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MessagePublié: 22 Juillet 2019, 13:47 
Seigneur Canard
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Leur chef de file avait déjà donné le ton. N'a-t-il pas appelé à «ne pas écouter les Cassandre», préférant inciter à donner un coup d'accélérateur croissanciste - quand bien même on sait ne plus pouvoir éviter un mur avec lequel la distance de freinage est déjà trop courte ?

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Je suis le grincement dans les poutres. Le battement d'ailes dans la cheminée. Les petites marques de dents dans la pêche. Je suis BATMAN FRUGIVORE. - Charles Montgomery Plantagenet Schicklgruber Burns.


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MessagePublié: 29 Juillet 2019, 08:21 
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A partir d’aujourd’hui, l’humanité vit à crédit
Lundi, toutes les ressources renouvelables de la planète pour 2019 ont été épuisées. Ce « jour du dépassement » survient chaque année un peu plus tôt.

Lundi 29 juillet, l’humanité aura épuisé toutes les ressources renouvelables de la planète pour l’année 2019. Cette date intervient, chaque année un peu plus tôt : en 2018, le « jour du dépassement » mondial tombait le 1er août. Il y a vingt ans, la date fatidique était le 29 septembre, deux mois plus tard donc que cette année. En 1979, le jour du dépassement survenait au tout début de novembre.

Cette date, calculée par le Global Footprint Network – un think tank, créé en 2003 et basé aux Etats-Unis, en Belgique et en Suisse, spécialisé dans les causes environnementales et l’empreinte écologique –, signifie qu’à compter d’aujourd’hui, l’humanité vit à crédit, dévorant bien plus que ce que la nature peut offrir au cours d’une année.


Elle a consommé plus de poissons, abattu plus d’arbres, augmenté de façon considérable la superficie des terres agricoles. « Cette date toujours plus précoce traduit la rapacité et le caractère prédateur de l’homme sur les ressources naturelles. Nous détruisons toujours plus vite les capacités de renouvellement des ressources de la planète », dénonce Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes au WWF-France.

Ce calcul, établi au niveau mondial, ne dit pas les différences que l’on peut établir en fonction des modes et des niveaux de consommation dans les différentes régions. Si toute la population mondiale vivait comme celle des Etats-Unis, il faudrait 5 planètes Terre pour une année de consommation, 3,2 pour celle de la Russie, 3 pour l’Allemagne, 2,2 pour la Chine mais seulement 0,7 si l’humanité vivait au diapason de la population de l’Inde. En moyenne mondiale, on estime qu’il faudrait 1,75 planète pour satisfaire les besoins annuels de la population mondiale.

Lire aussi L’UE aura épuisé dès le 10 mai les ressources que la planète peut lui offrir pour l’année
2,7 planètes pour le mode de vie des Français
Le mode de calcul est basé sur « la comptabilité précise de l’utilisation et de la capacité de régénération des ressources écologiques de plus de 200 pays et régions de 1951 à nos jours », en se basant sur les données des Nations unies (ONU), explique Global Footprint Network. Cette équation est contestée par ceux qui estiment que l’on ne peut pas agglomérer, par exemple, l’émission de gaz à effets de serre, la destruction des forêts tropicales ou encore le rendement du maïs dans le monde.

Pour la France, le calcul montre qu’il faudrait 2,7 planètes si toute la population mondiale adoptait notre style de vie. Et la date de ce jour symbolique du dépassement est tombée le 5 mai pour le pays. C’est d’ailleurs ce 125e jour de l’année qui a inspiré la campagne menée par ANV-COP21 (Action non-violente-COP21) de décrochage de 125 portraits officiels d’Emmanuel Macron, dans les mairies, pour dénoncer le « vide » de la politique climatique et écologique de la France. Des portraits qui doivent être exposés lors de la tenue du G7 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) fin août.

Lire aussi A ce jour, 27 portraits de Macron ont été « décrochés » dans des mairies, 13 activistes passeront devant la justice
« On constate qu’après la signature symbolique de l’Accord de Paris, lors de la COP21 en décembre 2015, rien n’a été fait. Les émissions de CO2 ont recommencé d’augmenter dans le monde entier dans des proportions inquiétantes, avance Arnaud Gauffier. Les chances de rester dans les limites décidées alors d’un réchauffement à + 1,5 °C sont de plus en plus minces et les efforts vont devoir être beaucoup plus importants. »

Pour autant, l’avancée régulière de cette date dans le calendrier n’est pas inéluctable. « Vivre selon les moyens que nous accorde notre planète est technologiquement possible, financièrement bénéfique et notre seule chance pour un avenir prospère », déclarait Mathis Wackernagel, le PDG de Global Footprint Network, co-créateur de l’empreinte écologique en août 2018.

