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MessagePublié: 15 Juin 2019, 15:15 
Lueur dans la nuit
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Disparus de la Garonne : la mère de Vincent Zecca va (enfin) accèder au dossier

Sylvie Zecca, cinq ans après la mort de son fils, a été convoquée au titre de partie civile. / © FTV


Cinq ans après les faits la mère de Vincent Zecca, originaire de Corrèze, a été convoquée pour la première fois par le magistrat instucteur. Son fils âgé de 19 ans avait disparu en mars 2012 à Bordeaux avant d’être retrouvé mort noyé dans la Garonne, près d’un mois plus tard.


L'affaire avait défrayé la chronique car elle n'était pas isolée. A Bordeaux, en 2012 et 2013, six autres affaires de mort par noyade dans la Garonne avaient marqué les esprits. Et la thèse d'un "pousseur volontaire" commençait à se propager.
Six autres jeunes avaient en effet perdu la vie, leurs corps ont tous été retrouvés dans le fleuve. Les enquêteurs avaient à chaque fois retenu la thèse accidentelle. Et le débat sur l'alcoolosation des jeunes avait été relancé.


Cinq ans après les faits la mère de Vincent Zecca, Sylvie Zecca, originaire de Corrèze, était convoquée au titre de partie civile pour une première audition. Il s'étonne en effet que cela ait été fait si tard. "Pour nous l'instruction commence. C'est assez étonnant", explique maître Victor Gioia.
"Mme Zecca est invitée à la fin de la procédure, on lui notifie ses droits à la fin d'une procédure dont elle a été écartée (...). Elle, ancienne Officier de Police Judiciaire, policier de métier, en capacité de déceler les erreurs de ses confrères, elle voit tout de suite qu'on a affaire à des négligences crasses" avance-t-il.

Il est vrai qu'à l'époque la mère du jeune Vincent s'était énormément investie dans les recherches, n'hésitant pas à retracer le parcours de son fils le soir de sa disparition. Bref à enquêter comme elle l'aurait fait dans l'exercice de sa profession. Aujourd'hui, cette visite procédurale va, entre autres, lui permettre de demander à pouvoir accéder au dossier.

"Il semble que les éléments remis par Mme Zecca, ancien enquêteur, remis à ses collègues n'aient pas été utilisés. On a accès au dossier, on va étudier les pièces (...) et elle saura déceler les lacunes de l'enquête", explique maître. Car pour Sylvie Zecca, la thèse accidentelle a été trop rapidement retenue dans cette affaire.

La partie civile envisage désormais, une fois la lecture du dossier effectuée, de demander des actes supplémentaires au magistrat instructeur, et se dit prête a aller devant la chambre de l'instruction en cas de refus.


https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/disparus-garonne-mere-vincent-zecca-va-enfin-acceder-au-dossier-1214273.html


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Lille : coup de théâtre dans « l’affaire des noyés de la Deûle »
Entre octobre 2010 et novembre 2011, cinq corps ont été repêchés dans la Deûle. Trois individus liés à l’ultradroite ont été mis en examen, fin avril.

Par Laurie Moniez Publié le 05 mai 2017 à 10h54 - Mis à jour le 05 mai 2017 à 15h50

Un millier de personnes participent à une marche silencieuse en hommage à trois jeunes hommes disparus dans le quartier du Vieux-Lille, et dont les corps ont été retrouvés dans le canal de la Deûle, le 6 mars 2011 à Lille.

Rebondissement dans l’affaire des noyés de la Deûle. Entre octobre 2010 et novembre 2011, les corps de cinq personnes, dont quatre jeunes hommes, avaient été repêchés dans le canal de cette rivière du Nord. Les cinq dossiers avaient été classés sans suite en juillet 2014, faute « d’éléments suspects ». Or, quatre individus ont été interpellés les 25 et 26 avril dans les Hauts-de-France. Trois d’entre eux, âgés de 24 à 28 ans et liés à l’ultradroite, ont été mis en examen pour violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec préméditation ou guet-apens et avec arme. L’un des suspects pourrait avoir également été impliqué dans l’agression de clients du bar gay Le Vice Versa, à Lille, en 2013.

Placés en détention provisoire par le juge Jean-Michel Gentil, les trois hommes vont devoir répondre aux questions de la justice concernant la mort d’Hervé Rybarczyk. Le guitariste de 42 ans avait disparu dans la nuit du 11 au 12 novembre 2011 après un concert de son groupe, Ashtones, à La Chimère, une petite salle de concert à Lille. Le corps du Nordiste passionné de musique avait été retrouvé le 23 novembre près du port fluvial, dans la Deûle. « Pour moi, c’était sûr que ce n’était pas un suicide, confie au Monde l’une de ses amies proches. Aujourd’hui, nous sommes sous le choc. Enfin la vérité va éclater. Comment pouvait-on faire notre deuil en vivant avec autant de doutes ? »

Début de psychose à Lille
Les proches d’Hervé Rybarczyk ont toujours refusé de croire à un accident. « Il y avait trop de choses étranges, poursuit son amie. Et il n’avait rien à faire à l’endroit où il a été retrouvé. » Surtout, le guitariste n’était pas la première victime des eaux froides de la Deûle. Avant lui, quatre hommes se sont noyés au même endroit sur une période de treize mois. Il y a eu John Ani, 33 ans, disparu en octobre 2010 après une soirée entre amis et retrouvé cinq jours plus tard, noyé. Quatre mois après, deux autres jeunes Lillois disparaissent après avoir fait la fête : Thomas Ducroo, 26 ans, le 5 février, puis Jean-Mériadec Le Tarnec, 22 ans, le 20 février. Tous deux repêchés dans la Deûle, près de l’ancien stade Grimonprez-Jooris.


Des faits troublants qui créent un début de psychose à Lille. Après la presse locale, c’est la presse nationale qui s’empare de cette étrange série de noyades fin février. A l’époque, toutes les pistes sont envisagées et toutes les rumeurs circulent dans la capitale des Flandres : chutes accidentelles, tueur en série (on parle alors d’un « serial pousseur »), crimes visant des jeunes hommes, gays ou non, etc.

Etudiant à la « Catho », comme Jean-Mériadec Le Tarnec, le jeune Lloyd Andrieu disparaît le 22 septembre 2011 avant d’être repêché cinq jours plus tard dans la Deûle, près de la citadelle. Hervé Rybarczyk est le dernier de cette sombre série. Pour toutes ces disparitions, le procureur de la République Frédéric Fèvre n’a pas de doutes : il s’agit d’accidents.

