Jérimadeth a écrit:
D'ailleurs au sujet de Mignerot j'ai trouver cet article critique:
https://onfoncedanslemur.blog/2020/12/2 ... ignerot-2/. C'est pas parfait mais je trouve qu'il pointe un fait juste, Mignerot fait de la métaphysique/métahistoire, ce que ne voit pas forcément les gens qui le suivent
Oui, c'est une critique plutôt pertinente.
On se rappellera d'ailleurs en passant que Mignerot n'est pas du tout de formation scientifique (à l'inverse de Janco). Ce qui ne veut pas dire, bien entendu, que ses propos soient irrationnels (Mignerot a une approche beaucoup plus cartésienne des choses que, disons, Pablo Servigne, alors que ce dernier est pourtant de formation scientifique) ; mais ça explique peut-être pourquoi son approche est davantage métaphysique et moins factuelle, basée sur les chiffres et les équations.
Jérimadeth a écrit:
D'ailleurs ce problème est généralisable à des pans entier de la gauche (une partie du féminisme, de l'antiracisme, gauche anticapitaliste, etc...). Beaucoup de ces mouvements prennent leurs racines dans les années 70 et semblent depuis n'avoir pas pu réactualiser leur base théorique/doctrinale.
[...]
C'est une des raisons, à mon sens, de affaiblissement des courants de gauches à partir des années 2000. Ça, et le fait que beaucoup de militants sont, ils faut l'avouer, peu doués en science(tout type confondu), et passent donc facilement pour des cuistres.
Pour le coup, je serais moins radical que toi : je pense que la gauche a au contraire pas mal actualisé son logiciel depuis les années 70, notamment en prenant en compte les luttes décoloniales/féministes/anti-racistes/LGTBQI+ qui ont émergé dans les années 80 et prises beaucoup d'ampleur ces 10 dernières années (au point de parfois phagocyter un peu tout le reste, mais c'est un autre débat). La gauche intersectionnelle est quelque chose d'assez récent.
Mais il est vrai que ces courants s'inscrivent dans une histoire politique/militante, et qu'ils peuvent hériter des présupposés idéologiques de leurs prédécesseurs sans les remettre en question. L'idée du matriarcat préhistorique par exemple souvent avancée dans l'écoféminisme est un héritage du féminisme américain des années 70 - 80, qui était lui même fortement influencé par le New-Age et le néo-paganisme.
Pour le fait que les militants de gauche seraient spécifiquement peu doués en sciences, je n'en sais rien : je ne sais pas si l'échantillon que j'en côtoie est vraiment représentatif... et surtout, je ne connais pas assez de militants de droite pour comparer !
Ça mériterait une étude sérieuse.
Ce qui est vrai, par contre, c'est qu'une partie de la gauche intersectionnelle peut développer un discours très anti-scientifique et anti-rationalité (ces dernières étant perçues comme des outils mis en place par les hommes blancs cis-hétéros pour imposer leur point de vue au reste du monde), ce qui n'est pas le cas de la droite (à ma connaissance ?).
Et en ce qui concerne l'affaiblissement des courants de gauche, je pense que c'est une question très compliquée qui mériterait une analyse poussée. Mais je crois que que le retard idéologique de la gauche (qui reste à démontrer pour moi) n'est qu'un facteur assez négligeable, et que l'adhésion d'une partie de la gauche aux valeurs néolibérales (le PS depuis 30 ans...
) ainsi que sa déconnexion d'avec une partie de son électorat traditionnel (à partir des années 80, lorsque la gauche a décidé de se détourner des ouvriers et de la petite classe moyenne française pour axer sa communication sur les descendants d'immigrés dans les banlieues) en sont beaucoup plus responsables.