Loin de vouloir lancer un message désespérant, le WWF insiste sur les leviers d’action possibles. « S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, qui représentent 60 % de l’empreinte écologique mondiale, en les diminuant de 50 %, nous pourrions gagner 93 jours dans l’année, soit faire reculer le jour du dépassement en octobre », explique l’ONG. La division par deux de protéines animales, elle, permettrait de gagner une quinzaine de jours par an. Dix jours pourraient encore être grignotés en divisant par deux le gaspillage alimentaire, avance encore le WWF, rappelant que 30 % de la production agricole mondiale était perdue ou gaspillée. « Si l’on continue comme cela, le réchauffement atteindra les + 4 °C à + 5 °C en 2100. C’est un monde que personne ne souhaite et pourtant on va droit vers un bouleversement total de la planète », dénonce encore Arnaud Gauffier.

« Ne pas signer le CETA »
Il y a un an, le 1er août 2018, Nicolas Hulot, encore ministre de la transition écologique et solidaire, déclarait vouloir faire reculer ce jour du dépassement. « Nous devons apprendre à produire et à consommer différemment, car la poursuite des comportements actuels conduira inexorablement à des effondrements d’écosystèmes qui auront des conséquences tragiques sur notre économie, notre santé, notre alimentation », déclarait-il, avant de démissionner quelques semaines plus tard, en dénonçant une « politique des petits pas ».


Aujourd’hui, c’est la secrétaire d’Etat, Brune Poirson, qui monte au créneau pour défendre l’action du gouvernement. Sur son compte Twitter, dimanche 28 juillet, elle écrivait : « demain, c’est le jour du dépassement. Avec Elisabeth Borne [qui remplace François de Rugy à la tête du ministère de la transition écologique et solidaire] et [la secrétaire d’Etat] Emmanuelle Wargon, nous travaillons quotidiennement pour une économie circulaire à la rentrée. RDV en septembre au Sénat ! »

Un message qui appelle ce commentaire d’Arnaud Gauffier : « C’est sûr qu’en supprimant les touillettes en plastique, on fera reculer le jour du dépassement. Ce qu’il faut, c’est ne pas signer le CETA [l’accord économique et commercial de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada ratifié le 23 juillet par l’Assemblée nationale] et ne pas s’engager dans un accord comme avec le Mercosur [projet d’accord entre l’UE et les pays d’Amérique latine composant le Mercorsur] ».


https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/29/a-partir-du-29-juillet-l-humanite-vivra-a-credit_5494498_3244.html


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Chili : 40 000 litres de pétrole se déversent dans les eaux réputées parmi les plus pures de la planète
Les autorités locales ont ordonné l'ouverture d'une enquête pour déterminer les raisons de l'incident et définir les responsabilités.

Marée noire dans une eau parmi les plus pures de la planète. Quelque 40 000 litres de pétrole se sont déversés au large du Chili, samedi 27 juillet, à la suite d'un incident sur le terminal d'une compagnie minière situé sur une île en Patagonie, ont annoncé les autorités. Le pétrole s'est déversé dans une zone réputée pour la pureté de ses eaux et son riche écosystème marin.

L'incident s'est produit lors d'une opération de la compagnie CAP sur le terminal de l'île de Guarello, à 250 kilomètres au nord-ouest de Puerto Natales, dans l'extrême sud du Chili, a indiqué à la marine militaire chilienne CAP, l'un des principaux groupes miniers et sidérurgiques du pays. "Face à cette urgence, la Troisième zone navale a ordonné le déploiement immédiat d'unités sur le site, afin de contrôler et d'atténuer les éventuels dégâts" provoqués par le déversement d'hydrocarbures en mer, a annoncé la marine.

