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MessagePublié: 16 Mars 2010, 16:46 
Lueur dans la nuit
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Cinéma: de vampires en pire
De «Dracula» à «Twilight», ces films surgissent en période de crise.

Mercredi 17 Juin 2009

Les vampires sont des créatures des crises. Non, je ne parle pas des liquidateurs judicaires, des organismes de crédit revolving ou des hedge funds qui jouent la baisse des marchés. Mais bien des morts-vivants qui sucent le sang et dorment dans un cercueil. Cette année, cinq films et une série, au moins, ont pour héros Dracula et ses avatars.

«Twiligth», le long-métrage plébiscité par les ados, met en scène une famille de vampires végétariens (enfin, ils boivent le sang des animaux)… et l’amour platonique qui lie leur rejeton à une vivante. Faisant, en contrebande, la propagande de l’abstinence (Stephenie Meyer l’auteur de «la Saga du désir interdit», les best-sellers dont le film est adapté, est mormone). «Fascination» premier volet de la série est sorti le 7 janvier dernier, et sa suite «Tentation» devrait être dans les salles le 18 novembre.

Dans un tout autre genre, «Morse», un étrange film suédois anar et fauché, nous proposait, en février, une vampire pré-adolescente extrêmement dérangeante. Plus consensuel, «Blood, the last Vampire» sort cette semaine. Ce film d’action au casting international, signé par le français Cris Nahon, est l’adaptation d’un manga japonais à succès mélangeant allégrement légendes de vampires européens et succubes de la tradition asiatiques. «Lesbian Vampire Killer», série B américaine délirante, devrait lui succéder dès le 8 juillet. Enfin, «True Blood», série diffusée en France sur Orange Cinémax, nous raconte la coexistence plus ou moins pacifique des humains et des vampires dans une petite ville américaine.

Le vampire, messager en tous genres

Comme l’explique Jean Marigny, professeur de littérature anglaise spécialiste de la littérature vampirique, au site (très) spécialisé maison-hantee.com, les histoires de vampire ont «tour à tour reflété le courant xénophobe de l'avant-guerre (peur des Allemands et des Russes), l'anticommunisme de la Guerre froide, puis plus récemment, le rejet de la société de consommation et des valeurs traditionnelles, la peur du Sida, de la drogue, de la violence urbaine, de la pollution industrielle, etc. A chaque époque, le vampire a eu un visage différent.»

Car ce qui est bien avec les vampires, goules et autres succubes, c’est qu’on peut leur faire dire ce qu’on veut. Tour à tour métaphore de l’exploitation ou du rejet, de la peur de l’étranger ou de la fascination de l’étrange, ils refont leur apparition dès que l’inquiétude domine.

«Nosferatu», premier grand film de vampire a été tourné en 1922 par le réalisateur allemand Friedrich Murnau, alors que son pays était en ruine, l’économie en panne, et l’Europe en proie à une épidémie de grippe espagnole qui fit des millions de morts.

Puis, au lendemain de la crise de 29 seront produits les films qui fixent les canons du genre. «Dracula» de Tod Browning en 1931, avec Bela Lugosi, quatre fois comte transylvanien dans des long-métrages toujours plus noirs à mesure que la guerre approche. Ces films mettent clairement l’accent sur la peur de l’immigrant. Dans leur pendant européen, «Vampyr» (1932) du danois Carl Theodor Dreyer propose le premier personnage de femme vampire et des trouvailles cinématographiques glaçantes comme l’enterrement vu du point de vue du mort.

Après la guerre, le vampire est désormais cantonné aux films de série B. Entre 1958 et 1973, Christopher Lee endosse dix fois la cape de Dracula pour le compte de la compagnie anglaise Hammer Film. En Italie, les suceurs de sang apparaissent dans des giallo comme «le Baron vampire» de Mario Bava. Et, en France, dans les nanars de Jean Rollin (« Le viol du vampire », « La vampire nue »…). On l’aura compris, cette cinématographie bis a pour point commun un érotisme affirmé. Dans cette période de croissance, le vampire est avant tout le moyen de transgresser les interdits sexuels. Un indicateur du décalage entre les mœurs admissibles dans le cinéma grand public et les aspirations d’une jeunesse qui s’émancipe.

