Ah, vraiment merci, car tout ça est éclairant et instructif, je trouve!
D'abord, c'est amusant, mais j'avais imaginé que tu avais toujours été plus ou moins politisé et me demandais d'ailleurs d'où ça te venait. Voilà donc ma curiosité satisfaite. J'ignorais que cela t'était venu il y a 8 ans "seulement" (si je puis dire, on se comprend). Ce n'est d'ailleurs pas étonnant que j'aie pu imaginer ça, car j'ai moi même commencé à plus politiser mes points de vue à la même époque (qui correspond au moment où je suis arrivée dans le labo de socio). Du coup, nous avons eu un chemin à peu près similaire et synchrone, ce qui fait que je n'ai pas vu le tournant te concernant (et d'ailleurs, je crois qu'il y a 8 ans, je ne devais même pas être inscrite sur PFRN ou alors tout juste).
Ensuite, je note que l'élément qui semble déterminant pour toi, lors de tes lectures, est celui des sources. Il est évident que tu as raison. Je t'avoue qu'à mon niveau, je suis une grande feignante (oui, je sais, ce n'est pas un argument... mais c'est une réalité), et aller m'assurer
systématiquement que
tout ce que je lis est parfaitement documenté m'apparaît parfois comme une montagne à soulever.
Mais c'est évident que c'est ce qu'il conviendrait de faire (après, là encore, on peut nuancer un peu par le fait qu'une source reste une source, qu'elle peut être elle-même sujette à caution car issue d'un regard spécifique sur une problématique. Mais c'est évident que de "grands indicateurs" assez fiables peuvent tout de même émerger relativement clairement aussi).
Ton message, très clair, me permet par ailleurs de mettre le doigt encore plus précisément sur ce que je tente de dire, avec beaucoup de maladresse sûrement, depuis un petit moment.
Tu dis:
Citer:
Avant de les lire, j'avais tendance à être un peu comme les zététiciens de la TeB (
) et à facilement rejeter tout ce qui était ouvertement politique comme non-neutre et subjectif
C'est à ce genre de regard auquel je pensais quand je parlais plus haut de "façon de voir les choses" et de visions du "monde qui pouvaient se confronter".
J'ai dû déjà le dire dans des termes plus ou moins proches, mais ce qui suscite mon malaise semble définitivement être la dépolitisation que peut engendrer une perception qui serait trop rationaliste. Car à trop rationaliser, on peut en arriver à fermer pleins d'horizons (politiques, donc).
Le hasard veut que j'aie commencé à écouter d'une oreille distraite hier soir la dernière interview de Thinkerview et que l'invité dise justement avec beaucoup de limpidité ce que j'énonce ci-dessus:
https://youtu.be/1wF5FMUtHDM?t=2951(Je t'ai calé la vidéo pile au bon endroit).
D'où le fait que j'aie du mal à concilier les explications biologiques avec mon parti pris politique et à articuler les deux. Ça ferme trop - à mon goût - le champ des possibles et les solutions politiques à envisager. Et ça peut contribuer à perpétuer une sorte d'état du monde et d'ordre que j'aimerais pourtant voir plus souvent remis en cause. J'imagine qu'il doit bien y avoir une voie intermédiaire à emprunter, qui elle celle que Cortex et toi semblez parvenir à adopter. Mais, chez moi, les réflexions sur ces questions étant encore assez récentes, la frontière n'est pas encore bien évidente à poser.
Et sinon, en conclusion, je retiens le filon: conseiller à toutes celles et ceux que j'estimerais par trop rationalistes de lire du Chomsky.
Edit: dans la continuité de ce sujet, on vient de me remettre entre les mains le livre
Militer au nom de la science dont je vous avais parlé. Voici sa 4e de couv, je pense que ça peut vous intéresser: