... Ou des humains en voie de disparition.
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Au Brésil, des orpailleurs suspectés du meurtre violent d’un indigène dans une réserve protégée
La mort du cacique wayapi, tué le 23 juillet, illustre le mépris du président Jair Bolsonaro pour les indigènes.
Par Claire Gatinois Publié hier à 22h49, mis à jour à 08h01
Les indigènes ont parlé d’une cinquantaine d’orpailleurs clandestins, armés de fusils automatiques, prêts à les massacrer au nom d’une fortune aussi éphémère qu’illusoire, relatant la capture, la torture et la mort d’un des leurs. Dimanche 28 juillet, après vingt-quatre heures de tension et maints appels au secours lancés par la communauté wayapi de la région de l’Amapa, à l’extrême nord du Brésil et à la frontière avec la Guyane française, la police fédérale et le bataillon de choc du Bope, ont lancé une opération sur le territoire indigène afin de mener une enquête sur ces supposés crimes.
Les forces de l’ordre comme la Funai, la Fondation pour l’Indien, ont alors confirmé la mort du cacique Emyra Wayapi, survenue le mardi 23 juillet, ainsi que la présence de dix à quinze orpailleurs clandestins. Dimanche, personne n’était encore en mesure de décrire avec précision les faits. Il n’y a eu aucun témoin du drame, indique une note publiée dimanche par les Wayapi. Mais le corps du cacique a été retrouvé avec des marques de violences laissant imaginer un assassinat. La rumeur fait état de coups de couteaux infligés à l’homme de près de 70 ans.
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Après le crime, des garimpeiros – les orpailleurs clandestins suspectés de cette attaque – se seraient installés le vendredi suivant dans une des maisons du village Yvytoto, chassant ses habitants. Effrayées, les familles se seraient alors enfuies en masse, réclamant l’aide des autorités. « Les garimpeiros sont armés de mitraillettes et nous sommes en danger. Il faut que l’armée et la police fédérale nous aident. S’ils ne viennent pas, nous allons agir. Nous avons peur », a imploré Jawaruwa Wayapi, chef indigène, s’adressant au sénateur Randolfe Rodrigues, membre du parti écologiste, Rede. Samedi, le chanteur de bossa-nova Caetano Veloso, ainsi que le musicien Lenine et le rappeur Criolo ont relayé ces appels au secours, exhortant les forces de l’ordre d’intervenir au plus vite.
Jair Bolsonaro indifférent
A en croire la plupart des défenseurs de la cause des Indiens, cette nouvelle intrusion de garimpeiros au cœur d’une réserve protégée n’est pas étrangère au message envoyé par le président de la République, Jair Bolsonaro. Contrarié par la démarcation de territoires indigènes qui, selon lui, entravent le développement économique du pays en maintenant les Indiens dans des conditions « préhistoriques », le chef de file de l’extrême droite brésilienne répète qu’il compte « légaliser » l’orpaillage dans ces réserves.
Peu importe que l’activité draine avec elle violence, maladie, prostitution et pollution au mercure. Le président, comme l’ensemble de son gouvernement, entend exploiter les richesses de l’Amazonie. Dénonçant la « psychose environnementale », le chef d’Etat semble ainsi encourager la déforestation stimulée par les orpailleurs, ainsi que les éleveurs et autres forestiers.
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Samedi, alors que la mort du cacique Wayapi venait d’être confirmée, le chef d’Etat a insisté, menaçant explicitement l’intégrité de la réserve des Yanomami, à la frontière avec le Venezuela. Une « terre richissime » qu’il conviendrait d’exploiter, a-t-il dit. Et de préciser : « Je suis à la recherche de contacts au sein du premier monde pour explorer ces zones en partenariat. » Son fils, Eduardo Bolsonaro, député, qu’il entend nommer à l’ambassade des Etats-Unis, devrait l’aider dans cette démarche.
« Il y a maintenant un mouvement global d’invasion de garimpeiros dans tout le Brésil. Mais jamais, jamais, nous n’aurions imaginé que cela pourrait se produire chez les Wayapi », souffle Dominique Tilkin Gallois, ethnologue et professeure à l’université de Sao Paulo, voyant le pays replonger trente ans en arrière.
