Je suis tombée sur une interview de l'auteur sur AgoraVox, par une association qui justement défend les thèses non-officielles sur le 11 septembre (je ne sais pas si on peut les considérer comme "conspirationnistes" ou pas, je ne les connais pas, et de toute façon, je n'aime pas les catégories... ) ...
http://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/questions-a-bruno-fay-auteur-du-91133Citer:
Questions à Bruno Fay, auteur du livre "Complocratie"
Le 24 février dernier, le journaliste indépendant Bruno Fay publiait le livre : "Complocratie : Enquête aux sources du nouveau conspirationnisme". Si le 11-Septembre n'est pas le sujet central du livre, M. Fay nous explique qu'il "cristallise ce nouveau conspirationnisme" dont il nous parle avec ses raisons (parfois d'État) et ses déraisons. Mais loin de voir uniquement dans la controverse du 11-Septembre des fous d'un côté et des vendus de l'autre, l'auteur tente d'apporter les bases d'un débat plus constructif et serein, pour ceux qui le souhaitent vraiment. Pour cela, il invite chaque camp au respect et à l'introspection sans faire de favoritisme, si ce n'est que celui accordé aux faits.
La tentative de Bruno Fay de contacter notre association lors de la préparation de son livre n'ayant pas eu d'issue heureuse, à nos regrets partagés, nous avons décidé de rectifier cela en lui proposant de répondre à quelques questions. Nous le remercions d'avoir accepté chaleureusement.
"Complocratie" écrit par Bruno Fay aux Editions du Moment
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Questions à Bruno Fay, auteur du livre "Complocratie"
propos rapportés par Arnaud pour ReOpenNews
1. En tant que journaliste, que pensez-vous du traitement médiatique sur le 11/9 ?
Je consacre justement un long chapitre dans mon livre au traitement médiatique des attentats du 11 septembre 2001 qui illustre, à mon sens, l'impossible débat entre « croyants » et « non croyants ». Depuis le passage de Thierry Meyssan en 2002 chez Ardisson jusqu’aux déclarations de Marion Cotillard dans une émission de Paris Première, en passant par les propos de Roland Dumas en décembre dernier, toutes les personnalités qui osent contester la version officielle du 11 Septembre sont disqualifiées, voire insultées séance tenante. Ceux qui remettent en question la version officielle des attentats sont, au mieux, considérés comme de doux dingues, au pire qualifiés d'extrémistes ou d'antisémites. Pour ne prendre que l'exemple de Roland Dumas, les réactions à son égard incarnent ce dialogue impossible autour du 11 Septembre. Qu'il ait raison ou qu'il ait tort de s'interroger sur la version officielle, peut-on vraiment qualifier de « théoricien du complot » quelqu’un qui revendique uniquement le droit de douter et qui suggère simplement la création d’une commission d’enquête internationale indépendante pour faire toute la lumière sur les attentats de 2001 ?
Les excès de Thierry Meyssan et de quelques autres ont sans doute beaucoup nuit à la sérénité du débat. Aujourd'hui, les médias n'osent plus parler du 11 Septembre de peur d'être aussitôt disqualifiés. Du coup, en refusant le débat, ils nourrissent malgré eux un climat de suspicion généralisée. Il existe de nombreuses théories autour du 11 Septembre, dont bon nombre d'entre elles sont totalement farfelues. La version officielle comporte elle aussi un bon nombre d'incohérences et de zones d'ombre. Le 27 juillet 2003, sur la chaîne de télévision NBC, le néoconservateur Paul Wolfowitz déclarait lui-même que « Les rapports des services de renseignement consacrés à la menace terroriste contiennent des informations opaques par nature ». C'est d'ailleurs un principe de bon sens qui peut aussi s’appliquer aux travaux de toute commission d’enquête officielle touchant des enjeux politiques et militaires. Et c'est même normal, ne serait-ce que pour éviter de diffuser des informations confidentielles touchant à la raison d'Etat. Plutôt que de s'attaquer aux personnes, d'un côté comme de l'autre, le meilleur moyen de s'approcher de la vérité serait que les médias acceptent de confronter sereinement les arguments des uns et des autres. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Au-delà du seul cas du 11 Septembre, cette nouvelle forme de conspirationnisme ordinaire qui gagne aujourd'hui toute les couches de la société se nourrit de ces non-dits et de cette absence de débat. Frédéric Taddéï et Eric Laurent, que j'ai longuement interrogés dans mon livre, en parlent tous les deux très bien.
