La TourGuillaume Nicloux
Une tour de banlieue comme des millions d'autres... un ascenseur en panne, le quotidien morose. Et sans crier gare, sans qu'on sache ni comment, ni pourquoi, le néant tout autour.
Les habitants doivent s'organiser pour essayer de survivre... mais très vite, les tensions et les rancœurs entre communauté prennent le dessus, et la peur, peu à peu, révèle souvent le pire de chacun.
Si le sous-titre officiel du film est "vous allez regretter votre confinement" (oui, en effet.
Ce n'est pas le genre de film à visionner un soir de cafard, sauf si vous voulez vous finir, quoi...
)... moi je mettrais "comment rester humain par temps d'Apocalypse".
Parce que c'est bien de cela dont il s'agit. Les personnages sont des humains tout ce qu'il y a de plus ordinaire, aucun n'aura l'étoffe d'un héros, et ils sont littéralement prisonniers d'une situation qui les dépasse, terrifiante parce qu'elle n'a finalement ni sens ni échappatoire.
Et parce qu'ils sont incapables de trouver en eux-mêmes le lien qui les unit tous (finalement, le seul qui tient ce discours est une sorte de faux prophète de malheur, qui se sert de son charisme pour réunir autour de lui un petit groupe, et assurer sa propre survie), peu à peu, ils se changent en bêtes, réduits à manger les animaux de compagnies, puis les cadavres, puis les bébés, puis les cafards.
La métaphore (puisque le film, plein d'ellipses et de non-dits, mais pleins de messages en sous-textes, aussi) est assez frappante.
Les seules fois où cette humanité surnage, c'est justement quand ils sont capables de compassion et d'abnégation envers leur prochain (et la seule, finalement, qui reste une "humaine" c'est celle qui sauve un enfant qui n'est pas de son "groupe", et lui raconte des histoires. On retrouve la nécessité du conte et du mythe pour rester humains).
Mais ce peu de lumière là ne sera pas suffisante pour les sauver du néant qui les guette.
Bref, un film français qui je pense vaut le détour mais qui, parce qu'il n'est pas forcément accessible (ni à mettre devant tous les yeux) ne rencontrera pas forcément son public. (je pense que dans ma séance, il y en avait quelques uns qui étaient plus que perplexes. Moi j'ai tout compris, je pense, mais c'est vrai que ce n'est pas forcément explicité. Et oui, c'est un Marvel faut faire marcher son cerveau quoi...
)
Pour les acteurs, j'ai été agréablement surprise par la prestation du rappeur Hatik, qui a un jeu très juste et naturel, avec un vrai charisme à l'écran.
Knock at the cabinNight M Shyamalan
Un couple homosexuel et sa petite fille adoptée profitent des vacances dans un chalet isolé, dans une forêt idyllique. Mais le séjour bucolique tourne au cauchemar, quand 4 étranges individus font irruption avec fracas. Ils n'ont qu'un but : empêcher l'Apocalypse. Comment ? Il va falloir que la famille otage se décide à sacrifier l'un d'entre eux.
Comme toujours Shyamalan nous manipule, manipule le sens même de son film, et manipule le sens que l'on donne aux images.
Finalement,
Knock at the cabin est un film sur la puissance sémantique des images, nous qui en sommes littéralement abreuvés, sur comment elles rentrent dans nos têtes, et comment elles changent jusqu'à notre perception de la réalité.
Réalité qui ne peut jamais être "réelle", puisqu'elle n'est qu'une perception.
Au final, on n'a jamais que les certitudes que l'on se donne.
Mais c'est aussi un film sur la puissance des liens familiaux, l'amour, l'affection que l'on se porte les uns aux autres nous permettent de nous transcender, de transcender nos peurs, nos atavismes, notre instincts de survie même, pour nous sortir de l'état primaire de bestialité qui nous guettent... (tiens tiens...).
Comment rester humain par temps d'Apocalypse ? On a déjà un début de réponse en 2 films...