Jérimadeth a écrit:
Par contre, je voulais de demander, Ar sonner. Comment imagines tu le monde dans 100 ans? Est-ce qu'il y aura encore des humains pour toi, une civilisation (au sens large)? Je te demande ça car tu me semble quelqu'un d'assez intelligent/lucide
Merci, je suis touché.
C'est difficile de dire à quoi ressemblera le monde dans 100 ans : c'est vraiment très loin et cela dépend vraiment des hypothèses que l'on prend (par exemple, et comme le rappelle la vidéo d'
Osons causer partagée par Metronomia, un monde avec un réchauffement climatique de +5°C sera radicalement différent un monde à +2°C). En outre, je pense qu'il ne faut pas tomber dans l'idée d'un monde uniforme, qui s'effondrerait de façon homogène : il est probable que cela va affecter les régions de façons différentes, que les organisations politiques/sociales qui découleront de tout ceci pourront être très variées selon les lieux. Bref, on aura des situations différentes qui co-existeront et ce qui sera vrai à un endroit donné ne le sera plus 500 km plus loin.
Ce qui me semble en revanche à peu près évident, c'est que l'humanité, en tant qu'espèce, n'est pas menacée. On s'approche actuellement des 8 milliards d'êtres humains ; il faudrait une catastrophe absolument massive, bien au delà d'un réchauffement climatique, pour faire disparaître tout ce petit monde en 80 ans.
En outre même dans le pire des scénarios, s'il y a un bien un truc que l'ethnologie et l'histoire nous ont démontré, c'est que les êtres humains ont des ressources phénoménales. Les humains sont présents dans les endroits les plus inhospitaliers de la Terre (les Inuits au delà du cercle arctique, les aborigène d'Australie dans le désert central, etc) et des histoires tragiques comme celle
des rescapés de l'île Tromelin attestent des capacités d'adaptation qu'un petit groupe peut déployer pour survivre même dans un environnement quasiment dépourvu de tout.
Quant à la civilisation et la culture, elles sont consubstantielles à l'espèce humaine. Je ne vois aucun groupe humain qui ait jamais existé (quels que soient le lieu et l'époque) qui en ait été dépourvu. Lorsque la Peste Noire a frappé l'Europe au XIVème siècle, elle a tué entre le tiers et la moitié de la population (selon les endroits). C'est un bilan monstrueux, inimaginable de nos jours et les chroniqueurs contemporains parlent bien du choc que cela fut pour la société d'alors. Et pourtant, l'Europe de la fin du Moyen-Age ne s'est pas effondrée ; on peut même considérer qu'elle a plutôt bien rebondi, vu les accomplissements culturels et techniques qui ont suivi au cours des siècles suivant.
Bref, je suis plutôt optimiste en ce qui concerne l'espèce humaine de manière générale.
Herr Magog a écrit:
Mais c'est un peu la même pour tous les êtres vivants, non ?
[...]
L'homme est juste différent dans ce sens où il réussit à coloniser de lui-même de nouveaux espaces, chose que les autres espèces ne font que très difficilement, non ?
Oui, complètement. C'est le propre de tous les espèces vivantes de croître en consommant des ressources : si l'on met des bactéries dans une boîte de Pétri avec un milieu de culture, leur population va augmenter, augmenter... jusqu'à ce que le milieu soit épuisé, suite à quoi la population de bactéries va décroître et disparaître.
L'Homme est particulier en ce qu'il possède de très fortes capacités d'adaptation, une extraordinaire aptitude à la colonisation de nouveaux espaces (comme tu l'observes) et à la transformation à sa convenance des écosystèmes. C'est un peu comme si les bactéries pouvaient sortir de leur boîte de Pétri, pour aller en visiter d'autres et modifier le milieu de culture de façon à ce qu'il leur soit plus favorable.