Pochel a écrit:
Pas sûr... les textes sont lisibles, mais entre l'écriture et la prononciation, il y a un monde. Et quand on songe à quel point il peut être difficile de comprendre, entre la prononciation d'époque et les mots employés, certains dialogues d'Audiard (alors que les lire, ça va tout seul)
Et l'exemple d'Audiard que tu cites apporte complètement de l'eau à mon moulin puisqu'il s'agit d'un français très populaire, pour ne pas dire argotique, qui s'est forgé à partir des apports linguistiques des différentes vagues de migration vers Paris.
Même si de nos jours, le français moderne est supposé être parlé partout sur le territoire, mais il m'est arrivé de tomber en Bretagne gallaise ou en Franche-Comté sur des personnes âgées qui parlaient un français complètement incompréhensible.
Plus on va dans un coin reculé et/ou vers des couches sociales moins aisées, plus les influences des dialectes d’oïl et de l'argot deviennent perceptibles. Ce phénomène devait être encore plus marqué dans l'ancien temps — et le très intéressant lien que tu donnes va tout à fait dans ce sens.
Pochel a écrit:
Je ne suis pas spécialiste de l'anglais, mais je sais qu'il a connu, outre les évolutions normales de la grammaire et du vocabulaire (plus germanique au Moyen-Âge), un certain nombre de mutations vocaliques qui nous auraient plus que dérouté.
J'avais assisté il y a quelques années à Londres à la représentation d'un pièce de Shakespeare (donc, fin du XVIème siècle), jouée en anglais élisabéthain (les britanniques parlent plutôt de
early modern english). C'était pas facile à comprendre sans le livret sous les yeux, mais pas si insurmontable non plus... et je ne suis pas un anglophone de naissance !
J'ai tendance à penser que le français de cette époque (XVIème - XVIIème) restait de la même façon
plus ou moins compréhensible pour une oreille contemporaine, mais là encore, lorsqu'il était parlé par des gens de « l'élite culturelle de Paris » .
Mais je vous rejoins Magog et toi sur le fait que l'ancien français du Moyen-Age, lui, nous est complètement étranger, aussi bien à l'oral qu'à l'écrit.
DragoMath a écrit:
Sans blague ? La prononciation n'a pas évolué depuis trois siècles ? je m'esbaudis grandement ! ;>
La prononciation du Québécois a bien entendu évoluée sur 300 ans, mais elle garde de nombreux traits archaïques directement hérités du français de l'époque : l'accent tonique, la prononciation des diphtongues et des nasales, le r battu et non pas roulé, etc... Traits qu'on retrouve également dans le français acadien.
Et on sait que les premiers québécois, venant initialement de diverses régions de l'Ouest et du Centre de la France, ont rapidement adopté un parler urbain (qui était en toute rigueur assez similaire au français parisien des années 1700) pour pouvoir communiquer entre eux.
C'est pour cette raison que je disais qu'on peut avoir un feeling approximatif de la façon dont sonnait le français parisien de cette époque en écoutant parler les Québécois.