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MessagePublié: 22 Janvier 2009, 16:02 
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Un texte que j'ai trouvé par hasard et que je vous mets ici :

Récit véritable des choses estranges & prodigieuses arrivées en l'exécution de trois Sorciers & Magiciens deffaits en la Ville de Lymoges, le vingt quatriesme d'Avril mil six cens trente

Citer:
DISCOURS DE TROIS Sorciers executez à mort, en la ville de Lymoges,
le 24 jour du mois d'avril 1630

L'Infinité des exemples que nous voyons ordinairement arriver du Sortilège, Magie, Science noire ou de telle autre diablerie qu’on le voudra signifier, tire désormais hors de doubte tous ceux qui yestoient, ou qui ont doubté de ces prestiges de Sathan, attribuants ces accidens aux imaginations des esprits foibles, connulsions, spasmes, & autres sympthosmes qu'aporte avec soy le mal caduc, ou bien aux maladies melancoliques & hypocondriaques. Les Théologiens mesmes semblent l'avoir accordé, le Canon Episcopi le tesmoigne. Il y en à mille autres que nous pourrions alleguer : mais l’exemple que nous voyons aujourd’huy si veritable les oste hors de dispute, & verifie merveilleusement bien les opinions de Delrio, de Remigius, Bodin, & autres traictants ceste matiere, qu’il n’y à plus moyen de nier chose que l’on touche au doigt, & que l’on void devant soy. D’ailleurs les parolles de l’Escriture sont si manifestes, voyez dans l’Exode des Magiciens de Pharao chapitre 7, 8, 9, 10 & 11. Nous reviendrons à nostre discours de l’execution à mort qui a esté faite en la ville de Lymoges, des trois Sorciers & Magiciens, l’un se nommoit Galleton, l’autre Jassou, & l’autre Patuier, Paysans & rustiques, âgez le plus jeune d’environ 60 ans, où ledit Pautier estoit habitant du village d’Erain, prés du Chasteau de Rochefort, à une lieüe d’Aixe, distant trois lieües de Lymoges, & audit village d’Erain y à une Mestrie & borde d’une femme vefue appellée Jeanne Rouilhat, laquelle y faisoit sa demeure parfois, ayant en sa compagnie un sien petit nepueu âgé de sept ans, & une fille pour la servante de l’âge de dix-huict ans ou environ, où iceluy Pautier par sa maudite sorcellerie, enchanta si fort ce petit enfant & ceste servante, leur donnant tel malheur que l’enfant veint tout hydropique, & ceste fille toute troublée de soy, & à certaines heures que le mal la prenoit, elle eut couru les champs d’un costé & d’autre, si l’on ne l’eust tenuë de prés. Ceste femme voyant son nepueu & la servante ainsi tourmentez & affligez, se retira de la mesterie, s’en retournant en sa maison à Lymoges, pensant donner quelque soulagement à ses oppressez, mais au contraire ils sont plus tourmentez : ceste fille lorsque le mal la prend, elle fait des cris effroyables, ce qui cause que plusieurs personnes de diverses qualitez montent dans la chambre, & voyent ces personnes ainsi affligez. Les Reverends Peres Recollez s’y portent par diverses fois, & y voyent ceste fille grandement tourmentée, laquelle crie tout haut qu’elle void lesdits trois Sorciers accompagnez de plusieurs Demons effroyables : & les assistants voyent jetter des pierres à diverses fois, sans pouvoir voir d’où elles viennent. Le rapport de ce spectacle en estant venu à Messieurs de la Justice, ils se transportent en la maison, & ayant prins l’audition de l’un & de l’autre, ladite Jeanne Rouilhat leur declare que Galleton luy avoit dit que c’estoit Pautier qui leur avoit baillé ce malheur, lors on conclud de les apprehender au corps, comme les faict deux des Messieurs de la Justice se portent sur les lieux, & se saisirent dudit Galleton & de Jaffou, & les ayans menez dans les prisons Royalles dudit Lymoges, le lendemain l’on apprehende aussi Pautier, que l’on met aussi prisonnier. Cependant le mal ou manie ne ceste point aux affligez, mais les tourmente à certaines heures, avec tant de violence qu’il n’estoit possible quand cela les saisissoit de les divertir de telles passions pendant que les tenoit, par aucune sorte de remedes, medicaments ny artifice humain, que nous pouvons bien dire & asseurer pour avoir esté veu d’une infinité de personnes, dignes de foy & de croyance. Nous viendrons à nos Sorciers accusez, lesquels veulen nier leur malice, mais tost après leur emprisonnement