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MessagePublié: 11 Août 2019, 14:58 
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Un nouveau billet sur l'effondrement a été publié le 1er juillet sur un blog de mediapart par Alternatiba (un mouvement citoyen que je ne connaissais pas avant de lire ce billet).

Je le poste ici au cas où vous l'auriez manqué et parce que j'aime assez l'optique et la visée qui y sont défendues:

https://blogs.mediapart.fr/alternatiba/ ... ndrement-0

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MessagePublié: 13 Août 2019, 08:35 
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Je les trouve un peu optimistes... :mrgreen: (mais bon, c'est un fond de commerce, après tout...)
Alors, certes, le système capitaliste est une des causes (causes principales ? Ou symptôme principal, d'ailleurs ?) de nos maux... mais croire qu'il suffit de changer de système économique pour que comme par magie tout s'arrange me semble un poil illusoire.
Surtout que dans l'intervalle, le temps qu'un nouveau système se mette en place, si l'Etat est affaibli voir inexistant (donc, plus de police, plus d'armée), il se passe quoi ?... On ne sait pas, mystère, mais on parie que ça va bien se passer... ^^ Ah ah... :shifty:



D'autre part, quand je voie les "œuvres" récentes d'un Trump ou d'un Bolosonaro... je me dis que sous peu on aura bientôt plus grand chose à sauver de toute façon... :roll:

https://www.huffingtonpost.fr/entry/trump-assouplit-la-loi-de-protection-des-especes-menacees_fr_5d51bbc9e4b05fa9df031222?utm_hp_ref=fr-homepage

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MessagePublié: 13 Août 2019, 09:17 
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Je les trouve un peu optimistes... :mrgreen: (mais bon, c'est un fond de commerce, après tout...)

Je ne sais pas exactement ce que tu entends par fond de commerce, mais les discours pessimistes le seraient - dans ce cas - au moins tout autant?

Chimère a écrit:
Alors, certes, le système capitaliste est une des causes (causes principales ? Ou symptôme principal, d'ailleurs ?) de nos maux... mais croire qu'il suffit de changer de système économique pour que comme par magie tout s'arrange me semble un poil illusoire.

Il est vrai que le papier peut sonner un poil optimiste mais je comprends pourquoi ils le font et je trouve qu'ils ont raison. Ils prennent justement le contrepied des discours catastrophistes dont ils pensent qu'ils ferment terriblement les imaginaires des gens et donc aussi les imaginaires politiques. Et je crois que c'est plutôt une bonne chose que de prendre cette place sur l'échiquier "politique" ("politique" au sens large, pas au sens de "encarté" ou "affilié à un parti").

Citer:
Surtout que dans l'intervalle, le temps qu'un nouveau système se mette en place, si l'Etat est affaibli voir inexistant (donc, plus de police, plus d'armée), il se passe quoi ?... On ne sait pas, mystère, mais on parie que ça va bien se passer... ^^ Ah ah... :shifty:

Justement, je crois comprendre que l'article fait le pari que ça ne se produira pas de cette façon et que les choses iront plus lentement et plus graduellement et, donc, que parler d'effondrement (effondrement de quoi exactement? et et quand précisément? Partout, en même temps?, etc.) est une erreur. La réalité pourrait en fait nous laisser plus de marge de manoeuvre pour agir et "orienter la chute" (je reprends les termes de l'article ici).

Citer:
D'autre part, quand je voie les "œuvres" récentes d'un Trump ou d'un Bolosonaro... je me dis que sous peu on aura bientôt plus grand chose à sauver de toute façon... :roll:

Idem ici: c'est entre autres de ce type de réactions dont parle l'article. Je comprends bien que tu conçoives les choses comme ça, parce que ça m'arrive souvent de me dire le même genre de trucs. Mais précisément, les auteurs nous rappellent que c'est en réalité aussi ce qui contribue au problème:

