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MessagePublié: 23 Août 2019, 09:00 
Lueur dans la nuit
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En même temps, ce n'est pas non plus normal que l'homme soit encore perçus comme le pilier qui ne peut fléchir sous aucun prétexte et donc que l'homme doit porté la totalité de l'insécurité et de la stabilité émotive d'un couple sur ses épaules. (oui je sais, je tombe dans les clichés, c'est voulu)


Je pense, n'en déplaise aux garçons du forum (et j'espère qu'ils ne sont pas concernés... ou pas trop... :mrgreen: ) que pour le coup, la femme subit une pression sociale et morale bien plus importante que l'homme non seulement en matière de tâches ménagères en tout genre (les chiffres demeurent tout de même très éloquents... même si pour ma part, on ne peut pas dire que j'augmente beaucoup la moyenne du temps de ménage... XD ) , mais aussi de maternité, de réussite professionnelle, d'épanouissement personnel et de stabilité d'un couple...
Les mentalités et les normes sociales vis à vis des femmes sont beaucoup plus pesantes que pour les hommes : une femme "modèle" comme nous le vendent les magasines féminins et les pubs justement se doit d'être : une bonne mère, une bonne épouse, une femme épanouie professionnellement et personnellement et en plus rentrer dans les canons de la beauté... Et si elle ne coche pas toutes les cases, elle n'est pas "assez bien" et peut juste espérer devenir vieille fille (et adopter un chat, si elle ne veut pas finir toute seule quoi)... :shifty:

Peut-être que c'est un cliché, peut-être que ce n'est pas ta volonté à toi et que ton couple est bâti différemment (tant mieux pour toi et ta compagne), mais il n'empêche que d'un point de vue social global, c'est ce modèle qui pèse sur les épaules des femmes, et je n'ai pas l'impression du tout qu'il soit aussi "lourd à porter" pour les hommes, à qui l'on passe plus facilement des défauts (qui font partie de leur "charme") ou des écarts de conduites ("se sont des hommes, quoi"...).
J'ai l'impression qu'il est beaucoup plus facile pour un homme d'être juste "lui-même" que pour une femme en fait... :think:
Par exemple, moi qui ne veut pas d'enfant, j'ai l'impression que ma position est ENCORE plus difficile à défendre parce que je suis une femme. Si j'étais un homme, je serai juste vu comme quelqu'un de "libre penseur", au pire d'individualiste... mais un homme à le droit de l'être. Une femme qui prend ce chemin, on lui fait comprendre que d'une manière ou d'une autre, elle "trahit" la société, ou l'humanité, bref on lui fait comprendre qu'elle n'est pas "normale". Donc pas "comme il faut".

D'autre part, et pour conclure sur cette "digression" qui n'en est peut-être pas complément une (je pense que les enjeux sont toujours interconnectés) et qui me semble vraiment importante en fait, s'il y a des droits humains qui sont fragiles, et ça se vérifie tous les jours, je crois, se sont les droits des femmes, leur droit à disposer d'elle-même, de leur corps et de leur destinée. Au moindre revers de fortune, au moindre revirement politique, ce sont leurs droits qui prennent en premier (même dans les pays dits "modernes" comme aux Etats-Unis, il n'y a qu'à voir comme le droit à l'avortement est allègrement rogné)... donc, pour revenir au sujet, en cas de changement de société ou d'effondrement plus ou moins dur, je pense que c'est un point politique sur lequel il faudra être plus que vigilants...



Sinon, oui, pour en revenir plus directement au sujet de fond, oui c'est pour beaucoup une question d'éducation. Mais puisqu'on ne peut donner en la matière que ce que l'on a, l'éducation donnée par les parents est souvent le reflet de celle qu'ils ont reçu, et donc, comme le souligne Drago... c'est très très long à changer.
Et d'autre part, il n'y a pas que l'éducation mais la mentalité "globale", et j'ai l'impression que là aussi, les choses sont lentes à changer. Même si je pense qu'elles changent tout de même, du moins pour une certaine partie de la population et "en surface"...
Mais je ne sais pas si c'est le cas pour vraiment la majorité des gens, et surtout c'est très très long à venir pour les pouvoirs publics et les autorités : ils affichent bien volontiers des volontés écologiques... mais dès que des enjeux économiques et politiques s'en trouvent perturbés, tout de suite, on revient "aux choses sérieuses", parce que vous comprenez les emplois blablabla... :roll:



Je vais éviter le double post...

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Brésil: Jair Bolsonaro a un plan bien précis pour l'Amazonie
Il veut construire une autoroute, un pont et une centrale dans la forêt amazonienne pour "lutter contre la pression internationale" pour protéger le "poumon de la planète".

AMAZONIE - Son objectif? Saboter les efforts de préservation de la forêt amazonienne. Selon des documents, révélés ce mercredi 21 août par le site britannique OpenDemocracy, le président brésilien d’extrême-droite Jair Bolsonaro veut “lutter contre la pression internationale” qui vise à protéger la plus grande forêt tropicale du monde.

Parmi les documents divulgués par cette association engagée pour le débat démocratique et les droits de l’homme, on trouve par exemple une présentation PowerPoint alarmante, relayée par le journal britannique The Independent. Elle aurait été présentée lors d’une réunion entre des représentants du gouvernement brésilien et des dirigeants locaux de l’État de Para qui abrite une large partie de la forêt amazonienne.

