Chimère a écrit:
D'un côté, les maraîchers ont l'air de défendre des cultures expérimentales qui sont justement destinées à régler des problèmes liés au changement climatique... de l'autre, ils sont juste accusés d'être des agents de l'agro-industrie sans foi ni loi... Je schématise, mais j'ai l'impression que tout le monde se renvoie dos à dos (et du coup, j'ai mis 2 liens qui permettent d'entendre les 2 voix).
La réalité est quelque part entre les deux.
La Fédération des Maraîchers Nantais, c'est un regroupement de très grosses exploitations agricoles encadré par la FNSEA 44. On n'est pas sur du petit maraîchage bio, on est sur de l'agriculture industrielle intensive : celle qui depuis des décennies produit sous serres chauffées à grand coup de phytos et d'engrais, en artificialisant les sols et détruisant le paysage de bocage (anciennement) typique du pays nantais.
Je n'arrive pas à savoir exactement quelles expérimentations ils faisaient sous leur serre. Il semble y avoir eu effectivement des tests de cultures sans pesticides... mais parler de
"maraîchage sur sol vivant" "adapté au changement climatique" pour des cultures de salades menées sur du sable de carrière, c'est du foutage de gueule (et c'est un ancien agronome qui a lui-même conduit des essais en plein champs qui parle !).
Maintenant, la méthode employée par les militants me laisse aussi peu perplexe. Les mouvements climatiques sont engagés, qu'ils le veuillent ou non, dans une bataille de l'image avec un camps en face qui possède une avance considérable (notamment parce que la quasi-totalité des médias lui sont favorables et qu'il possède ses propres organes de propagande de masse).
Il était évident que dégrader une serre expérimentale, même s'il s'agit d'un outil de greenwashing par lequel une structure agro-industrielle redore son image, allait contribuer à tendre le bâton pour se faire battre... D'ailleurs, ça n'a pas manqué.
Certains militants ne sont plus dans une optique de gagner la bataille de l'opinion publique (qui semble perdue, dans les délais temporels qui nous intéressent), mais bien de casser l'appareil productiviste. Si c'est pété, ça ne peut pas polluer. C'est peut-être dans ce cadre là qu'il faut comprendre cette action, mais il faut alors se demander si on ne tombe pas complètement dans de l'écoterrorisme et si l'action est réellement efficace.
Chimère a écrit:
Comme je ne connais pas le monde militant de l'intérieur, j'ai du mal à me faire une idée, et de voir où est l'idéologie pure et simple, et où est le combat contre le greenwashing ?...

Il y a des deux, qui sont souvent inextricablement mêlés.
Ça dépend des mouvements (Greenpeace par exemple est énormément dans l'idéologie, beaucoup trop à mon goût, c'est moins vrai pour les Soulèvements de la Terre dont je trouve que les militants ont des profils plus divers et sont globalement moins dogmatiques) et des personnes au sein de ces mouvements...