Citer:
Ces approches posent plusieurs problèmes. Se préparer de la sorte à un effondrement (indéfini) ne permet pas de mettre en oeuvre le nécessaire pour construire des sociétés “post-effondrement de la société thermo-industrielle” qui soient plus justes, plus solidaires et soutenables, puisqu’en attendant un effondrement avec une attitude défaitiste, on augmente par l’inaction le risque de l’effondrement écologique. Cette posture comporte même le risque qu’une partie de la population -et souvent pas la plus défavorisée et donc dotée d’une capacité d’action - ne se dédouane de sa double responsabilité individuelle et collective. Celle-ci va donc passer plus de temps à se demander comment elle peut accepter cet effondrement, vécu comme terrible, qu’à agir pour éviter que celui-ci ne soit terrible. Ils sont nombreux celles et ceux que nous avons croisé·e·s qui ont été “éclairé·e·s” par l’effondrement et en ont fait une posture incantatoire, rarement tournée vers l’action concrète.

En résumé: je ne sais pas qui a tort ou raison au bout du compte car je ne suis pas devin, mais ce que je sais, c'est qu'il me semble politiquement très important et intéressant que des discours viennent prendre le contrepied des propos très pessimistes et catastrophistes qui inondent désormais les médias, car ces derniers peuvent clairement inhiber/borner nos réflexions et initiatives et contribuer à ce qu'on n' "oriente pas au mieux la chute".
En gros, pour moi, ça contrebalance un peu ce qu'on entend partout actuellement - sans être du tout climatosceptique pour autant - et je crois que c'est une chose stratégiquement nécessaire.

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MessagePublié: 13 Août 2019, 09:39 
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Je ne sais pas exactement ce que tu entends par fond de commerce, mais les discours pessimistes le seraient - dans ce cas - au moins tout autant?


C'est très possible.
Je ne sais pas, à vrai dire... je ne donne dans un aucun commerce. Ce n'est que mon avis tout ça...

Citer:
Ils prennent justement le contrepied des discours catastrophistes dont ils pensent qu'ils ferment terriblement les imaginaires des gens et donc aussi les imaginaires politiques. Et je crois que c'est plutôt une bonne chose.


Ah je ne dis pas que c'est une mauvaise chose, c'est plutôt au contraire positif que tous les avis soient en mesure de s'exprimer.
Mais, à titre personnel, j'ai du mal à être optimiste pour la suite. (sans doute parce que je suis du genre à voir le verre à moitié vide, de toute façon).


Citer:
Idem ici: c'est entre autres de ce type de réactions dont parle l'article. Je comprends bien que tu conçoives les choses comme ça, parce que ça m'arrive souvent de me dire le même genre de trucs. Mais précisément, les auteurs nous rappellent que c'est en réalité aussi ce qui contribue au problème


Certes... je ne dis pas qu'ils ont tort sur le fond.
Mais avec la palanquée de fous furieux qui dirigent le monde en ce moment, j'ai du mal à voir comment, à l'échelle individuelle, on peut lutter...
Je peux trier mes déchets, manger moins de viande, et prendre des douches de 5 minutes. You-pi... Mais ça n'empêchera pas Bolsonaro de ruiner la forêt amazonienne, Total et consorts de raser des montagnes et des forêts pour trouver du gaz de schiste, et tous ces connards de braconniers de flinguer ours/loups/éléphants/rhino/lions - rayer la mention inutile - jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus un seul sur Terre... c'est surtout ça que je voulais dire.
En vrai, la seule action concrète que je vois c'est d'aller mettre une balle entre les 2 yeux de tous ces fous dangereux... mais déjà, je ne suis pas assez folle pour avoir ne serait-ce que l'espoir que ça serait efficace à long terme de toute façon, ça pourrait même être contre-productif et voir se lever des personnages encore pires... :think:


Et puis vivre à moitié ou me contenter de survivre dans un monde à moitié vide d'espèces animales et végétales, où les 3/4 des paysages et de la Nature sauvage sont ruinés, et où en plus, culturellement/philosophiquement/spirituellement je ne suis pas persuadée de me sentir à ma place... ça n'est pas une perspective qui m'encourage à l'optimisme... et la méthode Coué c'est pas mon truc... :think:
A part prendre un acide ou une pilule magique, j'ai du mal à voir l'avenir autrement que bouché et... sans avenir en fait. Mon seul espoir c'est d'être morte avant... :think:

