Je fais remonter ce topic, non pas pour parler de zététique (enfin pas directement en tout cas), mais parce que je ne savais pas trop où poster ce qui suit.
Je suis tombée hier sur une interview de Maurice Mimoun, chirurgien à l'hôpital Saint-Louis de son état, et qui parle du scandale des prothèses mammaires texturées.
En quelques mots, pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi la chose: ces dernières années, les labos ont fait un énorme travail de lobbying sur les prothèses mammaires texturées (qui s'opposent aux prothèses mammaires dites "lisses") à tel point que (et ce n'est tout de même pas rien) la Sécu a même fini par ne plus rembourser les prothèses lisses mais seulement les autres. Sauf que le temps passant, on s'est aperçu que les prothèses texturées étaient en fait à l'origine (dans de rares cas, certes, mais ce sont toujours des cas de trop) d'un cancer rare appelé le lymphome anaplasique à grandes cellules.
Je vous passe les détails mais l'ANSM a fini par s'en mêler et cela a abouti en 2019 à l'interdiction pure et simple de certains modèles (pas tous) de prothèses texturées. Et l'HAS a logiquement, suite à cela, rédigé de nouvelles recommandations concernant les implants mammaires.
Tout cela pour dire qu'on parle souvent du lobby du tabac (normal: c'est un cas d'école et il y a des centaines de millier d'archives sur la question: une vraie manne pour les checheuses/chercheurs qui s'intéressent à cela), mais que le cas des prothèses mammaires montre bien que l'histoire a tendance à se répéter (ce que l'on a vu aussi avec le Mediator, du reste).
L'interview en elle-même n'est probablement pas un modèle de rigueur, et on voit bien que c'est aussi (surtout) l'occasion pour Mimoun de s'offrir une belle page de pub, mais je la trouve intéressante en ce qu'elle décrit très bien les processus à l'oeuvre: décisions qui ne se basent sur aucune réalité scientifique mais seulement sur un mensonge répété tant de fois que plus personne ne pense à aller vérifier la source, cercle vicieux qui s'enclenche puisque les prothèses texturées ayant le vent en poupe, ce sont elles que les labos se sont mis à produire en écrasante majorité, émergence d'études qui commençaient à montrer la dangerosité desdites prothèses mais, pendant un temps, absence de réaction du corps médical pour lequel il devenait trop coûteux d'admettre qu'il s'était trompé pendant toutes ces années, etc.
Mais assez parlé. Voici l'interview en question:
https://sante.lefigaro.fr/article/mauri ... cun-sens-/Puisse-t-elle nous aider à nous rappeler qu'il convient de toujours rester vigilant sur les questions de lobbying et de santé.