Un navire et une patrouille maritime ont été dépêchés sur le site, avec une équipe spécialisée dans la lutte contre la pollution. Les autorités locales ont quant à elles ordonné l'ouverture d'une enquête pour déterminer les raisons de l'incident et définir les responsabilités.


https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/chili-40-000-litres-de-petrole-se-deversent-dans-les-eaux-reputees-parmi-les-plus-pures-de-la-planete_3555001.html


Quelqu'un a une bonne nouvelle ou bien ?... :roll:

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MessagePublié: 29 Juillet 2019, 10:54 
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Nope, malheureusement. Et personnellement, les bonnes nouvelles à partir de maintenant j'y crois plus trop concernant la politique globale du pays. Le gouvernement Macron cherche pas à cacher ce qu'il veut et où il va.

Je crois plus aux petites initiatives locales pour me remonter le moral qu'aux grandes décisions au niveau de l'état. Elles changeront pas le cours de l'histoire, mais au moins, ça fait du bien à l'humeur.

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MessagePublié: 29 Juillet 2019, 12:00 
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Objectivement, même si Macron était un super warrior en matière d'écologie... ça ne changerait pas grand-chose au film.
Les enjeux sont à l'échelle de la planète, sauf que chacun se concentre sur son petit pré carré, ses propres intérêts et basta... et quand on voit les tarés qui dirigent le monde (de Trump à Bolsonaro etc...), franchement Macron à côté c'est le ptit chanteur à la croix de bois... :mrgreen:
Et ce même si je n'approuve pas du tout sa politique, notamment en matière environnementale, et les concessions faites
à ces sal.... aux chasseurs... :shifty: là, la France vient de se faire épingler en ce qui concerne la chasse aux oiseaux migrateurs... et bim ! j'espère bien qu'on va en prendre plein les dents... :twisted: C'est pas grand-chose, mais du coup si, en voilà une bonne nouvelle...



Ah ben si une bonne nouvelle...
D'autant que protéger une espèce comme le tigre, c'est protéger aussi tout son environnement, la faune et le flore dont il dépend...
La preuve que quand on veut se donner les moyens, il est encore possible d'inverser des tendances négatives...

Et accessoirement, si on pouvait aussi inverser notre rapport aux autres espèces animales, et surtout les grands prédateurs, et cesser de penser qu'ils sont un problème pour nous, alors que c'est nous qui sommes un problème pour eux, et leur laisser un peu d'espace vital au lieu de tout envahir *... ça serait pas plus mal.


*En commençant par arrêter l'augmentation exponentielle de notre propre espèce... :roll:


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Inde: La population de tigres sauvages en hausse de 30% en quatre ans
EXTINCTION Menacé par la chasse et l’activité humaine, le tigre sauvage fait l’objet de programmes de sauvegarde

20 Minutes avec AFP
Publié le 29/07/19 à 11h57 — Mis à jour le 29/07/19 à 12h11

Une bonne nouvelle, ça ne peut pas faire de mal. Selon un recensement local, la population de tigres sauvages en Inde a augmenté de 30 % en quatre ans. Le géant d’Asie du sud-est possède désormais la population la plus importante de tigres sauvages au monde.

Le recensement, effectué l’année dernière, a déterminé que l’Inde comptait 2.967 tigres sauvages, contre 2.226 lors du précédent recensement en 2014. « C’est une réalisation historique pour l’Inde. Nous réaffirmons notre engagement à protéger le tigre », a déclaré le Premier ministre indien Narendra Modi en présentant à New Delhi les résultats du « All India Tiger Estimation Report 2018 ».

En 2010, un sommet pour sauver les tigres
En 1900, la planète comptait plus de 100.000 tigres sauvages selon les estimations. Mais leur population est tombée à un plus bas de 3.200 félins au niveau mondial en 2010, trois sous-espèces ayant complètement disparu. Cette année-là, lors d’un sommet en Russie, l’Inde et les dirigeants de 12 autres pays abritant des tigres s’étaient engagés à doubler leur population d’ici 2022.

La population de tigres en Inde augmente régulièrement depuis 2006, année où elle avait chuté à seulement 1.411 animaux. Mais son niveau n’est pas encore remonté à celui de 2002, lorsque 3.700 de ces prédateurs vivaient en Inde selon les estimations. Entre 2010 et 2014, la population de tigres indiens avait également grandi d’environ 30 %.

« Il y a quinze ans, il y avait de graves inquiétudes sur le déclin de la population de tigres. C’était un grand défi pour nous mais avec détermination nous sommes parvenus à nos objectifs », a dit le chef de gouvernement indien.