“Des projets de développement doivent être mis en œuvre sur le bassin amazonien pour l’intégrer au reste du territoire national afin de lutter contre la pression internationale en faveur de la mise en oeuvre du projet de préservation de la forêt Triple A (ndlr: un couloir écologique transnational de 136 millions d’hectares destinés à protéger des parcs naturels, des réserves indiennes et des espaces naturels de biodiversité)”, indique l’une des diapositives.

Le gouvernement brésilien climatosceptique prévoit notamment la construction d’une autoroute, un pont ou encore une centrale hydraulique au cœur de la forêt.



Dans d’autres diapositives, le gouvernement dénonce une “campagne mondialiste qui porte atteinte à la souveraineté du Brésil dans le bassin amazonien”, en pointant particulièrement du doigt les médias et les ONG de défense de l’environnement et des droits des autochtones.

Un discours qui fait écho à ses réactions face aux feux qui ravagent actuellement l’Amazonie, causés selon ses insinuations non étayées par les ONG. Ce jeudi, Jair Bolsonaro a aussi accusé Emmanuel Macron d’avoir “une mentalité colonialiste”, après son appel aux membres du G7 pour “parler de l’urgence” de ces incendies.

Si l’avancée des feux dans la plus vaste forêt tropicale de la planète est très difficile à évaluer, l’Institut national de recherche spatiale (INPE) a fait état de près de 2500 nouveaux départs de feu en l’espace de 48 heures dans l’ensemble du Brésil. La déforestation, qui avance rapidement, est la principale cause des départs de feu.

D’après l’INPE, 75.336 feux de forêt ont été enregistrés dans le pays de janvier jusqu’au 21 août -soit 84% de plus que sur la même période de l’an dernier- et plus de 52% concernent l’Amazonie.


[url]https://www.huffingtonpost.fr/entry/bresil-jair-bolsonaro-a-un-plan-bien-precis-pour-lamazonie_fr_5d5f835ee4b02cc97c8b7de4
[/url]

Je ne sais pas si les "fuites" sont réelles ou pas (pour l'heure, c'est pas passé dans la case "fake news"), mais ça reste assez cohérent avec la réaction outragée de Bolsonaro sur les remarques internationales en mode "c'est à moi et je fais ce que je veux"...
Et qui illustre bien combien il est plus que temps de changer les mentalités et d'en finir avec les souverainismes à la noix, qui ne sont rien de plus que de "l’ego étatique" au final, et de prendre en compte le fait que nous vivons tous sur la MÊME planète et que ce que l'on fait dans un pays en terme d'écosystème ou de biodiversité impacte la planète entière, et que ces ressources naturelles, ces espèces animales, ne sont à personne. Et à tout le monde. Et qu'elles sont intrinsèquement leur propre propriété.

PS : et j'ajoute Bolso, en matière de respect du droit des femmes, de droits de toutes les "minorités" il est pas mal non plus... Je suis pas loin d'y voir une corrélation... :mrgreen:

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Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier.
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MessagePublié: 24 Août 2019, 15:08 
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J'ai du monde chez moi en ce moment, et cet article (sur l'impératif écologique qui impacte davantage les femmes) a également fait couler pas mal de salive... :lol:

DragoMath a écrit:
Avoir un mec à demeure - à plus forte raison avec des gosses - et être féministe, c'est tout simplement incompatible, à mon avis personnel et quelque peu drastique, je le reconnais. C'est une des principales raisons pour lesquelles j'ai toujours vécu seule !!! 8-) :mrgreen:

Je comprends le point de vue, mais ce sont des sujets dont on parle de plus en plus dans la sphère publique depuis une dizaine d'années et je pense que les choses ont pas mal changé chez les personnes des jeunes générations.
Je ne peux pas parler de mon expérience personnelle puisque je serais à la fois juge et parti... mais je connais dans mon entourage un paquet de couples*, dont certains avec gamins, qui sont bien conscients de ces enjeux et qui pratiquent un partage des tâches (et de la charge mentale) qui me semble a priori bien équilibré.

* Au cas où vous poseriez la question : ils ont profil de CSP+ et ce sont de sales gauchistes, oui.

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MessagePublié: 25 Août 2019, 09:20 
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ce sont des sujets dont on parle de plus en plus dans la sphère publique

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je connais dans mon entourage un paquet de couples*, dont certains avec gamins, qui sont bien conscients de ces enjeux et qui pratiquent un partage des tâches (et de la charge mentale) qui me semble a priori bien équilibré.

Voilà deux excellentes nouvelles !
Donc c'est possible... Je voudrais bien avoir tort sur ce coup-là ! ^^


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MessagePublié: 25 Août 2019, 10:49 
Lueur dans la nuit
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C'est "possible" oui...
Mais ça ne veut pas dire que ça soit d'une part la majorité (c'est un fait que ça se retrouve plus dans un certain type de "profils"), et d'autre part... ça ne veut pas dire non plus que ça soit gravé dans le marbre et définitif.
Comme l'inverse est d'ailleurs possible : j'ai dans mon entourage familiale proche le cas inverse.... où le couple est séparé, est où c'est plus le père qui s'occupe de son gamin, que sa mère qui lui "largue" dès que ça l'arrange (ou qui fait la psychorigide si elle peut em......der le monde).
ça ne veut pas dire que ça soit un cas majoritaire et entré dans les mœurs...

