Ar Soner a écrit:
Cela dit, je ne crois pas avoir lu sur ce topic de messages opposant raison et émotions de façon simpliste, ou disant explicitement que « les émotions, c'est mal ».
Ça tombe bien car je crois n'avoir écrit nulle part que les messages étaient "simplistes" (je ne le pense pas, donc pourquoi l'écrirais-je?).
En revanche, il y a bien selon moi une divergence dans cette discussion sur la place accordée aux émotions. Car vous êtes en réalité plusieurs à dire entre les lignes que les gens qui, à l'image de Lamart, Chimère, Richard ou moi, auraient été émus voire marqués fortement par les attentats du 11 septembre sont en réalité un peu naïfs et se sont probablement laissé berner/manipuler par le cirque médiatique illégitime orchestré autour des USA (d'où le fait d'ailleurs que j'aie compris la réaction un peu musclée de Richie, même si je n'en cautionnais pas la forme). Et c'est à ça que je réponds et ça que je conteste. Je veux réaffirmer que nous n'avons pas à rougir d'avoir été marqués et que cette appréciation vous appartient mais que ce n'est pas la seule lecture possible.
Citer:
- lorsqu'on est dans le registre de l'émotion, on est moins dans celui de l'analyse rationnelle ou dans l'exercice de l'esprit critique ;
C'est justement en partie ce que discute le texte que j'ai donné: il semble au contraire que ce ne soit pas si clair que ça. Je cite:
Citer:
Depuis quelques années les neuro-sciences – via notamment les travaux d’Antonio Damasio – ont montré que le lien entre émotion et raison était sans doute plus complexe. Être ému par un événement ou un objet suppose qu’on lui accorde de la valeur et que l’on dispose d’une certaine information sur celui-ci. Mais c’est aussi parce qu’on est ému par quelque chose que l’on va s’intéresser à elle, enquêter et exercer son raisonnement. C’est ce que dit très bien mon collègue américain George E. Marcus dans son livre sur le citoyen sentimental : il montre pourquoi c’est précisément parce qu’un changement dans son environnement produit chez un individu de l’anxiété qu’il va chercher à acquérir de l’information et sortir d’une certaine apathie politique. Selon son hypothèse, l’émotion serait en quelque sorte un exercice du raisonnement et non son contraire. Sa démonstration vient brouiller la frontière que l’on croyait relativement étanche entre l’émotion et la raison.
Ou bien il faut définir ce que l'on entend par "analyse rationnelle" ou "exercice de l'esprit critique".
Car je maintiens personnellement fermement que ce n'est pas parce que je suis émue que je vais automatiquement manquer d'esprit critique ou d'analyse rationnelle pour autant. Ça peut bien entendu arriver, mais ça n'est pas aussi systématique qu'on a coutume de le dire. Au contraire, je postule pour ma part que les émotions fortes peuvent aussi rendre plus lucide parfois. Ce qui n'exclue pas pour autant que ce que tu écris ensuite existe (et même couramment), à savoir que:
Citer:
- il est assez facile de susciter des émotions chez un auditeur, puis de le manipuler via lesdites émotions.
Citer:
Or, qu'on se penche sur la façon dont les médias de masse abordent n'importe quel évènement un peu marquant (...) l'on constate — comme Cortex le soulignait — que ces derniers alimentent plus les émotions que la réflexion.
Là non plus, je ne suis pas d'accord. Il y a souvent une question de moment et un temps pour tout. Réduire les citoyens à des gens qui ne seraient que mus par les émotions suscitées par les médias ne me semblerait pas juste. Souvent la réflexion arrive très vite ensuite.
Du reste, on pourrait même aller jusqu'à se demander quel est l’œuf ou quelle est la poule. Là où Cortex et toi semblez postuler que ce sont les émotions qui vont guider nos choix politiques, on pourrait tout aussi bien postuler l'inverse: à savoir que ce sont nos opinions politiques qui déterminent nos émotions.
Ar Soner a écrit:
Les affinités culturelles expliquent effectivement en partie le phénomène, mais elles ne sont pas suffisantes : les jeunes français sont de plus en plus imprégnés de culture japonaise, pourtant je ne crois pas qu'un attentat massif au Japon entraînerait une réaction émotionnelle aussi franche que celle des attaques du 9/11.
D'abord, il faudrait voir dans quelques années ce qu'il en est. Car comme tu le notes, ce sont plutôt les jeunes français qui baignent dans la culture japonaise. Ce n'est pas très transgénérationnel pour l'instant tandis que ça l'est un peu plus pour les USA. Surtout, il faudrait voir la forme que prendrait l'attentat de masse en question. Car je demeure convaincue que dans le cas du 11 septembre, c'est aussi la force des images qui a suscité l'émotion: on aurait ironiquement dit... un film catastrophe américain typique! C'était irréel. Un avion, puis deux, une tour touchée, puis une deuxième, une qui s'effondre, puis l'autre, le pentagone, etc. C'était fou.
Citer:
Il y a d'autres facteurs qui jouent : la proximité ethnique/raciale, l'histoire commune des deux pays et leurs liens géopolitiques, la couverture médiatique (les médias français adorent parler des USA, il suffit de voir l'attention qu'ils accordent aux présidentielles de ce pays)...
C'est indéniable.
Ar Soner a écrit:
Je vais faire un sacrifice à Baal pour que les astres te soient favorables et que tu puisses récupérer tes données !
Merci, mais il va falloir y aller un peu plus fort sur les sacrifices alors, parce qu'a priori et après avoir vu le tech, c'est mal barré pour ma tronche...