Inscription: 13 Août 2008, 12:14 Messages: 5582
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Personnellement, j'essaie d'écrire à peu près correctement (et encore, en ce moment, le temps me manque, mais bon, vu que ce n'est pas le cas des idées, c'est déjà ça... )... pour le reste, je ne suis absolument pas douée... J'avais posté plusieurs poèmes et nouvelles sur PFRN... j'en mets déjà un ici. Pour les autres, je ne sais pas si ça ne ferait pas un peu mégalo... Les Masques
Venise engloutie s’endormait dans la brume Et le temps s’écoulait, pesant comme une enclume. Un Arlequin perdu cherchait sa cavalière Dans le grand Carnaval, ardente fourmilière De masques dorés, de taffetas et de brillantes plumes Dans cette nuit fiévreuse reflétant la lagune.
Sous le Pont des Soupirs, elle n’y était pas Comme les rues se vidaient, il revint sur ses pas. L’alcool coulait à flots dans l’écume du canal, Ivres les beaux messieurs, les lascives vestales. Mais Arlequin cherchait, elle est sans doute là-bas, Sa robe de dentelles rouges, son parfum de lilas.
Les masques tournoyaient tout autour d’Arlequin, Sous les gants de velours, il cherchait sa main. D’autres lui souriait, mais il n’en voulait pas, Malgré leur lèvres pourpres et leurs grands yeux de chats. Il serrait dans ses doigts le ruban de satin Qu’elle lui avait donné, disant « Adieu, Arlequin. »
Dans une ruelle sombre qui ruisselait de nuit, Alors que la musique au loin s’évanouit, Voilà que vient un homme au sourire de sicaire Comme il marche dans le noir, on dirait une panthère, Mais Arlequin s’approche de l’homme aux yeux de suie Car peut-être sait-il où la belle s’est enfuie ?
« Je cherche une Dame en rouge, l’avez-vous vue Seigneur ? » « Pourquoi la cherchez-vous ? » « Elle est chère à mon cœur. » L’autre rit : « Il y a bien des danseuses dans tout le Carnaval. » « Pour moi il n’y en a qu’une, les autres me sont égales. » L’homme en noir rit plus fort : « C’est dommage, joli cœur, Elle ne peut être à toi, c’est l’épouse d’un Empereur. »
« Qu’importe les empereurs, dit Arlequin ardent, Il pourrait être pape, roi, prince ou sultan, J’ai retiré le masque qui me cachait l’amour Et ses lèvres m’ont dit qu’elle m’aimerait pour toujours ! » « Et cet Empereur c’est moi ! Qu’en dis-tu donc, brigand ? » La Mort était masquée, crachant l’éclair sanglant.
Arlequin tombe sans bruit dans un linceul de brume Sur sa poitrine blessée, la nuit pèse comme une enclume Enfin, il ôte son masque pour la Lune meurtrière, Des feux d’artifices, un masque ensanglanté, elle peut être fière. La musique et les rires sont un hommage posthume Dans cette nuit fiévreuse qu’engloutit la lagune.
_________________ Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exiguë à arpenter, au-dessus d'elle il y aura toujours le ciel tout entier. Etty Hillesum, Une vie bouleversée
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