Réalisé par Scott Derrickson et sorti en France le 7 novembre 2012.
''Sinister'' : le film qui aurait pu être très bon mais qui est très mauvais.Une bande-annonce
Pour ceux qui ne veulent pas de spoiler : ce film est à <déféquer>, vous pouvez arrêter votre lecture, mais je vous ai prévenu
Pour les autres : vous pouvez continuer.
J’étais attiré par l’affiche, très belle et le fait que le film a été déprogrammé de plus de 40 salles de ciné par peur de débordements. Le film a eu aussi de bonnes critiques.
Pauvre de moi… J’ai été trompé et je pense que les 40 salles en question l’ont fait pour sauvegarder leur honneur.
Ca commençait bien, pourtant, avec une scène qui fait froid dans le dos.
Sur un film de Super 8 avec des craquements et une musique discrète mais qui pose l’ambiance, une famille (les deux parents et deux enfants) est alignée sous un arbre, prête à être pendue, le visage caché sous un sac, mains attachées dans le dos. La branche où est attachée leur corde est reliée en contre-poids à une autre branche qu’une personne cachée dans l’arbre coupe avec une scie. Le contre-poids tombe, la branche avec ses quatre victimes remonte. La famille agonise, visiblement droguée, leurs mouvements sont mous. Et puis ils ne bougent plus, ils sont morts. C’était glaçant, cela promettait un bon film d’horreur.
C’était, hélas, la meilleur scène du film. Celle que je ne voulais pas spoiler.
Ensuite, on découvre les personnages du film : Ellison Oswalt (un écrivain spécialisé en récits de crimes réels) et sa famille s’installent dans une maison. Sa femme est quelque peu en colère contre son époux, qui a forcé sa famille à déménager. On apprend que l’homme n’a plus beaucoup d’inspiration et refuse d’écrire de la fiction, seul le réel l’attire. Ses enfants sont plutôt normaux : un préado un peu rebelle et une charmante petite fille. Deux clichés ambulants.
Viennent très vite deux autres personnages : le shérif local et son adjoint. Le premier est un vieux bourru qui n’aime pas le héros (un de ses livres a fait rouvrir le dossier d’un meurtre et a innocenté l’accusé), le deuxième est un jeune fan de l’écrivain à qui il demande un autographe. Au cours de la discussion, on apprend que la maison où le héros déménage a été le théâtre du crime que l’on a vu en entrée du film et que la police n’a aucune explication. De plus, il y avait un 3e enfant, qui lui a disparu. Des clichés, mais bons.
Le film continue et on découvre qu’il tourne autour d’Ellison, obsédé par son ancienne célébrité, en quête de l’écriture d’un nouveau best-seller. Bien qu’il mette sa famille au second plan, il aime sincèrement sa femme et ses enfants. L’acteur est bon, le personnage aurait pu être bon malgré les clichés mais il est mal écrit.
Dans le grenier, il découvre des bobines de film et une caméra Super 8. Le premier film commence par une scène en plein jour avec une famille heureuse et abruptement passe à la scène vu au début du film. Il y a d’autres films similaires : une famille heureuse et puis la mise a mort de toute la famille sauf un enfant, qui lui n’apparaît pas dans les victimes.
Notre héros ne fait bien sûr pas confiance a la police et commence l’enquête tout seul. On suit son enquête, entrecoupée de scènes où il se dispute avec sa femme ou d’autres liées aux terreurs nocturnes du grand fils. Ces scène destinées à nous faire peur mettent en avant les deux gros défauts du film, qui retirent toute l’horreur et font basculer les chose dans le grand-guignol le plus total.
Sur utilisation de scènes dans l’ombre et le noir, le héros ne sait pas allumer un interrupteur et en plus les pièces sont affreusement mal éclairées. Comme une bonne partie du film se passe en intérieur, on a droit à des scènes nocturnes qui en fait se passent en plein jour et à de longues minutes dans le noir complet où ont se pète les yeux à comprendre ce qui se passe.
L’autre problème est la musique, elle n’est pas mauvaise mais le mec chargé du son l'a mise trop forte et nous vrille les tympans. De plus elle vient trop vite.
Résultat : ces deux élément mis ensemble nous préviennent des scènes censée faire peur et tout ce dont on se rend compte, c’est que les scènes sensées faire peur sont d’un grand-guignol appuyé.
Le reste du film est assez pitoyable. On sort très peu de la maison. Les enfants ont un comportement étrange et apprennent vite qu’il a eu des meurtres dans la maison ou ils vivent.
