Fieffés flatteurs...
Bon... je vais donc tenter (je dis bien tenter...) de retrouver mes idées. Tant pis pour celles qui se sont perdues en route, c'est sans doute qu'elles n'étaient pas si bonnes que ça...
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En revanche, j'ai un peu de mal avec l'idée de "voir les choses comme elles sont". Qui, en ce bas monde, peut prétendre voir exactement les choses comme elles sont? Les choses sont, c'est un fait, et elles sont complexes le plus souvent. Elles sont par ailleurs ce que nous en faisons. Tout dépend de notre façon de les voir, de les appréhender.
En fait, il faut un peu contextualiser la citation...
De Nerval était un poète, mais il était aussi psychotique (les experts ne sont pas tous d'accord quant à sa maladie exacte, disons qu'il a eu des épisodes de délires hallucinatoires et de périodes de lucidité pendant lesquelles il pouvait écrire), et je pense que les fous comme les poètes (et a fortiori les poètes fous), on la capacité de voir les choses et les personnes d'une façon tellement différente des gens "normaux" (ou neurotypiques comme on dit maintenant) une façon de voir qui passe "à travers" le vernis un peu illusoire des conventions sociales et de ce que l'on se met sur le dos en terme d'expérience, de connaissances, de passé... La mélancolie, comme il l'écrivait, est un "Soleil Noir" : elle éclaire d'une lumière noire, d'une lumière qui met à bas ce que le jour a d'apparences, et de petites fadaises égotiques que l'on se raconte à soi-même et aux autres. Mais elle est rarement flatteuse, en effet...
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En revanche, il avance un argument qui me semble difficilement contestable : c'est celui de la prophétie auto-réalisatrice. Si on répète constamment aux gens qu'en cas de crise, on va assister à un retour généralisé de la barbarie et de la loi de la jungle, et si c'est la seule perspective qu'on leur offre en terme d'imaginaire (via des séries comme Walking Dead ou La Route que tu cites)... il ne faudra effectivement pas s'étonner si les choses tournent à la foire d'empoigne lors de la prochaine grande crise.
Certes, je te l'accorde...
En fait, je crois que j'aimerais bien avoir un quart du regard positif que vous portez sur vos contemporains, mais... je n'y arrive pas.
Je crois que l'on a eu, et que l'on a tous les jours la preuve assez criante du contraire... dès qu'un pouvoir tombe et change de mains, dès qu'une révolution éclate, au final, ce n'est pas pour faire mieux mais pour faire pire.
Ou alors, il faudrait que l'être humain le devienne vraiment, et que son ambition se détache de toute forme de pouvoir (parce qu'à mon sens, l'enjeu se situerait presque plus là, que dans une révolution qui ne serait au final qu'un changement de mode de fonctionnement économique)... je suis pas persuadée que se soit pour demain la veille...
D'autre part, c'est oublier un peu vite ce qu'il se passe lorsque l'être humain a peur, n'a plus rien à perdre, se trouver déboussolé... Le fauve qui sommeille en chacun d'entre nous se réveille bien souvent, et pas pour le meilleur. Il suffit de voir ce qu'il se passe dès lors qu'il y a une catastrophe ou une situation de crise qui met à bas le système régalien imposant le respect des lois, si quelques uns tentent de venir en aide aux autres, une bonne partie pille tout ce qu'elle peut piller...
(et je vous passe le refrain sur tous les psychopathes plus ou moins "refoulés"...)
Alors après, je ne sais pas trop de quoi sera fait ce "Changement" (ou même si l'on devra se contenter d'un petit "c"), mais j'ai un gros doute sur la capacité de mes semblables à n'agir que dans la bienveillance et pour le bien d'autrui... Et encore une fois, quand bien même une partie le ferait, l'autre partie userait de moyens violents et assez définitifs pour arriver à ses fins.
Sauf si, encore une fois, on arrive à humaniser l'Homme, au moins un peu...
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Les gens vivaient plus chichement et le quotidien était plus rude. Mais ça ne veut pas dire que nos arrières grand-parents étaient moins heureux. On sait très bien, études sociologiques à l'appui, que le bonheur personnel est assez vite dé-corrélé de l'aisance matériel et que d'autres facteurs (les relations sociales ou la santé) deviennent prépondérants.
Certes... mais bon, il y a un minimum d'une part...
D'autre part, j'ai tendance à penser aussi que cela dépend de ce que l'on attend de la vie, et de sa "chance" au départ aussi.
Franchement, en tant que femme, j'aurais eu une vie très très différente de la mienne et... non, désolée, je maintiens que j'aurais été certainement plus malheureuse parce que pas libre. C'est aussi simple que ça : je n'aurais pas eu mon propre compte en banque, donc aucune indépendance de rien du tout, si j'avais voulu choisir ma vie, il y a fort à parier que j'aurais dû me battre contre ma propre famille, je me serais retrouvée avec des marmots et un mari qui aurait eu presque tous les droits sur moi. Quel bonheur, c'est sûr...
