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«Pas de fusils dans la nature», la chasse plombée par les faits
Par Florian Bardou — 16 septembre 2019 à 06:51
Des chasseurs et leur setter pour l'ouverture de la chasse, à Lamnay (Sarthe), le 24 septembre 2017. Photo Jean-François Monie. AFP
Le réquisitoire anti-chasse du naturaliste Pierre Rigaux, à paraître mercredi, convainc par sa critique argumentée d’une pratique qui, en France, se révèle bien moins écologique que ce que ne professent ses partisans.
«Pas de fusils dans la nature», la chasse plombée par les faits
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C’est bien connu : dans nos campagnes, et jusque dans nos villes, les sangliers pullulent. Il n’y a qu’à écouter ces agriculteurs dont les champs ont été ravagés par une harde ou ces riverains dont les jardins ont été saccagés pendant la nuit. Bilan des courses : 20 à 30 millions d’euros de dégâts estimés par an, en premier lieu pour les cultivateurs de maïs intensif, dont les suidés raffolent. Les faits ne disent pas autre chose : depuis le début des années 2000, le nombre de sangliers dans l’Hexagone dépasse le million, contre «à peine quelques dizaines de milliers» quarante ans plus tôt. Mais c’est en réalité prendre le problème à l’envers, défend le naturaliste Pierre Rigaux dans son très convaincant Pas de fusils dans la nature (1) à paraître mercredi, notamment «à cause d’une cascade d’effets entre chasse et agriculture depuis les années 1970».
Vernis écologiste
Reprenons : partout en France, les effectifs de sangliers ont explosé. C’est documenté. Mais on doit d’abord cette démographie à la disparition des petits animaux chassables, «qui a renforcé l’intérêt des chasseurs pour les sangliers». Les adeptes du fusil ont alors lâché dans la nature, et ce des années durant, des spécimens «croisés en captivité» – une pratique aujourd’hui interdite – tout en laissant sauves les femelles reproductrices lors des parties de chasse. Ajoutez à cela d’autres facteurs comme l’extinction des prédateurs naturels, à l’instar du loup, et vous avez les éléments explicatifs de cette prolifération. «Le nombre faramineux de sangliers abattus chaque année est la conséquence mal maîtrisée d’une volonté politique et historique de disposer d’une abondance d’animaux à tuer, résume l’écologue. Les chasseurs ont maintenant le beau rôle, celui de régulateurs de sangliers, justifiant plus largement dans l’inconscient collectif leur rôle de régulateur de la faune sauvage.»
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La chasse au sanglier n’est évidemment qu’un exemple parmi les dizaines d’autres invoqués par Pierre Rigaux dans son réquisitoire anti-chasse très informé. Mais il illustre parfaitement ce qu’est la pratique cynégétique en France aujourd’hui : une succession de contradictions et d’aberrations recouvertes d’un vernis écologiste validé par l’Etat (ministère de l’Ecologie, autorités préfectorales, collectivités) et contre laquelle les écologistes eux-mêmes sont démunis – et parfois complices dans leur impuissance. Prenez les réserves naturelles, qu’elles soient nationales ou régionales. Ces espaces sont conçus comme des hauts lieux de la protection de la faune et de la flore. Pourtant, ce sont loin d’être des sanctuaires pour les espèces sauvages puisque la chasse – et pas seulement au motif de la «régulation» – y est bien souvent autorisée avec l’aval contraint des associations gestionnaires. «En Vendée, une réserve naturelle nationale est cogérée par la LPO [Ligue pour la protection des oiseaux, ndlr], l’Agence des aires marines protégées et la Fédération départementale des chasseurs, déplore l’auteur, un ex de la LPO. Oui, c’est tout aussi officiel que méconnu, la LPO et les chasseurs gèrent ensemble une réserve naturelle. […] Les mauvaises langues parlent du casse du siècle pour les chasseurs.»
Destruction des espèces
Et que dire de la prétention scientifique des «premiers écologistes de France» ? Méconnaissance de la faune sauvage, données lacunaires concernant le nombre d’animaux abattus pour les 90 espèces chassables, tableaux de chasse introuvables, inventaires dressés par les chasseurs eux-mêmes : là encore, les arguments contre la pratique cynégétique dite de «régulation» comme elle se fait aujourd’hui ne manquent pas. «Ce n’est pas sans conséquence, regrette à ce propos Pierre Rigaux. On chasse et on piège des animaux sans connaître leurs effectifs. C’est ainsi que des campagnes de tirs de renards ou de blaireaux sont régulièrement menées sur la base d’arrêtés préfectoraux arguant la prolifération de ces animaux, sans que personne ne dispose d’aucun chiffre, tant sur les effectifs vivants que sur ceux éliminés au cours des campagnes précédentes.» Sans compter les espèces protégées, en déclin ou menacées de disparition, mais toujours chassables, comme le lapin de garenne, en tête des mammifères tirés chaque année, le lièvre variable, le putois d’Europe et une trentaine d’espèces d’oiseaux (tourterelle des bois, huîtrier pie, lagopède alpin, courlis cendré, etc.).