Programmes informatiques et images satellites
La nation de 1,3 milliard d’habitants recense tous les quatre ans ses tigres en liberté. Pour ce dernier exercice, des chercheurs ont placé 26.000 appareils photo dans des zones où la présence de tigres est connue. Des programmes informatiques ont ensuite passé au peigne fin les 350.000 images prises pour identifier chaque animal.


La chasse et l’extension de la présence humaine ont poussé le tigre sauvage au bord de l’extinction. Des contreforts de l’Himalaya aux régions isolées du nord-est en passant par les plaines du nord du pays, l’Inde compte une cinquantaine de réserves destinées à préserver l’animal.


https://www.20minutes.fr/planete/2573407-20190729-inde-population-tigres-sauvages-hausse-30-quatre-ans

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MessagePublié: 30 Juillet 2019, 13:46 
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C'est plutôt une bonne nouvelle...

Reste que le tigre est un animal dont la force symbolique est très importante. Je me demande si de tels succès pourraient être obtenus avec d'autres animaux beaucoup moins "sexys" ou emblématiques (poissons ou invertébrés notamment).

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MessagePublié: 30 Juillet 2019, 13:55 
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C'est certes moins "vendeur" et moins facile avec des espèces d'invertébrés ou de poissons moins "jolis"... mais, l'avantage de grands prédateurs tels que le tigre (je crois qu'on dit "espèces parapluie" dans le jargon), c'est le fait de les protéger oblige à préserver tout l'environnement qui va avec : la jungle, les proies, les plantes, les bestioles dont peuvent éventuellement se nourrir les proies etc...
Bref, en protégeant les tigres, on protège du même coup les mygales et céphalopodes qui vivent dans le même environnement que lui.

D'autant plus que la principale menace qui pèse sur ces animaux (comme c'est le cas aussi en Inde pour le Léopard indien, ou en Afrique pour les Lions, les Éléphants etc...) c'est la pression humaine : déforestation, cultures et construction là où il y avait de l'espace naturel à la place, chasse pour protéger les troupeaux, braconnage etc... Donc, en créant des réserves pour protéger des espèces qui attirent plus l’œil et la sympathie du public, et en essayant de changer les mentalités humaines vis à vis de ces animaux, on préserve de l'espace naturel de la pression humaine, et tout le reste suit...

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MessagePublié: 30 Juillet 2019, 14:17 
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C'est très juste.

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MessagePublié: 01 Août 2019, 09:51 
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"On voudrait une nature à l'image de ce qu'on aime" : pourquoi les animaux moches sont plus menacés que les autres
Le culte de la beauté fait aussi des ravages dans la faune. Des milliers d'espèces sont menacées d'extinction car jugées trop moches pour que les zoos et les scientifiques s'intéressent à elles. Or, même les animaux hideux sont des acteurs essentiels à la biodiversité.

Plusieurs espèces animales jugées non charismatiques sont menacées d\'extinction.Plusieurs espèces animales jugées non charismatiques sont menacées d'extinction.
publié le 01/08/2019 | 06:56

"La nature fait bien les choses." Tout animal y a sa place et son utilité, qu'il soit beau ou laid. Mais la faune, de plus en plus victime de la croissance mondiale et de nos modes de vie, est de plus en plus vulnérable. Plus de 27 000 espèces menacées dans le monde sont inscrites sur la liste rouge de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Parmi elles figurent des animaux subissant une double peine car, en plus d'être menacés d'extinction, ils sont jugés "moches" au regard de l'homme. Ce qui leur porte préjudice dans l'accès aux programmes de conservation et diminuent ainsi leur chance de survie.

La laideur n'attire pas les foules
En octobre dernier, le Fonds mondial pour la nature, le WWF, éditait son 11e rapport "Planète vivante" sur l'état de la biodiversité dans le monde. Le constat de l'ONG est plus qu'alarmant : le nombre de vertébrés sauvages a décliné de 60%, entre 1970 et 2014.

Pour sauver les espèces menacées d'extinction, des appels aux dons sont régulièrement lancés. Mais il est plus facile d'obtenir l'appui du grand public quand un panda fait office de logo, à l'instar de la WWF, plutôt qu'une taupe au nez étoilé.