Pour autant, les médias ne sont pas les seuls responsables de cette situation. Dans le cas du 11 Septembre, les responsabilités sont, je crois, partagées. De nombreux militants du mouvement pour la vérité sont aujourd'hui si méfiants qu'ils refusent tout contact avec les journalistes traditionnels. Il suffit de lire les commentaires de certains membres de ReOpen911 ou de NWO à mon égard pour mesurer le degré de suspicion... C'est une attitude qui ne contribue pas non plus à engager un débat serein. Le respect doit être réciproque. La grande majorité des personnes qui doutent de la version officielle ne sont pas des illuminés, tout comme la majorité des journalistes ne sont pas aux ordres de la Maison blanche. Il faut sortir des fantasmes.
2. En quoi a consisté votre enquête sur le 11/9 ?
Mon livre Complocratie ne porte pas seulement sur le 11 Septembre. Il s'agit d'une analyse plus globale sur les raisons qui poussent les citoyens à douter des versions officielles et à imaginer des complots, vrais ou faux (Grippe A, Karachi, Clearstream, etc.). Le 11 Septembre n'est qu'une illustration de ce phénomène que je qualifie de conspirationnisme ordinaire, sans connotation péjorative. L'ambition de mon livre n'était donc pas de mener une contre-enquête sur les attentats du 11 Septembre mais plutôt de dénoncer les amalgames lancés par les uns et les autres et d'engager ce débat impossible, sans préjugés. J'ai évidemment lu et vu beaucoup de choses sur les attentats du 11 Septembre avant d'écrire mon livre. Dont, bien sûr, le jeudi noir de l'information. J'ai également rencontré beaucoup de monde.
Sur le fond, dix ans après, les attentats du 11 Septembre relèvent désormais du débat d'experts. Une fois encore, on ne peut que regretter l’absence de débats contradictoires qui permettraient sans doute de trancher nombre de questions techniques de manière définitive. Dans mon enquête, je n’aborde pas tous les points avancés par les défenseurs de la théorie du complot intérieur. La tâche est tout simplement impossible, chaque réponse apportant sans fin son lot de nouvelles questions. En revanche, j'essaie de confronter les arguments des uns et des autres et de m'en tenir aux éléments factuels. Opposer les hypothèses me paraît un débat stérile où les croyances l'emporteront toujours sur la raison. Pour tendre vers la vérité, il faut s'en tenir aux éléments de preuves. C'est ce que j'ai essayé de faire en me concentrant surtout sur deux questions, sans doute les plus emblématiques de l’affrontement entre « croyants » et « non-croyants » : l’effondrement des tours jumelles et le vol United 93. J'ai aussi essayé d'apporter quelques éléments nouveaux sur le rôle du PNAC...
3. Pouvez-vous nous donner votre définition du conspirationnisme ? Est-ce que ce terme a une connotation péjorative pour vous ?
Dans Complocratie, je parle d'un conspirationnisme ordinaire. Et je dis même que nous sommes tous conspirationnistes d'une manière ou d'une autre en remettant de plus en plus en question la parole officielle. Que ce soit sur le 11 Septembre, la Grippe A, le changement climatique, le nucléaire, etc. Je ne mets donc rien de péjoratif derrière cette expression. Au contraire, j'explique que le conspirationnisme est légitime face aux mensonges et aux manipulations avérés que je révèle dans mon livre (Rainbow Warrior, Clearstream, Opus Dei, etc.). D'ailleurs, dans mon livre, lorsque je parle de ReOpen911, je prends toujours soin de parler des « militants du mouvement pour la vérité », justement pour éviter d'utiliser le terme "conspirationniste" qui a été à mon sens, comme je l'analyse, galvaudé.