(désolée Drago, je suis une vilaine qui voit toujours le verre à moité vide... :mrgreen: )

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MessagePublié: 26 Août 2019, 18:52 
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Chimère, j'aimerais éventuellement débattre de certains points de ton argumentaire avec toi mais pas ici question de ne pas détruire le fil.

On ouvrira un sujet sur la pression sociale masculine et féminine en 2019. Ça risque d'être fort intéressant que de voir les points de vue et vécu de chacun. :)

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N'écoutez jamais les gens qui vous disent : « Oubliez-vous ! Aimez les autres. » Ne les écoutez pas. Ils ont tort. La pire des choses est de s'oublier soi-même lorsque l'on va vers les autres pour les aider.


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MessagePublié: 27 Août 2019, 07:52 
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Je pense effectivement que ça peut se faire, ça peut être un sujet intéressant qui amènera du débat, je pense... :mrgreen:

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Le cerveau va-t-il détruire notre planète ?
Dans son dernier livre – Le Bug humain, éditions Robert Laffont – notre rédacteur en chef Sébastien Bohler explique que notre cerveau poursuit des objectifs incompatibles avec la sauvegarde de la planète. Pour survivre, nous allons être obligés de remodeler nos neurones.

« Nous sommes peut-être la dernière génération qui vivra dans l'opulence, la santé et la consommation sans frein. Dans trente ans, le monde n'aura plus rien à voir avec ce que nous voyons aujourd'hui. Année après année, les températures montent, les océans aussi, des milliers d'hectares de terres se transforment en désert et des millions de personnes se préparent à quitter leurs foyers pour migrer. De tout cela, nous sommes responsables.

Pour la première fois de son histoire, l'enjeu pour l'humanité va être de se survivre à elle-même. Non plus à des prédateurs, à la faim ou aux maladies, mais à elle-même. Elle n'y est pas préparée. Devant ce défi suprême, elle ne répond que par des incohérences. La preuve. Pourquoi, alors que nous sommes dotés d'outils extrêmement précis qui nous informent clairement de la tournure que vont prendre les événements dans quelques décennies, restons-nous impassibles ? Pourquoi, face à la catastrophe, continuons à agir comme par le passé ? Qu'est-ce qui, en nous, est si dysfonctionnel ?

Pour répondre à cette question, je me suis penché sur la part la plus intime et la moins visible de ce qui fait notre humanité. Ce qui nous échappe, blotti au fond de notre boîte crânienne, si obscur et si caché, mais qui nous gouverne. Notre cerveau.

Ce que j'ai découvert m'a glacé. Ce cerveau, qu'on présente comme l'organe le plus complexe de l'univers et dont on chante les louanges à coups d'émissions de télévision et au fil de rayons entiers de librairie, est en réalité un organe au comportement largement défectueux, porté à la destruction et à la domination, ne poursuivant que son intérêt propre et incapable de voir au-delà de quelques décennies. Nous sommes emportés dans une fuite en avant de surconsommation, de surproduction, de surexploitation, de suralimentation, de surendettement et de surchauffe, parce qu'une partie de notre cerveau nous y pousse de manière automatique, sans que nous ayons actuellement les moyens de le freiner. [...]

Aujourd'hui, face à la rapidité des changements qui interviennent dans notre environnement et qui vont menacer notre propre existence, nous sommes comme les pilotes d'un avion dont les témoins lumineux hurlent à tue-tête pour signaler un crash imminent, et qui se lanceraient : “Il nous reste deux minutes, on a encore le temps de se préparer un bon café.” Il faut en finir avec la vision d'un esprit humain cohérent, maître de son destin, capable d'agir par la force de la raison et de s'assurer le meilleur avenir possible. Notre cerveau est en réalité une bombe à retardement. Il est animé de forces contraires qu'il n'arrive pas à concilier. [...]

Le bug humain
Le cerveau humain est programmé pour poursuivre quelques objectifs essentiels, basiques, liés à sa survie à brève échéance : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, le faire avec un minimum d'efforts et glaner un maximum d'informations sur son environnement. Ces cinq grands objectifs ont été le leitmotiv de tous les cerveaux qui ont précédé le nôtre sur le chemin accidenté de l'évolution des espèces vivantes. Et ce, depuis les premiers animaux qui ont vu le jour dans les océans à l'ère précambrienne, il y a un demi-milliard d'années, jusqu'au dirigeant d'entreprise qui règne sur des milliers d'employés et gère le cours de ses actions depuis son smartphone. Ils n'en ont pas dévié. Les mécanismes qui régissent leurs actions sont à la fois simples, robustes, et ils ont traversé le temps en conservant certaines caractéristiques essentielles. [...]

Ce système de renforcement a été si efficace qu'il s'est transmis à toutes les espèces de vertébrés. Les neurones du striatum, qui charrient de la dopamine et du plaisir en réponse à tout comportement tourné vers la survie, sont le moteur de l'action des poissons, des reptiles, les oiseaux, des mammifères et des marsupiaux.

Le problème est que le cortex de l'homme s'est largement développé depuis un million d'années environ et est autrement plus puissant que celui d'un poisson ou d'un reptile. En élaborant des technologies sophistiquées, que ce soit dans le domaine alimentaire, de l'information ou de la production de biens matériels, ce cortex est aujourd'hui capable de procurer au striatum presque tout ce qu'il désire, parfois sans effort. Et le problème, c'est que le striatum ne demande que cela. À aucun moment il ne lui viendrait à l'idée de se limiter. Il n'est pas fait pour cela. Il n'a jamais intégré cette donnée, cela n'a pas été spécifié dans ses plans de construction.