La taupe à nez étoilé vit au Canada et aux USA. Toute petite, elle ne mesure qu\'une vingtaine de centimètres. Son museau est muni de 22 tentacules qui lui servent d\'organes tactiles.La taupe à nez étoilé vit au Canada et aux USA. Toute petite, elle ne mesure qu'une vingtaine de centimètres. Son museau est muni de 22 tentacules qui lui servent d'organes tactiles. (FOTOTOTO / BLICKWINKEL)
"Les ONG choisissent les espèces qui vont plaire pour défendre leur cause", analyse Florian Kirchner, chargé du programme espèces à l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), pour franceinfo. Or moins l'espèce a de visibilité, moins elle a de chance d'être sauvée, constate Ernest Small, chercheur au département agriculture du gouvernement canadien. Il démontre, dans son étude "The New Noah's Ark" ("La nouvelle arche de Noé"), que les espèces jamais vues par les humains sont les "perdants de la loterie des programmes de conservation".

Les normes esthétiques et commerciales sont devenues les principaux déterminants de la conservation des espèces dans le monde.

Notre réaction face à un animal est influencée par une mécanique bien connue : l'anthropomorphisme. Plus nous pouvons voir un peu de nous-mêmes chez les animaux, plus nous compatissons avec eux. "L'un des attraits les plus importants est s'il est mignon avec des caractéristiques physiques comme des grands yeux et des traits doux, qui éveillent nos instincts parentaux parce qu'ils nous rappellent un bébé humain", explique Hal Herzog, professeur de psychologie à l'université américaine West Carolina, dans les colonnes de L'Express. Quant aux animaux visqueux et moches, certains sont assimilés "à des choses primaires repoussantes, comme la morve ou la matière fécale" et d'autres se retrouvent "liés à la transmission, réelle ou fantasmée, de maladies", relève Graham Davey, spécialiste des phobies à l'université de Sussex, dans le même article.

Cette exclusion des espèces hideuses touche également les zoos. Les grandes espèces charismatiques y ont plus de chances de trouver un enclos, quels que soient leurs besoins en matière de conservation, car ils attirent les visiteurs payants.

Les zoos remplis d'animaux certes menacés, mais moches, ne gagneront jamais d'argent.
Daniel Frynta, biologiste à l'université Charles de Prague
dans la revue scientifique "Scientific american"

Or, pour de nombreuses espèces, la reproduction en captivité représente le dernier espoir de survie. "La corneille d'Hawaï et la tortue géante des Seychelles n'existent que dans les zoos, par exemple, rappelle l'article de Scientific American, contrairement à la taupe marsupiale qui est en voie de disparition et introuvable dans les zoos."

Le lémurien de Madagascar est un mélange de chauve-souris, de rongeur et d\'écureuil. Il est aussi appelé aye-aye. Le lémurien de Madagascar est un mélange de chauve-souris, de rongeur et d'écureuil. Il est aussi appelé aye-aye. (THORSTEN NEGRO / IMAGEBROKER RF)
Mais des exceptions existent comme au zoo de Bristol, en Angleterre. L'établissement a mis en place un programme de reproduction en captivité pour le aye-aye, un lémurien de taille moyenne que les habitants de Madagascar tuent parce qu'ils le trouvent tout simplement trop effrayant.

Boudés aussi par les scientifiques
La communauté scientifique n'est pas épargnée non plus par le culte de l'apparence. Cinq chercheurs du CNRS ont démontré, en 2017, la corrélation entre les préférences du public et les espèces les plus étudiées par les scientifiques. "Certains vertébrés sont surreprésentés dans divers domaines scientifiques, car ils sont considérés comme écologiquement plus importants que d'autres et de ce fait sont plus susceptibles de lever des fonds", avance l'un des auteurs, Frédéric Legendre, chercheur au Muséum national d'histoire naturelle en France.

Une étude australienne, publiée en 2015 dans la Mammal Review, a également révélé que la moitié de la faune du pays – étant considérée comme laide – ne bénéficie pas de crédits de recherche appropriés. Conséquence directe : "Depuis la colonisation européenne (en Australie), nous avons perdu environ 20 espèces de mammifères et nous en avons une vingtaine en grave danger d'extinction" commente un des co-auteurs, Philip Bateman, de l'Université Curtin, au Telegraph.

Pour les scientifiques voués à la cause des laids, ne pas considérer les animaux moches ou hideux dessert la compréhension de la biodiversité à l'échelle mondiale. "La communauté scientifique est réputée 'neutre' et donc censée faire abstraction de la notion de beauté et se concentrer sur la notion d'utilité", met en garde Franck Courchamps, écologue, directeur de recherche au CNRS, à franceinfo. Ignorer une partie de la faune, sous prétexte qu'elle est moche, nuit à la mise en place de plans de conservation efficaces et ralentit la découverte de nouveaux produits ou propriétés chez les espèces sauvages.

