliste, à l’image de la démesure historique de l’affaire Grégory. Mais une nouvelle fois dans les Vosges,et en particulier dans la mystérieuse vallée de la Vologne, la montagne pourrait accoucher d’une souris.


Cela aurait pu être un incroyable rebondissement, un coup de théâtre digne d’un thriller ésotérique façon Da Vinci Code. Cela s’est déroulé fin mai. L’action se situe dans l’église de Lépanges-sur-Vologne, le village vosgien où habitaient les parents du petit Grégory lorsqu’il a été assassiné le 16 octobre 1984. Une paroissienne qui donne des cours de catéchisme ouvre la porte du lieu de culte. En attendant que les enfants arrivent, elle jette un coup d’œil sur un document situé à l’entrée.
Il s’agit d’une sorte de registre, qui se présente sous la forme d’un cahier d’écolier et ouvert aux fidèles qui peuvent écrire ce qu’ils veulent à l’intérieur. Du commentaire mystique jusqu’à des extraits de prière en passant par des observations pratiques destinées au curé de la paroisse.
La prof de catéchisme est interpellée par une inscription pas comme les autres. Elle comprend que les quelques mots griffonnés sur le registre ont un rapport avec l’affaire Grégory. Le lendemain, elle prévient l’ancien maire du village. L’ex-élu apporte le cahier aux gendarmes vosgiens qui découvrent alors l’inscription. On imagine facilement que leur rythme cardiaque a dû monter en flèche.
« C’est bien Bernard L. qui a tué Grégory, j’étais avec lui » Signé : Murielle Bolle !
Les militaires lisent, en effet, ces mots : « C’est bien Bernard L. qui a tué Grégory, j’étais avec lui ». Et c’est signé : « Murielle Bolle ». Bernard L., c’est Bernard Laroche, le premier suspect de l’assassinat de Grégory qui a été abattu le 29 mars 1985 par le père de l’enfant retrouvé mort dans la Vologne. Murielle Bolle, c’est sa belle-soeur, l’adolescente rouquine qui l’a accusé au début du mois de novembre 1984 d’avoir enlevé le petit garçon, avant de se rétracter devant les caméras de télé. Est-ce bien elle qui a rédigé ce nouvel aveu, une trentaine d’années après le crime ?
La prof de catéchisme qui a découvert cette inscription en forme de confession pense presque logiquement à un canular. Les gendarmes prennent, eux, immédiatement l’affaire au sérieux et alertent leurs homologues de la section de recherche de Dijon qui ont relancé des investigations depuis plusieurs mois sur l’affaire Grégory.
Ces derniers débarquent dans les Vosges. Ils interrogent l’ex-maire de Lépanges et la prof de catéchisme. Ils saisissent également le cahier. La présidente de la chambre de l’instruction de Dijon, Claire Barbier, qui ne laisse rien au hasard, saisit alors très rapidement le professeur Christian Doutremepuich de Bordeaux, une pointure en matière d’expertise génétique.
Ce dernier passe au crible la page du registre où figure la phrase d’aveu. Il découvre au milieu, près de la reliure, un mélange de 6 ADN. Et parmi eux… celui de Murielle Bolle, recueilli par la justice en 2009 ! Cela parait complètement dément ! Une preuve scientifique qui tendrait à démontrer qu’elle est bien l’auteur de cette étonnante confession. Les enquêteurs tiennent peut-être ici, enfin, une bombe qui pourrait changer le cours de l’affaire. Une bombe qui mérite également d’être vérifiée.
C’est pourquoi l’ADN de Murielle Bolle est prélevé une seconde fois, mercredi 14 juin, le jour même des placements en garde à vue du couple Jacob et de Ginette Villemin. Cette fois, l’expertise donne un résultat diamétralement opposé : l’ADN découvert sur la page du cahier n’est pas celui de Murielle Bolle… Incompréhensible !
Comment la génétique, souvent présentée comme la reine des preuves, a-t-elle pu se planter ? La question reste sans réponse. Autre interrogation : qui a écrit l’inscription et pourquoi ? On peut imaginer qu’il s’agit d’une mauvaise blague. Elle ne fait en tout cas pas rire les gendarmes qui pensaient avoir un élément solide sur lequel interroger Murielle Bolle en garde à vue et ils se retrouvent avec du vent. A moins que…


http://www.estrepublicain.fr/actualite/2017/06/28/affaire-gregory-murielle-bolle-et-le-%28faux%29-secret-de-l-eglise


Cela dit, je rejoins pour ma part l'hypothèse de Métronomia : Laroche a enlevé Grégory (et Murielle Bolle en a été le témoin, comme elle l'a déclaré lors des premiers aveux... et ensuite elle s'est rétractée sous la pression familiale), et l'enfant a été assassiné par Jacob (avec ou sans Laroche, et éventuellement sa femme)...
Mais quand on lit les commentaires sous certains articles, on voit que certains sont encore persuadés de la culpabilité de Christine Villemin et qu'un "mensonge d'Etat" (on se demande bien quel serait l’intérêt d'un état dans ce genre d'histoires, mais passons... :think: ) l'aurait innocentée... (et y'a même des gens qui se font exclure de forums ou de pages facebook pour prétendre le contraire, si si... XD )

D'ailleurs, sur cette histoire de corbeau, en fait j'ai vu dans le Non Elucidé et/ou dans le reportage qui a été diffusé sur W9 que le corbeau avait commencé à s'en prendre au père de Jean-Marie Villemin, avant de reporter son ire sur ce dernier...

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
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 Sujet du message: Re: L'affaire Villemin
MessagePublié: 28 Juin 2017, 19:24 
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Chimère a écrit:
Mais quand on lit les commentaires sous certains articles, on voit que certains sont encore persuadés de la culpabilité de Christine Villemin et qu'un "mensonge d'Etat" (on se demande bien quel serait l’intérêt d'un état dans ce genre d'histoires, mais passons... :think: ) l'aurait innocentée... (et y'a même des gens qui se font exclure de forums ou de pages facebook pour prétendre le contraire, si si... XD )

J'avais pu le constater il y a quelques années, lorsque le Non élucidé sur l'affaire avait été diffusé pour la première fois (en 2010, je crois). Le forum de l'émission avait réveillé les passions et des anonymes du coin était venus incriminer Christine Villemin, sans la moindre retenue.
J'ai cessé de lire ce forum à ce moment-là. J'avais été écoeurée à l'idée que les parents Villemin puissent tomber là-dessus. J'aime Internet mais, dans ces moments-là, ça me fiche un cafard pas possible.

Quant à cette histoire d'ADN, elle est proprement hallucinante. J'aimerais vraiment avoir le fin mot de l'histoire.

Concernant Murielle Bolle enfin, il est évident depuis toujours qu'elle sait. Mais la pauvre n'a été ménagée ni par sa famille, ni par le juge de l'époque, qui l'a trahie bien comme il faut. Je ne suis pas sûre qu'elle parlera un jour, mais j'ai de la compassion pour elle. J'ai l'impression que cette gamine n'était vraiment pas à la noce... Comme beaucoup de membres de cette famille, du reste.

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 Sujet du message: Re: L'affaire Villemin
MessagePublié: 29 Juin 2017, 08:16 
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... C'est clair que quand on voit les vidéos de l'époque, on voit une gamine qui n'a pas l'air trop bien dans sa peau, qui a l'air effrayée et - je ne voudrais pas être mauvaise langue, mais bon - qui a l'air relativement limitée... :mrgreen:
Sur la fameuse vidéo de l'interview au journaliste, où elle clame l'innocence de son beau-frère, elle a vraiment l'air de répéter un discours qu'on lui aurait soufflé avec insistance...
A l'inverse, Marie-Ange Laroche fait plus l'effet d'une maîtresse femme, un poil brut de décoffrage...

A mon sens, la première version qu'a donnée Murielle est la bonne : elle a dit la vérité à la fois parce que c'est qu'on lui demandait (et je ne pense pas qu'une gamine comme elle était à l'époque ait assez de malice pour voir plus loin) et parce qu'elle était impressionnée par les uniformes... C'est après qu'elle s'est rétractée sous la pression familiale...
Mais du coup, je ne suis pas certaine que Murielle reviendra sur le discours qu'elle tient depuis plus de 30 ans, même encore maintenant, ça serait se mettre en porte à faux avec le reste de la famille, et ces gens-là se tiennent tous les uns les autres dans le mensonge et le silence... celle/celui qui briserait ce pacte tacite briserait de fait l'équilibre familiale.
Et puis, je pense que depuis le temps qu'elle se tient à cette version... elle doit s'être persuadée que c'est la vérité, plus ou moins consciemment. :think:

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 Sujet du message: Re: L'affaire Villemin
MessagePublié: 12 Juillet 2017, 08:43 
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Après l'incarcération, la grève de de la faim de Murielle Bolle... c'est le Juge Lambert qui - a priori - vient de se donner la mort...

Si ses erreurs dans l'affaire Grégory sont incontestables, je pense aussi que la première erreur a été de confier une affaire aussi complexe à un juge d'instruction inexpérimentée (et, quelque part, ça fait fortement penser à Outreau là-dessus)...

Enfin... décidément, la mort d'un enfant semble maudire tout ceux qu'elle touche...


Citer:
Mort de Jean-Michel Lambert, premier juge en charge de l'affaire Grégory, la piste du suicide évoquée
Le corps du magistrat en charge de l'affaire entre 1984 et 1987 a été retrouvé à son domicile près du Mans.
11/07/2017 22:05 |

Rédaction Le HuffPost

AFFAIRE GREGORY - Le premier juge d'instruction dans l'affaire Grégory, Jean-Michel Lambert, 65 ans, a été retrouvé mort ce mardi 11 juillet à son domicile du Mans, un mois après la spectaculaire relance de cette affaire hors-norme et près de 33 ans après l'assassinat du garçonnet.

Le corps de l'ex-magistrat a été retrouvé dans son bureau avec un sac plastique noué sur la tête à l'aide d'un foulard, selon une source proche du dossier. La police judiciaire d'Angers a été saisie et le parquet du Mans a ouvert une enquête pour déterminer les circonstances de la mort, a indiqué une autre source.

Dans la soirée, la rue où se trouvait l'appartement du juge était barrée par la police qui en interdisait l'accès. Selon les premiers éléments de l'enquête, son corps a été découvert par une voisine alertée par l'épouse du magistrat qui, depuis la veille, n'avait plus de nouvelle de lui. D'après les premières constatations, aucune trace d'effraction ou de lutte n'a été relevée dans son appartement.

"Je suis catastrophé, c'est infiniment triste", a confié à l'AFP l'avocat des parents de Grégory Villemin, Me Thierry Moser. "Je garderai de lui le souvenir d'un homme qui a été confronté à un dossier difficile, qu'il n'a pas su maîtriser et qui a été pris dans un vertige irrépressible".

"Le petit juge"

Surnommé "le petit juge", Jean-Michel Lambert avait 32 ans lorsque le 16 octobre 1984, le cadavre du petit Grégory Villemin, quatre ans, avait été retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne. Alors seul juge d'instruction à Epinal (Vosges), il s'agissait de son premier poste.

Propulsé sous les projecteurs, le magistrat avait surpris en multipliant les confidences à la presse dès les premiers jours de l'enquête.

Il avait notamment révélé aux journalistes l'identité et la teneur des accusations portées par la jeune Murielle Bolle, 15 ans, qui venait de désigner au juge son beau-frère, Bernard Laroche, comme le ravisseur de Grégory.

Après la mort de Bernard Laroche, tué par le père de l'enfant, Jean-Marie Villemin, les soupçons du magistrat s'étaient tournés vers la propre mère de Grégory, Christine Villemin, qu'il avait été inculpée d'assassinat, placée en détention provisoire, puis renvoyée devant les Assises.