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MessagePublié: 13 Août 2019, 10:11 
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Il y a les gens qui disent "il faut garder de l'espoir, si on se dit que tout est foutu autant se suicider tout de suite", tout comme il y a ceux qui disent "il faut que les gens prennent conscience de la catastrophe sinon personne ne bougera, l'espoir et compter sur les scientifiques/les jeunes/les militants/les autres c'est surtout une bonne excuse pour ne rien faire".
Personnellement je pense qu'il y a de tout dans le monde. Quoiqu'on décide comme vision de la chose, il y aura toujours des gens qui agiront et d'autres qui attendront que ça passe.

Personnellement je suis plutôt de l'avis de Chimère. Autant j'essaye de m'investir au maximum au point de vue personnel et d'en parler autour de moi, autant du point de vue global, je ne me fais aucune illusion. Cette opinion a d'ailleurs été largement confortée ces derniers temps avec les dernières facécies de Bolsonaro, Trump, et le CETA en Europe (sans parler du Mercosur au sujet duquel je ne suis pas trop renseigné - accepté ou pas ?).

Après, je suis de ceux qui ont tendance à penser que les changements rapides et profonds de la société sont possibles - mais à mon avis, quand la société changera, il sera trop tard. D'ailleurs il est déjà bien trop tard pour rattraper les dégâts effectués sur l'environnement et la biodiversité.
Reste que je ne vois pas ça d'un œil de dépressif : outre la curiosité scientifique qui fait en sorte de transformer pour moi ce sujet en quelque chose de passionnant, je pense que je suis assez stoïque (au sens philosophique) sur le sujet, et que pour moi la situation ne peut pas être résolue ; il faut donc l'accepter. Mes gestes quotidiens ne sont pas là pour sauver la planète, ou du moins lui faire moins de dégâts, stricto sensu : il correspondent plutôt à une éthique personnelle, des valeurs que je me suis fixées, comme peuvent l'être l'honnêteté, la compassion ou la persévérance, par exemple.

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Ungl unl . . . rrlh . . . chchch . . .
[H.P. Lovecraft, The Rats in the Wall, 1923]


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MessagePublié: 13 Août 2019, 11:11 
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Je connais bien Alternatiba (des amis proches participent chaque année à leur Tour Alternatiba lorsqu'il passe sur le secteur).
J'ai plutôt une opinion positive du mouvement dans l'absolu : comme Metronomia, je pense que toute forme d'alternative politique est féconde, donc souhaitable. Et les gens d'Alternatiba se bougent les fesses et ont une motivation à déraciner des montagnes, ce qui est bien. On a besoin de gens comme ça.

En revanche, à titre personnel, j'avoue avoir tendance à rejoindre Chimère sur le fait qu'ils sont des indécrottables optimistes ce qui les conduit à tomber souvent dans une forme de wishful thinking. Les solutions qu'ils proposent sont ou bien naïves, ou bien complètement utopiques (il suffit de voir leur position sur les questions énergétiques ou agricoles pour s'en convaincre).
Alors, oui : j'entends bien l'argument selon lequel, s'avouer déjà vaincu, c'est tomber dans un prophétie auto-réalisatrice et étouffer dans l'oeuf toute possibilité « d'orienter la chute » (comme le dit Métrotte).

