J'ai quelques minutes devant moi, alors j'en profite pour répondre à certains points de ton message de 20h10 hier. je n'oublie pas le reste, mais je pense que ce sera plutôt dans le courant de la semaine prochaine car ça me demande un peu plus de réflexion (et donc, de temps).
Ar Soner a écrit:
de fait, je trouve cela assez injuste de me dire que mes réponses « consiste[nt] à dire qu'il n'y a grosso modo pas de problème ».
Ca l'était clairement et je te présente mes excuses. Je suis rarement fine quand je suis vexée...
J'espère que tu ne m'en tiendras pas trop rigueur (mais tu pourrais)...
Citer:
En revanche, la principale question de fond qui apparaît de façon de plus en plus saillante dans notre dernier échange est : ces soucis (1) sont-ils intrinsèques, consubstantiels à la zététique en tant que discipline théorique ou non ?
(...)
Et il semble assez clair que toi et moi, nous avons un point de vue différent à ce sujet : pour toi, oui, le ver était dans le fruit dès le départ. Pour moi, non... ou alors, 'ça dépend'... vu la grande foire à la confusion qu'est devenue la zététique ces dernières années, la réponse à la question dépend de la façon dont on a défini les termes. (2)
Alors, ce n'était peut-être pas très clair dans mes derniers messages, du coup je préfère le préciser noir sur blanc: je ne suis justement plus si sûre que le problème soit intrinsèque à la zététique. C'est ce que j'ai supposé un temps et je me souviens en effet d'échanges avec Cortex où il m'expliquait que la zététique était un outil et qu'à ce titre, elle ne pouvait être problématique en tant que telle, que seuls celles et ceux qui s'en servaient (mal) pouvaient le devenir, etc.
Mais justement, mes derniers messages tendaient (d'après moi) à montrer une évolution dans mon propos: tu auras peut-être remarqué que je ne visais plus la zététique en tant que telle mais plutôt des problèmes de communication, qui semblent courants dans le milieu zet. Et c'était d'après moi une bonne nouvelle dans la mesure où ça, ça pouvait se changer/corriger assez facilement si tout le monde prenait le temps d'en discuter.
Est-ce que ça te semble plus clair comme ça? Note que je ne suis toujours pas certaine de ce que je viens d'écrire. J'avance vraiment à tâtons et lentement dans cette histoire et il se peut que je change encore d'avis.
Citer:
Cependant, et cela ne t'aura pas échappé, je suis un convaincu de la démarche scientifique/zététique
:
Un autre point important du débat pourrait être le suivant: la démarche zététique est-elle vraiment assimilable à la démarche scientifique. Si oui, pourquoi lui donner un nom autre? Qu'est-ce qui se distinguerait dans la démarche zététique?
Citer:
je pense sincèrement qu'il s'agit de la meilleure qui existe quand il s'agit d'étudier la véracité des faits, et je suis persuadé qu'elle est un excellent moyen d'entraîner l'esprit critique des gens (chose qui me semble indispensable pour être un citoyen en pleine capacité de ses moyens). Cette démarche a bien entendu ses limites (elle n'est pas adaptée pour répondre aux problèmes moraux ou politiques), mais quand il s'agit de savoir si le Suaire de Turin est authentique et si l'affaire de Trans-en-Provence relève vraiment d'un contact avec une civilisation extraterrestre, on n'a guère inventé mieux.
Et c'est là, je ne t'apprends rien, l'un des noeuds du problème: tout le monde ne semble pas mettre les limites de la démarche au même endroit. C'est donc peut-être aussi là-dessus que la communauté zet devrait communiquer un peu plus?
Citer:
Bref, en un mot comme en cent : la zététique, j'y crois à donf'. De fait, lorsque j'aurai l'impression de voir des gens jeter le nouveau-né avec le contenu du bassinet ou accuser injustement la discipline de tous les maux, je défendrai mon steak, et je réfuterai ou tenterai d'amener de la nuance dans les critiques que j'entends... Et je ne vois pas trop comment on pourrait me le reprocher.
Je ne te le reproche pas du tout. D'ailleurs, j'emploie personnellement aussi pas mal de préceptes de la zététique lorsque je débats, et j'espère que ça se voit un minimum? La seule différence est que j'avoue n'avoir jamais compris le besoin de mettre un terme (un peu bizarre en plus) précis sur cette façon d'argumenter. C'est quelque chose que je fais généralment spontannément et sans me demander quels noms portent les articulations argumentaires que j'utilise. En gros: je m'en fous un peu et je ne revendique pas utiliser la méthode, mais ce n'est pas pour autant que rien ne me parle dedans.
Ar Soner a écrit:
... c'est que la critique est aisée, et l'art est une chose différente (en plus d'être une chose difficile). J'entends bien les remarques, j'y souscris même parfois complètement ou en partie... mais qu'est-ce que je peux faire de plus, moi zététicien, avec mes petits bras ?
Je comprends bien la question. Ca, pour le coup, j'y reviendrai dans mon prochain message car ça demande de la réflexion et des developpements, et je n'ai malheureusement pas le temps, là, tout de suite.
Citer:
Qu'est-ce que je peux faire au fait que certains idiots fassent n'importe quoi au nom de la zététique ? Les dénoncer ? Je le fais déjà ici lorsque l'occasion se présente. Je n'ai aucune envie de participer à la foire aux monstres que sont bien trop souvent devenus les réseaux sociaux. Quant à prendre publiquement la parole : je suis un quasi-inconnu dans le monde de la zététique donc je serais inaudible, je n'ai jamais aimé m'exposer publiquement, et j'ai vraiment (mais alors, vraiment) des choses plus utiles à faire.
Est-ce que je dois améliorer mes pratiques ? J'essaye de le faire déjà... mais ce n'est pas toujours facile, et certaines critiques (compréhensibles à 100% au demeurant) ne passent pas l'épreuve du feu de la vie réelle (ou alors elles demandent des qualités de communicant/vulgarisateur que je n'ai peut-être pas ?). Que j'exprime ouvertement cette difficulté ne veut pas dire que je ferme la porte aux gens qui formulent ces remarques : l'objectif est juste de dire « les gars, c'est beaucoup plus compliqué que ce que vous croyez »
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Ce paragraphe me fait réagir car tu personnalises les choses (ce que je comprends bien puisque tu as des activités de zététiciens et que pour toi le problème est donc concret), là où je me situais personnellement à un niveau beaucoup plus abstrait/général. Je pense en fait qu'il faudrait par exemple une grande discussion avec tous les acteurs de la communauté qui ont envie d'en être ou, a minima, avec les principaux acteurs de la communauté zet sur le Web.
Cette discussion pourrait soulever certaines questions dont nous avons pas mal parlé ici: où mettre précisément les limites concernant l'emploi de la méthode et son efficacité? Que permet de faire la zététique et que ne permet-elle pas? Le fait que cette activité puisse être exercée par le tout venant n'est-il pas de nature à brouiller complètement le message (car il y a, qu'on le veuille ou non, une première contradiction dans le fait de défendre la science tout en en faisant pas forcément partie: en soi, ça n'est pas un problème, mais ça peut le devenir si on commence justement à vulgariser des choses qui sont en fait aux antipodes de la manière dont se pratiquent les sciences au quotidien)? La zététique peut-elle être apolitique comme certains de ses représentants le revendiquent? Etc., etc.
Pour le reste, comme dit, je réagirai un peu plus tard, mais je souhaitais d'ores et déjà clarifier ces petites choses. Est-ce que ça t'aide à saisir un peu mieux ma démarche ou pas du tout?