« Il l’a jeté à l’eau. C’est un meurtre »
Une enquête sur un mouvement de l’ultradroite extrêmement violent, le White Wolves Klan, pour des violences avec arme, des dégradations de biens et des vols aggravés va relancer l’affaire. Placé en détention provisoire en mars 2015, Jérémy Mourain, le chef de ce clan néonazi, tient des propos glaçants au téléphone depuis sa cellule, sans savoir qu’il est sur écoute. Il explique qu’il a « tué un homme » à Lille. Et ajoute « pourvu que le juge n’aille pas trop chercher dans ma période lilloise ». Ces déclarations conduisent le parquet de Lille a ouvrir une information judiciaire, reprenant les cinq procédures.

Rapportés par La Voix du Nord, les propos d’un autre ex-membre du WWK évoquant Jérémy Mourain font froid dans le dos : « C’était un soir, à Lille (…). On lui a demandé d’agresser un homme. Il lui a porté des coups, il était inconscient, et il l’a jeté à l’eau. (…) C’est un meurtre. » S’agit-il du meurtre d’Hervé Rybarczyk ? Le « clan des loups blancs » a-t-il tué les cinq « noyés » ds la Deûle ? L’enquête confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Lille ne fait que commencer. Selon Le Parisien de vendredi 5 mai, les propos de Jérémy Mourain auraient permis aux enquêteurs d’identifier les agresseurs d’Hervé Rybarczyk, pas d’impliquer directement le militant néonazi.


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L’affaire des noyés de la Deûle refait surface

Yohan Mutte, le principal suspect dans l’affaire du décès d’Hervé Rybarczyk, a été libéré de prison le 20 avril. Il a pourtant bien croisé la route du cinquième noyé de la Deûle, avec deux acolytes, le soir du drame. A l’occasion de la publication de ces nouvelles révélations, Mediacités refait le point sur cette ténébreuse affaire.

Après un an de détention provisoire, Yohan Mutte, principal suspect dans le dossier d’Hervé Rybarczyk, retrouvé dans les eaux froides de la Deûle le 23 novembre 2011, a été libéré le 20 avril dernier par le juge des libertés et de la détention du TGI de Lille. Ce colosse aux bras et cou tatoués, proche des milieux d’extrême-droite, a été placé sous contrôle judiciaire. Il a quitté le Nord Pas-de-Calais dans le cadre d’une mesure d’éloignement décidée par le tribunal. L’ancien membre des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR) attend désormais d’être fixé sur son sort à l’air libre . Et pourtant ! Il a bel et bien croisé le chemin d’Hervé Rybarczyk lors de la nuit funeste du 11 au 12 novembre 2011, dans des circonstances que Mediacités est en mesure de dévoiler.

Ce soir là, le guitariste du groupe rock-punk Ashtones quitte La Chimère, boulevard Montebello à Lille, après le concert qu’il vient de donner. Il annonce à ses amis qu’il rentre rejoindre sa compagne Dorothée, à quelques centaines de mètres de là. C’est alors qu’il disparaît sans laisser de traces. Selon nos informations, il est avéré qu’Hervé Rybarczyk, 42 ans, croise en chemin, à 800 mètres de la Deûle, un groupe de trois hommes âgés de 24 à 28 ans : Yohan Mutte, Jeffrey D. et Aymeric V. Une dispute éclate. Les suspects ont expliqué aux enquêteurs s’être moqué d’Hervé Rybarczyk, qui était dans un état second. D’où l’altercation. Yohan Mutte affirme qu’il a récupéré la bombe lacrymogène que le guitariste venait de sortir de sa poche pour l’asperger. Mais tous nient catégoriquement avoir tué ou même poussé Hervé Rybarczyk dans la Deûle.

Faute de preuve matérielle dans le dossier d’accusation pouvant attester une responsabilité directe dans le décès d’Hervé Rybarczyk, Yohan Mutte a donc bénéficié à son tour d’une libération conditionnelle. Jeffrey D. et Aymeric V, eux, l’avaient obtenu dès l’été 2017. Ces éléments constituent le dernier rebondissement en date d’un fait-divers hors normes qui n’en finit plus d’animer les discussions… tout en laissant sans réponse les familles endeuillées. Plus aucun suspect ne séjourne désormais derrière les barreaux. Et le mystère semble s’épaissir un peu plus.

Les étranges confidences d’un membre de l’ultra-droite
Il y a un peu plus d’un an pourtant, l’enquête avait pris un tour totalement inattendu avec quatre interpellations dans le milieu de l’ultra-droite. Un rappel des faits s’impose. A l’époque – soit près de six ans après la découverte du corps d’Hervé Rybarczyk – ces interpellations font suite aux révélations de Jérémy Mourain. Ce membre de la droite identitaire est alors incarcéré dans l’attente du procès pour violences aggravées d’un groupuscule néonazi, les White Wolves Klan (WWK), dont il était l’un des chefs. Lors d’un échange téléphonique passé en prison, l’homme confie à une connaissance « avoir tué un homme » et s’inquiète : « Pourvu que le juge n’aille pas chercher trop loin dans ma période lilloise ». Pas de chance pour lui, la police l’a placé sur écoute.

Dès lors, tout s’accélère. Les confidences de Jérémy Mourain permettent aux enquêteurs de remonter aux agresseurs présumés d’Hervé Rybarczyk – sans parvenir, toutefois, à mettre en cause Jérémy Mourain directement. Les 25 et 26 avril 2017, quatre personnes sont interpellées. Et trois individus (Jeffrey D., Aymeric V. et Yohan Mutte), sont mis en examen et écroués. Ils sont suspectés de « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner en réunion, avec préméditation ou guet-apens et avec arme ». Dans ce trio, Jeffrey D. et Aymeric V. font profil bas. L’un d’eux est militaire dans le sud de la France. Leur casier judiciaire est vierge et seront libérés sous condition à l’été 2017.