Mais pour moi, le pragmatisme consiste à considérer qu'il est peu probable qu'on puisse orienter quoi que ce soit. Même avec une énorme communauté de décroissants politiquement actifs, il n'est pas sûr qu'on puisse changer le destin national : les chiffres montrent bien que lorsqu'ils ont le choix, les Français votent majoritairement à droite pour des partis conservateurs ou néolibéraux (somme des votes exprimés LREM+LR+RN : 64% aux européennes 2019, 65% aux présidentielles 2017).
Et quand bien même on y arriverait, cela ne changerait pas grand chose du point de vue climat/biodiversité : il y a beaucoup trop de facteurs qui se jouent à l'échelle mondiale et échappent à notre portée. Avoir une France engagée dans la voie de la décroissance n'empêchera pas la Chine de se couvrir de centrales à charbon, le Nigeria de multiplier sa démographie par deux en 50 ans ou les brésiliens d'adopter un mode de vie consumériste basé sur celui des USA.

Comme on dit : le pire n'est jamais certain... mais il est quand même assez probable, vu la situation actuelle et l'inertie globale générale du système. Partant de là, j'attends qu'on me propose des solutions réalistes pour répondre aux risques et enjeux de demain.
Par conséquent, j'avoue ne pas me retrouver personnellement dans le discours des néo-hippies (qu'il s'agisse d'Alternatiba ou des Colibris) qui voient l'effondrement comme une opportunité de virer le capitalisme pour créer un monde plus beau et plus juste, mais sans jamais expliquer comment concrètement et rationnellement fonctionnera ce nouveau monde. Si l'imaginaire qu'ils proposent — bien que très joli — ne tient pas davantage la route que celui des néolibéraux cornucopiens qui se figurent une croissance infinie qui résoudra tous nos problèmes, je n'en vois pas l'intérêt.

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MessagePublié: 13 Août 2019, 15:51 
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il faut donc l'accepter


Personnellement, je vois plus ça comme un processus de deuil (il me semble que c'était mentionné dans un article sur la solastalgie que j'ai posté plus en amont dans le topic.)
Un deuil d'espèces animales, végétales, de paysages déjà...
Et puis après quoi ?... faire le deuil de tout un tas de choses qui nous importe, qui font que notre vie est digne d'être vécue ou au moins intéressante... jusqu'à nos proches, peut-être...
Sans compter qu'on ne sait pas trop dans quel type de société on va se retrouver. La présente n'est pas parfaite, mais au moins, dans celle-là on a la liberté de penser/s'instruire/croire/communiquer...
Bref, c'est un peu un pari tout ça... :|

Je n'arrive pas à voir où est le côté passionnant et stimulant de la chose, en fait... :eh:

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MessagePublié: 14 Août 2019, 08:32 
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C’est un tabou: le plus efficace pour stabiliser le climat, c’est d’avoir moins d’enfants
Devant le fait de vivre sans voiture, d'éviter un vol transatlantique ou d'adopter un régime alimentaire végane, c'est l'action susceptible d'avoir le plus gros impact au niveau individuel. Et ce serait en priorité aux habitants des pays riches de faire moins d’enfants.

Michel Bourban Docteur en philosophie, chercheur et chargé d'enseignement en éthique de l'environnement, auteur de "Penser la justice climatique"

Évolution de la population mondiale et projections des Nations Unies jusqu'en
NATIONS UNIES
Évolution de la population mondiale et projections des Nations Unies jusqu'en 2100.
Les trois secteurs économiques à l’origine des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont l’énergie, la déforestation et l’agriculture. En synthétisant les résultats de la recherche scientifique récente sur la thématique de l’usage des sols, le GIEC conclut dans son nouveau rapport spécial qu’une des manières les plus efficaces de lutter contre le changement climatique au niveau individuel revient à adopter un régime végétarien, ou encore mieux, végane. Ces conclusions contribuent à lever un tabou majeur sur le lien entre régimes alimentaires et changement climatique.

Un autre tabou, peut-être encore plus tenace, est celui du rôle du facteur démographique dans le changement climatique. L’idée selon laquelle il conviendrait de limiter la taille des familles, notamment dans les pays dans lesquels les émissions par tête sont élevées, est une thématique impopulaire qui rencontre une résistance sociale forte. Cependant, la recherche scientifique montre qu’un comportement déterminant pour limiter son empreinte carbone individuelle revient à choisir de faire moins d’enfants.