Les indices sur le mode opératoire du « monstre » sont très vite découverts : il tue une famille dans une première maison, sauf un enfant qui lui est porté disparu, plus tard dans cette maison une famille s’installe puis déménage, emportant la créature avec eux qui les tue et attend les habitants suivants, et à chaque fois un enfant de la famille n’est pas retrouvé…
C’est évident dès le début de l’histoire, le héros est censé être un super détective mais il lui faudra un coup de téléphone de la part du jeune adjoint à la toute fin du film qui lui explique par A+B ce qu’il avais devant les yeux. Bien sûr, à ce moment-là il a déjà fuit avec sa famille cette maison maudite…
L’enquête est molle. Elle se résume au visionnage des meurtres, à l’accumulation de détails sordides pour faire peur, à la découverte de la tête du monstre caché dans un coin, monstre dont je parlerais plus tard. A l’aide de l’adjoint (qui ne pense pas à prévenir sa hiérarchie qu’un mec garde pour lui des élément très important sur divers affaires non résolues, bravo le professionnalisme) et deux interventions d’un spécialiste en ésotérisme qui explique la quasi-totalité du mystère, j’y reviendrai bientôt.
Elle est entrecoupée de scènes qui sont censées faire peur, toutes dans ce noir à la con qui ne fait plus peur. Ca commence par les crises de terreur nocturne du fils, puis par la découverte de dessins d’enfants décrivant les meurtres avec l’ajout d’un autre personnage nommé « monsieur Boogie » (« Boogieman » est le nom anglais de ce que l'on appelle un croquemitaine), le fait que ses enfants commencent eux-mêmes faire des dessins en rapport à la pendaison. Ensuite, les enfants disparus qui se promènent dans la maison sous forme de fantômes, toujours dans le dos du héros et dans le noir. Le monstre apparaît dans toute sa gloire nanarde et, pour finir, le héros découvre que sa fille a vu les films et décide de déménager en catastrophe. Sans envoyer en thérapie la gamine qui a vu un ou plusieurs films de meurtres horribles.
Le monstre. J’ai décidé de lui faire un paragraphe à lui tant il est nanar.
En clair, c’est un dieu babylonien nommé Bagul, dévoreur d’enfants. Il agit en possédant un gosse via les images, l’enfant drogue puis tue sa famille avant d’entrer dans son royaume.
Rien n’explique comment, à un moment, des gamins arrivent à déplacer plusieurs adultes et à mettre en place les mises à mort bien au-delà de leur force.
Bagul est visiblement pompé sur Slenderman : il aime se planquer dans le fond du décor, il porte un costard et il est très pale. Pour le différencier, il a des cheveux long, un nez et des yeux.
Le résultat final fait fortement penser à une fusion entre Michael Jackson à la fin de sa vie et au réalisateur, acteur, auteur et producteur nanar
Tommy Wiseau. Il est laid mais il fait rire.
Le film se termine après le déménagement du père qui, après avoir détruit les films, a décidé d’oublier cette affaire et de se réinstaller dans sa maison d’origine. En négligeant ce que l’on avait compris dès le début du film. Je rappelle que ce mec est censé être un très bon enquêteur. Une fois chez lui il reçoit deux appels : l’adjoint et le spécialiste d’ésotérisme, qui lui expliquent ce qui nous crève les yeux. Pour rajouter une couche, il découvre chez lui d’autres films en Super 8, où on voit les enfant sous l’emprise de Bagul apparaître après les meurtres, mettre le doigt devant leur bouche pour faire chut et disparaître.
Notre écrivain empoisonné tombe dans les pommes et se réveille attaché par sa fille qui le découpe, lui et sa famille, avec une hache bien trop grande pour une gamine de cette taille. Après avoir dessiné les symboles et le visage de Bagul avec le sang de sa famille (il fallait bien justifier l’affiche), elle dessine son meurtre sur une feuille et part dans les bras de Bagul.
C’est censé être horrible mais en fait c’est tellement cliché que l’on pourrait en faire une expo photos (de mauvais goût).
Au final, un bon acteur dans un rôle mal écrit, tellement de scènes de noir que le chef éclairagiste a dû en devenir fou, on a mal aux yeux et aux oreilles et on a complètement oublié l’horreur dérangeante de la scène d’intro. On dormira mal non a cause de la peur du noir ou de l’horreur du film mais parce qu'on a réalisé que le film est une accumulation de bonnes idées mal exploitée et gâchée par un Slenderman du pauvre.
Merci a Psycopompos pour sont aide. J’espère que cette critique de mauvais film d'horreur vous a fait rire.