«Noyés de la Deûle», sur la piste des skins lillois
Après le placement en détention provisoire d’un homme dans le cadre de l’enquête sur la mort d’Hervé Rybarczyk, guitariste d’un groupe punk retrouvé noyé dans la métropole du Nord le 11 novembre 201…


Yohan Mutte, lui, a un profil plus inquiétant. Ce skinhead, bien connu de la justice, a notamment fait la « Une » des journaux pour une agression dans un bar gay du Vieux-Lille, le Vice & Versa, le 17 avril 2013. Pour ce méfait, il a été condamné à six mois de prison avec sursis. L’affaire des Noyés de la Deûle le ramène donc en prison, à la maison d’arrêt de Valenciennes. Jusqu’à sa libération du 20 avril. L’homme aurait pris ses distances avec la mouvance d’extrême-droite. Il aurait aussi bénéficié de sa bonne conduite en prison. Ceci ne veut pas dire qu’il est tiré d’affaire. L’instruction a été confiée à la juge Alexandre Moreau après le départ du juge Jean-Michel Gentil l’été dernier. De source proche du dossier, il se dit qu’elle pourrait durer encore un an…

« Trop de choses étranges »
Pour les proches d’Hervé Rybarczyk, l’attente est insupportable. D’autant plus que l’enquête n’a eu de cesse de connaître de soubresauts éprouvants. Quand la police repêche le corps du musicien près du port fluvial, le 23 novembre 2011 – onze jours après sa disparition -, le procureur Frédéric Fèvre privilégie tout de suite la piste du suicide. « Tout laisse à penser à un geste désespéré (…), explique-t-il alors aux médias. Il était dépressif et suivait un traitement médicamenteux. Il avait déjà fait état d’idées suicidaires et, dans un passé récent, a perdu deux êtres proches. »


L’autopsie révèlera la présence d’alcool et de drogues dans le corps de la victime. Le moral d’Hervé Rybarczyk n’était pas au beau fixe, il est vrai. Alors qu’il a déjà perdu son frère, il endure la mort d’un ami proche le 9 janvier 2011. Ce dimanche-là, Francis Collet, 42 ans lui-aussi et membre des Ashtones, est tué d’une balle en pleine tête par un chasseur alors qu’il circule avec son groupe sur l’autoroute. Trop de drames à supporter ? Assurément pour le procureur, qui écarte la piste criminelle et saisit la Sûreté urbaine lilloise – et non la Police Judiciaire (PJ) en charge des quatre autres noyades.

Mais l’intime conviction des proches de la victime diffère depuis toujours. « Je suis sûre que ce n’est pas un suicide, nous confiait Agnès, son ancienne compagne, il y a un an lorsque nous avons commencé nos investigations (voir l’encadré « En coulisses »). Il y a trop de choses étranges. Par exemple l’endroit où il a été retrouvé. Ni près de la Chimère ni de son lieu d’habitation. Il n’avait rien à faire le long de la Deûle. Et puis on n’a pas eu le rapport d’autopsie. Pour moi, ils ont voulu enterrer l’affaire pour ne pas affoler la population. »

La crainte d’un « sérial-pousseur »
Les autorités ont-elles voulu éviter l’affolement de la population ? Là encore, un retour en arrière s’impose. Tout commence le 11 octobre 2010. Ce jour-là, le corps de John Ani est retrouvé dans la Deûle, près du jardin Vauban. Ce Lillois de 33 ans avait disparu quelques jours plus tôt après une soirée chez des amis rue Gambetta. Quelques mois plus tard, en février 2011, des affichettes sont collées un peu partout à Lille : Thomas Ducroo, 26 ans, patron d’une concession de motos, n’a plus donné signe de vie après une soirée passée dans un bar du Vieux-Lille, le 5 février 2011. Son corps est repêché le 23 février près du pont du Petit-Paradis.

Le lien avec la mort de John Ani est immédiatement fait dans les médias. Le procureur de la République Frédéric Fèvre essaie de couper court à toute psychose lors d’un point presse au quai du Wault le 24 février : « L’autopsie réalisée hier soir a conclu à une mort par noyade (…) Pour l’instant, nous travaillons sur trois disparitions inquiétantes. Aucun lien n’est fait entre ces trois affaires, nous n’excluons aucune hypothèse. » Le 3eme cas, c’est celui de Jean-Mériadec Le Tarnec. Cet étudiant de 22 ans a disparu le 20 février. Son corps est découvert dans la Deûle deux jours après celui de Thomas Ducroo.


A Lille, des rumeurs commencent à circuler. On craint un serial killer – ou « serial pousseur » – qui ciblerait les hommes jeunes alcoolisés sortant de soirées. Les abords de la Deûle commencent à être évités par les fêtards. Les médias nationaux s’emparent du sujet. Et voici que Lloyd Andrieu, un étudiant de 19 ans à la Catho de Lille, disparaît à son tour après une soirée dans le quartier Solférino-Masséna. Son corps est retrouvé le 27 septembre dans les eaux sombres de la Deûle. Deux mois plus tard, celui d’Hervé Rybarczyk sera repêché.

Accidents ? Suicides ? Meurtres ? Toutes les hypothèses sont envisagées. Les années passent et l’enquête conclut à la thèse d’une succession d’accidents, sans lien les uns avec les autres. Sauf qu’à l’occasion du rebond judiciaire de la fin avril 2017, on apprend qu’une information judiciaire a été ouverte en juillet 2015 pour les procédures des cinq noyés de la Deûle. Des procédures initialement classées sans suite, les éléments recueillis à l’époque ne laissaient pas apparaître d’éléments suspects… Autre décision étonnante : le dossier passe à cette occasion des mains de la police judiciaire lilloise à celles de la gendarmerie – laquelle n’a jamais répondu aux sollicitations de Mediacités. L’enquête est en cours, rien ne filtre.

« Ne pas créer de psychose »
Mais pourquoi donc la gendarmerie est-elle saisie de l’affaire ? Officiellement, il s’agit de porter un nouveau regard sur une enquête complexe. Mais en off, certains avancent que la police ne serait peut-être pas allée assez loin dans ses investigations. Voire que des policiers entretiendraient des relations très étroites avec l’extrême-droite identitaire (voir aussi l’encadré ci-dessous). L’insinuation fait bondir Joël Specque, ancien chef de la police judiciaire de Lille : « Les gendarmes comme les policiers ont des informateurs. On les préserve, mais il y a des limites. Non, pour moi, ils n’ont pas protégé des gens (d’extrême droite). »

Pour l’ex-DDSP (Directeur départemental de la sécurité publique) Jean-Claude Menault, « la PJ n’a pas bâclé l’affaire. Il n’y avait pas d’éléments, pas de témoins. C’était le flou absolu (…) J’ai toujours pensé qu’il pouvait y avoir une ou deux poussées au total. Mais officiellement, j’étais un peu plus affirmatif sur la thèse de l’accident pour ne pas créer de psychose. » Pour le policier, la série morbide s’est arrêtée d’un coup à partir du moment où un « dispositif de surveillance a été renforcé pour certains soirs ».

Est-ce si sûr ? Un soir de la Braderie 2017, deux trentenaires ont affirmé avoir été poussés dans la Deûle. Ils ont été sauvés par des CRS qui patrouillaient en zodiac. En janvier 2018, une jeune femme soutient avoir été poussée dans l’eau et en est sortie indemne. Le « pousseur » serait-il de retour ? Existe-t-il seulement ? « Si pousseur il y a, personne ne l’a vu. Et les médecins légistes n’ont pas trouvé de traces de violence », précise Jean-Claude Menault. Pas de quoi rassurer la population lilloise. A commencer par Martine Aubry : « J’ai toujours eu un doute majeur et pensé qu’il y avait un ou des pousseurs », confie-t-elle à Mediacités.