Choix procréatifs, héritage carbone et empreinte carbone
D’après une synthèse récente de la littérature sur l’action individuelle pour lutter contre le changement climatique, choisir d’avoir un enfant de moins permettrait aux individus dans les pays développés d’économiser en moyenne 58,6 tonnes de CO2-équivalent (tCO2) par année, ce qui est considérable. Les autres actions à haut impact sur les émissions individuelles, à savoir vivre sans voiture, éviter un vol transatlantique et adopter un régime alimentaire végane, permettent d’économiser respectivement 2,4 tCO2, 1,6 tCO2 et 0,8 tCO2 par année. Les actions couramment recommandées par les gouvernements et les institutions publiques, par exemple l’utilisation d’une voiture hybride, le recyclage et l’utilisation d’ampoules moins consommatrices d’énergie, sont en comparaison toutes des actions à faible impact, ne contribuant qu’à des économies annuelles bien inférieures à 0,8 tCO2e.

En d’autres termes, choisir d’avoir un enfant de moins est l’action susceptible d’avoir le plus gros impact en termes de réduction des émissions individuelles de gaz à effet de serre (GES).

Choisir d’avoir un enfant de moins permettrait aux individus dans les pays développés d’économiser en moyenne 58,6 tonnes de CO2-équivalent (tCO2) par année, ce qui est considérable. Les autres actions à haut impact sur les émissions individuelles, à savoir vivre sans voiture, éviter un vol transatlantique et adopter un régime alimentaire végane, permettent d’économiser respectivement 2,4 tCO2, 1,6 tCO2 et 0,8 tCO2 par année.
Les choix procréatifs individuels sont déterminants parce qu’ils créent un “héritage carbone”. L’héritage carbone est calculé en ajoutant au budget carbone de chaque parent une certaine quantité de GES émis par leurs enfants et petits-enfants. D’après une étude effectuée aux États-Unis, chaque enfant ajoute en moyenne 9441 tonnes de CO2 à l’héritage carbone d’un(e) Américain(e), ce qui représente environ six fois les émissions totales qu’il ou elle cumulera au cours de sa vie.

La croissance démographique est certes beaucoup plus élevée dans les pays pauvres et émergents que dans les pays développés, mais la contribution du facteur démographique au changement climatique ne dépend pas que du nombre de personnes. Le revenu, le patrimoine, les régimes alimentaires, le niveau d’éducation, la taille du ménage et le lieu d’habitation font largement varier les émissions individuelles.

Les 10% les plus riches responsables de la moitié des émissions mondiales
Tandis que les émissions de CO2 par tête annuelles d’un Américain, d’un Français et d’un Suisse sont respectivement de 16,5, de 4,6 et de 4,5 tonnes, celles d’un Indien, d’un Kiribatien et d’un Bengali sont respectivement de 1,7, de 0,6 et de 0,5 tonnes. En d’autres termes, un Américain émet en moyenne autant que 10 Indiens; un Français, autant que 7 Kiribatiens; et un Suisse, autant que 9 Bengalis. L’empreinte carbone totale de la naissance d’un enfant aux États-Unis est plus de 160 fois supérieure à l’empreinte d’un enfant né au Bangladesh, et 200 fois supérieure à celle d’un enfant né au Niger.

Oxfam explique dans un rapport récent qu’au niveau mondial, les 10% les plus riches sont responsables d’environ 50% des émissions de GES, tandis que les 50% les plus pauvres ne sont responsables que de 10% de ces émissions. Bien qu’une part grandissante des 10% les plus riches habitent désormais dans des pays émergents comme la Chine, l’écrasante majorité vit encore dans les pays de l’OCDE, avec environ un tiers aux États-Unis. Par exemple, les émissions par tête des 10% les plus riches en Chine demeurent considérablement plus faibles que celles des 10% les plus riches dans les pays de l’OCDE, notamment parce qu’une large partie des émissions chinoises provient de la production de biens consommés dans les pays riches.

