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MessagePublié: 07 Août 2017, 12:33 
Lueur dans la nuit
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Le mystère de la Simca 1100 grenat
Par Marie-Hélène MARTIN — 4 février 2003 à 22:06

Noël 1972 en Charente, un couple et ses deux enfants se volatilisenten revenant d'un réveillon. Trente ans après, retour à Boutiers..

Un épais brouillard givrant recouvre cette nuit-là la Charente. On n'y voit pas à trois mètres. Il est un peu moins de 2 heures du matin quand Pierrette, 29 ans, et Jacques, 31 ans, montent dans leur Simca 1100. Les enfants, Eric, 7 ans, et Bruno, 4 ans, somnolent à l'arrière. La famille vient de passer le réveillon de Noël chez les Fontanillas, à Cognac. Les deux hommes travaillent ensemble à l'usine Saint-Gobain de Châteaubernard. Une soirée tranquille entre amis. Les enfants jouent ensemble. Tout s'est bien passé. Jacques sort le premier pour faire tourner le moteur. On s'embrasse sur le pas de la porte. La Simca 1100 grenat disparaît ensuite dans la nuit pour ne plus jamais réapparaître.

Les Méchinaud et leur voiture se sont volatilisés un soir de Noël 1972 sans laisser la moindre trace. Sans que jamais, en trente ans, un indice ne vienne éclaircir le mystère. A l'époque, un détail étonne tout de même les Fontanillas : Jacques Méchinaud ne semblait pas pressé de partir. Selon plusieurs proches, il «faisait traîner» alors qu'il savait que son collègue embauchait à 4 heures du matin. Employé à l'entretien des machines chez Saint-Gobain, il est décrit par ses anciens collègues comme un «bosseur». Faisant les trois-huit, travaillant dur pour que sa famille ne manque de rien. Doué pour la mécanique, il n'hésitait pas, une fois son travail terminé, à compléter ses revenus par des réparations de voitures au noir. Son épouse, une femme pleine de charme, toujours tirée à quatre épingles, «tenait bien son ménage». Les enfants ? «Toujours bien mis.» Michèle Content, jeune institutrice fraîchement nommée à Boutiers à la rentrée 1972, avait le plus jeune dans sa classe et se souvient d'enfants sans problème. Une famille banale, sans histoires. Leur disparition est une surprise totale.

Victuailles. A droite, le monument aux morts. A gauche, un christ en croix. Entre les deux, tournant le dos à la route, une maison aux volets verts. Un mur a remplacé le grillage d'hier, rendant inaccessible aux regards le jardin et la façade. Les anciens de Boutiers-Saint-Trojan (village de 1 500 habitants, à cinq minutes de Cognac) savent que c'est là, au 14, route de Saint-Trojan, qu'habitaient les Méchinaud. Une dizaine de jours après leur disparition, les gendarmes alertés par un proche forcent la porte de la maison aux volets verts. Ils découvrent les cadeaux des enfants au pied du sapin décoré. Dans le réfrigérateur, la dinde, les huîtres, toutes les victuailles pour un repas de fête. Sur la table, le carnet de chèques. Dans les placards, pas un vêtement ne semble manquer. Dans cet intérieur soigné, le temps s'est arrêté le 24 décembre 1972.

Rumeur. La gendarmerie pense d'abord à un accident. Moins de cinq kilomètres séparent Cognac de Boutiers le long de la Charente. La voiture, compte tenu des conditions météo, a pu faire une embardée et tomber dans l'eau. Des plongeurs sont mobilisés. Un hélicoptère survole même les environs. Rien. Dans un deuxième temps, dans un pays pourtant peu enclin aux bavardages, la rumeur court. Elle fait état de problèmes dans le couple Méchinaud. Pierrette aurait un amant. Son beau-frère, Jean-Paul Méchinaud, confirme. Jacques lui aurait fait part de ses soupçons au printemps, lors de la foire-expo d'Angoulême. La presse à scandale s'empare à l'époque de l'affaire. Exhume même une prétendue lettre d'amour de la disparue. Fou de jalousie, le mari aurait jeté tout le monde dans un trou. Bernard Haury, son collègue chez Saint-Gobain et son voisin à Boutiers, qui l'a fréquenté pendant huit ans, décrit Méchinaud comme un homme «nerveux», «un gars qu'il fallait pas trop chatouiller». Il se souvient aussi des propos «à glacer le sang» qu'il aurait tenus sur le pas de sa porte : «Si un jour j'apprends que ma femme me trompe, tout le monde y passera. Il n'y aura pas de rémission. Je connais des coins. Là où j'irai, personne ne me retrouvera.»