La piste de la chute accidentelle du jeune homme urinant dans la rivière en fait tiquer plus d’un. « La police, le procureur de l’époque nous ont pris pour des cons, assène Mary-George Cappoen, la mère de Lloyd Andrieu (…) Pour moi, l’accident n’est pas possible. Je n’ai toujours pas de réponses. » Une amie de Lloyd, qui a préféré garder l’anonymat, ne croit pas davantage à la thèse de l’accident : « Je l’ai vu le soir-même, il ne voulait pas rentrer trop tard, il ne voulait pas se saouler, glisse-t-elle. Il a pu faire une mauvaise rencontre. Je ne peux pas m’empêcher de penser que quelqu’un l’a emmené là-bas. »

Maître Jacqueline Leduc-Novi, avocate de Julie Ducroo, la sœur de Thomas, nuance les critiques : « Même si à l’époque il y avait des doutes et des rumeurs, l’enquête de police semble avoir été faite de façon complète. C’était comme trouver une aiguille dans une botte de foin. » Du côté des proches des victimes, la réouverture de l’enquête rouvre aussi les plaies. Julie Ducroo considère « qu’elle a été menée correctement » mais espère que la gendarmerie offrira « un oeil neuf sur le dossier ».

Les avancées lentes de l’enquête
Aujourd’hui, la justice a décidé de scinder les dossiers de disparition d’Hervé Rybarczyk et des quatre autres noyés. Mais même pour le cas du guitariste des Ashtones, les avancées sont minces. Les trois mis en examen démentent les allégations de Jérémy Mourain et le dossier de l’accusation serait encore vide en preuves matérielles, indique une source proche de l’enquête. Pas d’images de vidéo surveillance de la tragique soirée ; pas d’éléments sur le bornage du téléphone de la victime ; pas de traces de coups sur le corps d’Hervé Rybarczyk… Les avocats attendent toujours des retours de commissions rogatoires, d’auditions de proches mais aussi d’expertises psychologiques et psychiatriques demandées par les deux parties. Et puis il y a cette confrontation entre les amis d’hier, Yohan Mutte et Jérémy Mourain, devenus frères ennemis depuis que l’un a séduit la copine de l’autre, qui n’a toujours pas eu lieu.

En attendant la fin de l’instruction, on ne peut que se livrer à des hypothèses. La plus plausible serait que la thèse accidentelle soit confirmée pour quatre cas sur cinq. Il y aurait le cas isolé d’Hervé Rybarczyk d’un côté et une triste loi des séries de quelques jeunes ayant manqué de chance de l’autre. L’affaire des Noyés de la Deûle n’existerait donc pas vraiment. Mais dans l’entourage des victimes, on ne peut se résoudre à des spéculations. D’autant que certains témoins n’auraient pas été entendus, selon eux. « Je pense qu’à l’époque, ils (les policiers en charge de l’enquête, ndlr) n’ont pas pris la mesure du truc », estime une source policière.

Une mouvance identitaire puissante et inquiétante
En septembre 2017, les relations entre police et ultra droite ont été questionnées lors du procès de Claude Hermant, une figure identitaire jugé pour trafic d’armes, dont une partie de l’arsenal (470 armes) s’était retrouvé entre les mains d’Amedy Coulibaly, l’auteur de l’attentat contre l’Hyper Cacher de 2015. Le procès, présidé par l’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic, s’est attardé sur les liens entre l’indic Claude Hermant et la gendarmerie. L’audience des gendarmes concernés s’est déroulée à huis clos partiel, preuve de la sensibilité du sujet. De quoi alimenter la machine à fantasmes d’une proximité entre services de l’ordre et identitaires.

Les identitaires sont bien ancrés dans les Hauts-de-France. Après la Maison flamande de Claude Hermant, lieu de regroupement nationaliste installé à Lambersart jusqu’en 2012, le bar La Citadelle, lancé par Génération identitaire et son chef de file Aurélien Verhassel, a ouvert en septembre 2016 dans le centre-ville lillois, malgré une pétition hostile réunissant 70 000 signatures. Aux Bois-Blancs, un autre quartier de Lille, la mouvance Chosen Few renaît de ses cendres depuis quelques mois sur une péniche. En juin 2015, le gang avait pourtant été démantelé et onze personnes mises en examen pour association de malfaiteurs, trafic de stupéfiants, transport d’armes en bande organisée, recel et extorsion. La péniche installée au Port fluvial avait été perquisitionnée et de nombreux objets saisis (armes, stupéfiants ou insignes néo-nazis…).

Autre piste à ne pas oublier : Claude Hermant a été inquiété, fin 2009, dans une sombre affaire ayant déjà la Deûle en toile de fonds. Le 4 décembre, le corps d’un homme est aperçu par des promeneurs dans une malle, à Sequedin, au bord de la rivière. A l’arrivée de la police, la malle a disparu. Mais la voiture de Claude Hermant, conduite par l’un de ses proches, un certain Christophe Dubroeucq, se trouve sur place et l’homme est interpellé. Début 2010, le corps d’un habitant de Mons-en-Baroeul, Abdelaziz E., condamné pour proxénétisme, remonte à la surface. Mis en examen pour homicide volontaire et recel de cadavre, Christophe Dubroeucq est placé sous contrôle judiciaire en attendant la fin de l’instruction. Le parquet requiert finalement un non-lieu. Fin de l’affaire.

En 2014 Christophe Dubroeucq devient indic pour la Police Judiciaire, comme l’explique le juge Trévidic lors du procès Hermant, en septembre dernier. A l’occasion de ce procès, Dubroeucq est condamné à quatre ans de prison pour trafic d’armes. En avril 2015, il avait été interpellé à la frontière tchécoslovaque. Dans son véhicule, un important arsenal acheté en Slovaquie qui lui avait valu une condamnation à quatorze mois de prison ferme par le tribunal de Zlin.

Peu après la mise en examen de trois individus dans le cadre de la disparition d’Hervé Rybarczyk, nous avons décidé de reprendre le dossier des Noyés de la Deûle de A à Z, sans parti pris. Pendant un an, nous avons contacté les familles des cinq victimes, leurs avocats, la police, la gendarmerie, des élus, Voie Navigable de France, les milieux associatifs, etc. Certains ont accepté de parler, souvent en off. Il a fallu trier, beaucoup, et vérifier chaque information car rumeurs et fantasmes alimentent cette affaire. Nombreux sont les proches à nous avoir témoigné leur certitude de la présence d’un ou plusieurs « pousseurs » les soirs des disparitions. Sans aucune preuve matérielle mais avec la profonde conviction que leurs proches n’ont pas pu se suicider ou chuter accidentellement.