Leur disparition est un danger pour l'écosystème. Car elles sont interconnectées dans des relations écologiques. La disparition d'animaux moches peut précipiter la disparition d'autres espèces jugées plus belles.
Franck Courchamp, scientifique


Autre avantage notable soulevé par le chercheur au CNRS est qu'"ils nous rendent de grands services en nous apportant des connaissances scientifiques", citant l'exemple du rat-taupe-nu. Il est le seul mammifère connu à avoir un comportement eusocial, c'est-à-dire vivant dans une communauté divisée en castes stériles autour d'une reine fertile, comme les abeilles ou les fourmis. "Il est une des espèces les plus moches qui soient, il est difficile à trouver et, si on ne le protège pas, on se prive d'une source importante de découverte scientifique", explique Franck Courchamp.

Nid de rats-taupes nus. Ces mammifères végétariens, sans poil et possédant deux grandes incisives, vivent en colonies sous terre, en Afrique de l\'Est.Nid de rats-taupes nus. Ces mammifères végétariens, sans poil et possédant deux grandes incisives, vivent en colonies sous terre, en Afrique de l'Est. (K. WOTHE / BLICKWINKEL)

Avec une espérance de vie moyenne de 35 ans, cet animal repoussant bénéficie d'une longévité exceptionnellement longue pour un rongeur. En prime, il reste en bonne santé jusqu'à la fin de sa vie, ne développant aucune cellule cancéreuse, faisant de lui un modèle d'étude privilégié dans les recherches sur le cancer.

Mais les budgets actuels alloués à la conservation des espèces obligent les scientifiques à faire des choix quant aux animaux à sauver. Ces choix s'effectuent selon une des deux règles en vigueur : le triage ou la priorisation. En France, les espèces en danger sont classées par priorité et aucune n'est écartée. Contrairement à l'Australie qui met les animaux à sauver d'un côté et les laissés-pour-compte de l'autre. Pour Florian Kirchner, même si ces deux politiques de conservation sont proches, la priorisation est moins nocive pour l'ensemble des espèces : "On n'abandonne pas les autres à leur sort comme avec le triage. On met l'accent sur des espèces que l'on privilégie." Et quand les espèces emblématiques et leur habitat sont protégés, ce sont tous les organismes qui vivent autour qui bénéficient de cette protection.

"Il est temps de célébrer les animaux laids"
"Notre enjeu c'est de faire aimer la nature au public", rappelle Florian Kirchner, de l'Union internationale pour la conservation de la nature. Avec son équipe, il travaille à la recherche de solutions pour éviter la destruction de notre environnement et éviter de pousser les espèces à l'extinction. "Quand on préserve les espaces, on sauve toutes les espèces qui s'y trouvent sans distinction de beauté."

Certains vont encore plus loin et propose une approche plus originale. En Angleterre, la Ugly Animal Preservation Society, fondée en 2012, utilise la comédie humoristique pour alerter sur le sort d'animaux en danger parce qu'hideux. La troupe menée par le biologiste Simon Watt, a organisé un vote national afin de déterminer l'espèce animale en danger la plus laide du monde. Le gagnant est : le blobfish.

Le blobfish est un poisson qui vit au large des côtes australiennes dans les profondeurs abyssales.Le blobfish est un poisson qui vit au large des côtes australiennes dans les profondeurs abyssales.
Avec son livre The Ugly Animals : We Can't All be Pandas (Les animaux laids : nous ne pouvons pas tous être des pandas), le scientifique met en lumière de nombreuses espèces ignorées et mal-aimées du règne animal.

Leur laideur dissimule leur biologie incroyable et nous empêche de voir qu'ils ont besoin de notre aide. Il est temps de célébrer les animaux laids.
Simon Watt, biologiste

Aux Etats-Unis, des dizaines de millions de dollars sont alloués à la protection du condor de Californie, un symbole national. S'inspirant de ce "pouvoir politique", Simon Watt a monté une pièce de théâtre intitulée "Your town needs a minging mascot !" ("Votre ville a besoin d'une mascotte !"). En dix minutes les comédiens doivent défendre avec humour une espèce laide en danger et convaincre le public que cet animal doit devenir l'emblème de leur ville. Ainsi les spectateurs d'Edimbourg ont choisi une espèce de calamar particulièrement effrayantes, ceux de Winchester la grenouille scrotum et ceux de Dublin la chauve-souris fer à cheval.