Peuple pacifique et philosophe, les indigènes vivaient en paix depuis la démarcation de leur territoire en 1996 gardant toutefois une peur panique des orpailleurs. Dans les années 1970, 1980 et 1990 les garimpeiros ont, en effet, multiplié les agressions au sein de leurs aldeias (« villages ») charriant avec eux de tragiques épidémies de rougeole tandis que progressait la construction de la « perimetrale nord », route transamazonnienne bâtie lors de la dictature militaire (1964-1985). Estimés aujourd’hui à 1 350 au Brésil et à 1 200 en Guyane française, la population de Wayapi ne dépassait pas les 150 dans les années 1970.
« Il est assez significatif qu’après plus de vingt ans sans conflit, surgisse une invasion d’une telle violence. Les garimpeiros se sentent soutenus. C’est effrayant », commente Joana Cabral de Oliveira, professeure d’ethnologie à l’université Unicamp à Campinas, spécialiste des Wayapi depuis 2004. « Voilà les résultats de la politique de Jair Bolsonaro. Voilà le fruit du démantèlement des organismes de protection de l’environnement et des terres indigènes. Voilà où nous en sommes », conclut aussi le sénateur écologiste Randolfe Rodrigues. « On sait maintenant que Bolsonaro ne fera rien pour protéger ces populations. Il nous faut l’aide de la communauté internationale », insiste-t-il. Contactées, les équipes du président n’ont pas donné suite à nos sollicitations.
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De rares images des Awa, tribu isolée et menacée en Amazonie
Cette tribu, qui ne compte que quelques dizaines de membres, est menacée par les trafiquants de bois et la politique du gouvernement brésilien. Une ONG les a filmés car « si le monde ne les voit pas, ils seront tués ».
Le Monde avec AFP Publié le 23 juillet 2019 à 08h26 - Mis à jour le 26 juillet 2019 à 12h12
Une association de vidéastes indigènes a diffusé, lundi 22 juillet, par l’intermédiaire de l’ONG Survival International, une vidéo présentée comme une séquence d’images rares des Awa, une tribu isolée de la forêt amazonienne menacée par des trafiquants de bois.
La vidéo est extraite d’un documentaire, « Forest keepers in danger » (Gardiens de la forêt en danger), du collectif de vidéastes indigènes Mídia India, en collaboration avec l’Instituto Catitu et l’Instituto Socioambiental. Tournée en août 2018 dans l’Etat du Maranhao, dans le nord-est du Brésil, elle montre un jeune homme torse nu, colliers marron autour du cou et machette à la main, regarder autour de lui et s’éloigner, en compagnie d’un autre individu dont le visage n’apparaît pas, lorsqu’il prend conscience d’une présence étrangère.
Les images ont été filmées par un membre d’une autre tribu, les Guajajara, qui fait partie du collectif Midia India.
« Empêcher un génocide »
« Seule la clameur mondiale peut empêcher un génocide », explique Stephen Corry, directeur de Survival International, dans un communiqué.
« Nous les avons filmés sans leur demander leur autorisation, mais nous savons à quel point il est important de les montrer en image », affirme Erisvan Guajajara, porte-parole de Midia India.
« Si le monde ne les voit pas, ils seront assassinés par les trafiquants de bois. »
Les Guajajara, au nombre d’environ 14 000 dans le Maranhao, ont formé un groupe nommé les « Gardiens de la forêt », qui vise à défendre les territoires indigènes menacés par l’exploitation illégale du bois et l’expansion agricole. Ils transmettent notamment les données GPS de zones où sont retrouvés des troncs découpés et viennent en aide aux pompiers lors d’incendies de forêt.
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Un membre de la tribu des Awa, dans la forêt amazonienne, au Brésil, en août 2018.
Un membre de la tribu des Awa, dans la forêt amazonienne, au Brésil, en août 2018. HO / AFP
Le droit aux terres remis en cause
Les Guajajara sont aussi devenus de fait protecteurs des Awa, tribu isolée qui ne compte que quelques dizaines de membres. « Nous utilisons ces images comme un appel au secours », résume Erisvan Guajajara.
