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Je ne vois pas ce qui empêche n'importe qui, indépendamment de son genre et de son origine sociale/ethnique, d'utiliser les outils de la zététique et de se revendiquer de la démarche ; le seul pré-requis est adhérer à une vision du monde basée sur la rationalité et la logique.
Nous sommes d'accord dans l'absolu. Et justement, les raisons sociologiques que tu avances plus haut me semblent être un début de réponse à ce qui entraine la sous-représentation des femmes dans la zététique (tout comme dans les sciences dures, même si - je crois - ça a tendance à être de moins en moins vrai avec le temps).
Ajoute à cela les trucs
inconscients, justement. (Le fait - par exemple - qu'une femme, dans une réunion/un groupe/une assemblée, prend souvent moins facilement la parole et sera donc plus logiquement "invisibilisée" ; le fait aussi qu'une femme se fera généralement plus facilement interrompre ou couper la parole au cours d'un débat, etc.): on aboutit le plus souvent à des femmes qui s'excluent d'elles-mêmes, car ne trouvant pas leur place. Si on ne diffuse pas ce genre d'infos, on reproduit
tous malgré nous des schémas de domination qui sont presqu'invisibles si on n'y prête pas attention. Pas de raison que la communauté sceptique échappe à cette règle/ces observations, au même titre que n'importe quel autre groupe. Pour résumer: bien sûr que non, la zététique n'est pas mysogine par nature. En revanche, si certains sceptiques refusent de prendre en compte ce que disent les sciences sociales sur le sujet, alors oui, ça devient ouvertement de la mysogynie (car on ne peut plus dire "qu'on ne savait pas"). Or, tout pendant que les sciences sociales auront mauvaise presse auprès d'une certaine frange du sceptisissisme (je vise ici les plus scientistes/positivistes), on courra aux devants de ce genre de problèmes.
Il me semble qu'il y a un autre point de crispation assez évident entre les zététiciens/sceptiques/ratinalistes et "les autres" . Je vais le dire avec mes mots, et ce ne sera probablement pas très carré, mais c'est une impression/intuition que j'ai à la lecture de pas mal de débats à droite à gauche. Il s'agit de la place qui est attribuée à l'
expérience, justement.
J'ai l'impression que les zététiciens les plus scientistes auront globalement tendance à sous-estimer (voir anéantir complètement) l'importance de l'expérience des individus (qu'ils qualifieront généralement de "profanes" - comprendre ici "non-scientifiques" - et qu'ils réduiront au rang "d'individus biaisés de partout"), décrédibilisant ainsi le moindre témoignage ou ressenti qui sera rapporté. Or, des tas d'études en sciences sociales montrent l'importance de l'apprentissage par l'expérience. Pour citer un exemple connu, on a vu par exemple avec le SIDA à quel point les malades ont fini par acquérir des connaissances aussi solides que le corps médical sur les traitements liés à la maladie. Parce que les malades étaient ceux qui vivaient les choses et ressentaient les symptômes, ils étaient à même de dire si un traitement était - ou non - plus délétaire que la maladie elle-même. Et puis aussi, les malades - eux - n'avaient aucun intérêt financier ou professionnel à croire en une pilule plutôt qu'une autre. Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvé avec la généralisation de nouveaux traitements moins agressifs et plus efficaces, grâce à des mecs comme Ron Woodroof notamment (pour ne citer que lui, parce que son exemple est connu du fait que son histoire ait été portée à l'écran par le film
Dallas Buyer's Club).
Bref, je suppose que je prêche des convertis mais c'était surtout pour tenter d'exposer simplement ce qui entraine parfois - de mon point de vue - tant de tensions entre les uns et les autres.