En ce moment, je ne-sais-trop-pourquoi, je me replonge dans les archives Web sur l'épidémie du Sida et l'affaire du sang contaminé et je trouve que revoir/relire certaines choses à l'aune de la crise sanitaire actuelle est particulièrement intéressant.
Je suis ainsi tombée sur plusieurs docus qui, à mon sens, valent vraiment le coup. A commencer par celui-ci:
Si certaines responsabilités ne font aucun doute (et c'est clairement montré comme tel dans ce film), on voit bien aussi, parallèlement, à quel point la réalité est en fait toujours infiniment plus complexe, a fortiori quand on a le nez dans le guidon et qu'on est face à l'inconnu. Ce reportage met entre autres en évidence - avec beaucoup de sagacité - les choix et arbitrages cornéliens auxquels il a parfois fallu procéder à l'époque, alors qu'on était dans le flou le plus total. Et la conclusion de l'homme qui s'exprime à partir de 50'11 me semble particulièrement intéressante et visionnaire lorsqu'on la réentend aujourd'hui (voir ici, j'ai calé la vidéo pile au bon endroit:
https://youtu.be/W8LN3pNVq6Q?t=3011)
Ayant par ailleurs une grande admiration pour le travail d'Act Up (je crois qu'on a déjà parlé plusieurs fois du superbe film
120 BPM, qui restitue admirablement à l'écran l'histoire de l'association), j'ai également regardé quelques vidéos sur l'organisation elle-même et l'une d'elle m'a particulièrement marquée:
On y suit l'équipe d'Act Up en 1993, le jour où les militants ont décidé d'encapoter l'obélisque. J'ai trouvé très émouvant de revoir ces images et le film regorge de moments particulièrement forts (par exemple quand un sympathisant de l'assoc' vient gueuler dans les locaux parce qu'il ne comprend pas qu'Act Up s'allie à Benetton (et donc au grand capital) pour cette opération, qu'il se met à fredonner "c'est la lutte finale" pour se moquer des militants et que le très charismatique Cleews Velley, président de l'époque, lui répond avec ses tripes : "Ah oui, ça pour moi, elle est bien finale la lutte. Dans un an, je ne suis pas sûr d'être là. Alors oui, la lutte elle est bien finale, c'est certain, pour moi et tous les copains que j'ai enterrés!". Cleews Velley mourra un an après...).
Autre scène très très émouvante lorsque Christophe Martet prend le micro lors du concert en hommage aux victimes du sida et que sa mère éclate en sanglots lorsqu'il dit que, le jour de sa mort, il faudra balancer son corps devant l'Elysée. Dieu merci, Christophe Martet est toujours parmi nous aujourd'hui.
Pour celles et ceux qui ont vu
120 BMP, vous reconnaitrez sans peine dans le reportage certains protagonistes du film (dont le jeune ado hémophile Ludovic Bouchet, accompagné de sa mère Joëlle, mais aussi Cleews Velley). Le docu m'a fait réaliser à nouveau un truc que je savais déjà: toute la partie du film
120 BPM qui concerne l'association et le militantisme est 100% authentique et tout ce qui est raconté est vrai (les intrusions dans les écoles, les cendres de Cleews Velley jetées sur un banquier d'assureurs, etc., rien n'est romancé). Cette fureur de vivre est vraiment vibrante et inspirante.