Cortex a écrit:
L'hypothèse du saturnisme est de plus en plus contestée, soit. On sait aujourd'hui que les membres d'équipage ont eu largement l'occasion d'être exposés au plomb avant 1845.
Le lien que je donne ci-dessus explique que le saturnisme ne peut pas en effet expliquer TOUS les décès : les 3 marins décédés durant l'hiver 1845/46 et dont les corps momifiés ont été retrouvés sur l'île Beechey présentent une concentration de plomb équivalente à celle du squelette ramené à Traflagar Square, qui lui serait plutôt celui d'un homme décédé en 1848 soit peu après l'abandon des navires*.
Mais inversement, sur 2 ou 3 autres corps de marins morts pendant la grande marche de 1848, on retrouve des concentrations de plomb extrêmement élevées trahissant bel et bien une intoxication chronique au plomb, et surtout à un niveau tel qu'il y avait forcément des répercussions sur la santé desdits marins.
Dur d'expliquer cette différence...
* Que l'on pense être d'ailleurs les restes de Harry Goodsir, l'assistant-chirurgien du HMS Erebus. Cela parlera aux fans de la série !
Cortex a écrit:
Pour autant, le taux de mortalité semble déjà anormal, avec pas loin d'une trentaine de décès au printemps 1848, alors qu'à ce stade ils ont encore des vivres*.
Plus étrange encore... Les gribouillis laissés par les capitaines Fitzjames et Crozier sur la note du cairn de l'île du Roi Guillaume (qui constitue l'unique trace écrite qui nous soit parvenue de l'équipage, avec le carnet de note du marin Harry Peglar) nous renseignent qu'en avril 1848, il y a déjà eu 24 décès sur les 129 membres de l'expédition : 9 officier (dont John Franklin) et 15 hommes. Le taux de perte en officiers est énorme, vu l'époque et les circonstances, sachant que ces derniers sont en général nettement moins exposés que les simples marins de base.
Cortex a écrit:
*Du reste, il y en avait encore sur les navires abandonnés lorsque les Inuits les ont abordés.
La série
The Terror avance que certains marins ont fini par réaliser que les conserves étaient empoisonnées ; tandis que d'autres, par fatigue, désespoir ou folie, ont peu à peu cessés de s'alimenter avec les boites.
DragoMath a écrit:
Pour garder les navires ? Parce qu'ils étaient déjà trop faibles quand les autres sont partis ? Parce qu'ils ne voyaient pas l'intérêt ? Parce qu'ils étaient mourants ou morts ?
[...]
Premier groupe trop faible, plus envie d'avancer, deuxième groupe a réussi à pousser pour voir s'ils pouvaient s'en sortir ?
Là encore, la série prend en compte ces différents éléments et essaye d'y apporter une réponse :
- certains marins restent sur l'HMS Terror pour prendre soin du navire (l'HMS Erebus lui est déjà sur le point d'être écrasé par la glace), voire pour le faire repartir et le rapatrier au comptoir le plus proche dans le cas où un éventuel dégel aurait lieu la bonne saison. Les marins réalisent bien qu'ils s'engagent dans quelque chose qui pourrait s'avérer être au final une vaste mission suicide pour eux tous.
- le groupe de marins ayant abandonné les navires au printemps 1848 va se fractionner : un groupe de mutins veut revenir au HMS Terror et/ou tracer le plus vite possible vers le Sud où ils espèrent pouvoir survivre en chassant du gibier (ils hésitent à plusieurs reprises). Le gros de la troupe reste fidèle aux ordres des officiers et continue sa pénible route vers l'embouchure de la rivière Back ; les personnes trop faibles ou malades sont abandonnées dans les campements, avec un stock de boîtes de conserves, dans l'espoir qu'une aide pourra être trouvée et qu'il sera possible de revenir en arrière pour sauver ceux qui auront survécu.