Metronomia a écrit:
N'ayant pas assisté au tout en live, n'ayant pas vu la vidéo avec Peggy Sastre et n'ayant en plus que de très piètres connaissances sur les sujets abordés, il reste difficile de m'en faire une idée précise.
Il s'agit de cette vidéo-ci :
https://www.youtube.com/watch?v=S3DzWMrexcoJ'ai toujours eu beaucoup de méfiance vis-à-vis de la psychologie évolutionniste, dans la mesure où cette discipline :
- prétend décrypter le comportement humain à l'aune de son évolution depuis l'époque préhistorique,
- et met l'accent sur les causes biologiques du comportement humain en négligeant les causes culturelles et sociologiques...
... or, et c'est bien là le problème, l'homme est une créature dont l'identité au moins autant façonnée par sa culture que par ses hormones, et on ne sait que très peu de choses des premiers hommes et de leur organisation sociale.
On peut parfois aboutir à des choses intéressantes. Mais trop souvent, la psychologie évolutionniste en reste à des hypothèses
ad hoc destinées à expliquer de façon plus ou moins rationnelle tel ou tel trait comportemental... Hypothèses qui sont ensuite présentées comme des vérités par les partisans de la discipline (alors qu'il n'y a absolument aucun moyen expérimental de vérifier leur réalité, à moins de s'acheter une machine à voyager dans le temps ou de faire des expérimentations sur des bébés coupés de toute influence sociale). On évolue à la limite de la pseudo-science.
Lorsque je la lis, Peggy Sastre m'évoque le pire de ce qui peut potentiellement ressortir de la psychologie évolutionniste ; une sorte de vulgarisation faite par une personne n'ayant aucune connaissance en biologie ou en sociologie, et très fortement orientée par ses propres convictions sur la nature de l'être humain et les relations homme/femme.
Metronomia a écrit:
Par exemple, j'ai vu que beaucoup de lecteurs de CrêpeGeorgette critiquaient le fait qu'Acermendax ne maitrisait manifestement pas la définition de l'essentialisme. Ne la maitrisant pas moi-même, je réalise encore un peu plus le gros manque de culture qui est le mien et trancher ce débat est impossible
Pour résumer (très) grossièrement : l'essentialisme postule que les hommes sont forts et violents et les femmes douces et effacées
par nature, parce que c'est dans leur essence intrinsèque (pour des raisons biologiques : hormones, câblage des neurones, etc).
La plupart des courants féminismes sont anti-essentialistes : si hommes et femmes présentent ces comportements, ce n'est pas tant à cause de leur nature biologique intrinsèque que parce qu'il y a un système (culturel, social...) qui les pousse à les adopter de façon plus ou moins consciente et ce dès leur enfance. C'est la théorie du genre, que tout le monde connaît bien dans la mesure où l'extrême droite s'en est emparée pour en faire LA menace planant sur notre société (avec le Grand Remplacement™).
En revanche, d'un point de vue sociologique, tout homme est un oppresseur en puissance, même s'il s'en est conscient et qu'il s'en défend. Le système patriarcal étant conçu pour avantager les hommes, le simple fait d'être un mec suffit malheureusement à gagner plus que ses collègues féminines, à grimper plus facilement dans la hiérarchie sociale et à obtenir certains types de postes à pouvoir, etc.
C'est ce dernier point que Mendax semble avoir pris pour de l'essentialisme, alors qu'il n'en est pas. Là encore : les hommes ne sont pas intrinsèquement, biologiquement, des oppresseurs violents ; c'est le système dans lequel ils sont plongés (et qui fait tourner l'intégralité de la société) qui les mets dans cette position, qu'ils le veuillent ou non.
Metronomia a écrit:
Il faut d'ailleurs, à ce sujet, que j'aille lire également l'article de la TeB sur les SJW. Il semble qu'il ait fait bondir beaucoup de militants féministes. Si ta copine ou toi l'avez lu, je suis preneuse des retours. Et si vous ne l'avez pas fait, je vous conseille d'y jeter un oeil pour voir s'il ne s'agit "que" de gâchis ou si les divergences sont plus fondamentales.
J'y jette un oeil et je reviens pour dire ce que j'en ai pensé.
Blad a écrit:
De toute manière, je pense que la zététique ne peut pas parler de sciences sociales actuelles [...] (je me souviens d'une volée de bois vert que je me suis pris en demandant les sources d'un chiffre sur le nombre de viol en France... On m'a dit que j'étais trop froid et que je pensais pas aux victimes... bref pour moi, je ne débats même plus là dessus).
C'est un problème récurrent sur les réseaux sociaux, avec à peu près tous les sujets socio-politiques "à la mode" : féminisme, anti-racisme, anti-colonialisme, anti-spécisme (le pire étant à mon avis les luttes intersectionnelles : afro-féminisme, ou féminisme anti-spéciste).
On se retrouve face à des militants convaincus qui ne prennent pas ou peu de recul vis à vis de leur grille de lecture du monde, et qui sont convaincus d'avoir une mission d'évangélisation à accomplir auprès des masses. En outre, les choses se compliquent encore dans la mesure où certains de ces militants ont eux-même réellement souffert de vexations, de discriminations ou d'oppressions sexistes/racistes, et ils évoluent beaucoup dans le registre de l'affect.
Il est de fait difficile d'aborder sereinement ces sujets de façon rationnelle et objective. Le moindre mot de trop ou la moindre remise en question va immanquablement titiller des susceptibilités.
Blad a écrit:
Maintenant, autre défaut de twitter, c'est assez facile de charger et d'afficher quelqu'un en disant "tu lis pas les sources". Pour caricaturer, si je m'embrouille avec des Reopen911 et qu'ils m'envoient moult liens, bin je dirai que j'ai autre chose à faire, et on pourrait me dire que je ne consulte pas leurs arguments.
Pour le coup, je suis reparti dans les fils de discussion sur Twitter et je suis forcé de reconnaître que Mendax n'a pas eu un comportement correct :
- dire à une des blogueuses féministes francophones la plus influente et la plus sérieuse d'arrêter de débattre sur Twitter et de faire un blog pour expliquer ses propos plus en détail ;
- puis disqualifier ledit blog parce qu'il n'est pas assez scientifique (alors qu'il renvoie pourtant vers des articles et études sérieuses) ;
- puis disqualifier un livre d'une sociologue française sur la base de la seule lecture de la 4ème de couverture ; considérer l'ouvrage comme n'étant pas assez scientifique (alors qu'il émane quand même d'une chercheuse au CNRS...), et demander à avoir une vraie référence scientifique parce que c'est « gratuit, plus court et plus fiable » (sic).
Ça, plus d'autres petites choses : non, je suis désolé, mais ils ont merdouillé sur ce coup-là.