4. Votre regard a-t-il évolué sur le sujet global que vous avez traité au cours de vos recherches, et si oui de quelle manière ?
Mon enquête a surtout renforcé mon sentiment qu'il est urgent de mettre un terme à certaines dérives de la société. Au nom de la raison d'Etat, les autorités se permettent de s'affranchir des règles les plus élémentaires en démocratie. Je ne crois pas qu'il faille aller vers une transparence totale. Un Etat ne peut pas tout dire, c'est bien normal. En revanche, je pense que nous sommes allés trop loin. Je ne pointe pas seulement le rôle des autorités politiques. Le monde économique baigne lui aussi dans les manipulations et les mensonges au quotidien. Il suffit de prendre l'exemple récent de l'accusation d'espionnage chez Renault pour mesurer à quel point nous baignons dans la manipulation de l'information. Dans Complocratie, j'évoque longuement, à travers des exemples précis et inédits, la montée en puissance de la guerre économique et des coups tordus.
5. A-t-il aussi évolué de la même manière quant au sujet du 11 Septembre ou est-ce un sujet à part ?
Le 11 septembre n'est pas un sujet à part. Il cristallise ce nouveau conspirationnisme qui se développe dans tous les domaines. J'écris que nous vivons en psychocratie. Mon entretien inédit avec le « patron » du groupe Bilderberg illustre cette situation. La plupart des décisions se prennent désormais en coulisses, à l’abri des regards, sans qu’il soit nécessaire aux décideurs de se réunir dans une cave avec des cagoules sur la tête. Il n’y a pas de maîtres du monde tapis dans l’ombre. Les sociétés secrètes et les réseaux d’influence existent depuis toujours. Les conspirationnistes ont tort de craindre l’instauration d’un nouvel ordre mondial. Nous y sommes déjà. Ce monde ne ressemble pas à ce qu’ils imaginent. Il n’existe pas de gouvernement mondial. Ce serait trop simple. La réalité est bien plus complexe. Nous vivons dans un monde qui nous file entre les doigts. Les repères disparaissent les uns après les autres. Il n’y a pas un pouvoir, mais des pouvoirs qui s’affrontent quotidiennement en s’affranchissant des règles démocratiques élémentaires. Les stratégies d’influence, les manipulations de l’information, le travail permanent des lobbies ou la guerre économique, plus forte que jamais, contribuent dangereusement à confondre fantasmes et réalité, démocratie et « psychocratie ».
6. Vous dénoncez les amalgames faits par certains journalistes entre le fait de douter de la version officielle sur les attentats du 11/9 et l'antisémitisme. Est ce que vous avez pu rencontrer certains d'entre eux pour avoir leur point de vue ?
On en revient à l'impossible débat. Tout le monde se méfie de tout le monde. Du coup, j'ai eu autant de mal à rencontrer des partisans du complot intérieur sur le 11 Septembre que de partisans de la version officielle. J'ai essuyé des refus de témoigner de part et d'autre : Jean-Marie Bigard ou Matthieu Kassovitz n'ont pas plus accepté de me rencontrer que Daniel Leconte, Guillaume Durand ou Thierry Ardisson. C'est dommage.
7. Que pensez-vous de la demande d'une nouvelle enquête soutenue par de nombreuses associations professionnelles ou citoyennes comme la nôtre ?
Les conclusions de la commission d'enquête officielle comportent de nombreuses zones d'ombre et certaines incohérences. Je pense en particulier à l'analyse du crash du vol UA93, que je développe longuement dans mon livre, qui donne des raisons de douter de la version officielle. Malheureusement, je doute qu'une nouvelle commission d'enquête permette d'y voir plus clair. Paul Wolfowitz reconnaît lui-même que « les rapports des services de renseignement consacrés à la menace terroriste contiennent des informations opaques par nature ». Dans mon livre, Michel Rocard ne dit d'ailleurs pas autre chose en évoquant la raison d'Etat. En d'autres termes, il y a des choses que les États ne peuvent pas dire. Aucune commission d'enquête n'est jamais objective.
