... point n'est question ici d'animaux punis par des peines de prisons... mais bien d'une expérience de zoothérapie...
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Des détenus apprivoisent des animaux domestiques à Strasbourg
À la prison de Strasbourg-Elsau, les détenus peuvent prendre soin d’animaux.
Expérience unique dans une maison d’arrêt française : à l’Elsau, des détenus s’occupent de tourterelles, cochons d’Inde, lapins ou furets qu’ils apprivoisent pour en faire les compagnons de leurs angoisses et de leur solitude.
L’expérience a commencé en 2008 après plusieurs pendaisons de mineurs dans les prisons de Metz puis de Strasbourg. « Décrocher un jeune, cela vous marque à vie », déclare alors un membre de la direction qui fait appel à une psychologue du comportement animal, Patricia Arnoux.
Inspirée par la « zoothérapie » développée au Canada, elle va entamer une série de visites au quartier des mineurs avec son golden retriever pour « désamorcer une tension palpable ».
« L’animal permet au jeune d’évoquer plus facilement ses problèmes », déclare Patricia qui, avec une autre psychologue, fait « tourner » depuis deux ans ses retrievers et deux Jack Russel dans les quartiers des mineurs, des longues peines et des femmes.
Trois cents détenus ont rencontré les animaux l’an dernier dans une salle de vie de l’établissement, où sont installés une dizaine de petits animaux, ou lors des visites de Patricia et de ses chiens dans les différents quartiers.
« On travaille le transfert et la projection. Un détenu qui ne se lavait pas du tout est allé prendre une douche après avoir bavardé trois fois avec un lapin », dit-elle.
« La petite ferme »
Les détenus souhaitent avoir un animal en permanence dans leur cellule. Une tentative avec un hamster a tourné court « car l’animal est très remuant la nuit, il gratte et il boit ce qui trouble le sommeil, explique-t-elle. Mais, depuis trois mois, des détenus mineurs partagent sans problème leur espace avec des cochons d’Inde ».
Dans le bâtiment B, une succession de couloirs bordés de cellules mène à la « petite ferme » de la prison. Chaque animal a son détenu-référent qui le nourrit et le soigne lors de visites au quotidien.
Mardi, quelques détenus s’émerveillaient devant deux œufs pondus par une tourterelle malencontreusement baptisée Moustache. « L’info de prochaines naissances fait le tour de la maison depuis hier », indique, ravie, la directrice de l’établissement, Bénédicte Brunelle.
Dimanche, la mort d’un animal a désespéré son référent « qui était effondré » et son gardien a compati, ajoute-t-elle. Le personnel de cette maison prévue pour 444 pensionnaires, alors qu’il y en a parfois près de 700, semble largement favorable à l’expérimentation.
Seul un animal a été baptisé « Gangster » par son référent, les autres se dénommant Fraise, Cacahuète ou encore Sultan, un chinchilla auquel Farid donne justement un biberon d’eau « parce qu’il renverse son bol quand je suis pas là ».
Responsable et fier
Olivier s’occupe depuis deux mois de son cochon d’Inde : « Ça me procure un moment de liberté et cela me responsabilise car, si je ne le nourris pas, il est dans la mouise », explique-t-il.
Les détenus veulent souvent présenter l’animal dont ils ont la charge à leur père ou à leur fils lors des parloirs, une demande favorisée par la directrice. « Il y a une fierté à montrer que l’on sait s’occuper d’un animal », explique-t-elle.
Il en est ainsi de Nicolas. « Je veux présenter Benji, le chinchilla que j’élève depuis deux ans, à mon fils qui est dans une famille d’accueil », dit-il, en caressant la boule de fourrure.
Les animaux en cage à Strasbourg n’ont pas encore fait des petits dans les autres maisons d’arrêt de l’Hexagone, mais, à Rennes, un ancien cadre de l’Elsau tente aujourd’hui de répéter l’expérience alsacienne.
http://www.lalsace.fr/fr/article/3061018/Des-detenus-apprivoisent-des-animaux-domestiques-a-Strasbourg.html