DragoMath a écrit:
(quota sur le café. Ouin, ouin !)
Et sur le thé. Rude.
DragoMath a écrit:
En France seulement ? Ca n'a pas de sens. Si les USA et d'autres déraisonnables continuent à faire n'importe quoi par ailleurs, ce sera comme si on pissait dans un violon !
Comme l'a dit Herr Magog, les enjeux ne sont pas du tout les mêmes selon les états, appelant de ce fait à des mesures assez différentes pour atteindre les mêmes objectifs en terme de réduction des émissions de GES.
Par exemple, les états africains à la démographie galopante devraient idéalement mettre en place une forme de contrôle (en favorisant l'émancipation et des femmes et l'accès aux modes de contraception, en mettant en place un système de « retraite » pour les plus âgés, etc). Les pays ayant leur population répartie sur un très vaste territoire (comme les USA) devraient eux se démerder pour avoir un vrai réseau de transport en commun efficace et rendre moins leurs citoyens moins dépendants de la voiture. Etc.
Je caricature à la serpe ; c'est juste pour illustrer le fait que nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne et qu'une telle liste de mesures n'a vraiment de sens que pour un pays donné.
Lamart a écrit:
Et si on en croit l"article de l'Express qui date du début de l'année dernière dont j'ai tiré ce passage, le pic d'exploitation du pétrole n'est pas pour demain…
Je pense qu'il faut bien distinguer le pétrole
conventionnel (qui se trouve dans une sorte de « poche » en sous-sol qu'il suffit de siphonner) et le pétrole
non-conventionnel (qui lui est inclus dans un substrat rocheux et nécessite pas mal d'efforts pour être extrait et purifié avant raffinage).
Pour le premier (le pétrole conventionnel), il y a un consensus sur le fait que le pic a été atteint dans les années 2010 - 2015. Historiquement, c'est de ce pic-là que parlaient la plupart des auteurs et scientifiques. Avant les années 2000, il était complètement impensable pour les spécialistes qu'on en arrive un jour à être suffisamment assoiffés pour vouloir aller fracturer la roche ou filtrer du sable pour y récolter des modestes quantités d'un pétrole impur.
Si on prend en compte le second (le pétrole non conventionnel), effectivement, on repousse le peak oil d'une, voire de plusieurs centaines d'années. Mais c'est une illusion : selon toute vraisemblance, le pétrole non-conventionnel ne sera jamais exploité en totalité... car si son extraction et son traitement sont bien plus complexes et techniques, la conséquence est que le coût final du baril est également bien plus élevé. Il arrive même un moment où le baril coûte tellement cher à produire, que ça n'a plus aucun sens d'exploiter le pétrole non-conventionnel.
C'est pour cette raison que lorsqu'on s'intéresse au pic pétrolier, on ne s'intéresse pas tellement aux réserves dans le sous-sol (qui peuvent être encore tout-à-fait conséquentes), mais plutôt à un paramètre qu'on appelle l'EROI (ou
taux de retour énergétique). L'EROI, c'est grosso-modo : combien de barils de pétrole je dois investir (via les machines, les salaires que je paie à mes ingénieurs, etc) pour extraire l'équivalent énergétique d'un baril de pétrole de cette énergie. On considère en général que l'EROI doit être supérieur à 2 pour qu'une forme d'énergie soit rentable, économiquement parlant.
Or, c'est là que ça devient intéressant. Au début du XXème siècle, à l'époque où il suffisait de donner un coup de pioche bien placé pour faire jaillir du sol un geyser de pétrole, l'EROI du pétrole était supérieur à 100. Minimum d'énergie dépensée, maximum d'énergie récupérée en retour. De nos jours, lorsqu'on pompe du pétrole
offshore à 3 km de profondeur, on a un EROI du pétrole aux environs de 8 - 10. Et pour les pétroles non-conventionnels, genre de pétrole de schiste, c'est encore pire : on est aux environs de 2 - 5. On a quasiment atteint le seuil de rentabilité. C'est ce qui explique le prix du baril n'a cessé d'augmenter ces 150 dernières années (avec des fluctuations locales), phénomène qui n'est pas parti pour s'arrêter de sitôt.
Ce n'est un secret pour personne,
même les spécialistes le reconnaissent (et pourtant, on ne peut pas les taxer d'être des gauchistes décroissants !).
L'autre point sur lequel il faut être vigilant, c'est que les pays de l'OPEP adorent faire ce genre d'annonce médiatique, ce qui leur permet de jouer sur les prix et de rassurer leurs investisseurs potentiels. Quand on creuse (et sans même considérer les histoires d'EROI et de prix que j'évoquais à l'instant), on s'aperçoit que c'est souvent juste du bluff.
Par exemple, ce gisement « monumental », « jamais vu depuis 50 ans », de 80 milliards de barils découvert au large du Bahrein correspond grosso-modo à nos besoins en pétrole... pour 2 ans (puisque l'humanité consomme 100 millions de barils par jour). Pas de quoi en faire un fromage — ni repousser significativement le peak oil, ce qui rend le titre de l'article de l'Express d'autant plus ironique.