Comme je le disais : il n'y a pas que des questions juste "techniques" en terme d'économie et d'écologie, qu'il faut voir... il faut se poser aussi la question de quelle société on veut ? ce qu'on veut comme culture et comme vie "sociale", voire psychologique et spirituelle, au sens très large...
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Aucune société humaine n'existe sans art : je n'en vois pas un seul exemple, même sous des régimes dictatoriaux où l'art est orienté (comme en Corée du Nord) ou interdit (comme les totalitarismes islamistes). Et cela tient notamment au fait que « l'art » est un concept très flou, et que virtuellement n'importe quelle activité peut être élevée au rang d'art.
Certes m'enfin... est-ce que l'on peut comparer la sculpture sur bois au couteau au coin du feu à Rodin ou Le Bernin ?... La peinture décorative des meubles à Van Gogh ou Turner ?
Peut-être que pour ceux qui ont un esprit terre à terre et pragmatique, c'est peu ou prou pareil, ça décore les murs... mais non, ce n'est pas la même chose... l'Art c'est de la sublimation des émotions humaines, qu'elles qu'elles soient, c'est une forme d'intellectualisation et d'élévation de l'esprit vers la beauté. Le moyen d'expression de nos peines et de nos joies les plus profondes, de nos peurs devant l'absurde et la quête du sens de notre existence... Sans ça, nous ne sommes même plus dignes d'approcher la dénomination d'humains...
Il ne faut pas confondre le "Beau" et le joli...
Et puis, au final, la vraie question que je me pose c'est... qu'est-ce qu'il restera de ce qui est beau et important dans notre civilisation... J'espère que les générations futures pourront lire "nos" grands auteurs, poètes, musiciens, réalisateurs etc... comme nous on peut encore avoir accès à l'oeuvre de Socrate, Ovide, Ibn Arabi, ou admirer ce qu'il reste des pyramides égyptiennes et des temples grecs... Sinon, ça sera une civilisation sans âme, et sans intérêt...
Et justement, puisque l'on parle des peuples premiers où l'oralité prime : heureusement que leur "âme" a été couchée sur le papier, et j'espère bien que ça aussi, on ne le perdra pas...
Parce que franchement, je suis totalement incompétente pour juger de questions pragmatiques et purement techniques, limite je m'en fous d'ailleurs, mais je trouve que vous avez quand-même beaucoup de réponses très sereines en mode "ça va bien se passer" (méthode Coué ?), mais pas beaucoup de questions sur l'avenir même de nos sociétés en termes de justice sociale, de libertés individuelles, de culture, d'art, et même de progrès de la médecine, de connaissance, de sciences et d'avancée scientifiques, et même de la place des autres espèces, d'ailleurs, dans tout ça (est-ce qu'on revient à la traction animale ? Mais dans ce cas, est-ce qu'on se dit pas que nos animaux auront quand-même un statut meilleur que par le passé ? etc...)... Si on n'intègre pas tout ça au ce changement civilisationnel, où est seulement l'intérêt de changer pour continuer à exister ? Autant tout brûler dans un hiver nucléaire infini, au moins, nous ne polluerons plus l'Univers par notre présence inconséquente et absurde...
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Oui, bah c'est sûr que vu comme ça, ça ne fait pas rêver. Mais je pense que c'est loin de décrire et de résumer la réalité de ce que peut être la vie en communauté "verte". Même si ce n'est pas, moi non plus, un mode de vie qui m'attire particulièrement a priori, je trouve que ce sont des expériences vraiment porteuses et très intéressantes à examiner.
Ah je ne dis pas le contraire...
Sans doute que ça peut être épanouissant pour pas mal de personnes... mais moi, non, j'ai trop besoin de mon espace vital et de ma liberté de penser que j'aurais du mal à supporter ça, tout simplement. C'est mon côté sociopathe et chat sauvage...
Et même, ce qui m'effraie c'est que je n'aurais de toute façon aucune compétence à offrir dans ce genre de communauté : je suis pas manuelle, je suis juriste (alors s'il n'y a plus de droit, ou une sorte de common law pour hippie, je suis mal), et dans le fond, je suis surtout une intello décalée, contemplative et limite mystique dans l'abstraction la plus totale... Donc, il n'y aura pas de place pour moi là-dedans...comme il n'y a pas vraiment de place pour moi présentement, mais au moins, je peux me débrouiller pour tricher un peu et gagner ma vie pour passer sous les radars... et ne pas être une bouche inutile à nourrir, accessoirement...