La \"grenouille scrotum\" est originaire du lac Titicaca, en Bolivie. Cette grenouille en voie de disparition est la plus grande du continent. La "grenouille scrotum" est originaire du lac Titicaca, en Bolivie. Cette grenouille en voie de disparition est la plus grande du continent. (AIZAR RALDES / AFP)
De nombreux scientifiques alertent sur l'urgence de s'attaquer aux préjugés envers la faune, avant qu'il ne soit trop tard. "Moche ne veut pas dire qu'on n'a pas le droit de vivre, martelle Franck Courchamp. Moche ne veut pas dire inutile."



https://www.francetvinfo.fr/animaux/especes-menacees/on-voudrait-une-nature-a-l-image-de-ce-qu-on-aime-pourquoi-les-animaux-moches-sont-plus-menaces-que-les-autres_3529939.html


Pour rebondir sur le sujet dont nous parlions justement...

Je pense que tout ceci est un effet pervers de la vision "anthropocentrée" et utilitariste de la protection de la biodiversité dont je parlais plus haut... Protéger un espèce, un animal non pas parce qu'il est un être vivant intrinsèquement digne d'être protégé, en tant que Vie intrinsèquement sacrée parce qu'elle est la Vie, mais parce qu'il est "utile" ou parce qu'il est "beau" ou peut important pour quelle raison, revient finalement au même : nous posons des critères arbitraires, et uniquement humains...
Si l'on veut sortir de cette logique, il faut comprendre que toutes les vies sont à protéger, et cesser de croire que nous avons à décider quoique se soit ou à faire le tri là-dedans, parce que ça nous arrange ou pas à un moment donné... nous ne sommes qu'un maillon d'une grande chaîne, et tuer les aye-aye parce qu'ils sont "moches", c'est pareil que de tuer les loups "parce qu'ils nous dérangent".
On a aucun droit de choisir dans cette histoire. Seulement des devoirs de respecter et protéger tout ce qui vit...

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
Etty Hillesum, Une vie bouleversée


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MessagePublié: 01 Août 2019, 10:28 
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Tristes nouvelles, mais en aucun cas étonnantes... C'est bien ce que je craignais, l'autre jour, par rapport aux tigres : on sauve les animaux qui portent une charge émotionnelle, esthétique ou symbolique forte, et on laisse mourir les autres.

Toutes choses égales par ailleurs, c'est la même chose qui se passe avec les langues... Parmi toutes celles qui sont en danger, (et Dieu sait s'il y en a), certaines sont à ce point documentées qu'on pourrait les ressusciter du jour au lendemain si l'envie nous en prenait, tandis que d'autres s'éteignent, jamais décrites, connues parfois par un corpus de trente mots, mais le plus souvent totalement ignorées... Sans nier le fait que chaque langue éteinte représente une perte tragique, la survie et la connaissance de, mettons, l'istro-roumain, me semble moins fondamentale que celle d'une langue amazonienne absolument unique et reliée à aucune autre... D'un côté, nous avons une langue dont toute la famille est connue, et de l'autre côté, une opportunité unique d'explorer plus profondément les mystères de l'origine et de la diversité des langues... Mais je m'égare un peu.

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MessagePublié: 01 Août 2019, 10:38 
Lueur dans la nuit
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Tristes nouvelles, mais en aucun cas étonnantes... C'est bien ce que je craignais, l'autre jour, par rapport aux tigres : on sauve les animaux qui portent une charge émotionnelle, esthétique ou symbolique forte, et on laisse mourir les autres.


C'est toujours une bonne nouvelle quand un espèce remonte la pente...
Mais je pense qu'il faudrait, au-delà de la volonté d'utiliser certaines espèces comme "têtes de pont" de la protection de la biodiversité, faire plus de sensibilisation au vivant dans sa totalité (et peut-être arrêter de croire que les gens sont trop bêtes pour ne pas comprendre à quel point tout est imbriqué, de toute façon... on ne sauve pas une espèce, aussi belle soit-elle, sans son biotope, sans les autres espèces dont elle est interdépendante), et faire plus de sensibilisation au vivant qui est à notre porte, dans notre jardin, dans nos bois, dans notre pays et essayer de faire changer les mentalités, la manière dont on l'appréhende... ça commence par là, je pense.

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