voicy venir des plaintes des lieux circonvoisins de leur demeure, en si grand nombre que de quarante cinq tesmoins qui deposent contre eux : la moindre plainte estoit suffisante pour les presenter à la question. Neanmoins ces venerables Juges & Magistrats guidez du Sainct Esprit, voulant s’instruire amplement en une matiere tant inouye & prodigieuse, s’assemblent, & deliberans de les ouyr au long de leurs accefations, les font venir l’un après l’autre devant leur Tribunal, ils y vont la teste levée, & bien que ce ne fut que des idiots & rustiques paysans, si est-ce qu’ils estoyent resolus comme les plus innocens hommes de la terre, neantmoins les Esprits esclairez de l’astre de Themis, qui ont accoustumé de tirer la verité du plus profond puits de Democrite, les interrogent par tant de diverses fois, qu’ils les font vaciller & varier : car Galleton qui estoit le plus ancien, estant accusé de Magie fust le premier appliqué à la question, le fait grandement presser, & endura plusieurs coups de corde, jusques à tant que mesmes il s’en rompit trois sur ses bras : & lors qu’il estoit sur le banc de la question son Demon se presente à luy, & se posa sur sa jouë, ayant esté relasché. Monsieur le Rapporteur l’interroge, il declare qu’il est vray que c’est son Demon qui luy tient la bouche close, & qu’il se nomme Xibert, & voyant qu’on le menassoit de le remettre encore plus ferme à la question : & exactement interrogé il confesse tout, declare qu’ist attaint & convaincu du crime qu’on l’accuse, dit que c’est Pautier qui a baille le mal à ces affligez.
Jaffou estant pareillement appliqué à la question, l’endura si aprement qu’il est impossible de l’expliquer, & que mesme le plus innocent du monde n’eust peu endurer : en fin luy voulant chauffer les bottes, & au premier coup de coing qu’on luy donna, il cria que l’on le relascha, ce qu’estant fait il confesse qu’il est Sorcier & qu’il à esté souvent au Sabath, qu’il y a veu Pautier : confesse avoir donné & commis plusieurs maux par sa maudite sorcellerie, & en accusa plusieurs de leur caballe, & l’on les remets dans la prison.
Le lendemain l’on procede à l’interrogation de Pautier, lequel estant mené devant Messieurs les Juges ne voulut rien confesser, bien que l’on luy presente devant luy les autres, lesquels luy maintiennent tousiours que c’est luy qui a baillé le mal aux affligez, & qu’il a esté au Sabath avec(4) eux, il nie tousiours : & l’ayant appliqué à la question on la luy donne ordinaire & extraordinaire, mais tant plus on presse plus il crie qu’il est innocent, & qu’il n’a point commis ce dont il est accusé, & l’ayant long-temps tenu sur le banc de la question, voyant que pour le presser & l’interroger l’on ne gaignoit rien, attendu que ce maudit & miserable Sorcier avoit son Demon en luy, lequel pour gaigner son ame luy fermoit la bouche, l’empeschant de confesser son peché.
Pendant qu’on les interrogeoit dans la Chambre du Palais, avant de recevoir la question, l’on fit venir cet enfant & ceste fille pour leur estre presenté devant eux & si tost qu’ils y furent ils furent grandement tourmentez & opressez, faisans des signes & cris effroyables, declarant qu’ils voyoient plusieurs Demons horribles tout autour desdits Sorciers, dont l’un d’iceux fait signe que c’est Pautier qui a baille le mal, ce qu’ils declarent voir en presence de Messieurs les Juges.
Ayant donc Messieurs les Rapporteur du Procez & Mrs les gens du Roy travaillé par divers iours en l’insctruction du procez, & voyant tant de preuvez & si grand nombre de tesmoins & deposants contre eux, il s’en ensuivit Sentence par la Cour Presidiale, par laquelle ils sont condamnez faire amande honnorable, estre pendus & estranglez chacun en une potance, puis estre bruslez, & les cendres au vent : ce qui fut executé le 24 d’Avril, presente année 1630. Sortant du Palais l’on les conduict devant l’Eglise sainct Michel, & illec tenant un gros flambeau ardant en leurs mains, estant de genouïtl, demander pardon tout haut, à Dieu, au Roy, & à la Justice : puis on les meine hors de la Ville, tenans tousiours les flambeaux en leurs mains jusques au supplice, qui fut au lieu appellé le Creux des Arrennes, où il y avoit trois potances dessées, & un grand bucher de bois, pour estre leurs corps hards & bruslez.