Et puis il y a cette chape de plomb du côté des forces de l’ordre. En abordant la question des soupçons de liens entre ultra-droite et police, un commissaire nous a raccroché au nez. A l’inverse, les « antifas » (militants anti-fachistes) sont très bavards à ce sujet. De quoi alimenter quelques doutes sur la véracité de tous leurs propos. Enfin, il y a ce poids de la droite identitaire à Lille, véritable nébuleuse difficile à pénétrer. Et ces questions qui restent en suspens : comment cette ultra-droite peut-elle si facilement avoir pignon sur rue ? Que ce soit au bar La Citadelle ou dans cette péniche des Chosen Few aux Bois-Blancs.

« Il n’y a pas d’indulgence de notre part, précise-t-on au cabinet de Martine Aubry. Les clubs privés comme La Citadelle sont couverts par la loi. La mairie n’a pour l’instant pas constaté de troubles à l’ordre public qui puissent justifier un procès-verbal ou une fermeture. » Du côté de la Préfecture, on nous indique que les moyens d’action sont limités vis à vis de cercles privés gérés par des associations…"


https://www.mediacites.fr/lille/enquete-lille/2018/05/11/laffaire-des-noyes-de-la-deule-refait-surface/


http://www.tueursenserie.org/un-tueur-en-sarie-pourrait-savir-a-manchester/


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SMILEY FACE MURDER OU L’ÉTRANGE THÉORIE DU TUEUR EN SÉRIE IMPUNI

Y a t-il un tueur en série qui traque les étudiants universitaires ? Au moins 45 décès de jeunes hommes sont attribués par certains au « Smiley Face Killer », mais la plupart des services de police affirment qu’il n’existe pas.



Malgré tout, la théorie du Smiley Face Murder continue de persister, et les corps de s’accumuler.


Une série de morts suspectes d’étudiants
La théorie du Smiley Face Murder est née avec deux détectives de la police de New York, Kevin Gannon et Anthony Duarte. Ils ont conclu que les décès d’au moins 45 jeunes hommes par noyade ont trop de similitudes pour être sans rapport. Bien que la théorie soit née à partir des corps trouvés à New York, elle s’est étendue aux cas de meurtres du Midwest. Dans au moins une douzaine de cas, un visage peint en forme de smiley a été trouvé près d’un plan d’eau où le cadavre d’une victime avait été retrouvé.

Presque toutes les victimes du supposé Smiley Face Killer étaient des étudiants. Les détectives pensent que le motif pourrait être la jalousie, car tous ces hommes étaient beaux, athlétiques et brillants à l’école. Parce que certains des décès sont survenus la même nuit, mais dans différents états, les détectives Newyorkais ont ​​légèrement modifié leur théorie, affirmant que les meurtres auraient pu être commis par un gang organisé de tueurs. Selon les rapports, Gannon et Duarte ont cru suffisamment en leur théorie pour engager leur propre argent pour poursuivre l’enquête lorsque les fonds officiels ont tari.

Des avis partagés sur la cause des décès
Tout a commencé avec la mort en 1997 de Patrick McNeill, âgé de 21 ans. McNeill a été vu pour la dernière fois en train de boire avec des amis dans un bar de Manhattan. Son corps a été retrouvé deux mois plus tard à 19 km, près de l’entrée du port de New York. La police n’a trouvé aucune preuve de mort suspecte, mais les détectives Gannon et Duarte n’étaient pas convaincus; ils ont donc promis de continuer à travailler sur l’affaire.

Presque tous les décès subséquents ont également été classés comme mort accidentelle par noyade due à l’alcool. Le FBI et plusieurs organisations policières ont enquêté sur les décès et conclu qu’il n’y avait aucun lien. Le Center for Homicide Research est allé jusqu’à publier un rapport exhaustif intitulé « Drowning the Smiley Face Theory » (soit « Noyer la théorie du Smiley Face »). Le rapport énumère 18 raisons pour lesquelles la théorie ne tient pas la route, y compris le fait que les visages souriants sont une forme très commune de graffiti et que le meurtre par noyade est extrêmement rare.

Mais quelques criminologues sont d’accord avec les détectives sur le fait qu’il y a trop de similitudes dans les décès pour les considérer comme une pure coïncidence. Et il y a eu de fréquentes demandes auprès du FBI pour reprendre l’enquête, dont une en 2008 d’un membre du Congrès du Wisconsin.

Une théorie qui persiste envers et contre tous
La théorie du Smiley Face Murder a encore été évoquée en 2016 après la mort par noyade d’un homme de 24 ans à Hoboken. Matthew Genovese avait été vu pour la dernière fois dans un pub local avec des amis. Comme beaucoup d’autres supposés meurtres, le corps de Genovese n’a montré aucun signe d’agression. Malgré cela, de nombreux habitants de Hoboken ont commencé à paniquer au sujet d’un tueur en série fantôme vivant peut-être parmi eux.

Malgré ce cas plus récent, même Ganon et Duarte ont fini par abandonner leur théorie. Après avoir passé des années (et apparemment dépensé beaucoup de leur argent) à essayer de corroborer la théorie du Smiley Face Killer, le duo a arrêté de faire des recherches sur le cas vers 2012.

Les familles des victimes et un certain nombre de théoriciens du complot sur Internet, cependant, maintiennent l’espoir que la théorie du Smiley Face Murder se confirme un jour.



http://www.fredzone.org/smiley-face-murder-ou-letrange-theorie-du-tueur-en-serie-impuni-778


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Meurtre par noyade, le crime parfait?
Repéré par Barthélemy Dont — 10 juin 2019 à 15h16 — mis à jour le 11 juin 2019 à 12h05

Plutôt rares, les meurtres aquatiques sont particulièrement difficiles à élucider.

Le diagnostic de noyade est l'un des plus compliqués à délivrer pour la médecine légale. | Li Yang via

Sans compter les suicides, dix personnes se noient chaque jour aux États-Unis. Parmi ces décès, l'immense majorité sont des accidents. Mais, une poignée (huit en 2017) sont des homicides.

Du moins, c'est ce qu'affirment les chiffres officiels du FBI. Sauf que ces données sont incomplètes. Et pour cause, le meurtre par noyade est particulièrement difficile à prouver. Les corps disparaissent facilement, ils sont endommagés par leur séjour dans l'eau, et collecter des preuves est compliqué.

