Je me permets de remonter ce sujet pour vous faire part d'un article qui m'a semblé intéressant, et qui donne quelques éclaircissements quand au phénomène de coma et de mort cérébrale :
Citer:
La mort précipitamment annoncée d'une sexagénaire qui s'est réveillée quatorze heures plus tard suscite bien des inquiétudes. Cette femme a fait un malaise dans une clinique proche de Bordeaux, où elle était arrivée, à pied, afin de subir une nouvelle chimiothérapie pour un cancer du poumon détecté en 2005. Explications du professeur Pierre Carli, qui dirige le Samu de Paris et du professeur Patrick de Rohan Chabot, responsable du service de réanimation médicale de l'Hôpital américain de Neuilly-sur-Seine.
Quand peut-on parler de mort cérébrale ?
Il existe plusieurs stades de coma ; le plus grave était autrefois appelé stade 4 ou coma dépassé ; aujourd'hui, on parle de mort cérébrale. Il fait le plus souvent suite à un traumatisme crânien sévère, au manque d'oxygénation du cerveau consécutif à un arrêt cardiaque ou à un accident vasculaire cérébral, ou encore à une intoxication grave.
Cet état extrême, qui est l'équivalent de la mort, répond à des critères extrêmement précis. Le diagnostic est établi à partir d'un examen clinique qui montre l'abolition de tous les réflexes, en particulier de la respiration.
Mais cela ne suffit pas. Le médecin doit vérifier à plusieurs reprises que le patient n'est pas capable de respirer seul, que sa pression artérielle, et donc la circulation de son sang, ne peut se faire sans adjonction de médicaments "vaso-actifs" et, surtout, que son électro-encéphalogramme est plat, à plusieurs reprises. Pour confirmer ce diagnostic, il est possible de réaliser un angioscanner ou une artériographie cérébrale, qui confirme la disparition de circulation cérébrale.
Muni de tous ces résultats, un médecin peut porter le diagnostic de mort cérébrale.
Les éventuelles sources d'erreur
Dans certains cas très rares, des spécialistes admettent s'être fait piéger par des pseudo-états de mort cérébrale - ils parlent de "sidération végétative" - parfois totalement réversible, en particulier dans certaines intoxications médicamenteuses graves aux barbituriques. C'est pourquoi il ne faut jamais déclarer une mort cérébrale sans s'être assuré que le malade n'est pas victime d'une intoxication.
Autre source d'erreur : l'hypothermie. Bon nombre de réanimateurs se souviennent du cas d'un malade "gelé" et considéré comme mort qui a repris ses esprits en se réchauffant.
D'autre part, une crise d'épilepsie prolongée et même une grande hystérie peuvent provoquer une syncope brutale et très profonde.
Comment identifier les cas "limites" ?
En pratiquant un électro-encéphalogramme, car personne ne peut le "trafiquer". Malheureusement, tous les établissements de santé ne peuvent pas proposer cet examen qui demande une machine spécifique et un manipulateur entraîné.
En l'absence de moyens techniques suffisants, il n'est pas toujours possible d'affirmer avec certitude la mort cérébrale. C'est pourquoi il serait criminel de débrancher les respirateurs de personnes en coma "aréactif", sur une seule impression clinique.
Le problème est-il différent en médecine d'urgence ?
Non. Si un urgentiste est appelé au chevet d'une personne inconsciente, il la réanime, l'intube, la ventile, tente de faire repartir le coeur si nécessaire et la dirige vers l'hôpital pour y faire des examens. C'est là que se poseront les problèmes de la continuité des soins, en fonction des chances de survie. Et qu'il faudra discuter de l'avenir de chacun. Les urgentistes ne veulent surtout pas se faire piéger dans l'urgence.
Comment les spécialistes interprètent-ils le cas de Bordeaux ?
Comme un probable problème de communication médicale, voire de panique des équipes concernées, même si les spécialistes attendent de connaître le dossier pour en dire plus. Apparemment, les médecins ont surestimé les risques de décès de cette femme traitée pour un cancer après l'accident cardiaque ou vasculaire cérébral dont elle aurait été victime. Et ils ont probablement été trop alarmistes vis-à-vis de sa famille.
Avec le peu d'informations connues, il semble que cette patiente n'a pas bénéficié dans la clinique où elle était de tous les examens nécessaires à l'annonce d'une mort cérébrale.
Source :
http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-p ... 307_57.php