Le premier qui fut executé fut Galleton, lequel mourut grandement repentant de ses pechez, confessant qu’il meritoit la mort : maintient que ce qu’il a dit & declaré contient verité, mesme sur l’accusation de Pautier, comme fit aussi Jaffou, lesquels estans tous deux grandement admonestez & exortez de dire la verité, tant par Messieurs les Juges, que par les Reverends Peres Recollets, qui les examinent & interrogent exactement avec si grand zele qu’ils les font porter constans à la mort, & confesser leur malice.
Pendant l’execution de Galleton & de Jaffou, qui dura plus de demie heure, le Reverend Pere Vicaire du Couvent desdits Recollets, & le Pere Benoist exortoient & admonestoient tousiours ce miserbale Pautier de confesser son crime, luy faisant de belles & sainctes remontrances pour tascher de sauver son ame, l’incitant de dire la verité : qu’il y avoit assez de temps pour avoir grace, miserocorde(5), & mettre son ame en repos, laquelle estoit en la voye de damnation s’il mouroit dans son peché : & demeurerent les susdits Peres long temps sur l’eschelle à tousiours l’exhorter, & aussi Messieurs les Juges, qui l’exorterent grandement, mais ce miserable & mal-heureux s’estoit donné au Diable, lequel ne le quitast iamais, luy fermant la bouche, sçachant bien ce seducteur de Sathan que sa confession luy eusse fait perdre sa proye, voyant que l’on ne pouvoit rien tirer de luy. L’executeur de Justice l’ayant long temps tenu sur l’eschelle, & ayant eu signal de le jetter, les Peres estans descendus, L’executeur l’ayant jetté, à peyner fut il estranglé que l’on vid de dessus son espaule droicte, proche de l’aureille, son Demon en forme d’un moucheron de la grosseur d’une nois, qui passant sur la potance en ciflant, trainant une petite queüe apres luy en forme de fumée, ou L’executeur le voyant eust comme frayeur, & cria Jesus Maria, la potance venant à trembler, ce qui fut veu par plus de deux mille personnes, & fut entendu un murmure en l’air en forme d’un tonnerre.
Le petit enfant & la servante qui assisterent tousiours pendant l’execution des Sorciers, lesquels estans proches des potances, declarent qu’ils virent six Diables qui emportoient l’ame de ce pauvre obstiné, lesquels menoyent grand joye pour leur proye conquise. Voila les beaux acquets qu’a fait ce miserable en l’exercice de la Sorecelerie, voila les documents & preceptes du malin esprit qu’il apprend en son Escholle, donc le principal de cet abominable College est Sathan, sçavant veritablement n’ayant rien perdu des dons de nature.
Son A, B, C, & premier document, c’est de renier Dieu, Createur de toutes choses, blasphemer contre les tres-simple & Individuë Trinité, fouler aux pieds tous les misteres de la Redemption, cracher au visage de la Mere de Dieu, & de tous le Saincts.
Le second, abhorrer le nom de Chrestien, renoncer au Cresme, au Baptesme, aux suffrages de l’Eglise, & aux Sacrements.
Tiercement sacrifier au Diable, faire pacte avec luy l’adorer, luy rendre hommage de fidelité, adulterer avec luy, luy vouer ses enfans innocens, & le recognoistre pour son bien facteur.
Quartement, aller aux Sabbats garder les crappaux, faire poudres & graisses venefiques, poisons, paste de milet noir, gresle sorcieses, dancer avec les Demons, battre la gresle, exciter les orages, ravager les champs, perdre les fruicts, faire mourir le bestail, meurtir & martirer son prochain de mille sortes de maladies.
Voila les fruicts plus suaves de ceste bominable Magie & sorcellerie qui à perdu non seulement ses trois pauvres aveuglés & ignorants Paysants & rustiques, mais plusieurs autres tant hommes que femmes qu’ils ont accusez estre de leur caballe, & dont il y en a de prisonnier dans les Conciergeries de Lymoges.
Ces venerables Juges & Magistrats font tous les jours exacte recherche des accusez, desirant faire bonne Justice de ceux qui se trouveront attains & convaincus d’un si grand crime. Comme ont fait Messieurs de la Chambre de l’Edict du Parlement de Bourdeaux, qui se tient de present à Bazas : lesquels en ont fait executer depuis peu quelques uns : où il y en a qui sont d’eminente qualité, & beaucoup de prisonniers & accusez. Nous prions Dieu qu’il veuïlle illuminer ceux qui sont instruits en toutes sortes d’herreurs, Sortileges, Magie, Atheismes, & Heresies : & en reconçant à Sathan & à ses complices : les rendre au giron de nostre Mere saincte Eglise, Catholique Apostolique Romaine. Ainsi soit-il.
Texte anonyme

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