Un Américain émet en moyenne autant que 10 Indiens; un Français, autant que 7 Kiribatiens; et un Suisse, autant que 9 Bengalis. Les 10% les plus riches sont responsables d’environ 50% des émissions de gaz à effet de serre, tandis que les 50% les plus pauvres ne sont responsables que de 10% de ces émissions, d'après un rapport d'Oxfam.
Les choix procréatifs des habitants des pays développés ont ainsi une empreinte carbone nettement plus importante que les choix procréatifs des habitants des pays en développement car les habitants des pays riches émettent beaucoup plus.

Si la plupart des habitants des pays développés décidaient ainsi d’avoir un enfant en moins, la réduction des émissions mondiales de GES serait donc considérable.

Politiques éducatives et incitatives
Mais comment réduire la contribution du facteur démographique au changement climatique? Lutter efficacement contre le changement climatique pourrait impliquer la mise en place de politiques de réduction de la croissance démographique. Un exemple: l’éducation. Mais les politiques éducatives, certes nécessaires, seraient ici insuffisantes, car elles prennent en général des décennies pour avoir un impact observable sur les choix procréatifs. Elles n’auraient donc probablement pas d’effet sur les émissions de GES dans un futur proche; or, notre budget carbone global s’épuise rapidement. De plus, les mesures éducatives ont davantage d’impact dans les pays en développement que dans les pays développés: les taux de fertilité et les besoins de planification familiale sont plus élevés en Asie et en Afrique qu’en Europe et aux États-Unis.

Un autre type de mesure peut venir appuyer, voire accélérer les résultats obtenus par les politiques éducatives: les incitations. Les incitations positives en matière de planification familiale sont multiples: multiplier les cliniques locales qui fournissent gratuitement les informations aux couples concernant l’utilisation de contraceptifs; rendre la pilule contraceptive, la pilule du lendemain et les autres moyens contraceptifs gratuits; ou encore réduire les impôts pour les ménages ayant des familles peu nombreuses. L’idée serait d’encourager les couples à avoir moins d’enfants.

Si la plupart des habitants des pays développés décidaient d’avoir un enfant en moins, la réduction des émissions mondiales de GES serait donc considérable. Un changement climatique abrupt causé par une continuation des trajectoires d’émissions actuelles serait beaucoup plus nuisible à nos économies et à nos systèmes de retraite qu’une réduction de la croissance démographique.
Un point crucial est qu’il existe déjà une structure incitative en place: les institutions encouragent déjà les individus à faire certains choix procréatifs en faveur de plusieurs enfants. Or, il existe dans notre contexte actuel d’urgence climatique des raisons plus convaincantes d’encourager les individus à avoir peu d’enfants. Étant donné l’impact considérable des choix procréatifs des individus dans les pays riches, il est légitime que le cadre institutionnel incite les futurs parents à repenser leurs choix, conformément aux objectifs politiques de réduction des émissions de GES.

Des contraintes climatiques inévitables
Les objections soulevées par les politiques de contrôle de la population sont multiples et sérieuses, comme par exemple les effets possibles de la réduction de la croissance démographique sur la croissance économique ou sur le système des retraites. Cependant, un changement climatique abrupt causé par une continuation des trajectoires d’émissions actuelles serait beaucoup plus nuisible à nos économies et à nos systèmes de retraite qu’une réduction de la croissance démographique. On ne peut plus traiter de la croissance démographique, de la croissance économique et du système de retraite comme si nous pouvions faire abstraction des effets que la perturbation du système climatique a déjà et aura toujours plus sur nos sociétés.


https://www.huffingtonpost.fr/entry/cest-un-tabou-le-plus-efficace-pour-stabiliser-le-climat-cest-davoir-moins-denfants_fr_5d5175a3e4b0fd2733f37a54?utm_hp_ref=fr-homepage


C'est peut-être la solution la moins politiquement correcte... mais en effet, c'est sans doute la plus efficace.

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MessagePublié: 14 Août 2019, 11:54 
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Pour le coup, je ne suis pas d'accord.