Radiesthésiste. Les coins pour un suicide «collectif» ne manquent pas dans la région. On penche du côté des sablières ou des carrières de Saint-Même. Un site qui se trouve sur la commune voisine du même nom. Labyrinthe lugubre, encore accessible en voiture à l'époque. En contrebas du pont de Vinade, non loin de l'endroit où habitaient les parents de Pierrette, un pêcheur a sorti de la Charente ce qui avait tout l'air d'un crâne d'enfant. Troublée, Andrée Chadoutaud, la mairesse de Saint-Même-les-Carrières, a consulté les gendarmes qui, sans s'attarder plus que ça sur la découverte, n'y ont vu, eux, qu'un bout de crâne d'oiseau. Cet été encore, le fantôme des Méchinaud a plané. Lorsqu'un véhicule a été retrouvé dans la Charente, on a tout de suite pensé aux disparus de Boutiers. Ce n'était pas eux.

Au village, l'énigme alimente toujours les conversations. Chaque Noël, on y pense. A la mairie, leurs cartes d'électeur sont à disposition. Et à chaque scrutin, Robert Richard, le maire, ne manque pas de lancer : «Et surtout, si les Méchinaud viennent voter, vous me prévenez !» Serge Mazeau, dit «le Shérif», qui occupait les fonctions de garde champêtre à Boutiers au moment de la disparition, s'est passionné pour l'affaire au point de faire venir un radiesthésiste. Il s'est promis de résoudre l'énigme avant de mourir. «C'est quand même vexant que toute une famille disparaisse comme cela et que l'on n'arrive pas à comprendre ce qui s'est passé.» Paul Boujut, journaliste aujourd'hui à la retraite, qui a couvert l'affaire pour la Charente libre, a «suivi les bords de la Charente pendant des semaines», hanté par les Méchinaud. Sa consoeur, Christine Gilles, qui a repris récemment l'affaire à l'occasion des trente ans de leur disparition, voit depuis «des Simca grenat et Méchinaud partout».



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Affaire des disparus de Noël : retour sur les dernières pistes explorées

L’inexplicable disparition de la famille Méchinaud en Charente dans la nuit de Noël 1972 reste à l’esprit des enquêteurs. Différentes pistes ont été explorées depuis deux ans, en vain

C’était il y a quarante-deux ans. La famille Méchinaud disparaissait à bord d’une Simca 1 100 dans la nuit de Noël 1972, après avoir passé le réveillon chez des amis cognaçais, rue des Plantes. Jamais on n’a retrouvé la trace de Jacques, 31 ans, ouvrier à l’usine verrière Saint-Gobain de Châteaubernard, sa femme Pierrette, 29 ans, et leurs enfants Éric, 7 ans, et Bruno, 4 ans. Restent des détails de circonstance qui font froid dans le dos : dans la maison des Méchinaud, à Boutiers-Saint-Trojean, les gendarmes trouveront trois semaines plus tard les cadeaux au pied du sapin, une dinde et des huîtres avariées au frigo. Une famille volatilisée sur fond de dissension conjugale : Pierrette a pour amant un voisin du village et songe à divorcer.

