Metronomia a écrit:
Note que je trouve nos interprétations plutôt "charitables" en un sens, car nous sous-entendons tous les deux que, dans les deux cas, ce ne serait pas fait sciemment [...] Mais on pourrait aussi imaginer qu'il s'agisse là d'une posture tout à fait consciente et cynique.
C'est possible, mais comme l'a dit Cortex, la rasoir d'Hanlon va plutôt faire pencher pour la première solution.
C'est le même problème qui se pose dans les grands médias mainstream, manifestement tous très orientés dans leur traitement de l'information et de l'actualité. Il est facile de verser dans la théorie du complot et de s'imaginer que les
« médias mangent dans la main de leur maître » (comme disent certains) : les médias recevraient directement les ordres de leurs actionnaires majoritaires, eux-mêmes souvent des grands capitaines d'industrie, créant ainsi des armées de journalistes au garde-à-vous et prêts à servir les intérêts des puissants.
Dans la pratique, il a été montré (notamment par Chomsky dans
La Fabrique du Consentement) qu'il existe un certain nombre de « filtres » dans les médias (choix des sources d'information, auto-censure, proximité sociologique, etc) qui vont influencer la production de l'information. Il n'est pas nécessaire d'imaginer des manipulations directes et concertées de la part de Niels, Bolloré et cie (manipulations qui peuvent cependant exister, ne soyons pas naïfs) pour expliquer la partialité des médias : journalistes et rédacteurs en chef se débrouillent très bien tous seuls.
Je pense que le problème est du même ordre dans le milieu de la zététique.
Cortex a écrit:
Si un sujet qui devrait faire partie de l'enseignement fondamental dès l'entrée à la fac n'est réellement abordé que de manière optionnelle dans un cursus de sciences humaines, je n'ose imaginé l'indigence de l'enseignement épistémologique dans une formation de sciences de la nature - dont est (et a, en fait, toujours été) issue la majorité des zététiciens.
Je ne peux — hélas — que le confirmer. Je connais des scientifiques de tous les types (mathématiciens, physiciens, astrochimistes, biologistes), d'un peu tous les horizons (faculté ou grandes écoles de type Polytechnique ou Normal Sup) : l'enseignement de l'épistémologie est complètement absent de la majorité des cursus.
On s'imagine probablement qu'un étudiant qui peut résoudre une intégrale multiple sait d'instinct comment « faire de la science », ou sinon qu'il a apprendra cela sur le tas en travaillant dans la recherche (ce qui se passe en fait assez rarement). On aboutit
in fine à des chercheurs qui n'ont qu'une très vague idée de la façon dont la méthode scientifique fonctionne, mais qui adoptent malgré tout une posture d'autorité scientifique (j'aurais bien quelques noms en tête...
).
Metronomia a écrit:
Tandis que Laélia Véron s'indigne de l'intervention de Laurent Alexandre à Polytechnique, Royaux semble ne pas vraiment voir le problème et explique - suite au tweet d'une certaine Ariane (de l'AFIS) - qu'il va dans le sens de cette dernière, qu'il est surpris par "cette accusation" de la part de Laélia Véron mais (consent-il tout de même) "qui ne serait pas rien"...
Je pense que Royaux a réagi au fait que Laélia Véron critique l'emploi par Laurent Alexandre des termes "dieux" / "inutiles", alors que ce dernier cite apparemment les thèses de Yuval Harari.
Mais pinailler sur ce détail me semble assez peu intéressant, car au delà de ça, il y a bien un véritable mépris de classe chez ce monsieur. Ce n'est d'ailleurs pas au sens strict du mépris bien crasse et assumé comme certains éditorialistes peuvent parfois en faire la démonstration (
« les gilets jaunes sont des crétins congénitaux extrémistes qu'ils convient de mater en leur envoyant l'armée »), on se rapproche plus d'une forme de paternalisme.
Résumer la question des gilets jaunes à des idiots ou des gens moins gâtés du point de vue cognitif, qui se retrouveraient déclassés parce qu'ils se prennent de plein fouet le développement de « l'économie de la connaissance » (sachant qu'il est bien connu qu'une personne intelligente va
nécessairement faire des études prestigieuses et accéder à bon emploi bien payé
), c'est passer complètement à côté de la réalité sociologique d'une part, et de la dimension politique du mouvement d'autre part.
Mais c'est une très bonne illustration de ce que Cortex expliquait tout à l'heure...
Metronomia a écrit:
Edit: Croyez-le ou non, suite à des tweets de ma part à ce sujet (qui étaient - je le jure - argumentés et très polis), mon compte Twitter vient d'être bloqué et le réseau social m'oblige à donner mon numéro de téléphone pour être débloquée, ce que je refuse de faire. Comment faire? Une idée? Mon compte a-t-il pu être signalé? Quelqu'un a-t-il déjà été confronté à cela? Je ne peux même pas contacter Twitter, tous les accès m'étant refusés.
Possible que ton compte ait été signalé, oui.
Je ne suis pas moi-même sur Twitter, mais j'ai en revanche un bon réseau de gens qui y sont très actifs et en connaissent bien les rouages. Si ton problème n'est pas résolu d'ici 24h (d'ici la fin du week-end, quoi), je peux leur en parler si tu veux !