Maîtrisant toujours plus de technologies pour assouvir nos besoins, nous sommes incapables de nous modérer dans l'application de ces technologies, qu'elles aient un rapport à la production de denrées alimentaires, d'automobiles véhiculant un statut social, de sexualité sur Internet, de statut social sur les réseaux du même nom ou d'addiction à l'information continue. Tout cela forme le carburant d'une économie de croissance qui n'a aucune raison de renoncer à son principe fondamental, car c'est ce principe qui a fait le succès de notre espèce. [...]

Manger sans faim
En 2016, l'Organisation mondiale de la santé livrait un rapport selon lequel on meurt plus sur Terre aujourd'hui de suralimentation que de dénutrition. Aujourd'hui, plus de 1,9 milliard d'individus de plus de 18 ans sont en surpoids. Parmi eux, plus de 650 millions sont obèses. Ces chiffres ont triplé en 40 ans et en 2030, on s'attend à ce que 38 % de l'humanité soit en surpoids, et 20 % obèses. Notre striatum est programmé pour cela, et nous pousse à engouffrer encore et toujours plus. [...]

Si nous sommes à ce point démunis devant l'abondance de nourriture, c'est parce que nous n'y avons jamais été préparés. Pendant la plus grande partie de son séjour sur Terre, l'être humain a vécu dans un milieu naturel où les ressources alimentaires étaient rares. L'environnement de nos ancêtres du paléolithique n'était pas peuplé de frites et de hamburgers. Il fallait passer des journées à chercher des racines, des baies, à traquer un gibier sans garantie de succès. Lorsque vous teniez une proie, vous n'aviez pas intérêt à en laisser une miette. Votre survie en dépendait. Celui qui mangeait le plus avait souvent un avantage sur les autres. Il survivait mieux, plus longtemps, avait une descendance plus nombreuse.

Cette situation n'a pas vraiment posé de problème, tant que l'humanité vivait en équilibre avec les autres espèces animales et végétales, et que les ressources à disposition restaient limitées par la difficulté d'y accéder, mais une fois que l'homme a été capable de produire sa propre nourriture de façon maîtrisée et presque sans limite, ces “gènes goinfres” sont devenus nos pires ennemis. Ils nous tuent aujourd'hui en provoquant les maladies mortelles liées à l'obésité, nous invalident par l'une ou l'autre forme de comorbidité (dont la maladie d'Alzheimer et les AVC, très fortement favorisés par l'obésité et causant respectivement 1,5 et 6 millions de décès par an), et provoquent des ravages sur notre environnement, puisque la surproduction de denrées alimentaires – notamment animales – entraîne un bilan carbone très lourd qui contribue notablement à l'effet de serre et au réchauffement climatique. [...]

Overdose de sexe
La vue de photos érotiques ou de vidéos pornographiques active fortement le striatum. Des expériences révèlent que les personnes dont le noyau accumbens (une subdivision importante du striatum) s'active le plus fortement à la vue de photos érotiques ont, au cours des mois et des années qui suivaient, le plus grand nombre de partenaires sexuels. Le striatum qui veut le plus le sexe répand davantage ses gènes que celui qui n'éprouve qu'un désir modéré. C'est pourquoi les gènes de ces striatums obsédés sexuels se sont répandus dans la population. [...]

Aujourd'hui, 35 % des vidéos visionnées quotidiennement sur Internet sont des vidéos pornographiques, et elles représentent un chiffre d'affaires de 97 milliards de dollars, les États-Unis étant les plus gros producteurs et consommateurs avec 17 milliards de dollars annuels. Chaque année, 136 milliards de vidéos pornographiques sont visionnées par l'humanité. 35 % du trafic internet étant consacré à des visionnages de vidéos pornographiques, l'impact de l'appétit sexuel de nos striatums sur la planète Terre est de 150 millions de tonnes de dioxyde de carbone émises dans l'atmosphère chaque année, soit entre un cinquième et un tiers des émissions de gaz à effet de serre dus au trafic aérien. [...]

Tu as vu mon 4x4 ?
L'avidité pour le prestige, les situations de domination, les situations sociales conférant des privilèges, est un ressort vieux comme le monde, et pour ainsi dire indestructible. Cette mécanique obstinée menace aujourd'hui de nous asphyxier, non seulement en polluant les rapports entre sexes, mais aussi en causant des dégâts profonds sur nos modes de vie et sur notre environnement. La comparaison sociale, sorte de logiciel par défaut qui équipe tous nos cerveaux (surtout ceux des hommes), crée une sorte de conditionnement. Prenez le quotidien de millions de personnes au travail. Par quoi sont-elles préoccupées ? Par le fait de toucher un salaire décent – et, si possible, élevé – mais surtout, un salaire supérieur à celui de leurs collègues. La majorité des enquêtes montre que ce n'est pas tant le salaire absolu qui compte – du moment qu'il permet de vivre décemment – mais le salaire relatif . Nous sommes satisfaits lorsque nous recevons plus que les autres, à tel point que cela influe sur notre niveau de bien-être et même sur notre santé. [...]