Figure atypique

La Cour de cassation avait annulé la mise en accusation, avant que la chambre de l'instruction de Dijon ne rende en 1993 un arrêt de non-lieu pour "absence de charges" contre Villemin, formule inédite aux accents d'excuses judiciaires. Entre temps, l'instruction avait été reprise par un autre magistrat, le juge Maurice Simon, qui avait mis à mal toutes les thèses du "petit juge".

Ce sont d'ailleurs aujourd'hui les conclusions de l'instruction Simon qui sont à nouveau exploitées par les enquêteurs. Les gendarmes tentent notamment de savoir dans quelles circonstances Murielle Bolle est revenue à l'époque sur ses aveux devant le juge Lambert. Fin juin, elle a été mise en examen pour enlèvement et séquestration suivis de mort, ainsi que deux autres suspects, Jacqueline et Marcel Jacob.

Figure atypique, fasciné par les médias, le juge Lambert s'était illustré en 1986 en publiant "Le petit juge", dans lequel il faisait état de confidences sur sa vie intime et considérations personnelles. Après s'être rêvé, sans succès, chroniqueur à la radio, le magistrat, natif de Jarnac, avait été nommé à Bourg-en-Bresse en 1988, avant d'être muté en 2003 au Mans.

En 1993, au procès de Jean-Marie Villemin devant les assises de Dijon, Jean-Michel Lambert avait été sévèrement taclé par l'avocat général. Le représentant de l'accusation l'avait qualifié de "mémorable funambule de la pensée", dont il espérait qu'il avait "conscience des catastrophes dont il avait été indirectement la cause". Le magistrat s'était réfugié dans l'écriture, essais ou romans, aux titres déroutants : "Regards innocents", "Confession fatale", "Scrupules" ou "Un Monde sans vérité".



http://www.huffingtonpost.fr/2017/07/11/jean-michel-lambert-premier-juge-en-charge-de-laffaire-gregory_a_23025526/?utm_hp_ref=fr-homepage


Citer:
Jean-Michel Lambert: Mort du «petit juge» à qui l'on reprochait d'avoir commis «l'irréparable»

Sandrine Issartel — 12.07.2017 -

Il avait 32 ans lorsqu’il s’est vu confier l’enquête au lendemain de la mort de Gregory Villemin le 16 octobre 1984 dans les Vosges. A 65 ans, le corps du «petit juge» a été retrouvé sans vie, mardi soir, en plein resurgissement, 33 ans après les faits, de ce qu’il appelait «l’Affaire». Le premier, et très controversé magistrat, portait un sac plastique sur la tête.

Il était surnommé «le magistrat le plus célèbre de France» tant son nom a fait couler d’encre. Sans doute ne s’y attendait-il pas, le 1er février 1980, jour de son installation dans ses fonctions de juge d’instruction à Epinal. Tout juste diplômé de l’Ecole nationale de la magistrature, Jean-Michel Lambert a alors 28 ans. «Si vous aimez la randonnée pédestre, vous vous plairez dans les Vosges. Et puis vous verrez: sur le plan du travail, vous serez bien. C’est un département tranquille où il ne se passe rien», lui avait affirmé le premier président de la cour d’appel de Nancy, la veille de sa prise de fonction*.

«L’erreur judiciaire dans toute son horreur»
Mardi soir, son épouse, inquiète de ne pas avoir de nouvelles, avait contacté une voisine lui demandant de se rendre à leur domicile situé près du Mans (dans la Sarthe). Dans l’appartement, elle retrouvait le corps sans vie du magistrat retraité, un sac sur la tête. La thèse du suicide est évoquée; une enquête est néanmoins ouverte pour déterminer les causes de la mort du magistrat.

Le matin même, BFMTV publiait des extraits inédits des carnets personnels du juge Maurice Simon, le magistrat qui, en 1987, avait pris la suite du juge Lambert dans l’enquête sur la mort du petit Gregory, prenant l’exact contre-pied du travail et des orientations de son prédécesseur.