Pour ne rien arranger, meurtre ou pas, «le diagnostic de noyade est un des diagnostics les plus difficiles en médecine légale» écrivent Geoffroy Lorin de la Grandmaison et François Paraire, des médecins du service d'anatomie pathologique et de médecine légale de l'hôpital Raymond Poincaré.

Car contrairement à ce que l'on pourrait penser, la simple présence de liquide dans les voies respiratoires ne prouve pas une noyade. Il faut pour cela disqualifier toutes les autres causes possibles du décès. Un processus long et laborieux.


Les traiter comme des scènes de crime
A cause de ça, «nous manquons plus de cas que nous en résolvons», explique Andrea Zaferes, une plongeuse spécialisée dans les noyades suspectes, «la plupart des noyades sont accidentelles, mais beaucoup, qui peuvent être criminelles, sont négligées».

Cette rareté est aussi l'une des raisons pour lesquelles peu de noyades sont traitées comme des meurtres. Rien ne ressemble plus à une noyade intentionnelle qu'une noyade accidentelle. D'autant que beaucoup de ces homicides sont des infanticides. La police peut donc être prompte à privilégier la thèse de l'accident.

Kevin L. Erskine, un ancien policier de Cleveland, a écrit un livre sur les enquêtes relatives aux noyades. «Le premier instinct des secours appelés sur une scène de noyade est de sauver la ou les victimes», explique t-il. C'est bien naturel, mais il insiste sur le fait qu'il est nécéssaire d'analyser la scène rapidement, et de la traiter comme une scène de crime. Car les preuves telles que des armes, des drogues ou des vêtements peuvent rapidement disparaitre.



http://www.slate.fr/story/178275/meurtre-par-noyade-le-crime-parfait




https://www.youtube.com/watch?v=eig_eJPPgw4


C'est ce dernier article de Slate qui m'a donné l'idée de ce topic, et de cette longue (et loin d'être exhaustive) listes d'articles sur différentes affaires... (et j'ai ajouté la vidéo de Karl Zéro : on peut penser que le personnage est un peu agaçant par certains aspects, moi j'aime bien les gens qui défoncent les portes qu'on leur ferme au nez, et ses docs criminels sont souvent très creusés).

A vrai dire, ça fait un moment que je me pose de sérieuses questions sur ces histoires "jeunes hommes alcoolisés qui tombent dans l'eau et se noient par accident - fin du débat"...
Déjà parce que la réponse "accident", c'est la réponse facile, économique... on ne cherche pas plus loin, on "creuse" pas les circonstances, les témoignages de famille ou de témoins, toutes les preuves qui ne "collent" pas (et il y en a dans de nombreuses affaires... et pas qu'un peu). Au mieux, on se contente de les noter en marge d'un dossier mais bon... ça ne va guère plus loin, et il faut une sacrée dose de courage et de pugnacité pour les familles des victimes pour ne pas que ces affaires soient classés, sans suite ni bruit, dans les archives poussiéreuses des tribunaux de France, d'Angleterre ou d'ailleurs... (et autant dire que si le dit "noyé" n'a pas de famille en capacité de le défendre, son affaire n'a strictement aucune chance de "sortir" et d'être traitée autrement que comme un accident ou un suicide - et à la limite, même de différencier les 2, les autorités n'en auront rien à faire de toute façon...).
Mais comme le souligne l'article : la noyade/l'immersion est une contre-mesure médico-légale (jargon qui désigne toutes les manœuvre que peut faire un assassin pour effacer ou brouiller les traces de son forfait ; ça va donc du feu à la javel, en passant par le cochon... :mrgreen: ) particulièrement efficace, qui non seulement permet de faire disparaître les traces ADN, ou de transfert (on appelle "transfert" l'échange de matière/substance - comme des fibres, ou de la peau sous les ongles si la victime se défend par exemple - qui se produit entre le tueur et sa victime), ou de coup (si un corps percute l'eau très fort, ou heurte des branches/pierres lors de sa chute ou peu après, il sera quasiment impossible de faire la différence entre les marques et hématomes causés à ce moment, ou des marques dues à des coups) mais également le meurtre en lui même... jeter/pousser quelqu'un à l'eau, quelqu'un de vulnérable (parce qu'on l'aura fait boire ou droguer pour le voler par exemple) souvent, produira exactement les mêmes effets sur le corps que quelqu'un qui tombe "simplement" à l'eau par accident.

Il me semble acquis que toutes les affaires ne sont pas, cependant, des meurtres et que la théorie du "Smiley face Killer" n'est probablement qu'une légende urbaine (très moderne et encore en formation, c'est pour ça que je trouvais intéressant de la citer)... même si je me dis qu'en matière d'imagination, les criminels en tout genre dépassent souvent la fiction... :mrgreen:
Cependant, cela ne veut pas dire que certaines de ces affaires ne sont pas des meurtres (et, même si je ne peux pas bien sûr les citer toutes, il est clair que c'est le cas pour certaines d'entre elles) et que, peut-être, certaines de ces affaires ne sont pas liées, pouvant donner lieu à une série...
Mais pour arriver à le savoir, il faudrait déjà penser "hors de la boîte", et oser aller plus loin que les apparences...


Alors oui, je m'attends à me voir objecter le rasoir d'Occam (que les autorités, souvent très très frileuses, pour ne pas dire autre choses, appliquent en la matière sans le savoir), mais... est-ce que l'on doit faire des "économies" lorsqu'il s'agit de vérité et de justice ? Lorsqu'il s'agit de rendre justice à une victime et l'apaisement de la vérité judiciaire à sa famille et à ses proches ?...
Pour ma part, je ne le crois pas.
Et je trouve que c'est, également, un dossier passionnant, qui cache à mon avis, non pas une, mais plusieurs énigmes criminelles, et c'est intéressant de voir aussi qu'il est international, et internationalement commenté... :think:

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MessagePublié: 15 Juin 2019, 23:06 
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J'avoue être très prudent vis-à-vis de ces histoires de « serial-noyeurs », car il est facile (et tentant) de prendre des corrélations pour des causalités et de tisser un lien fictif entre des affaires indépendantes.

Les victimes présentent presque toujours le même profil : des hommes plutôt jeunes, alcoolisés, qui se noient durant la nuit.
Je suis sûr qu'en regardant en détail, on trouverait une corrélation très forte de ce genre d'affaire avec les villes étudiantes, pleines de jeunes gens qui ne demandent qu'à s'imbiber une fois les cours terminés (à Toulouse, il y a chaque année au moins 2 ou 3 personnes qui se noient dans la Garonne ou le canal du Midi...).
C'est également un phénomène qui est vieux comme le monde : dans At Day's Close, Ekirch cite un paquet de compte-rendus du 15ème - 18ème siècle racontant comment des gens (presque toujours des hommes, là encore) qui rentraient chez eux ivres après avoir vidé quelques chopines à la taverne, finissaient par s'égarer (alors qu'ils connaissaient bien le chemin) et mourraient en tombant dans un trou ou dans une mare qu'ils n'avaient pas vu à cause de l'obscurité.