De nouvelles recherches sont lancées en 2011 avec des outils modernes
Début des années 2010. Désireux de vendre un terrain en indivision hérité de leurs parents, le frère et la sœur de Jacques Méchinaud se retrouvent confrontés au vide juridique laissé par la disparition de celui-ci. Ils sollicitent Nicolas Jacquet, alors procureur de la République d’Angoulême, qui se résout à lancer de nouvelles recherches avec les technologies dernier cri : deux jours durant, en novembre 2011, la Charente et plusieurs points d’eau alentours comme les cavités de Saint-Même-les-Carrières avaient été sondées, en vain. L’enquête ouverte par le parquet d’Angoulême n’a pas été bouclée pour autant : depuis, plusieurs actes y ont été versés, signe que les disparus restent à l’esprit des enquêteurs.

1 L’espoir de la chênaie de Courcerac
Les ossements d’un adulte et d’un enfant abandonnés à l’orée d’un bois de Courcerac, près de Matha (17), vingt-deux kilomètres au nord de Boutiers : révélée par « Sud Ouest » en décembre 2012, la découverte d’un cueilleur de cèpes avait été prise d’autant plus au sérieux que l’âge des ossements était alors estimé à « plus de 40 ans » par un médecin légiste. Le laboratoire bordelais du Dr Christian Doutremepuich en a extrait de l’ADN mitochondrial, non sans difficulté, ADN ensuite confié pour comparaison au laboratoire de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), à Rosny-sous-Bois. Les recoupements avec l’ADN de parents de la famille disparue n’ont rien donné.
À Courcerac, des ossements découverts à l’orée d’un bois par un cueilleur de champignons, à l’automne 2012.

2 Une Simca 1 100 dans la Charente !
Ni la plaque d’immatriculation, ni le numéro de chassis frappé ne correspondent au véhicule disparu
L’opération s’est déroulée dans la plus grande discrétion, le 7 octobre 2013, entre l’écluse et le pont de Basseau. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la présence d’une Simca 1100, de couleur plus ou moins identique à celle de la famille Méchinaud, c’est-à-dire rouge grenat, est signalée dans le lit de la Charente. Les gendarmes plongeurs de la brigade nautique de La Rochelle interviennent, le véhicule est remonté à la surface. Las, ni la plaque d’immatriculation, ni le numéro de chassis frappé, que les enquêteurs ont pris soin de recouper, ne correspondent au véhicule disparu.
La Charente, entre le pont et l’écluse de Basseau : une improbable Simca 1100 y a été repêché dans la plus grande discrétion, en octobre 2013.

3 Sept dépouilles mis au jour à Cognac
Dernier acte versé, pas plus tard qu’en octobre dernier, rue de la Providence, à Cognac. En brisant une dalle pour faire place nette dans son jardin, un propriétaire met au jour des ossements. Il est alors question de trois adultes et un enfant. L’endroit a beau recouper l’emprise d’un ancien cimetière mérovingien, l’enquête est confiée à la gendarmerie, gage présumé que l’hypothèse disparus de Boutiers n’est pas tout à fait exclue. Au total, des dizaines d’ossements sont récoltés sur place. Soit sept dépouilles différentes : cinq adultes et deux enfants ou adolescent, le tout étant confié à l’IRCGN. Les conclusions des techniciens ne laissent guère de place au doute : après datation par méthode colorimétrique, le délai post-mortem est « estimé à plus de 90 ans » selon un rapport rendu début novembre. Par acquis de conscience, l’ADN sera toutefois comparé avec celui des parents de la famille Méchinaud que l’IRCGN a désormais sous la main.


http://www.sudouest.fr/2014/12/25/disparus-de-boutiers-dernieres-pistes-explorees-1778895-813.php


Une affaire de disparition familiale vieille de plus de 40 ans...

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MessagePublié: 07 Août 2017, 21:07 
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Je ne connaissais pas cette affaire... Très mystérieuse, en effet. Je ne saurais trop qu'en dire, si ce n'est qu'elle est très intrigante.
Merci d'avoir partagé ça avec nous, Chimère !

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MessagePublié: 08 Août 2017, 17:57 
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Intéressant, en effet !

