Trouvé dans l'Union. A Epernay, une femme a assassiné son enfant de 8 ans. D'après elle, il était l'Antéchrist. Plus de détails dans l'article ci-dessous.
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Meurtre du petit Axel / « C'est le diable dont j'ai accouché »
ÉPERNAY (Marne). La femme qui a poignardé puis étouffé son fils lundi soir est en proie à des troubles majeurs de la personnalité. Elle répète en boucle que l'Antéchrist avait pris possession de son fils et qu'elle a voulu le délivrer pour qu'il entre au paradis. Un récit hallucinant.
CE lundi aux environs de 18 h 30, le sapeur-pompier de permanence au standard de la caserne d'Epernay écoute avec stupéfaction les propos décousus et emprunts de mysticisme, que déverse d'une voix blanche et de manière quasi mécanique la femme qui se trouve à l'autre bout du combiné. Des propos incohérents et alarmants qui font craindre le pire. Le pompier est convaincu qu'un drame terrible vient de se jouer à l'adresse de l'appel. Alors, très vite, un véhicule de secours fonce au n°1 de la rue de Monthléry. C'est là, dans un des appartements de cette maison à la façade en ciment crépi et aux ouvertures encadrées de briques, qu'une vision d'horreur s'offre à la vue des pompiers. Ils secourent la mère qui a donné l'alerte quelques minutes plus tôt. Mélinda, 34 ans, a le corps ensanglanté. Elle est lardée de coups de couteau au thorax.
« L'Antéchrist voulait rentrer au paradis »
Mais elle n'est pas seule à avoir essuyé des coups de couteau, comme le redoutaient les pompiers en écoutant Mélinda au téléphone. En pénétrant dans la chambre d'enfant, les secouristes découvrent le corps d'un jeune garçon. Axel, 8 ans, gît sur le lit, un petit couteau et un oreiller maculé de sang à ses côtés. Tandis que Mélinda est conduite en urgence à l'hôpital d'Epernay, les policiers de la brigade criminelle de la ville gèlent la scène de crime pour relever le moindre indice qui permettra de reconstituer le fil de la tragédie. Comme le confirmera l'autopsie dans un second temps, le petit Axel a été victime d'une effroyable agression dont sa mère est suspectée.
Les constatations médico-légales indiquent que l'agression s'est déroulée en deux temps. Deux actions rapprochées qui ont conduit à la mort du petit garçon. D'abord, sa mère aurait plongé à plusieurs reprises la lame du petit couteau dans sa direction pour l'atteindre à la poitrine et au cou, comme l'attestent la quinzaine de plaies relevées. Mais l'enfant, bien qu'affaibli par cette brusque agression, ne rend pas son dernier souffle. Alors, Mélinda aurait appliqué un oreiller sur son visage pour couper sa respiration. La mort par asphyxie : c'est ce que conclut le légiste en attendant le résultat d'analyses complémentaires.
« Mon fils est mort depuis la naissance »
Mais c'est aussi la version que donne la propre mère de l'enfant à ceux qui l'ont successivement prise en charge depuis maintenant 48 heures. Car aux pompiers comme aux médecins, au personnel soignant, mais aussi aux policiers qui la croisent, elle livre en boucle le même scénario délirant. Celui d'une mère qui tue son fils pour éliminer le diable et, en quelque sorte, exorciser le mal qui a pris possession de son corps.
Selon elle, le drame s'est noué après la sortie des cours. Axel serait rentré comme d'habitude de l'école primaire tandis qu'elle lui préparait son goûter. C'est à son retour qu'elle aurait été prise d'une bouffée délirante, si l'on en juge par ses propos hallucinants qui placent son fils dans la peau du diable. « Il est rentré et il a dit qu'il allait tuer tout le monde », raconte Mélinda. Elle semble alors persuadée qu'elle s'adresse à « l'Antéchrist », comme elle le nomme. « Il m'a regardée et il m'a dit qu'il voulait rentrer au paradis. Il fallait qu'il parte en martyre pour être pardonné. »
En proie à des troubles majeurs de la personnalité, Mélinda semble alors incapable de revenir à la raison comme si elle était submergée par les effrayantes hallucinations qui paraissent la ronger. Celle qui se dit « dans un état second » explique avec une froideur toute clinique qu'elle l'a « tué à coups de couteau puis étouffé avec un oreiller pour qu'il meure plus vite ». La mère de famille a-t-elle été en proie à une bouffée délirante subite, ou était-elle ancrée aux confins d'une psychose plus ancienne ? C'est ce que d'autres paroles lâchées par la jeune femme portent à croire. « L'Antéchrist m'a dit que mon fils est mort depuis la naissance. Il est mort dans mon ventre… C'est le diable dont j'ai accouché. »
Ce discours, à la fois construit et délirant, peut-il révéler une personnalité ancrée dans une psychose profonde qui renvoie au délire paranoïaque ? Plus généralement, de quels troubles de la personnalité pourrait souffrir Mélinda ? Dans quelle proportion son discernement pourrait-il s'en être trouvé altéré au moment des faits ? Ce sont les questions auxquelles un collège d'experts psychiatres désigné par un juge d'instruction devra tenter de répondre, sitôt que le parquet aura ouvert une information judiciaire pour homicide volontaire sur mineur de 15 ans par ascendant.
En attendant, les policiers tentent d'apporter des réponses à d'autres questions. Mélinda avait-elle un passé psychiatrique ? Avait-elle déjà manifesté des troubles de la personnalité ? Quelles étaient ses relations avec le petit Axel avant le drame ? Pouvait-on prévenir le terrible huis clos auquel une mère et son enfant étaient ici confrontés ? L'audition des voisins, des proches de Mélinda - mais aussi de cet enfant scolarisé en école primaire et de cette famille monoparentale que des services sociaux avaient prise en charge - pourrait éclairer l'enquête. À condition que le binôme n'ait pas été par trop esseulé.