Il existe une force profonde qui nous pousse à vouloir disposer d'avantages que les autres n'ont pas. Nous subissons des décharges de dopamine et de plaisir dans notre striatum lorsque nous recevons une somme d'argent qui s'avère supérieure à celle de notre voisin (et non quand nous recevons cette même somme sans base de comparaison sociale). Toute notre société repose sur une foule d'indices révélant le statut social : marque des chaussures que vous portez à l'école dès le plus jeune âge, restaurants que fréquentent vos parents, destinations de vacances prisées, quartier où vous habitez, statut de cadre ou d'employé... Pour nous sentir dominants, nous sommes prêts à faire beaucoup d'efforts, et nous ne nous préoccupons pas de savoir si cela aura un impact négatif, à terme, sur le monde dans lequel nous vivons. Au moment où nous achetons une grosse voiture polluante ou un téléphone portable qui l'est tout autant, nous ne nous demandons pas si, dans 20, 30 ou 40 ans, cela se traduira par de moins bonnes conditions de vie pour les générations futures. La seule chose que nous retenons, c'est que cela fait du bien. Nous vivons une bouffée d'euphorie et notre cerveau se reconfigure pour nous faire sentir ce que c'est que d'être plus haut que les autres. [...]

Image
L'industrie automobile est le premier facteur d'émission de gaz à effet de serre, et est en pleine croissance en Asie. Le moteur de cette croissance est le besoin de statut social et de confort éprouvé par les individus dans les pays en forte croissance.


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Le futur ? rien à faire !
En 2017, les États-Unis présidés par Donald Trump se sont retirés des accords de Paris sur le climat, qui prévoyaient depuis 2015 une série de mesures économiques et industrielles destinées à stabiliser les émissions de dioxyde de carbone à l'horizon de 2030 afin de limiter le réchauffement de la planète à 2 °C à l'horizon 2100. Sur les réseaux sociaux a circulé une vidéo tournant cette décision en ridicule, où l'on voyait le président étatsunien à la tribune de l'ONU, brandissant une pancarte où il était écrit : « Je me fous du climat, car de toute façon je serai bientôt mort. »

Ce message est beaucoup plus profond qu'il n'y paraît. Derrière la dérision des réseaux sociaux, il recèle une vérité qui doit nous interpeller. Certes, nous pouvons penser que Donald Trump est un vieil homme égoïste qui n'a que faire du climat et de la nature, et qui veut avant tout poursuivre son objectif personnel de pouvoir et d'outrance sans considération pour des milliards de personnes qui peuplent la Terre. Mais il y a une autre façon d'entendre ce message. Car au fond, il nous dit : “Vous, moi, nous nous soucions peu de ce qui va se passer dans 20 ou 30 ans. Ce qui compte, c'est ce qui se passe maintenant. Nous avons la possibilité de vivre sans restriction, entourés de gadgets, libres de sillonner la Terre à bord d'avions long-courriers, d'acheter de nouvelles voitures, de nouveaux téléphones et de nouveaux ordinateurs à chaque fois qu'une nouvelle version voit le jour, extrayant le pétrole du sous-sol et faisant tourner des serveurs numériques à plein régime. Et nous devrions renoncer à cela ? Au nom de quoi ? Sous prétexte que le futur serait plus important ?” [...]

Le dogme économique de la croissance est ancré dans le fonctionnement de nos neurones dopaminergiques. Il est presque impossible à enrayer.

Ce phénomène malencontreux porte le nom de dévalorisation temporelle. Étudié par les psychologues expérimentaux depuis plus de quarante ans, il se résume à une idée simple : plus un avantage est éloigné dans le temps, moins il a de valeur pour notre cerveau. [...] Quand une récompense future est annoncée, les neurones du striatum s'allument au moment de l'annonce du plaisir, en anticipation de la gratification future, comme l'ont montré les travaux de Wolfram Schultz. Mais ce qu'a en outre démontré l'équipe du neuroscientifique suisse, c'est que la force de la décharge de dopamine dépend du délai qui sépare l'annonce de la récompense de sa venue effective. Plus le délai est long, plus la réponse anticipatoire est faible. Pour cette raison liée au fonctionnement même de nos neurones dopaminergiques, il nous est difficile de trouver de l'intérêt à ce qui se situe dans un futur lointain. [...]

Les bénéfices du « tout, tout de suite » nous ont aidés à survivre sur des échelles de temps que nous avons du mal à imaginer. Il s'agit d'ères géologiques, s'étendant sur des dizaines de millions d'années. Des durées qui façonnent durablement les structures de base d'un cerveau humain. Cette période de temps a créé de solides connexions entre les neurones, au cœur du disque dur de nos systèmes nerveux. Et pendant des dizaines de millions d'années, les animaux possédant un striatum configuré pour préférer les récompenses immédiates ont réussi à se maintenir en vie, et les autres ont été purement et simplement éliminés de la course de l'évolution. Par une conséquence mathématique, tous les vertébrés que nous observons aujourd'hui ont hérité de ce moteur d'impulsivité et, malheureusement, de cette cécité face au futur. [...]

