Pochel a écrit:
Comme dans ce fameux film (j'ai oublié son nom) où les héros, piégés dans New-York pris dans la glace, décident de brûler des ouvrages inestimables pour se réchauffer, alors qu'ils sont entourés de meubles en bois.
Ah oui,
Le Jour d'après, 2004, Roland Emmerich. Vu en famille : la scène de la bibliothèque nous a fait beaucoup rigoler.
Un peu comme si, dans une ville assiégée, les gens chassaient les chats et les chiens pour s'en faire des ragoûts avant de se dire "Bon, y a plus de chiens dans la ville : et si l'on allait ouvrir les 15 tonnes des boites de conserves qui sont dans les supermarchés..."
Puisque l'on est dans cette thématique, une petite anecdote : lors des Journées du Patrimoine 2016, je suis allé visiter l'hôtel Soubise, CAD les Archives Nationales. Pendant la visite des magasins d'archives, en voyant les énormes volumes des comptes-rendus des conseils du Roi (des recueils gros comme des niches pour labradors), un visiteur demanda si ces volumes avaient été numérisés.
Le conservateur qui faisait visiter expliqua que ça n'était pas le cas, pour des raisons de temps, de budget, de logistique, etc... Un seul de ces volumes aurait nécessité plusieurs jours de travail, numériser le tout aurait représenté peut-être dix ans de travail...
Ce qui veut dire que si ces volumes venaient à être détruits (inondations, incendies, ciseaux baladeurs...), une bonne partie des archives royales de France serait perdue à jamais - il faudrait se contenter de quelques fac-similes ou de citations dans d'autres ouvrages...
L'histoire de l'Humanité est parsemée de "pertes de mémoires" : que nous reste-t-il de la bibliothèque d'Alexandrie, des premiers mécanismes des Grecs (c.f. Anticythère), mais aussi de langages entiers, de cultures même ! A quels dieux nos ancêtres du Néolithique rendaient-ils hommage ? Et des langues disparaissent tous les jours, en Sibérie, dans le Pacifique, mais même en Europe (le Shadit en Provence !)
Nous nous inquiétons de la possibilité de la perte des grandes créations humaines dans un cataclysme gigantesque à l'échelle planétaire... Mais c'est peut-être l'érosion de l'intérêt pour certaines cultures, le poids des impérialismes et des logiques de domination culturelle, les choix économiques à court terme qui font peser le plus gros risque sur les "trésors" de l'esprit humain...
Bon Dieu, il va falloir que j'aille me bourrer la gueule pour me remettre de tout ça !