No Body a écrit:
Je sais que je vais pousser le bouchon et que certains risque de me trouver bête ou idiot ou encore totalement dépourvue de sentiment mais...
Bah non, Richie (je ne peux pas parler pour les autres, mais je suis à peu près sûre qu'ils te diraient la même chose). C'est ton vécu, ton ressenti et ton point-de-vue. Je ne le partage pas, mais ce n'est pas pour autant qu'il me viendrait à l'idée de te trouver "bête", "idiot" ou "dépourvu de sentiments".
En réponse à ce que tu exposes, voici la façon dont j'entrevois - me concernant - les choses.
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l'être humain est un individualiste jusqu'au bout de ses orteils. En aucun cas, un individu agira par totale altruisme. Il en retirera toujours quelques choses ne serais-ce qu'une satisfaction personnelle, une reconnaissance de ses pairs voir sa survie et ce quelque chose qu'il en retirera sera toujours la première motivation des actes qu'il posera. Ça n'enlève rien à la bonté des gestes mais remet les choses dans leurs contexte.
Je saisis ce que tu veux dire, et je pourrais même y souscrire dans une certaine mesure. Je suis bien certaine qu'on pourrait trouver des tas d'exemples allant dans ton sens. L'article évoque d'ailleurs cela:
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Plus largement, faute de données, la distribution temporelle des réponses individualistes et sociales est encore mal appréhendée : les tendances sociales sont-elles une réponse immédiate à la menace ou suppose-t-elles d’avoir d’abord gagné le sentiment d’une certaine sécurité pour soi ? Difficile de répondre à ces questions sans une étude éthologique des réactions primaires au danger, c’est-à-dire une méthodologie qui s’affranchirait au maximum du rapport verbal pour accéder aux commandes motrices primaires en situation de menace directe. Le développement de la vidéo-surveillance pourrait ainsi permettre de mieux comprendre la dynamique des réactions individuelles et collectives au danger immédiat. D’aucuns pourraient arguer qu’accéder aux commandes motrices mêmes ne suffirait encore pas pour comprendre la dynamique motivationnelle des réponses sociales : sont-elles des cas de coopération (qui servent autrui mais également l’acteur) ou des cas de pur altruisme (qui sont sans bénéfice immédiat pour l’agent) ? Dégager un accès peut être perçu comme un acte pour autrui mais peut également obéir à une logique parfaitement individualiste d’un point de vue motivationnel : après tout, si un objet bloque, il bloque d’abord l’individu qui va le débloquer.
Reste qu'en fait, lorsque je remets les choses dans un cadre plus général, le raisonnement (pour moi) ne tient pas/plus.
Tout simplement parce que, pour moi, vouloir faire du bien aux autres et vouloir s'en faire à soi, c'est en fait strictement la même chose. Tout est lié. Vouloir sauver sa voisine/son voisin, c'est aussi, d'une certaine manière vouloir se sauver soi. Je crois que c'est Chimère qui disait page précédente qu'assurer la survie de ses proches, c'est assurer la sienne et - plus largement - c'est un instinct qui vise à assurer la survie de l'espèce. Eh bien je suis tout à fait d'accord avec ça. Du coup, de mon point-de-vue, il n'y a pas d'un côté l'acte égoïste/individualiste et de l'autre l'acte altruiste. L'un va
nécessairement avec l'autre et le tout se "mélange" et se "confond".
Par exemple, j'imagine qu'il nous est arrivé à toutes et tous de blesser quelqu'un un jour. Ca m'est arrivé, en tout cas. Et je peux dire que la façon dont je me suis sentie après ça n'avait vraiment rien d'enviable. En faisant du mal, on se blesse en même temps. C'est perdant/perdant. Pour moi, nous sommes toutes et tous liés d'une manière ou d'une autre et, quelque part, "nous" ne sommes "qu'un·e" - malgré l'évidente et indéniable altérité, et en dépit des heurts.
Et c'est en ça que je rejoins l'article. Penser les choses en termes de motivations indiviualistes versus motivations sociales ne me semble ni forcément juste (au sens de "vrai") ni forcément efficace, parce que ça caricature une réalité probablement plus complexe et contrastée.
Et puis, s'il ne fallait qu'un exemple pour enfoncer le clou, notons que certaines victimes du Bataclan ont eu la vie sauve parce que leur ami/amie ou leur compagne/compagnon les ont protégé en y laissant la leur, de vie. Dans ces cas précis (même s'ils ne sont probablement pas la norme statistiquement), difficile - selon moi - de parler d'acte égoïste. Le fait que les concerné-e-s soient morts rend caduque l'idée d'un quelconque bénéfice, si ce n'est - peut-être et à la rigueur - celui de quitter ce monde en se disant qu'elles/ils ont agi au mieux.
Pour finir, et toujours dans cette même logique, même s'il existe évidemment tout un tas d'actes inommables/abjectes et d'horreurs, ils sont de toute façon pour moi
toujours le fruit d'un manque d'amour à la base.
Il n'y a donc qu'en essayant de prodiguer plus d'amour autour de nous que l'on peut espérer voir les choses s'améliorer. C'est pourquoi le fait d'envisager l' "autre"/ l' "humain" comme un être qui serait uniquement égoïste, par la porte ou par la fenêtre, ne me contente pas. Car ça n'aide pas l'humanité à aller dans le bon sens.
En d'autres termes et tel que je vois les choses : si mon point-de-vue (personnel) est en partie lié à des réflexions spirituelles et existentielles, il est - aussi et dans le même temps - pragmatique.