8 milliards d'impatients
Nous vivons aujourd'hui dans un monde où les délais d'attente pour obtenir quoi que ce soit, qu'il s'agisse de nourriture, d'alcool, de tabac, de sexe, de statut ou même d'argent (à quoi servent les crédits ?) sont raccourcis au maximum. Nous sommes devenus impatients, nous avons tout cédé à nos striatums, et nous ne pouvons plus mettre entre parenthèses le confort immédiat au profit d'un projet futur. Nous aimons toujours faire des projets, mais si c'est au prix de sacrifices réels dans l'instant, nous ne possédons plus la connexion physiologique nécessaire pour le faire. Si on nous dit : dans 40 ans, 30 % des terres habitables seront submergées, nous trouvons cela moins gênant que de renoncer à nos vacances annuelles aux Seychelles, et surtout à une bonne côte de bœuf dans notre assiette.

Équipés de cerveaux incontinents, comment pouvons-nous réfléchir à l'avenir de notre monde, à la survie de notre écosystème à long terme et à la préservation de la planète ? Quand des avantages instantanés qui flattent notre striatum en ciblant ses grands besoins primaires comme la nourriture, le moindre effort, le sexe et le statut social, nous sont proposés ici et maintenant, qu'est-ce qui pourrait nous empêcher de les saisir sans attendre ?

Au terme de ce processus, l'être humain est devenu un danger mortel pour lui-même. Son programme neuronal profond continue aveuglément de poursuivre des buts qui ont été payants pendant une grande partie de son évolution, mais qui ne sont plus du tout adaptés à l'époque où il s'est projeté. Au regard de sa situation actuelle dans un monde globalisé, l'humain est inadapté. Le drame de sa condition réside dans le fait que ses moyens techniques, tout en s'accroissant au fil des siècles, ont toujours été mis exclusivement au service des objectifs prioritaires de son striatum. L'immense cortex d'Homo sapiens, en lui offrant un pouvoir toujours plus étendu, a mis ce pouvoir au service d'un nain ivre de pouvoir, de sexe, de nourriture, de paresse et d'ego. L'enfant surarmé en nous n'a aujourd'hui plus de limites. La grande question qui se pose à nous maintenant est : l'humanité peut-elle sérieusement se définir d'autres buts que celles de son striatum ? [...]

Comment changer notre cerveau ?
Au début de l'année 2017, deux chercheurs de l'université de Zürich firent une expérience dont les résultats ont positivement surpris nombre d'observateurs. Ils réunirent des volontaires dans leur laboratoire et leur distribuèrent des sommes d'argent que ceux-ci pouvaient, soit conserver pour eux, soit partager avec une personne inconnue située dans une pièce voisine. Les chercheurs entendaient étudier les comportements de générosité dans la population. Les participants à cette expérience étaient installés dans une IRM qui mesurait l'activité de leur cerveau au moment où ils faisaient le choix de garder l'argent ou au contraire, de le partager.

Le premier fait important constaté par les scientifiques fut que les femmes avaient tendance, plus fréquemment que les hommes, à partager avec un inconnu la somme d'argent qui leur était confiée. La générosité se manifestait, chez elles, comme un comportement plus solidement ancré que chez les hommes. Mais le plus étonnant fut d'observer ce qui se produisait dans leur cerveau : leur striatum s'activait au moment du partage. Autrement dit, l'altruisme mobilisait chez elles les circuits de la récompense et du plaisir, un terrain habituellement réservé aux grands renforceurs primaires. Le cas des hommes, quant à lui, était beaucoup plus “classique” : ils activaient leur striatum en conservant l'argent pour eux, ce qui cadrait mieux avec l'action d'un renforceur primaire, puisque l'argent a la particularité de procurer tous les renforceurs primaires que l'on souhaite (pouvoir, nourriture, sexe, etc.) [...]

Le gentil striatum
D'après les auteurs de cette étude, si les femmes sont globalement plus généreuses que les hommes dans les tests qui leur sont proposés, c'est probablement parce que leur cerveau a été configuré de cette façon dès leur plus jeune âge. Selon cette hypothèse, la société dans sa globalité, depuis les parents jusqu'aux employeurs, en passant par les professeurs, apprendrait aux petites filles à se montrer conciliantes et généreuses, et aux petits à garçons à endosser le rôle d'individus conquérants, indépendants et combatifs. De fait, ces rôles sociaux sont en vigueur dans une écrasante majorité de sociétés dans le monde, y compris les plus libérales. Dans de très nombreuses familles aux États-Unis ou en Europe occidentale (à l'exception peut-être de la Scandinavie), on valorise les comportements altruistes, doux et pleins de sollicitude d'une petite fille, et on décourage chez elles les velléités égoïstes ou individualistes. C'est tout le contraire du cadre éducatif proposé aux garçons, dont on tolère bien plus facilement les écarts turbulents sous prétexte que “c'est la testostérone”. [...]

Nous sommes devenus impatients, nous avons tout cédé à nos striatums, et nous ne pouvons plus mettre entre parenthèses le confort immédiat au profit d'un projet futur.

Ce que nous révèle ce conditionnement, c'est que nous pouvons apprendre à valoriser d'autres comportements que la recherche de nourriture, de sexe, de farniente ou de pouvoir. Ces renforceurs primaires sont actuellement les rois du monde parce que l'industrie parvient plus facilement à les exploiter et à les monnayer. Mais ce n'est pas la seule voie traçable. La générosité féminine n'est qu'un exemple, mais elle nous montre que le striatum peut apprendre à aimer bien d'autres choses, et que nos buts peuvent être redéfinis par un facteur déterminant qui est la norme sociale. Le discours parental, puis celui de l'école, des médias et de la politique, en valorisant socialement des comportements comme l'altruisme, la modération, le respect de l'environnement, peut amener nos striatums à voir les choses sous un angle nouveau.