«On reste confondu devant les carences, les irrégularités, les fautes (…) ou le désordre intellectuel du juge Lambert. Je suis en présence de l’erreur judiciaire dans toute son horreur», écrivait le juge Simon en avril 1988.
Le 16 octobre 1984, à 17h, Grégory Villemin, 4 ans, joue sur un tas de sable devant la maison de ses parents, Christine et Jean-Marie. A 17h26, Michel, l’oncle de l’enfant reçoit un appel anonyme d’un homme revendiquant l’enlèvement et le meurtre de l’enfant. A 21h, un pompier repêche le corps de Gregory, pieds et poings liés, un bonnet enfoncé sur la tête, dans les eaux froides de la Vologne.

Le lendemain, les parents de Gregory reçoivent une lettre anonyme. «J’espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n’est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con». La lettre a été postée la veille, en fin d’après-midi, à Lépanges-sur-Vologne.

Premier faux pas
Premier faux pas fin octobre. Les premiers résultats des expertises en graphologie pourraient laisser penser que le corbeau serait Bernard Laroche, un cousin de Jean-Marie Villemin. Les experts ont besoin de temps pour confirmer leurs conclusions. Qu’à cela ne tienne, Bernard Laroche est interpellé le 31 octobre 1984, quitte à faire voler la procédure en éclat. Le suspect avance un alibi imparable à ce stade de l’instruction. Il est remis en liberté.

Le 2 novembre 1984, 17 jours après les faits, Murielle Bolle, 15 ans, est entendue par les gendarmes. Elle leur raconte que le 16 octobre, son beau-frère Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie Villemin, est venu la chercher au collège à Bruyères. Ils se sont arrêtés à Lépanges, devant la maison des Villemin, Bernard a enlevé Gregory. Après avoir roulé quelques minutes, ils seraient stationnés au niveau de Docelles, là où le corps de l’enfant a été retrouvé, Bernard serait descendu de voiture avec l’enfant et revenu seul.

Après pareilles déclarations, le procureur demande au juge Lambert d’entendre à son tour ce témoin clé. Le magistrat préfère laisser passer le week-end et libère la collégienne qui passe le week-end dans sa famille. Il ne l’entendra que le lundi. A l’époque, la jeune-fille vit au domicile de sa sœur, Marie-Ange et de son beau-frère.

Le lundi 5 novembre, Jean-Michel Lambert, sur la base du témoignage de sa jeune belle-sœur, inculpe Bernard Laroche du meurtre de Grégory. Il est interpellé et incarcéré à la prison Charles III de Nancy. Le lendemain, Murielle Bolle se rétracte. «Je suis jamais allée sur Lépanges là où le gosse il a été tué. (…) Bernard est innocent», déclare-t-elle face aux journalistes. Fin des certitudes.

Le 9 novembre, à l’occasion d’une confrontation entre Murielle Bolle et Bernard Laroche dans le bureau du juge Lambert, l’adolescente confirme l’innocence de son beau-frère. Faute de preuves, le juge remettra Bernard Laroche en liberté, contre l’avis du parquet, le 4 février 1985. Bien que Jean-Marie Villemin n’ait rien caché de son désir de vengeance à l’encontre de son cousin, Bernard Laroche, reprend sa vie là où il l’avait laissée, sans bénéficier de la moindre protection. Le 29 mars 1984, tandis qu’il rentre du travail, Bernard Laroche est abattu d’un coup de fusil par Jean-Marie Villemin.

Suspicions autour de Christine Villemin
Depuis la fin du mois de novembre, le magistrat instructeur avait vraisemblablement un autre suspect en tête. Fin novembre 1984, quatre collègues de Christine Villemin, ouvrière à la Manufacture de confection vosgienne, disent avoir vu Christine Villemin déposer du courrier à la poste de Lépanges, le 16 octobre, peu avant 17h. Confrontée à ses détractrices dans le bureau du juge Lambert, le 22 novembre 1984, la mère de Grégory maintient qu’elle s’est bien rendue à la Poste mais la veille.

