J'aime bien également Robert Downey Jr mais à partir du moment où on m'annonce :
Citer:
Entre la robotique et les nanotechnologies, nous pouvons nettoyer significativement, si ce n'est complètement, la planète en dix ans.
Je sais que c'est ou une tentative vouée à l'échec, ou une pure campagne de marketing. D'une part, parce que tous nos problèmes environnementaux ne peuvent pas se régler d'un coup de serpillère technologique. La majorité sont systémiques : on ne peut pas "nettoyer" l'anthropisation des milieux liée à la construction de banlieues pavillonnaires ou de zones commerciales, pas plus qu'on ne peut "nettoyer" une forêt qui a été rasée pour en faire de la terre agricole.
D'autre part, même lorsqu'on est face à une pollution qui pourrait théoriquement se nettoyer (comme le plastique dans les océans), ce n'est presque jamais possible pour des raisons purement pratiques : pour récupérer tout ce plastique, il faudrait une flotte navale monumentale quadrillant chaque coin de mer... et de toute façon, ce plastique est essentiellement présent sous la forme de micro-particules en suspension dans les eaux de surface
et de profondeur, donc il est quasiment impossible de le capturer.
Cortex a écrit:
Il y a sans doute de nombreux facteurs à l'oeuvre dans le déni que tu évoques. [...] Je suis, d'ailleurs, toujours un peu étonné d'être beaucoup plus inquiet de la crise majeure qui se profile alors que je n'ai pas d'enfants, alors qu'à l'inverse, de nombreux parents ne sont pas plus inquiets que ça du monde invivable qu'ils vont laisser à leur progéniture.
Pour avoir organisé et assisté à un certain nombre de conférences et animations sur ce sujet, je confirme qu'il y a un ensemble de facteurs qui s'entremêlent dans ce déni, mais parmi ceux qui sont les plus visibles il y a :
- l'âge : les « vieilles » générations, c'est-à-dire les plus de 50 - 60 ans, ont tendance à moins facilement envisager la possibilité d'un effondrement ;
- le milieu socio-professionnel : les cadres sup' travaillant pour l'économie mondialisée ou les classes moyennes ayant un mode de vie très consumériste (par choix assumé ou par habitus) y sont moins réceptifs.
On comprend aisément qu'il s'agit ou bien d'une question de croyances et de vision du monde (il est difficile d'accepter l'idée d'un monde fini et d'une décroissance quand on a été élevé depuis toujours avec l'idée d'un perpétuel progrès technique et économique) ; ou bien de dissonance cognitive (réaliser qu'on est complètement dépendant d'un système qui menace de s'effondrer, c'est un coup à ne plus en dormir la nuit, on préfère donc plus ou moins consciemment sortir ces histoires angoissantes de sa tête).
J'avoue ne pas être trop critique vis-à-vis des personnes évoluant en pleine dissonance cognitive dans la mesure où nous y sommes tous sujets à des degrés divers... y compris les amateurs de collapsologie (qui s'imaginent pourtant souvent appartenir à une élite « éveillée »).
Parmi la multitude de scénarios hypothétiques décrivant le futur qui nous attend, nous en choisissons un qui nous arrange — pour des raisons d'idéologie ou de convenance personnelle — ou qui nous semble plus crédible que les autres, et nous nous construisons un récit auquel nous nous adaptons en conséquence.
Certains d'entre nous ont bien intuité que la situation actuelle était
délicate, mais les choix de vie, le poids du regard des autres, les contraintes financières... font qu'ils ne peuvent matériellement pas faire grand chose de toute façon, ou pas sans que cela ait un coût personnel élevé. Dans ce genre de situation, on se rassure comme on peut en se disant que si effondrement il y a, ça ne devrait pas être trop grave ou ça devrait être suffisamment progressif pour avoir la possibilité de filer dare-dare à la campagne pour se mettre à l'abri chez de la famille ou des amis. Ensuite, on verra bien.
D'autres pensent qu'attendre le dernier moment pour se réfugier à la campagne ne sera pas suffisant et qu'il faut se préparer à l'avance à un possible coup dur, en devenant propriétaire d'une maison à la campagne, en se créant des réseaux de solidarité sur place et en développant son autonomie alimentaire et énergétique.
J'avoue me situer personnellement dans le deuxième cas de figure, mais je ne peux en aucun cas juger les personnes qui sont dans le premier cas. C'est essentiellement une question de balance bénéfice/risque et de vision du futur. Il n'y a que l'avenir qui nous dira dans 50 ans qui avait raison et qui s'en est le mieux sorti au final.
D'ailleurs, si l'on estime que le pragmatisme ou la rationalité consistent à envisager le pire pour s'y préparer, alors ces deux approches ont tout faux. Les analyses indiquent très clairement qu'un réchauffement climatique à +5°C (voir plus) est certain si rien n'est fait pour enrayer le phénomène ; vu que les mesures à adopter seraient drastiques, et il est très probable (puisque c'est ce qu'on voit déjà actuellement) qu'aucun gouvernement n'aura le courage de les mettre en place avant qu'il ne soit déjà trop tard.
C'est la voie dans laquelle on se dirige actuellement, et un climat à +5°C signifie une planète Terre radicalement différente (l'euphémisme est très gentil) de celle dans lequel nous vivons actuellement. Le seul moyen de s'y préparer efficacement serait probablement d'émigrer en Sibérie pour y recréer des petites communautés résilientes. Pourtant je vois peu de collapso-amateurs français qui envisagent sérieusement cette possibilité, la mode est plutôt à l'autarcie dans un coin de campagne. Dissonance cognitive, calcul bénéfice/risque, etc...