La conscience sauvera le monde ?
Voici environ deux ans, dans le but de constituer un dossier pour mon journal [celui que vous lisez, nda], j'ai demandé à un de nos auteurs, le psychiatre Christophe André, de m'expliquer comment ces techniques de pleine conscience pouvaient modifier notre rapport à la nourriture. Il m'a parlé alors d'une sorte de technique thérapeutique que nous pourrions appeler la “technique du grain de raisin”.

Prenez un grain de raisin dans un de ces sachets que l'on peut trouver sur les étagères d'un supermarché, à côté des noix de cajou, des cacahuètes et des fruits confits. Simplement, au lieu de plonger votre main dans le sachet et d'y piocher une large poignée pour l'enfourner aussitôt dans votre gosier, saisissez-vous délicatement d'un unique grain, un petit grain ratatiné, entre le pouce et l'index. Regardez-le attentivement, de très près.

Examinez ses contours, ses plis et ses creux, sa teinte brunâtre, presque dorée. Même petit, il est riche de mille détails. Cela vaut la peine de l'observer, l'attention ouverte, presque avec étonnement. Puis, approchez ce grain de vos narines. Sentez-vous cette odeur sucrée, à peine acidulée, si caractéristique ? Prenez le temps de vous laisser pénétrer par cette senteur. Vous pouvez aussi constater la légère salivation qui se produit dans votre cavité buccale. En quelques instants, vous venez de prendre conscience d'une foule de détails que vous ne perceviez même pas lorsque vous étiez habitué à mâchonner des assortiments d'apéritif en riant avec une bande d'amis.

Maintenant que vous avez observé et humé attentivement votre petit grain de raisin, mettez-le dans votre bouche. Mais ne le mâchez pas. Sentez son contact sur votre langue, et les petites décharges gustatives que cela provoque, sans même l'ingérer. Faites-le passer, du bout de votre langue, entre vos lèvres et vos dents. Sur son sillage, une saveur sucrée s'étire. Des picotements acidulés se dégagent. Essayez à présent de le faire glisser vers l'arrière de votre bouche, entre vos molaires. Testez sa résistance et sa texture. Commencez à en exprimer le suc, à en détailler la saveur. Ramollie, sa peau s'ouvre et laisse émerger sa pulpe condensée. C'est immense, ce qu'il y a dans un grain de raisin. Une fois que vous l'avez bien mâché. Si vous avez bien fait l'exercice de A à Z, peut-être s'est-il passé 5, 10 ou même 15 minutes. [...]

Croissance mentale vs croissance matérielle
Cette technique “du grain de raisin” est proposée dans des groupes thérapeutiques pour des personnes ayant des difficultés avec leur poids, ou qui n'arrivent pas à maîtriser leurs pulsions alimentaires. Les études menées sur ces groupes de patients qui suivent ces ateliers montrent que leur niveau de plaisir augmente effectivement, sans qu'ils aient besoin de manger beaucoup. Le but est de rajouter un peu de conscience dans nos actes du quotidien.

Le grain de raisin est bien peu de chose, en termes de quantité nutritive. Mais la perception de son goÛt, des sucres et des arômes qu'il renferme n'a pas de dimension fixe : leur dimension est déterminée par votre conscience.[...] En développant notre caisse de résonance sensorielle, nous pouvons faire croire à notre striatum qu'il obtient davantage plus de plaisir, alors que nous lui en donnons moins quantitativement. Manger un peu moins, mais en prenant le soin de percevoir de façon plus intense et plus pleine ce que nous absorbons, est une façon de duper notre striatum. [...]

Nous pourrions de même fabriquer plus de plaisir avec moins de stimulation, dans le domaine social. Plutôt que de chercher à augmenter sans cesse le nombre de nos amis sur Facebook, nous pouvons investir dans la qualité de ces relations. Aujourd'hui, on nous fait croire qu'il faut avoir une voiture au moins aussi luxueuse et sophistiquée que le voisin, pour être heureux. Le vrai choix est : accepter l'échelle de valeur diffusée par les spots publicitaires – et, dans ce cas, considérer que le plaisir (sans même parler de bonheur) passe par la case concessionnaire – ou imaginer la version “pleine conscience”, consistant à prendre du plaisir à conduire sa vieille voiture démodée et à chercher également du plaisir dans des relations avec ses amies dans lesquelles n'entrerait pas de notion de comparaison sociale.

Développer notre conscience de ce qui nous entoure n'est pas un but abstrait et irréalisable. Il existe des techniques éprouvées pour cela, qui sont globalement regroupées dans le courant des techniques de méditation de pleine conscience. La méditation de pleine conscience est une discipline du corps et de l'esprit, dépourvue de toute connotation religieuse dans sa version laïque (ou associée au bouddhisme dans ses versions traditionnelles), qui consiste à développer la maîtrise de son attention dans un premier temps, pour ensuite affiner sa capacité de prendre conscience de tout ce qui se passe autour de nous et en nous. [...]

En découvrant que les techniques mentales qui développent notre niveau de conscience peuvent efficacement lutter contre le biais de dévalorisation temporelle, les scientifiques nous indiquent donc une voie possible pour nous sortir de ce piège : augmenter notre niveau de conscience global. Nous immuniser, par le pouvoir de notre cortex, contre l'appel du “tout, tout de suite”. Récupérer le pouvoir de la réflexion au long cours sur notre avenir. De telles pratiques nous donnent plus de liberté pour prendre en main notre destinée.

