Metronomia a écrit:
Hier encore, Déthiollaz et Fraisse étaient chez Ardisson...
...et je les ai regardés. Je vais, à défaut d'avoir commenté le livre entier, vous livrer mes impressions sur cette émission. Pas d'analyse intelligente ni réfléchie ; juste des impressions comme ça, au coup par coup.
- Premièrement, l'émission débute avec le thème de
X-files. Autrement dit, ça commence très mal. On aurait voulu plomber toute l'intervention de Nicolas Fraisse en la faisant passer pour du mystère & extra-terrestres de bas étage qu'on ne s'y serait pas pris autrement.
- Ensuite, Nicolas Fraisse disait qu'enfant, il pensait que "tout le monde pouvait le faire". Ça, ça me parle, et ça m'incline à penser qu'il est honnête. Je pense que c'est un des commentaires que j'ai le plus retrouvés dans tout ce qui touche de près ou de loin au paranormal. Cette sorte de candeur enfantine par laquelle on justifie l'étrange.
Je pensais que tous pouvaient le faire. Parfois même, ça justifie l'inquiétude : si moi je peux le faire, d'autres aussi... et ce n'est pas bon pour moi. En tous cas, retrouver cette remarque ici me semble plus être un gage de qualité qu'autre chose.
- Vient aussi une petite anecdote sur le Nicolas laissant un livre de cours ouvert chez lui pour tricher durant une évaluation. Le lycéen en moi se disait à ce moment : "mais que n'ai-je pas su faire cela du temps de mes épreuves de maths !..." Confronté à cette cruelle injustice, je me renfrogne.
- Vient ensuite une partie sur l'homosexualité de Fraisse. Juste pour te dire, DragoMath, qu'il n'était donc très vraisemblablement pas l'amant de Déthiollaz. Ou bien est-ce une couverture ?
- Plus l'interview avance, plus le côté "catalogue d'anecdotes" me dérange. On dirait qu'il faut absolument impressionner l'auditeur moyen avec des récits paranormaux. Tout ceci me rappelle douloureusement l'interview de David Tammet au
Petit Journal, il y a quelques années. Le camarade Tammet est extrêmement intelligent, et passionnant dans son propos comme dans son analyse ; et tout ce qui lui était demandé, c'était de savoir si le 25 juin 2032 serait oui ou non un jeudi. Ce genre de transformation de personnalités intéressantes en bêtes de foire me met personnellement mal à l'aise ; et il s'en faut de peu que ce soit le cas avec Nicolas Fraisse.
- Revoilà ensuite le fameux Robert, amateur de matchs de foot, et honorant tous les soirs sa compagne sous les yeux effarés de notre médium favori. Si l'anecdote a inspiré quelques calembours gras à l'animateur, elle ne m'en laisse pas moins tout à fait circonspect. On l'a déjà évoquée plus avant dans ce thread, et je n'ai rien à ajouter. Si ce n'est une question : d'où sait-il que le monsieur s'appelle Robert ?
- Viennent ensuite de superbes foutaises bullshitesques sur le poids de l'âme. Monsieur Ardisson présente hardiment le poids de l'âme (21 grammes) comme étant un fait scientifiquement établi ; ce qu'il est très loin d'être. Partant, il affirme que NF perd 42 grammes à chaque OBE ; ce qui nous laisserait à penser qu'il a deux âmes (ainsi, si les femmes n'ont pas d'âme, les homos en ont deux. Je dois prévenir le pape). Tout ceci est hautement ésotérique, et ôte tout ce qui avait pu rester en crédibilité à cette émission après la musique de
X-Files.
- Arrive suite à cela un passage où l'ami Nicolas prétend avoir mis son esprit dans celui d'un oiseau, et avoir eu peur de tomber, ne sachant voler. Certes, c'est poétique ; certes, j'aimerais que cela m'arrive. Mais cela pose une question : lorsqu'il se livre à ce genre de pratiques, le fait-il en parallèle de la conscience de la personne qu'il parasite, ou bien à la place ? Autrement dit, la possibilité que Nicolas se balade en vue subjective dans mon esprit n'existe-t-elle que lorsque ma conscience tourne en sous régime, ou se pourrait-il qu'il me voit écrire ce message à ce moment-même ?
- Pour finir, Thierry Ardisson compare les expériences de monsieur Fraisse à sa prise d'acides. Outre le respect évident que cela démontre pour son invité, cela... je ne sais même pas, je trouve juste cela consternant. Merci, monsieur Ardisson ; vous venez de perdre une occasion en or de vous taire.
- En conclusion, un extrait de la chanson "Je vole - mais sans alcool", lequel apparaît ici à peu près aussi subtil que le
Richelieu dans une régate de sinagots.
Tout cela pour dire que voir cette émission m'a fait beaucoup de peine. Nicolas Fraisse y semble de bonne foi et pour ainsi dire étonné de l'attention qui lui est portée ; et il est jeté à la populace comme une chose curieuse et divertissante. On pourra dire beaucoup de choses de cette émission ; mais certainement pas qu'elle sert sa cause - indépendamment de la véridicité des expériences menées par madame Déthiollaz. Moi, ça m'évoquait l'interview d'un prestidigitateur. Ou du protagoniste d'un film de
fantasy. Mais en aucun cas l'étude intelligente et raisonnée de ce qu'un être humain vit, et ne comprend pas. Et je le déplore.