Après Bernard Laroche, c’est au tour de Christine Villemin d’attirer l’attention des experts en graphologie qui trouvent des similitudes entre son écriture et celle du corbeau. Des cordelettes identiques à celles qui avaient servi à ligoter les pieds et les mains de Gregory sont retrouvées dans le garage des Villemin. «J'ai l'impression qu'on me suspecte, mais ceux qui me désignent se trompent. Je ne vois pas ce que cela m'aurait rapporté d'avoir fait cela. Je n'ai plus de gosse. Je n'ai plus rien.» dit-elle en novembre au Figaro. Et en décembre:

«J'ai envie de rejoindre mon fils. J'y pense de plus en plus. Si je reste, c'est que je sais trop que cela ferait plaisir à Marie-Ange Laroche et aux avocats. Ils pourraient raconter n'importe quoi. Je ne serais plus là pour me défendre. Il faut que tout le monde sache que même si je viens à m'effondrer ou à craquer, mon témoignage ne variera pas.»
«L'irréparable vient d'être commis»
Le 5 juillet 1985, Christine Villemin est inculpée du meurtre de son propre fils. Enceinte de 6 mois, elle est incarcérée. «L'irréparable vient d'être commis» déclare alors son avocat, Maître Henri-René Garaud. A la prison de Metz, en détention préventive, elle commence une grève de la faim qui durera cinq jours. Libérée 11 jours plus tard, mais toujours inculpée, le juge Lambert avait estimé que Christine Villemin devait être renvoyée devant une cour d’assises.

Le 11 septembre 1986, le juge Lambert est dessaisi après avoir mené l’instruction pendant 23 mois. Le dossier est transmis à un magistrat plus chevronné, le président de la Chambre d’accusation de Dijon, Maurice Simon. L’enquête est reprise à zéro, Christine Villemin bénéficiera d’un non-lieu en 1993.

Tandis qu’il occupait son premier poste au sortir de l’école de la magistrature, il avait connu la gloire et sa rançon en très peu de temps. «C’était un bon petit gars qui faisait son jogging du côté de Mirecourt», se souvient un habitant du secteur. «C’était presqu’une vedette», se rappelle un spinalien âgé de 13 ans lorsque l’affaire a éclaté. «Même mes parents qui ne s’y intéressaient pas du tout le reconnaissaient quand on le croisait au restaurant». Un destin hors du commun pour ce natif de Jarnac fils d’un ouvrier imprimeur et d’une mère secrétaire. Propulsé au rang de «magistrat le plus célèbre de France», la presse à laquelle il parlait sans retenue, avait fini par le destituer, ne pointant plus du doigt que ses manquements, et le surnommant dès lors «le petit juge».

«Si vous souhaitez devenir le nouveau pensionnaire du cimetière, continuez!»
Epuisé et désavoué, se disant victime de «pression médiatique», celui que l’on tient pour unique responsable de ce fiasco judiciaire et à qui l’on reproche une trop grande proximité avec la presse au risque de mettre en péril le secret de l’instruction, prend une année sabbatique au cours de laquelle il écrit un livre, Le Petit juge, pas vraiment bien accueilli par la critique, dans lequel il fait état, entre autres, des nombreuses lettres d’insultes qu’il a reçu du temps où il était en charge de l’affaire.

«Monsieur le Juge, vous avez le verbe bien haut. Si vous souhaitez devenir le nouveau pensionnaire du cimetière, continuez!»

«Tu déshonores la profession qui est déjà bien malade. Une retraite anticipée ou un internement à Sainte-Anne te sauveront la face»

«Vous n’êtes qu’un pauvre type, pas à la hauteur de votre fonction. Pour moi, vous méritez tous les noms possibles: ordure, assassin, criminel, bâtard, chien à vache, et ceci dit, c’est très peu pour tout ce que vous avez fait endurer et faites endurer à Christine. Vous le payerez, j’en suis persuadé»

Ces missives insultantes et menaçantes ne l’avaient cependant pas dissuadé de réintégrer la magistrature dès 1988 mais à des postes moins exposés, d’abord à Bourg-en-Bresse, en tant que juge du siège, puis au Mans, à partir de 2003, en tant que vice-président du TGI.

