Je n'avais jamais entendu parler de ce monsieur !
Cela dit, je ne suis pas vraiment impressionné par le cas de cet homme... Pour deux raisons.
La première raison : Alexis Didier a vécu à une période (le milieu du XIXème siècle) où la mode du paranormal battait son plein en France. C'était la grande époque de l'essor du spiritisme moderne "kardecien". Des faiseurs de miracles, il y en avait à foison... Alexis Didier n'est qu'un parmi de nombreux autres.
Lilith a écrit:
qui a épaté nombre d'aristocrates, de médecins, d'écrivains (dont Victor Hugo) et autres
Oui, c'est un grand classique de l'époque : la plupart des médiums et tourneurs de guéridon célèbres avaient leur lot de partisans — qui devenaient parfois de véritables fans — parmi les célébrités et personnes de la haute-société.
Tu cites Victor Hugo, qui a eu un parcours assez remarquable : d'abord très dubitatif vis à vis des médiums, il a complètement retourné sa veste suite à une séance de spiritisme où l'esprit de sa fille Léopoldine serait venu lui parler ; il est devenu un farouche partisan du spiritisme, multipliant les séances et les rencontres avec des médiums (durant lesquelles il s'est parfois fait royalement mystifié par des personnes qui s'avérèrent après coup être des escrocs patentés).
Un petit article intéressant sur le sujet :
les tables tournantes de Victor Hugo à Jersey.Lilith a écrit:
Un des points intéressants dans le cas d'Alexis Didier, est le fait qu'il n'a jamais été découvert de supercherie ou d'élément permettant de suspecter une quelconque fraude du somnambule et de son magnétiseur Marcillet. Le célèbre illusionniste Robert Houdin, inventeur de la prestidigitation moderne, ayant soumis Alexis à des tests lors de deux rencontres, a lui-même affirmé par 2 fois au moins, dont une attestation écrite, (il n'est jamais revenu sur ces affirmations), que les prouesses du clairvoyant ne relevaient pas de son art.
Un autre grand classique : les témoins (parfois des hommes de sciences, je ne savais pas que Houdin avait participé à ce genre de chose) qui attestent de l'absence de trucage et de la réalité des dons du médium.
Il s'agissait la plupart du temps de simple déclaration en toute bonne foi des témoins — souvent des admirateurs du médium, donc pas forcément des gens complètement objectifs. Les rares tests étaient réalisés sans vrai protocole (cela ne se faisait pas à l'époque), ce qui n'excluait donc pas les possibilités de tricherie élaborées...
D'ailleurs, des tricheries, il est avéré qu'il y en a eu un grand nombre. Certaines ont été découvertes et dénoncées par des contemporains du XIXème siècle, qui ont réussi à mettre en évidence les trucages et astuces de prestidigitateurs auxquels avaient recourt les médiums.
Ceci contribue à jeter le doute sur l'ensemble des prouesses réalisés par les médiums à cette époque. On sait qu'en raison de l'engouement pour le spiritisme, les gens étaient très crédules et plus enclin à gober des couleuvres.
La seconde raison pour laquelle je suis très méfiant : le travail vient de Bertrand Méheust, membre de l'Institut Métapsychique International, qui est un mouvement très clairement "pro-psy"... même s'ils s'en défendent et affirment étudier le sujet avec neutralité et objectivité. Dans la pratique, on observe assez vite que leur neutralité est très orientée et leur objectivité un peu subjective (surtout quand ils partent ouvertement en campagne contre les mouvements sceptiques
).
Tout rejeter du revers de la main parce que ça vient de l'IMI ne serait pas intellectuellement très honnête. Mais personnellement, avant de me prononcer sur le cas d'Alexis Didier, j'irai éplucher de près le bouquin de Méheust et ses sources... parce que je ne serais pas plus surpris que cela d'y trouver des petites déformations, des raccourcis et des interprétations apocryphes.
Lilith a écrit:
NB : je suis tombée sur une critique de l'ouvrage où l'auteur met en cause la réalité historique du personnage, à travers l'argument fallacieux que tout ce qui nous reste d'Alexis Didier est un corpus de textes. Argument, si on le suit, qui mettrait en péril une part conséquente de nos connaissances historiques en refoulant l'essentiel de ce que constitue le travail des historiens, à savoir l'étude des documents.
[...]
L'argument du critique, malheureusement pour lui, ne tient pas car le corpus de textes existe bel et bien, il n'est pas l'invention de Bertrand Méheust, Alexis Didier a lui-même publié un essai dans lequel il parle de sa pratique.
Je ne comprend pas : cette critique remet-elle en cause (ou non) la réalité du corpus de texte parlant d'Alexis Didier ? Serait-il possible d'avoir un lien menant à cette critique ?
J'ai un doute sur le fait qu'un sceptique aille jusqu'à remettre en question l'existence d'Alexis Didier en tant que personne, tant celui-ci s'inscrit bien dans le contexte de son époque...