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- ce type d'exercice peut tout à fait se réaliser sans devoir imposer la structure lourde et rigide d'une dissertation, avec thèse antithèse et synthèse, qui est souvent plus embêtante qu'autre chose (notamment dans le fait qu'en antithèse, on est supposé exposer les théories d'un philosophe...).
Je ne crois pas, enfin je ne sais pas Science Po et je suppose que cela dépende des concours (enfin, je ne suppose pas, je le sais... j'ai vu des annales de concours avec des copies bien notées auxquelles j'aurais mis 2...

), que l'épreuve soit toujours si formaliste que ça...
Indépendamment de cela, quand on maîtrise bien le truc, crois-moi, suivre ce plan ça aide à avoir un guide et à ne pas partir dans tous les sens, à mettre ses idées en ordre...
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- on pourrait demander aux candidats de disserter sur de vraies problématiques, (et il n'en manque pas : des questions de société, de politique...), plutôt que sur des sujets abscons qui confinent souvent au viol anal de diptère ( « L'histoire nous appartient-elle ? », bah heu... ).
Peut-être... mais personnellement, je pense qu'être capable de prendre du recul et de la hauteur aide à mieux appréhender le présent...
Après, ça dépend des sujets... mais ton sujet, je crois que j'aurais pu pondre une demie-douzaine de pages sans problème (à l'époque où j'étais bien entraînée et affûtée comme un katana...

).
En fait, c'est presque une mécanique, une fois que l'on sait comment s'y prendre... Le truc, c'est qu'il faut un certain entraînement...
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- tu dis que le but d'une dissertation n'est pas d'étaler sa culture mais de montrer que l'on est apte à écrire un discours structuré et argumenté... Certes. Mais visiblement les intellectuels ont une vision de la chose différente de la tienne, puisqu'ils estiment qu'il est indispensable de disperser dans sa dissertation des références à idées ou écrits de philosophes, voire des citations complètes... Ce qui revient bien, au final, à faire une démonstration de ses connaissances.
Sauf qu'apprendre des citations par coeur, ça va, tout le monde peut le faire... c'est en grande partie de l'esbrouffe ça...
Dans mes dissert, je replaçais des citations apprises sur internet (il y a 26000 sites pour ça), et à côté l'exemple d'un film que j'avais vu, ou même d'un livre d'un autre genre que j'avais lu (même de la SF, Orwell par exemple, c'est imparable, le Seigneur des Anneaux aussi, ça se replace bien).
ça a toujours marché...
(en fait, si on sait comment l'amener, on arrive à recaser à peu près n'importe quoi dans n'importe quel sujet de dissertation, c'est juste une question de maîtrise des techniques d'argumentation et de rhétoriques)
Après, très égoïstement... c'était non seulement une épreuve dans laquelle je réussissais bien, et qu'en plus j'aimais bien faire... (si si...).
Au fond, on devrait pouvoir avoir plusieurs choix en fonction de ses facilités naturelles et de ses goûts personnels...
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Ce genre d'exercice risque donc bel et bien de s'avérer être au final une sélection par le milieu social...
Je tiens à préciser que je ne suis pas davantage pour la "discrimination positive" que certains voudraient imposer et généraliser ; mais je pense juste qu'il faut garder à l'esprit que sélectionner les étudiants selon leur connaissance de la littérature ou de la philosophie revient à sélectionner un certain type d'individus issus d'une catégorie sociale plutôt aisée.
Là, je suis d'accord...
Mais je pense que c'est comme plein d'autres apprentissages (sciences, langues...), ils sont très mal inculqués, et surtout pas de manière passionnante (et passionnée, aussi... J'ai toujours adoré les lettres et la littérature, mais il y avait des différences en fonction des profs... ).
Je pense qu'il faut toujours un peu des deux : à la fois donner des jalons de culture "classique" (parce que je pense que ça fait quand-même partie de notre patrimoine commun), mais apporter une ouverture d'esprit et surtout le goût d'apprendre...
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... Et cela, ça me dérange beaucoup. Le fait de résumer arbitrairement toute la culture à cette culture classique, et de considérer qu'en dehors de cette dernière il n'y a point de salut.
Non, je ne dis pas cela... Personnellement, mis à part deux ou trois représentants d'un certain classicisme ce n'est pas mon truc non plus. Mais je pense cependant qu'il est important d'avoir des jalons et de savoir les situer... pour nous situer nous...
Qu'on ait pas lu Proust, ce n'est pas si grave... Que l'on ne voit même pas qui c'est et à quoi il correspond, je trouve ça gênant, surtout pour se situer dans l'articulation des mouvements littéraires, de l'histoire tout ça...
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de manière générale, je me méfie beaucoup de la notion de "système" (« le système ne veut pas des gens qui sortent du moule », « le système pousse à l'inculture », etc...), au moins à peu près autant que du concept de "français moyen". C'est un raccourci trop simple et trop caricatural, servant à désigner une réalité en fait très complexe et hétérogène.
Cela revient donc à tomber un peu dans le même travers que les conspirationnistes, qui veulent à tout prix trouver une cause unique et bien identifiée à des situations qui sont le fruit de l'interaction d'une multitude de facteurs plus ou moins flous.
Certes...
Mais en même temps, j'ai tendance à penser qu'il y a toute une intelligencia médiatico-politique, des "hommes pressés" pour paraphraser Noir Désir, qu'un public trop "intelligent" n'arrange pas. Sans doute pour des raisons bassement intéressés, mais n'empêche...
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Loin de moi l'idée de vouloir jouer au psychologue de base, mais j'ai l'impression que cette remarque n'est pas neutre venant de toi et qu'elle fait directement écho à ta personnalité, non ?..
Sans doute...
Mais en même temps, je trouve dommage que l'on soit dans une société qui "écrase" des potentiels parce que les personnalités qui les portent ne sont pas assez extraverties, trop portées à l'abstraction etc...
A ce genre de jeu, au final, tout le monde y perd...
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Juste de gens qui n'auraient pas la "connaissance de la culture classique" exigée par certains intellectuels, mais qui à coté de cela se seraient investis dans une passion particulière, auraient participé à des associations artistiques/sportives, auraient monté des projets humanitaires...
Bref, des personnes qui, bien que n'étant pas capable de disserter des écrits de Proust, n'en seraient pas moins bêtes, ni moins libres d'esprit, ni moins capables de développer un raisonnement argumentée.
Je ne dis pas le contraire, mais je pense quand-même que pour pouvoir appréhender certains problèmes du présents, il faut être capable de se situer par rapport aux faits et idées émises dans le passé...
Et qu'il n'est pas non plus nécessaire de toujours opposer les personnalités aussi... mais partir du principe que tout le monde peut se compléter. Or, j'ai l'impression que l'éducation, telle qu'elle est envisagée en France, et justement basée sur la compétition et l'exclusion de tel ou tel...