«Je savais à quelle rampe de l’escalier du tribunal j’accrocherais la corde»
En 2014, il avait fait son pot de départ et, auteur de nombreux romans policiers, il avait fait paraître cette même année un livre, dont le titre laissait entendre à quel point il était hanté par l’affaire Gregory et de la mort de Bernard Laroche qu’il n’aura pas su empêcher, «De combien d’injustices suis-je coupable?».

«Je n’ai pas accordé au départ toute l’attention que j’aurais dû à ce dossier. J’étais le seul juge d’instruction à Epinal. J’ai fini l’année avec 229 dossiers. Gregory portait le numéro 180», écrit-il dans les brefs passages qu’il consacre à l’affaire.

A la sortie de son dernier livre, il reconnaissait les erreurs de procédure. À Libération il confiait: «Je n’ai pas accordé au départ toute l’attention que j’aurais dû à ce dossier. J’étais le seul juge d’instruction d’Epinal. J’ai fini l’année avec 229 dossiers. Grégory portait le numéro 180.» Il revenait sur la culpabilité, pour Laroche «terrible» et «venue plus tard.» Jamais sur celle d'avoir inculpé la mère de Grégory.

Il disait avoir pensé au suicide, «par flashes»:

«J’avais repéré l’endroit où ça se passerait. Je savais à quelle rampe de l’escalier du tribunal j’accrocherais la corde.»
«Malheur à la ville dont le juge est un enfant», écrivait un journaliste du Nouvel observateur à son propos, faisant allusion à son inexpérience tandis qu’il s’était retrouvé propulsé du jour au lendemain au cœur de l’une des plus grandes et médiatique affaire criminelle française à l’âge de 32 ans. «Je crois en une force qui nous dépasse, à un certain déterminisme, à un mystère auquel personne ne peut apporter de réponse», confiait-il encore il y a trois ans.

Le 28 juillet, Murielle Bolle, aujourd’hui incarcérée sera confrontée à son cousin qui affirme l’avoir vue se faire molester par l’entourage de Bernard Laroche après son audition par les gendarmes en novembre 1986. Peut-être saura-t-on alors si le fait de lui avoir rendu sa liberté le temps d’un week-end aura fait perdre à Bernard Laroche la vie, à la justice, 33 ans.


http://www.slate.fr/story/148419/mort-du-juge-lambert-gregory

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 Sujet du message: Re: L'affaire Villemin
MessagePublié: 12 Juillet 2017, 09:56 
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Si ses erreurs dans l'affaire Grégory sont incontestables, je pense aussi que la première erreur a été de confier une affaire aussi complexe à un juge d'instruction inexpérimentée (

Bin, c'est que, d'après ce que j'ai compris, il n'y avait pas pléthore de juge d'instruction à disposition, et puis il n'est pas évident de savoir dés le départ que serait une affaire si complexe, ni que ce juge serait incompétent.
Je vois mal, ses supérieurs, lui laisser commencer l'instruction de l'affaire, puis se rendant compte qu'elle est complexe, lui dire : Finalement, tu n'as pas assez d'expérience pour cette affaire, on va la confier à plus compétent que toi.

Je ne tiens pas particulièrement à le défendre, je pense aussi quil a été d'une incompétence crasse, mais juste que personne n'aurait pu le savoir à l'époque.

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 Sujet du message: Re: L'affaire Villemin
MessagePublié: 12 Juillet 2017, 10:14 
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Il aurait été possible, je pense, vu comme l'affaire progressait, de lui affecter soi un binôme d'un autre parquet (Nancy, par exemple), ou que le procureur s'implique un peu plus dans la procédure...
Après, je suppose que pour un professionnel, ça reste une forme de désaveu, cela, dit c'était son premier poste, ça n'aurait pas été si absurde...

Mais bon, en effet, on ne va pas refaire l'histoire, et à l'époque, il est probable que l'on ne pouvait voir à l'avance comme les choses allaient déraper, et quand c'est arriver, c'était déjà trop tard pour faire quoi que se soit... :|

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