C'est bizarre, cette voiture de même marque, modèle et couleur retrouvée dans la Charente alors qu'elle avait été draguée à l'époque...
Je commence sérieusement à me demander s'il est vrai que le crime parfait n'existe pas ! :think:


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MessagePublié: 08 Août 2017, 18:31 
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Le crime le "plus parfait possible" est finalement celui où l'on ne retrouve pas de corps ( et c'est un peu une vanne d'étudiants en droit pénal : pas de corps = pas de crime = pas de procès = pas de prison...).
Cela dit, il y a eu des cas où malgré l'absence de cadavres, il a pu avoir condamnation (c'est très rare et j'ai pas d'exemple en tête là tout de suite). Ou failli avec un gros doute (comme dans le cas de la disparition de Suzanne Viguier).

En l'espèce (ça aussi c'est bien une expression de juriste... :shifty: ), l'explication la plus probable qui me vient à l'esprit vu le contexte, ça serait plutôt un "drame familial" comme disent pudiquement les journaliste... soit le père a tué tout le monde est s'est suicidé. Soit il a réussi a disparaître...
Comment ? je sèche...
Mais ça fait quand-même fortement penser à une affaire De Ligonnès ou une affaire Godard avant que la mode soit lancée... :think: (et encore, pour la première, on a retrouvé les corps, alors que dans la seconde, on a retrouvé, a priori, des restes humains... là, on a toujours rien retrouvé...)

Après, ça peut être autre chose aussi, parfois, les apparences sont trompeuses (un peu comme dans le cas de l'Affaire Troadec tout récemment... la presse s'est emballée en mode "Xavier Dupont de Ligonnès bis"... puis s'est emballée sur le fils parce qu'il avait posté 2 ou 3 messages un peu trop sombre sur le net alors qu'en fait... ça n'avait rien à voir avec tout ça. Même si du coup, c'est quand-même une affaire très intéressante psychologiquement parlant... :think: ).



PS : merci Pochel, de rien ! :P
J'ai trouvé intéressant de poster cette histoire, parce qu'effectivement, elle est beaucoup moins connue que d'autres standards parmi les "cold case"... je ne sais d'ailleurs pas trop pourquoi ?... Il y a plein de facteurs pour qu'une affaire prenne une sorte d'ampleur médiatique voire historique qui dépasse le simple cadre du fait divers et de l'enquête judiciaire, mais on ne sait jamais trop pourquoi ça prend ou pas ?...

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MessagePublié: 08 Août 2017, 18:55 
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Bonnes questions !

Le truc, c'est peut-être que quand quelqu'un parvient à tuer impunément, il finit souvent par recommencer, et sauf RARES exceptions, il y a toujours un moment où il se fait prendre ?

Ou alors un meurtre 'ponctuel' où tout s'imbrique pour brouiller les pistes, et ensuite le meurtrier se tient à carreau, ni vu ni connu j't'embrouille...?


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MessagePublié: 08 Août 2017, 19:08 
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... Mmmmh, tout dépend du pourquoi du comment du passage à l'acte en fait...
S'il s'agit d'une personne avec un profil de tueur en série, oui, on est a peu près sûrs qu'il va recommencer, et c'est souvent en recommençant qu'ils finissent par commettre des erreurs et se font prendre (même longtemps après les faits, comme dans le cas de Dennis Rader alias BTK qui s'est faire prendre plus de 10 ans après son dernier meurtre, juste parce qu'il a voulu fanfaronner dans un journal...).

Mais s'il s'agit d'un meurtre ponctuel, où l'unique victime est visée pour une raison bien précise (un mari qui tue sa femme volage ou qui souhaite partir par exemple... une vengeance familiale etc...), ben une fois la victime désignée morte, le meurtrier n'a généralement pas de raison de recommencer, en principe...

Mais les enquêteurs savent bien que dans plus de 80% des cas, le tueur est dans l'entourage direct de sa victime... la difficulté survient lorsque le tueur n'a aucun lien avec sa victime (comme lorsqu'il s'agit d'un tueur en série).

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