La Constitution brésilienne dispose que les peuples autochtones ont droit à des terres leur étant réservées, où toute exploration minière ou exploitation agricole non traditionnelle est interdite. Mais le président d’extrême droite Jair Bolsonaro, arrivé au pouvoir en janvier et fortement soutenu par le puissant lobby de l’agro-négoce, remet en cause ce concept en jugeant que les indigènes devraient être « intégrés à la société » et non « confinés comme dans un zoo ».
Lire l’appel des peuples indigènes : « Depuis l’élection de Jair Bolsonaro, nous vivons les prémices d’une apocalypse »
Vendredi, lors d’une rencontre avec des journalistes de médias internationaux, le chef de l’Etat a accusé des groupes étrangers « de vouloir que les indigènes demeurent dans un état préhistorique, sans accès à la technologie et aux merveilles de la modernité ». Il a également remis en cause les données de l’Institut national de recherche spatiale, organisme public qui fait état d’une augmentation de 88 % de la déforestation au Brésil en juin par rapport à juin 2018.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/23/au-bresil-une-tribu-isolee-et-menacee-filmee-dans-la-foret-amazonienne_5492418_3210.htmlJ'ai failli mettre ça dans le topic sur la planète, et finalement, je préfère ne pas mélanger les 2 sujets, c'est déjà assez difficile de ne pas être un peu trop confuse...
Au-delà de l'argumentaire parfaitement cynique et hypocrite de Bolsonaro - j'ai l'impression que c'est Trump en pire, on a décidément une belle palanquée de fous furieux qui dirigent notre pauvre monde... et le pire, c'est que quand on lit les commentaires, il y a des gens pour les défendre...
- je me demande justement si nous, civilisation dominante qui est juste entre train de flinguer le monde (et accessoirement donc ces pauvres amérindiens qui eux, vivent totalement en harmonie avec leur environnement) leur apportons vraiment le progrès et le bonheur... ?
Ok, la médecine moderne c'est peut-être cool (et encore, pour
nous d'ailleurs... est-ce que vivre jusqu'à 100 ans dans un état plus ou moins bof est mieux que vivre jusqu'à 50 ans, en ayant eu une vie active et harmonieuse avec les éléments. Je ne sais pas. Je préfère la vie dans laquelle je suis née parce que c'est celle dans laquelle je suis née, celle que je connais... mais après ? si j'en avais connu une autre ?), mais à côté de ça, nous leur avons apporté nos maladies, notre alcool, nos armes... etc...
D'autre part... et le truc n'a
rien à voir avec le gratin dauphinois, mais je le poste quand-même ici... Je me suis faite la réflexion l'autre jour, en lisant un article sur le très controversé cas Glozel, et sur lequel je n'ai pas d'avis préconçu (juste ça me fait toujours marrer les batailles entre ceux qui sââââvent tout ça...
)... je me disais... puisqu'il existe toujours, à notre époque, des peuples vivant plus ou moins comme au Néolithique, est-ce qu'il n'est pas envisageable d'imaginer qu'au Moyen-Âge (vu qu'il y a des éléments à Glozel qui auraient été daté du 13ème siècle, mais bon, je pensais pas que les pierres se dataient mais bref, passons), de tels peuples aient pu existé en France ?
Les gens savaient plus ou moins qu'ils existaient, voir ne le savaient pas, ou peut-être s'en foutaient en fait, et ces peuples ont périclité jusqu'à leur disparition totale ?... ça peut sembler tirer par les cheveux, mais ça pourrait faire coller le truc... (enfin moi, ça me semble pas dingue comme hypothèse : après tout, l'Histoire - ou ce que nous appelons Histoire, mais en fait, c'est juste l'écriture que nous faisons du temps qui passe, et le temps n'a pas toujours la même définition - n'est pas un truc linéaire qui avancent au même rythme pour tout le monde comme les frises qu'on faisait au collège, c'est plus un joyeux fouillis qui part dans tous les sens... )