Le calcul ne fonctionne que si on prend le problème par le petit bout de la lorgnette, en raisonnant uniquement en terme d'émissions de GES. Puisque les habitants des pays développés ont un mode de vie ultraconsumériste et produisent plus de teqCO2/hab que les personnes du Tiers Monde, on se dit que logiquement, à niveau de vie égal (c'est-à-dire sans décroissance volontaire ou subie), on peut réduire les émissions de GES des pays développés en contrôlant la natalité desdits pays, ce qui au final en réduit la population. Moins de Français, donc moins de pollution.

... Sauf qu'en fait, la démographie des pays ouest-européens ne fonctionne pas du tout ainsi. La France et l'Allemagne ont déjà (et depuis des dizaines d'années) un taux de fécondité naturelle insuffisant pour assurer le renouvellement de la population. Et pourtant, la population de ces pays ne cesse de croître ! L'explication se trouve d'une part dans l'allongement de l'espérance de vie et d'autre part dans l'immigration, qui compensent largement ce phénomène de baisse de natalité. Or, un petit vieux ou un immigrant, ça a plus ou moins le même niveau de vie (et donc la même production de GES) qu'un français moyen.

Moralité : si on veut effectivement baisser la population française et ainsi voir diminuer la quantité de GES émis par le pays, plutôt que de s'abstenir de faire des gamins, il est bien plus efficace de ne plus accorder de soins aux petits vieux et/ou de fermer les frontières.
Vous en vouliez, des tabous à briser et des « solutions moins politiquement correctes » : en voilà. :mrgreen:

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MessagePublié: 14 Août 2019, 13:25 
Seigneur Canard
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Ar Soner a écrit:
Moralité : si on veut effectivement baisser la population française et ainsi voir diminuer la quantité de GES émis par le pays, plutôt que de s'abstenir de faire des gamins, il est bien plus efficace de ne plus accorder de soins aux petits vieux et/ou de fermer les frontières.
Vous en vouliez, des tabous à briser et des « solutions moins politiquement correctes » : en voilà. :mrgreen:


C'est un fait... mais là aussi, quelque part, c'est juste le petit bout de la lorgnette puisque c'est au niveau global que se situe l'enjeu. Et on ne peut pas fermer les frontières de la planète aux nouveaux-nés.

Un gros problème va se poser lorsque faire le plein du tracteur deviendra trop cher. Nous serons bientôt huit milliards d'êtres humains sur Terre (d'après ce que j'ai pu lire ici ou là, les estimations optimistes indiquent que ce seuil sera franchi entre 2023 et 2027), mais combien une agriculture non motorisée peut-elle raisonnablement en nourrir ? Un milliard ? Deux milliards (ce qui me paraît très généreux) ?

Le retour des crises de subsistance, qui avaient régulé la population mondiale jusqu'au XIXe siècle, me paraît inévitable. Il y a trop de gens.

Quand à ne pas soigner les vieux outre mesure... eh bien franchement, la question mérite d'y réfléchir. Vivre 90 ans c'est chouette si on est en bonne santé physique et mentale, ce qui n'est pas toujours le cas, loin s'en faut. Ayant dû, ces derniers temps, fréquenter un peu trop à mon goût hôpitaux et maisons de retraite (mes grands-parents auront bientôt 87 ans tous les deux), j'ai vu des gens dans un état où je préférerais ne jamais me trouver. Et d'autres qui n'attendent qu'une chose de la vie : qu'elle se termine. Je ne dis pas, évidemment, qu'il faudrait euthanasier tous les seniors en fin de vie. Mais je me dis que le débat sur l'euthanasie devrait sérieusement dépasser le tabou et le "victoire ! on va pouvoir empêcher Vincent Lambert d'être débranché une semaine de plus !"

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Je suis le grincement dans les poutres. Le battement d'ailes dans la cheminée. Les petites marques de dents dans la pêche. Je suis BATMAN FRUGIVORE. - Charles Montgomery Plantagenet Schicklgruber Burns.


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