Pour ces diverses raisons, j'avoue penser qu'il s'agit plutôt d'un phénomène social relevant de l'accident... même s'il n'est pas exclu que de temps en temps, des criminels puissent en profiter pour dissimuler leur forfait.

Chimère a écrit:
mais... est-ce que l'on doit faire des "économies" lorsqu'il s'agit de vérité et de justice ? Lorsqu'il s'agit de rendre justice à une victime et l'apaisement de la vérité judiciaire à sa famille et à ses proches ?...
Pour ma part, je ne le crois pas.

Je ne le crois pas non plus : le travail de l'enquêteur est d'étudier avec impartialité toutes les hypothèses qui s'offrent à lui.
Reste cependant que quand l'investigation été faite sérieusement (ce n'est pas toujours le cas, j'en conviens), et qu'elle n'a permis de mettre en évidence aucune preuve indiquant qu'il y a eu un crime, il ne semble pas aberrant que l'hypothèse qui soit retenue par défaut soit celle de l'accident. L'affaire ne peut pas traîner indéfiniment en longueur, aussi bien parce que les enquêteurs ne peuvent pas rester indéfiniment dessus, que parce que la famille de la victime a besoin du fin mot de la justice pour faire son deuil.

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MessagePublié: 15 Juin 2019, 23:33 
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Pour ces diverses raisons, j'avoue penser qu'il s'agit plutôt d'un phénomène social relevant de l'accident... même s'il n'est pas exclu que de temps en temps, des criminels puissent en profiter pour dissimuler leur forfait.


Le truc, c'est que je pense que la piste criminelle est peut-être plus prégnante que ce que les autorités veulent bien voir/admettre/enquêter dessus... Il y a tout de même un nombre certain de cas plus que troublants, où la quasi totalité des circonstances et la personnalité des victimes ne collent juste pas avec cette possibilité... et il ne s'agit pas d'un ou 2 cas en passant.
Il faudrait reprendre les détails des affaires, mais franchement, la mort de Vincent Zecca, pour ne citer que celle-là, est à mon sens nécessairement criminelle... et pourtant, elle avait été classée accidentelle, comme les autres. Il a fallu que sa mère se batte pour faire rouvrir le dossier...

Parce que finalement, commettre un crime crapuleux sur un jeune homme soit déjà alcoolisé, soit que l'on drogue à son insu, avant de le balancer à la flotte et de le laisser s'y noyer, il n'y a rien de plus simple... Si on sait ne pas se faire voir, c'est crime à zéro risque...


Citer:
que parce que la famille de la victime a besoin du fin mot de la justice pour faire son deuil.


Justement, comment faire son deuil quand on est intimement persuadé que la justice n'a pas fait suffisamment son travail ? Ou se contente du strict minimum ?...
On ne peut pas se contenter d'un "bah on a pas mieux, alors c'est que ça doit être ça"...

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MessagePublié: 16 Juin 2019, 11:42 
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Chimère a écrit:
franchement, la mort de Vincent Zecca, pour ne citer que celle-là, est à mon sens nécessairement criminelle... et pourtant, elle avait été classée accidentelle, comme les autres.

Je n'ai pas trouvé grand chose au sujet de la mort de Vincent Zecca. Quels sont les éléments qui laissent penser que sa mort n'est pas accidentelle ?

Dans le cas des noyés de la Deûle, l'idée d'une collusion entre la police lilloise et certains groupuscules d'extrême droite qui aurait conduit la première à protéger les seconds est séduisante (ne serait-ce que parce qu'on sait très bien que ces deux milieux sont poreux)... mais sans preuves ni éléments permettant de la démontrer, cela reste de la théorie du complot.

Chimère a écrit:
Parce que finalement, commettre un crime crapuleux sur un jeune homme soit déjà alcoolisé, soit que l'on drogue à son insu, avant de le balancer à la flotte et de le laisser s'y noyer, il n'y a rien de plus simple... Si on sait ne pas se faire voir, c'est crime à zéro risque...

... Et crime à zéro preuves, absolument indiscernable d'un simple accident. Le crime parfait, en somme.

Que devrait faire la justice, alors ? Marquer l'affaire d'un gigantesque point d'interrogation, pour dire « on ne saura jamais que ce qui a pu se passer, c'est peut-être un crime » ? Ou retenir l'hypothèse la plus probable en regard des éléments ?

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MessagePublié: 16 Juin 2019, 17:59 
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Je n'ai pas trouvé grand chose au sujet de la mort de Vincent Zecca. Quels sont les éléments qui laissent penser que sa mort n'est pas accidentelle ?


Je crois que c'est dans le reportage de Karl Zéro, il y a des vidéos de surveillance assez troublantes, où on marcher de façon raide, être incapable de se baisser pour ramasser son briquet tombé à terre (deux symptômes qui, d'après une médecin légiste interrogée ne sont pas signe d'alcoolisation, mais correspondent plus à une intoxication au GHB), qu'il a été "récupéré" par un couple, lesquels ont appelé sa petite amie, mais qu'elle n'a jamais pu les trouver, alors ils ont abandonné Vincent on ne sait pas trop où (et leur version est sans queue ni tête, même si rien n'a pu être retenu contre eux), qu'il a pendu son blouson à un poteau avant de traverser un pont et qu'on a jamais retrouvé sa carte bancaire...

Et ce n'est pas le seul cas : comme ce jeune anglais qui appelle ses parents avant de disparaître, ses parents l'entendent haleter, puis hurler comme s'il était attaqué...
Où un cas à Boston, où un jeune homme attend sa petite amie à la sortie du stade, il la guide par téléphone, elle est pour ainsi dire arrivée, alors ils raccrochent... elle s'attend à le voir au prochain coin de rue. Il a disparu purement et simplement...
Tous les 2 seront retrouvés noyés dans la rivière, à des lieues de là où ils étaient, ou étaient censés être...

Ce genre d'affaires me semblent mériter mieux qu'un haussement d'épaule et un rapide classement en "accident" ou "suicide".


Citer:
Que devrait faire la justice, alors ? Marquer l'affaire d'un gigantesque point d'interrogation, pour dire « on ne saura jamais que ce qui a pu se passer, c'est peut-être un crime » ? Ou retenir l'hypothèse la plus probable en regard des éléments ?


