Chimère a écrit:
1) comment se fait-il que personne n'ai réagi justement au fait qu'elle déambulait visiblement stone dans les couloirs ?
Les vidéos montrent qu'elle déambulait dans les couloirs entre 2h20 et 3h30
du matin. L'hôtel était certainement complètement désert à cette heure-là (à part peut-être une personne à la réception, et encore).
En outre, les hôtels américains sont souvent gigantesques — rien à voir avec nos petits Kyriad ou Novotel. Il est possible de tourner en rond dans leurs couloirs labyrinthiques pendant un petit moment sans croiser personne, surtout aussi à une heure pareille.
Chimère a écrit:
2) comment elle a ouvert/refermé la porte de la chambre froide ?
La réponse dépend en partie du modèle de chambre froide, que nous ne connaissons pas.
Les chambres froides que j'ai eu l'occasion d'utiliser dans des restaurations collectives ne posaient pas de problème particulier à l'ouverture ou à la fermeture (il s'agit effectivement de grosses portes en métal mais qui s'ouvrent sans aucun effort — et c'est fort heureux quand on a les bras chargé ou qu'on tire un transpalette). En revanche, il y avait effectivement une alarme qui permettait d'alerter l'extérieur en cas d'enfermement à l'intérieur.
Je sais cependant que les histoires de personnes restant enfermées dans des chambres froides sont légions (voir récemment :
(1) (2)), ce que veut dire que ce n'est pas systématique (en France, seules les chambres froides supérieures à 10m3 ont cette obligation), ou que les systèmes de sécurité peuvent parfois dysfonctionner.
On peut imaginer qu'il y ait eut un truc de ce genre dans l'affaire Kenneka Jenkins.
Il ne faut pas oublier non plus qu'il s'agissait d'une personne qui n'était pas dans son état normal (comme Elisa Lam, d'ailleurs, ça fait un autre point commun). Qui sait ce qui a pu lui passer dans la tête ? Peut-être Kenneka avait-elle chaud à force de tituber dans les couloirs, et la chambre froide lui a paru comme un paradis de fraicheur ; elle s'y est posée pour en profiter, s'est évanouie sous l'effet des substances diverses qu'elle avait prise et l'hypothermie a malheureusement fait le reste.
A défaut d'avoir des témoins ou un enregistrement vidéo, on ne saura probablement jamais à coup sûr ce qui s'est passé, mais il me semble vraiment important de garder à l'esprit que Kenneka n'était probablement plus capable de penser rationnellement ce soir-là — raison pour laquelle elle a déambulé pendant aussi longtemps dans l'hôtel, avant de finir dans la cuisine de ce dernier, puis dans sa chambre froide.
Chimère a écrit:
Pas forcément, un viol peut ne pas laisser de traces visibles et/ou distinctes d'un rapport sexuel consenti, elle a pu subir des violences qui ne laissaient pas de traces et/ou qui se sont effacés dans le temps et/ou qui ont été rendues inexploitables par le séjour en chambre froide...
Il n'empêche : un viol laisse des traces (l'agenda de Kenneka Jenkins durant le samedi soir précédant sa mort est bien connu et il laisse peu de place à des rapports sexuels consentis), de même que la plupart des violences coercitives (si on a cherché à l'enfermer de force dans la chambre froide, par exemple)...
... quand à la chambre froide, c'est précisément l'environnement idéal pour conserver toutes les traces de violence et de sévices sur un corps (rappelle moi où l'on conserve les cadavres dans les hôpitaux, déjà ?

).
Bref, je persiste et signe : s'il y a eu violence, l'autopsie devrait normalement le montrer. Soutenir le contraire oblige à développer une montagne d'arguments
ad hoc ne reposant sur aucune preuve sérieuse.
Chimère a écrit:
je trouve que la mort de cette jeune fille ne peut être qualifiée d'accident : elle résulte d'une chaîne d'incompétences et d'actes de personnes qui n'ont pas fait le job pour lequel elles étaient payées, des employés et la direction de l'Hôtel aux policiers... [...] et d'autre part, que la question de savoir s'ils avaient agi de la même manière si Jenneka avait été une jeune fille blanche n'est pas absurde...

Sur ce point-là, je te rejoins : la mort de Kenneka Jenkins, et la découverte très tardive de son cadavre, s'expliquent probablement par un mélange de « la faute à pas de chance » et de négligence de la part des services de l'hôtel et de la police. Seule l'enquête permettra de déterminer quelle est la part de chacune de ces deux dynamiques.
En revanche, voir dans l'affaire Kenneka Jenkins une nouvelle manifestation du racisme systémique états-uniens me laisse plus circonspect. C'est possible, mais impossible à démontrer
a posteriori (il aurait fallu faire une expérience similaire au même moment mais à l'autre bout des USA, et avec une jeune fille blanche, pour voir si l'hôtel et la police se seraient davantage bougés les fesses pour la retrouver), de fait je serais assez prudent avant d'affirmer quelque chose de ce genre. Rasoir d'Hanlon oblige, je préfère envisager la bêtise avant de considérer la malveillance...
Chimère a écrit:
Donc, je ne peux pas affirmer que la piste criminelle s'impose (là où, effectivement, elle me semble quasi-certaine dans l'affaire Elisa Lam),
Moui mais il n'y a pas le moindre indice qui indique une piste criminelle dans l'affaire Elisa Lam, même après plusieurs années d'enquête.
Le seul mystère dans cette histoire est la façon dont la victime a pu accéder au toit sans se faire remarquer, puis accéder au réservoir d'eau de l'hôtel, mais là encore des hypothèses tout simple (défaillance du système de sécurité) l'expliquent très bien.
Et le « pourquoi » (pourquoi Elisa Lam a-t-elle décidé de se déshabiller pour aller faire trempette dans le réservoir ?) ne sera peut-être jamais connu, mais la simple erreur humaine reste l'hypothèse la plus probable. La jeune fille avait des tendances schizophréniques, et les vidéos de ses derniers instants montrent un comportement pour le moins « bizarre » ce qui pourrait suggérer qu'elle était en pleine bouffée schizophrénique. Et comme je le disais plus haut : va savoir ce qui peut passer dans le tête des gens quand ils sont dans cet état-là !