8. Comment voyez-vous l'évolution du sujet dans les médias et la société, en particulier à l'approche du 10ème anniversaire des événements ?
Je crois que je réponds à cette question dans mon livre, en particulier dans le chapitre intitulé « L'impossible débat ». Les choses évoluent peu. Il est toujours aussi difficile d'organiser un débat serein sur la question et de sortir des anathèmes que se renvoie chaque camp.
9. Que souhaiteriez-vous à notre association ? Plutôt de voir un psy ou de continuer à chercher ?
Il est toujours sain de douter et de s'interroger. Il y a bien sûr des extrémistes dans chaque camp, des illuminés, mais ce n'est pas l'essentiel. En tant que journaliste, je ne peux que me réjouir que des citoyens décident de s'organiser pour mener l'enquête, que ce soit sur le 11 Septembre, sur les attentats de Karachi ou sur n'importe quel autre sujet. Ce qui manque aujourd'hui, c'est l'étape suivante, la confrontation des opinions et des travaux d'enquête respectifs. Je souhaite surtout à ReOpen911 de ne pas s'enfermer dans une opposition stérile et dans une méfiance systématique à l'égard des médias traditionnels. De même que je conseille aux journalistes traditionnels de sortir de leurs préjugés et de ne pas être aussi arrogants et méprisants à l'égard des mouvements citoyens comme le vôtre. Sur le 11 Septembre, les insultes fusent un peu trop rapidement, d'un côté comme de l'autre.
10. Que pensez-vous de l'association ReOpen911, de ses objectifs, son travail, son rôle ? Que pensez-vous de ses détracteurs et de leurs accusations ?
Je réponds là encore à cette question dans mon livre. Il est tout aussi idiot de stigmatiser par principe les citoyens qui ne croient pas à la version officielle, que d'affirmer détenir la vérité. J'ajouterai également qu'il est essentiel de s'en tenir aux éléments de preuves et d'éviter de formuler des hypothèses. Dire par exemple que certains éléments de la version officielle sont contestables est une chose. En conclure qu'il s'agit d'un « inside job » en est une autre.
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Note de rédaction :
Présentation de l'éditeur
Dix ans après la tragédie du 11 Septembre, les théories du complot n'ont jamais fait autant recette. La pandémie de grippe A serait une invention des laboratoires pharmaceutiques et de l'OMS, les attentats contre le World Trade Center auraient été organisés par la Maison Blanche, les Illuminati oeuvreraient en secret pour établir un Nouvel Ordre mondial...
Si le mythe du grand complot juif ou franc-maçon persiste, des centaines de théories, dont le succès manifeste un conspirationnisme nouveau, presque ordinaire, touchent toutes les catégories de la population. Les mensonges au sommet, les barbouzeries, les affaires politico-financières donnent au citoyen des raisons de douter, de croire que la vérité est ailleurs.
Grâce à une longue enquête de terrain et de nombreux entretiens, Bruno Fay remonte aux sources de ce phénomène troublant. Ainsi, Michel Rocard lève le voile sur plusieurs scandales en les justifiant par la raison d'État. Des professionnels de la communication confirment qu ils manipulent l'information pour le compte d entreprises privées ou de partis politiques. Étienne Davignon, à la tête du groupe Bilderberg, accepte de parler pour la première fois de cette organisation puissante et mystérieuse nichée au coeur du pouvoir.
Alors, tous paranos ? Vivons-nous déjà en Complocratie ? Ce document passionnant aborde de front un enjeu vital pour nos sociétés.
Biographie de l'auteur
Bruno Fay, journaliste indépendant, est l'auteur de plusieurs enquêtes sur la corruption politique, l'influence des lobbies et les nouvelles technologies de surveillance. Il a signé en 2009, avec Stéphane Reynaud, un livre féroce sur les coulisses de l'économie à bas coût (No Low Cost, Editions du Moment).