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Enfin, ne parlons pas de l’anachronie de la chasse à courre pour laquelle, selon l’auteur, l’on tue pour le seul plaisir au nom de la tradition et non pour des impératifs écologiques. Ni de la maltraitance des animaux élevés en batterie pour la chasse (faisans communs, perdrix rouges, colins, lapins, etc.) qui constituent l’essentiel des animaux chassés ; ni des conséquences de la chasse sur la biodiversité en général, entre «pollution génétique» et pollution au plomb, entre autres. Avec ce constat : «Les effets à plus long terme, le cumul des causes multifactorielles de déclin des effectifs, les conséquences écologiques, sanitaires, la souffrance des animaux et le dérangement des humains non-chasseurs n’intéressent que peu les décisionnaires.» Et c’est là la plus grande force du livre, par ailleurs préfacé par Nicolas Hulot : s’attaquer à la chasse en tant que système de destruction des espèces, très bien alimenté par un lobbying efficace et de grasses subventions, et non aux chasseurs - qui en sont parfois les victimes - et leurs pratiques individuelles.
(1) Pas de fusils dans la nature. Les réponses aux chasseurs, Pierre Rigaux, éd. Humensciences, 288 p., 22 €.
https://www.liberation.fr/france/2019/09/16/pas-de-fusils-dans-la-nature-la-chasse-plombee-par-les-faits_1751064Citer:
Ouverture de la chasse : comment ne pas se retrouver face à un fusil quand on est promeneur du dimanche
Doit-on fermer ses fenêtres, ranger ses vélos et oublier les balades à la campagne avec son chien quand la chasse est ouverte ? Pour ce premier week-end tous les promeneurs auront remarqué que fusils et gilets oranges ont repris le chemin des champs et forêts. On les croise aussi dans les dunes !
Par Alexandra Huctin
Publié le 15/09/2019 à 16:18
Ne pas s'imaginer que la chasse est exclusivement réservée aux zones rurales retirées. Les néo-rurbains l'apprennent à leur dépens, bien souvent. Les chasseurs vous les verrez jusque fin février, près des maisons surtout dans les zones construites en limite de champs de plaine et aussi près des plages.
Twitter- régulièrement des riverains sont excédés de voir les chasseurs aussi près de chez eux.
Alexis Fenaille
@Alexeo2
J’ai rien contre les chasseurs mais bon, venir à 5m de ta clôture, avec les chats du voisinage, les promeneurs... c’est quoi l’intérêt ? A part être dangereux. Après on s’étonne qu’il y a des accidents #chasse #aisne
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1
11:14 AM - Sep 15, 2019
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C'est une cohabitation imposée qu'il faut respecter et qui doit se faire dans les règles, des deux côtés.
On peut aussi les croiser près des plages
Du côté de Graye-sur-mer (14), par exemple, à quelques pas de la croix de Lorraine élevée en mémoire du Général de Gaulle débarqué là en 1944, vous pouvez chaque dimanche vous retrouver nez à nez avec un homme armé entouré de chiens et de lapins qui détalent à toute allure devant vous. C'est assez diffcile à accepter comme proximité : balade sur la plage et chasse font, c'est vrai, difficilement bon ménage mais c'est une réalité locale.
Beaucoup de petits gibiers en 2019 = beaucoup de chasseurs dans les plaines ?
"C'est une bonne année pour le petit gibier dans le Calvados, il y a une bonne densité. On n'avait pas vu ça depuis des années", affirmait Benoit Démoulins, directeur de la fédération chasse 14, en ouverture, ce dimanche matin.
La Fédération de la Chasse 14 : une bonne année
Les lapins et les perdrix sont paraît-il très nombreux. Une donnée qui veut dire qu'il faut s'attendre à beaucoup de chasseurs en plaine, notamment.
Peut-on courir dans en forêt domaniale en période de chasse ?
L'Office national des forêts rappelle qu'avant toute chose, du 15 septembre à fin février, il faut penser à consulter les calendriers des jours de chasse avant de partir courir ou se promener en forêt.
Les calendriers des jours de chasse sont affichés chaque année en forêt, aux abords des grands carrefours. Ils sont également diffusés auprès des mairies, associations locales, offices de tourisme, presse locale etc… Enfin, ils sont téléchargeables sur le site
www.onf.fr. (ONF communication)
Il faut par ailleurs savoir qu'il y 'a, dans chaque forêt domaniale, au moins une journée par semaine sans chasse, selont les lots. "En Ecouves, par exemple, on peutse balader chaque jour de la semaine, mais à des endroits différents. Enfin, il faut retenir que les jours de chasse à courre, il n’y a pas de chasse à tir sur l’ensemble de la forêt domaniale", rappelle l'ONF.
Panneaux «chasse en cours »
Ne pas chercher à entrer dans la zone quand on est promeneur, c'est à nos risques et périls.