Plutôt que de jouer, manger, consommer du statut et du sexe en ligne, il s'agira donc pour chacun de développer le champ de ses ressources mentales et donc de ses expériences qualitatives. À la clé, une limitation de la consommation de biens matériels, sans qu'il en résulte automatiquement un sentiment de déchéance ou de frustration. Peut-être même le contraire... »


https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/psychologie-environnementale/le-cerveau-va-t-il-detruire-notre-planete-16539.php


Pour en revenir au sujet, sur un angle un peu différent... j'ai trouvé cet article, ou plutôt cet extrait de livre, que je trouve intéressant (même si je ne suis pas convaincue par l'explication du tout "neurologique" ou "neuropsychologique"). Mais qui a le mérite de donner des pistes intéressantes pour nous sortir de la logique consumériste à outrance...

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MessagePublié: 28 Août 2019, 08:39 
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Ce n'est pas inintéressant mais je trouve le parti-pris réductionniste (grosso-modo, tout vient de notre striatum) extrêmement... réducteur, justement, surtout qu'il est ici traité de façon assez caricaturale.

S'il est évidemment que la situation environnementale actuelle résulte en partie de nos limites cognitives, en revanche il me semble qu'elle découle aussi en partie de notre culture. Ce point est abordé à la fin de l'article, même si je suis moyennement convaincu par la promotion de la méditation pleine conscience (qui est devenu un peu un attrape-gogo de nos jours) et du « cerveau féminin » (qu'on croirait sortie d'un tract des Colibris).
Voire, cette situation découle tout simplement des limites physiques à notre monde. Si on leur en laisse la possibilité, tous les espèces animales et végétales ont naturellement tendance à croitre, épuisant les ressources de leur environnement, puis à s'éteindre/s'effondrer pour atteindre un seuil d'équilibre inférieur (c'est quelque chose qu'on observe très bien sur les bactéries qu'on fait pousser en milieu de culture en laboratoire). Une population de 8 milliards de chasseurs-cueilleurs, ou de 8 milliards d'humains pratiquant la méditation pleine conscience ne serait probablement guère plus viable que la nôtre sur le long terme.

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MessagePublié: 28 Août 2019, 08:57 
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Certes... mais je pense que l'intérêt de la pleine conscience, ou de toute autre pratique spirituelle, est surtout dans le changement de perception de notre monde et dans l'abaissement de nos besoins.
En gros, et comme c'est expliqué dans l'article, on a moins besoin de consommer des biens, quand on se tourne plus vers l'être. Plus d'être que de paraître et d'avoir quoi. Je pense que nécessairement, ça rend forcément, un peu ou beaucoup, moins enclin à consommer pour consommer, moins enclin à faire de nos biens de consommation une affaire d'ego (parce que, pour certains biens de consommation, comme les biens technologiques, il y a une grosse affaire d'ego derrière).
Sans compter que cela change aussi notre rapport au monde, change nos choix de vies etc...

ça me semble assez mathématique.
Cela dit, oui, ça ne change rien à la question concrète de la surpopulation...
Mais ça peut aussi amener à changer son regard sur sa propre reproduction... Et à remettre en cause notre propre culture aussi. Ce n'est pas le seul chemin pour arriver à cette remise en cause, mais c'est un chemin qui peut être très efficace à mon sens.

Je pense que c'est un tout, et tout peut avoir des répercussions sur la totalité de nos actes et de nos choix de vie.

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MessagePublié: 08 Septembre 2019, 13:40 
Objecteuse d'états modifiés de conscience
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Localisation: Au fond à gauche (et derrière Pochel, ça semble plus sûr)
Voici encore une vidéo (toute récente) qui a pour thématique l'effondrement et qui porte un discours de résistance basée sur des mobilisations de masse et des actions directes. On me dira sûrement encore que c'est naïf, mais tant pis: j'ai bien aimé le ton autant que le côté très didactique du discours:


https://www.youtube.com/watch?v=tH5EMxQbrQg

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Titulaire d'un doctorat en fantomologie à Paranormal Sup


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MessagePublié: 08 Septembre 2019, 14:06 
Übertypografer
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Messages: 5298
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J'ai vu cette vidéo, et je regarde parfois ce qui sort sur cette chaîne. Honnêtement, j'aime assez. J'ai beaucoup aimé la vidéo qu'ils ont sorti il y a quelques mois sur la grosse remise en question qu'il fallait faire dans le domaine de l'écologie, d'ailleurs (ils m'avaient fait rire, même, avec le moment où ils parlaient des marches : "On va faire une marche pour le climat ! Bon ça marche pas, alors on va faire une GRANDE marche pour le climat ! Bon, ça marche pas, alors on va faire une marche DU SIÈCLE !"). Le site qu'ils ont créé est sympa comme tout je trouve, pour donner des astuces pour baisser ses émissions de CO2.

Après, qu'on ne s'y trompe pas : selon moi, tout est déjà écrit niveau climatique, tout du moins à échelle humaine. Je considère plus ces actes comme relevant d'une éthique personnelle que comme des moyens efficaces de lutter contre un futur effondrement.

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Ungl unl . . . rrlh . . . chchch . . .
[H.P. Lovecraft, The Rats in the Wall, 1923]


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