...astronaute français, va parler d'extraterrestres demain sur 20minutes.fr/Gizmodo :
Un spationaute vous répond !Créé le 18.11.09 à 14h30
Mis à jour le 18.11.09 à 14h30 | 1 commentairesAvant-hier, je vous invitais à poser des questions à Jean-François Clervoy, un spationaute français qui a effectué 3 missions dans l'espace. Jean-François Clervoy savait que j'allais venir car il avait été prévenu par ses enfants. Oui, les enfants de spationautes lisent Gizmodo ! Et ça fait plaisir. D'ailleurs, il a répondu longuement à une grande partie des questions que vous avez posées avec une sincérité déroutante.
Si vous voulez savoir ce qu'il a répondu sur l'espace, la terre, les OVNI ou les gadgets hyper chers de la NASA... C'est page suivante !
Question de xchange :
Quel est le gadget le plus impressionnant technologiquement, qu’il a pu avoir entre les mains ?Au niveau d'un équipement individuel, il n'y a rien de très impressionnant. Par exemple, notre viseur optique qui colimate à l'infini la réticule pour faire des visées d'étoile, était déjà utilisé sur des missions Apollo.
Avec du recul, s'il y a un gadget qui m'a impressionné, c'est la navette spatiale. En tant que gadget global, elle ramasse une somme d'intelligence humaine absolument époustouflante. Même si c'est de la très vieille technologie, la façon dont tout ça a été mis ensemble à l'époque (dans les années 70) est impressionnante. Le manche de pilotage du bras robotique que j'ai utilisé plusieurs fois, c'est la technologie du manche du LEM (le module lunaire). Mais regardez un peu comment la navette spatiale a été inventée. C'est à la fois une fusée au lancement, une maison, un atelier de travail en orbite, un avion spatiale de rentrée, un planeur hypersonique. Elle permet des sorties dans l'espace, ou l'utilisation d'un bras robotique. Tout ça ensemble, c'est fantastique. Et je ne pense pas qu'il y aura avant longtemps de nouveaux vaisseaux avec cette complexité et cette intelligence en un seul et même vaisseau. La navette, c'est un super gadget.
Question de Miguel :
Quand on est dans l’espace, y a-t-il un « côté » ? Je veux dire, sans gravitation, est-ce possible d’avoir les pieds au plafond en ayant l’impression de les avoir sur le sol ?Oui, il y a un côté. Puisque nous nous entrainons dans un simulateur qui reproduit exactement la géométrie, les parois, le toucher de notre vaisseau. Dans notre simulateur de vol, il y a un plancher où on marche, il y a un plafond avec un plexiglas transparent pour la lumière et sur les parois des interrupteurs. On est habitué à cette orientation à cause de notre entraînement dans le simulateur. Quand on est dans l'espace, on reconnait le haut et le bas. Par contre, si on a le temps et si on a envie de jouer intellectuellement à se forcer à ne plus associer notre orientation à cette convention liée à notre simulateur sur terre, alors on peut inventer des tas de choses. Lors de mon premier vol, avec un collègue, Scott E. Parazynski, on s'est dit, ce soir on va vivre les 2 heures avant de se coucher à l'envers. La navette était sur le dos afin qu'on puisse observer l'atmosphère terrestre, et on était donc à genoux sur les grands hublots qui se trouvent au plafond de la navette et on regardait la Terre en pointant des zones, un peu comme des gamins. Mais pour répondre à la question : oui, il y a visuellement un haut et un bas, et donc des côtés.
Question de Laureline :
J’aimerai savoir ce qu’il ressenti en voyant sa planète de si haut ? La première pensée qui lui a traversé l’esprit La première pensée c'est : “Qu'elle est belle !”Si on n'avait rien à faire, on resterait scotché au hublot pendant tout le vol. Même quand il n'y a que des nuages, quand il fait nuit. On voit 16 levers et 16 couchers de soleil par jour. En 45 minutes, on est au-dessus de l'hémisphère Nord où c'est l'hiver et les 45 minutes suivantes, c'est l'hémisphère sud où c'est l'été. Et ça change tout le temps. On voit des couleurs, des phénomènes géologiques, des villes d'Asie et de l'Extrême-Orient. On voit des îles avec de grosses tâches grises… C'est le béton, c'est la baie d'Osaka.
Mais globalement, la Terre est vraiment très belle, elle est bien ronde, et elle est… finie. La finitude, ça marque. C'est comme un vaisseau spatial avec ses ressources limitées. Sur une navette, on pense en permanence à économiser nos ressources, l'air, l'eau, l'électricité, etc… Et quand on voit la Terre et qu'on pense qu'il s'agit d'un vaisseau spatial naturel en soi, on a les mêmes réflexions.
Question d'EnPassantParLa
Quelles retombées technologiques ont permis la Station Spatiale Internationale, s’il y en a ?Il y en a, c'est clair. Mais les technologies pour les gadgets de tous les jours avancent beaucoup plus vite au sol que dans l'espace. Par contre, les programmes spatiaux, comme le programme Apollo, ont motivé beaucoup plus de jeunes à choisir des carrières scientifiques et à pousser très loin leurs études dans l'innovation pour permettre à divers programmes d'exister. Les grands programmes phares attirent les jeunes vers les carrières scientifiques. Pour les retombées, en technologie, il y a l'informatique, la sécurité, la gestion des risques,... Il y a aussi les retombées technologiques sur les matériaux qui sont plus durs, plus légers... mais il ne faut pas penser qu'à la technologie. Le programme Apollo, on ne le dit pas assez souvent, a permis de créer une technique de gestion des grands programmes. La façon dont on a géré le Concorde, Hermès, Ariane 5, l'A380 est dérivée des techniques inventées pour la gestion de projets d'envergure comme Apollo. Il y avait 30.000 sous-traitants à gérer.
Revenez demain pour savoir ce qu'il m'a répondu sur les débris qui traînent dans l'espace et le trou qu'il a vu dans Hubble, et pour enfin savoir toute la vérité sur les extra-terrestres !
Je ne pense pas qu'il va nous faire des révélations du style "j'ai vu des OVNI lors de mon voyage dans l'espace" comme certains astronautes américains, mais bon.