"Le promeneur en déplacement, en voiture, veillera également à réduire sa vitesse car une traversée d’animaux ou de chiens est possible."
Faut-il porter un gilet fluo?
Le port de gilet fluo n’est pas obligatoire. Il est conseillé pour que l’usager soit plus visible et renforcer sa sécurité.
Les chasseurs ont-il tous les droits?
Les chasseurs n’ont pas tous les droits. "Ils sont ayants-droit, de part leur mission de régulation des populations de gibier, qui participe à la gestion forestière. Pour se rendre aux lieux de chasse, ils ont des laissez-passer pour emprunter les routes fermées à la circulation publique mais uniquement pendant les jours de chasse. L’ONF veille au respect de cette règlementation. Des rappels sont faits régulièrement et des contrôles
« chasse » sont organisés. Un chasseur qui ne respecte pas la règlementation est verbalisé", précise l'ONF.
Et puis-je cueillir des champignons pendant la chasse ?
"La cueillette est interdite les mardis et jeudis" dans toutes les forêts domaniales de l’Orne, de la Manche, et du Calvados, même quand ils sont fériés.
Et promener son chien ?
Il faut rester très vigilant. Il est conseillé de faire porter du fluo à son chien si vous devez être en pleine nature.
En forêt, ou dans les champs, le chien doit rester à portée de voix et sous surveillance : c'est à dire à moins de 100 mètres de son propriétaire. Sinon il est considéré comme «divaguant». Il est donc plus prudent de l'attacher.
Et puis attention "pour le grand gibier, chevreuils et sangliers des panneaux sont installés pour poser les limites de la battue, et il est interdit de les franchir. Toutefois, pour les petits gibiers, les chasseurs peuvent les traquer seuls et ne sont pas obligés de signaler leur zone d’action", précise l'association 30 millions d'amis sur son site internet.
Et près de sa maison?
La limite des 150 m d'une propriété, souvent évoquée, reste très exceptionnelle, pour des chasses communales.
Alors si un chasseur vient se poster derrière votre maison, dans un champs, seul le propriétaire du terrain ( du champs) peut le lui interdire.
"Depuis plusieurs années, la Fondation 30 Millions d’Amis milite aux côtés d’autres associations pour que le dimanche soit un jour exempt de chasse, afin de permettre à tous de profiter pleinement de la nature ce jour-là, sans risquer pour sa vie." Mais, en vain. A chacun donc de rester attentif et raisonnable.
https://france3-regions.francetvinfo.fr/normandie/ouverture-chasse-comment-ne-pas-se-retrouver-face-fusil-quand-on-est-promeneur-du-dimanche-1722825.htmlOuverture de la chasse = ouverture des polémiques sur la chasse...
Personnellement, si j'entends bien qu'il faut réguler certaines espèces, je suis totalement d'accord avec la thèse de Pierre Rigaud : les chasseurs ont "instauré" l'excès de gibier, de façon tout à fait volontaire, et maintenant, ils se posent en régulateurs attitrés et en écologistes...
Et quand on ose les critiquer, ils se posent en victimes des "bobos écolos des villes" qui n'y comprennent rien à la vie rurale... personnellement, j'ai grandi et je passe encore beaucoup de temps en Haute-Saône, et on ne fait pas plus rural comme coin de France, et j'ai été témoin depuis mon enfance de leur "pratiques écolos" qui consistent à laisser plombs et canettes de bière sur leur passage, à tirer au milieu des troupeaux de vaches/chevaux (et je ne compte pas les témoignages "d'accidents" sur des vaches/chevaux/chiens/chats, cette année, une amie de ma belle-sœur a vu des chasseurs au milieu de de ses chevaux, avec des juments pleines complètement affolées par les tirs... les risques encourus d'avortement accidentels et de mort des dites juments ne semblaient pas du tout inquiéter ces grands amis des bêtes...

), à parader en plein village avec les cadavres de leurs proies, à nourrir soigneusement leur petit cheptel de sangliers, et bien sûr à flinguer tout ce qui gêne/qu'ils ont en vie de flinguer de renards/blaireaux/corbeaux/chats sauvages ou non (et parfois des espèces protégées parce que l'année dernière, des pontes de la fédération départementale se sont fait épinglés par la Justice pour avoir tiré sur des espèces protégées, rien que ça) etc...
Et j'aime beaucoup les articles de "conseils de prudence" : genre, eux ils se baladent tranquilles avec des armes à feu, dont certaines sont à près aussi puissante qu'une arme de guerre (pour tuer des sangliers, il faut pas du petit plomb...), mais c'est au promeneur désarmé de faire attention à ne pas se faire tuer... Et ça ne choque personne. Cela dit, je ne sais d'ailleurs pas si ça suffit de porter du fluo, le chasseur ayant en général très mauvaise vue : l'année dernière, je rappelle qu'ils ont réussi à confondre des ânes avec des biches, des parapentistes avec des faisans, et un TGV avec un sanglier...