Faire son boulot ?... Chercher, balayer toutes les hypothèses, écouter les familles de victimes, et souvent leurs avocats...
Et objectivement, je trouve plus honnête intellectuellement de dire "cette affaire va prendre du temps à être résolue ou sera très difficile à être, pour x ou y raisons" que de se contenter d'un "bah on a pas mieux à proposer, alors ça sera l'accident".

Avec ce genre de logique, des affaires comme celles des disparues de l'Yonne, ou du "Triangle de Mourmelon" (où les autorités mettaient tranquillement, et "économiquement" les disparitions sur le compte de fugues ou de déserteurs... et il a fallu à chaque fois que les familles se battent et que bien souvent un seul enquêteur se batte contre ses pairs pour que la justice daigne commencer à démêler la pelote) ne seraient JAMAIS sorties, et des assassins comme Emile Louis et Pierre Chanal continueraient tranquillement leurs forfaits sans jamais être inquiétés...

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MessagePublié: 17 Juin 2019, 12:18 
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Chimère a écrit:
Ce genre d'affaires me semblent mériter mieux qu'un haussement d'épaule et un rapide classement en "accident" ou "suicide".
[...]
Faire son boulot ?... Chercher, balayer toutes les hypothèses, écouter les familles de victimes, et souvent leurs avocats...

Comment sais-tu que le boulot n'a pas été fait correctement, et que les enquêteurs ont effectivement « haussé les épaules » sans chercher à faire correctement leur travail d'investigation ?

Je n'ai pas de sympathie particulière pour les forces de l'ordre et je n'ai vraiment aucun mal à concevoir que les enquêtes puissent être occasionnellement bâclées (ou par négligence individuelle, ou par manque de moyens financiers/humains, ou par volonté institutionnelle délibérée*). En revanche, j'ai du mal à croire que ce soit systématiquement le cas ; surtout quand il y a un certain nombre d'indices ou d'incohérences flagrantes qui pointent clairement vers le meurtre, comme dans les 2 cas britanniques et américains que tu cites.

*Sans aller jusqu'à parler de "complot" au sens strict, il a été manifeste dans quelques affaires (l'affaire Tarnac, le décès d'Adama Traoré, le triangle de Mourmelon que tu cites) que les institutions ont freiné l'instruction du dossier et compliqué l'enquête (quand cette dernière n'a pas été purement et simplement falsifiée). C'est pour cette raison que je reste prudent vis à vis de l'affaire des noyés de la Deûle.

Chimère a écrit:
Avec ce genre de logique, des affaires comme celles des disparues de l'Yonne, ou du "Triangle de Mourmelon" ne seraient JAMAIS sorties

Ce sont des types d'affaire bien distincts.

Dans le cas des disparu(e)s de l'Yonne ou de Mourmelon, même si les enquêtes individuelles sur chacune des disparitions n'ont pas été conduites correctement et/ou ne donnaient rien faute d'éléments probants, on était face à un grand nombre de morts dans un espace temporel et géographique réduit, et sur des victimes ayant des profils très proches : la coïncidence était bien trop forte pour être un simple hasard, ce qui aurait dû normalement mettre la puce à l'oreille de n'importe quel enquêteur doté d'un minimum d'esprit critique.

Les choses sont un peu différentes dans le cas des noyés, puisque comme je le disais, c'est un phénomène qui arrive malheureusement partout depuis très longtemps.
Si aucun indice ne permet de penser qu'il y a eu meurtre, il n'y a guère que l'anomalie statistique (un grand nombre de personnes tuées dans la même ville pendant un laps de temps très court) qui pourrait indiquer que les événements ne sont pas le fruit du hasard et pourraient avoir été provoqués.

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MessagePublié: 17 Juin 2019, 19:07 
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En revanche, j'ai du mal à croire que ce soit systématiquement le cas ; surtout quand il y a un certain nombre d'indices ou d'incohérences flagrantes qui pointent clairement vers le meurtre, comme dans les 2 cas britanniques et américains que tu cites.


Pourtant, c'est ce qui se passe... les incohérences ont été soulevées par les familles, leurs avocats, des journalistes. Et non, ça reste des "accidents".
En fait, je ne pense pas qu'il soit question, la plupart du temps, de volonté de "mal faire", mais plus de manque de temps, de manque de moyens, de manque de personnel...
Quand on sait, par exemple, le nombre de dossiers que traitent un juge d'instruction en moyenne... ben on va ouvrir des instructions que si on a pas le choix... et le reste et à l'avenant.
En plus, je pense que, surtout en France, on aime pas bien les affaires qui sortent des clous... y'a qu'à voir dans l'affaire Lelandais, où sur certaines disparitions inquiétantes, les familles alertaient avant le meurtre de Maëlis la possibilité d'un tueur en série œuvrant en autour des Alpes... Mais les victimes ne présentaient pas le même profil... ça n'est pas possible etc...
Et là, bah si c'est possible et c'est le branle-bas de combat...

Citer:
Ce sont des types d'affaire bien distincts.


Sur le fond... oui (encore que... ça peut se discuter). Mais dans la façon dont s'est passé, par exemple, les "non-investigations" lors des débuts des disparitions de militaires dans le triangle de Mourmelon, c'est un peu la même logique : non, on a pas d'éléments, ce sont des déserteurs (hypothèse économique), les tueurs en série s'en prennent aux femmes etc....
Et je précise que, pour la Justice, plusieurs des premiers disparus de Mourmelon sont toujours considérés comme déserteurs...

Et pour le coup, peut-être qu'on pourrait trouver un biais statistique dans les affaires de noyés... si on en cherchait un. Sauf que dans ce type d'affaires un peu en zone grise, si on ne cherche pas... souvent, on ne trouve pas.
Cela dit, je pense aussi que les tueurs se fichent un peu des statistiques... et que des affaires "hors norme" ça existe aussi.

C'est plus proche des affaires de disparitions que de meurtres, d'ailleurs... (au fond, même si on trouve le corps, le "comment" de la mort peut rester très incertain). Et souvent, les affaires de disparitions d'adultes passent à l'as pour des motifs "économiques", par manque d'éléments, et puis un adulte peut décider de partir, refaire sa vie, se suicider n'importe où etc... et c'est comme ça que 10, 20 ans après on se rend compte que oups, on est passé à côté d'un meurtre, voir d'un tueur en série.
ça serait pas la première fois... :think:

Je ne dis pas que c'est forcément le cas pour tous les cas de noyés. Je dis juste que bien des cas mériteraient d'être investigués plus à fond, qu'on ne peut pas se contenter d'à peu près quand il s'agit de morts humaines, et de familles qui pleurent leurs proches... (et en plus, prendre le risque de laisser des assassins en liberté, au passage).

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