C’est en 1979, alors que la crise économique est de retour, que Werner Herzog rend un peu de sérieux à l’affaire, grâce à son «Nosferatu» à la beauté surnaturelle. Un remake du film de Murnau avec Klaus Kinski et Isabelle Adjani. L’année suivante, dans le «Dracula» de John Badham, pour la première fois le vampire devient le héros du film en lieu et place de ceux qui le combattent. Durant la décennie suivante des films comme «Les Prédateurs», «Aux frontières de l’aube» ou «Génération perdue» poursuivront dans cette veine. Miroirs d’une certaine crise morale, d’un désenchantement du monde.

Mais il faudra bien une autre crise économique pour que le seigneur des Carpates fasse son grand retour et dans une version assez fidèle au roman originel de Bram Stoker: le «Dracula» (Francis Ford Coppola, 1992). Et là, ça ne s’arrête plus. «Entretien avec un vampire» (Neil Jordan, avec Tom Cruise et Brad Pitt, 1994) s’inspire librement des livres d'Anne Rice. Et établit un parallèle troublant entre vampirisme et épidémie de sida. «The Addiction» d’Abel Ferrara compare vampires et junkies… Chaque réalisateur semble faire du vampire une métaphore de ses obsessions et de ses inquiétudes. Les créatures de la nuit sont devenues des personnages tellement familiers de la fiction américaine qu’une série («Buffy contre les vampires») leur est consacrée. Sarah Michel Gellar, lycéenne punchy, les affronte pendant sept saisons consécutives de 1997 à 2003.

Désormais, stars à part entière de la pop culture, les parasites immortels survivent aux crises. Mais cela n’empêche pas leur recrudescence quand l’économie plonge. Aujourd’hui, avec des films ciblés sur les ados comme «Twilight» ou «Blood», la peur principale des vampires modèle 2009 est de vieillir. Si c’est tout le mal que la crise a fait naître, on a connu pire.

Jacques Braunstein


http://www.slate.fr/story/6783/cinema-de-vampires-en-pire

J'avoue que je n'avais pas vraiment fait le lien entre les 2 jusqu'à maintenant, mais c'est un fait que le concept "vampire" et tout ce qui gravite autour a le vent en poupe actuellement.
Et il est vrai aussi qu'au fond, que se soit de la SF, du fantastique ou de la fantasy, à un niveau symbolique, tous ces romans/films/séries ne parlent jamais que de ce que nous sommes et de notre société d'un point de vue métaphorique. :think:

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MessagePublié: 16 Mars 2010, 17:39 
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Chimère a écrit:
Et il est vrai aussi qu'au fond, que se soit de la SF, du fantastique ou de la fantasy, à un niveau symbolique, tous ces romans/films/séries ne parlent jamais que de ce que nous sommes et de notre société d'un point de vue métaphorique.


C'est vrai, et je pense aussi à la série Buffy contre les vampires qui avait (et qui a toujours) eu un large succès auprès d'un public spécifique que sont les adolescents. Ce n'est certes pas une série qui entrera au panthéon des merveilles du petit écran, mais là encore la métaphore avec notre société y est omniprésente dans le combat que mène Buffy contre les forces du mal (qui représentent la lutte contre les obstacles et les difficultés de l'adolescence). Loin des héroïnes "potiches" que l'on peut parfois avoir l'habitude de voir à la télévision, ici c'est une jeune fille parfaitement ordinaire qui a sur ses épaules des responsabilités qu'elle doit mener en parallèle avec sa vie de lycéenne puis d'étudiante.

Je ne fais pas l'apologie de cette série, mais je la trouve intéressante à analyser ne serait-ce que pour cet aspect métaphorique qui en ressort. Ce n'est pas étonnant si beaucoup de jeunes se sont reconnus en Buffy.

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MessagePublié: 16 Mars 2010, 18:20 
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Il est vrai que les vampires ont toujours symbolisé notre pendant "négatif". Nous vivons le jour, eux la nuit ; nous respectons la loi, eux tuent pour vivre ; nous sommes vivants, ils sont morts ; et matérialisent toutes sortes de fantasmes "déviants" (par le viol métaphorique, la coprophagie, le besoin de tuer, etc.).

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MessagePublié: 16 Mars 2010, 19:09 
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Le parallèle est intéressant et à mon sens, révélateur. La présence des vampires révèle nos peurs les plus profondes: c'est un annonciateur des ténèbres, un prédateur de l'être humain, qui est censé être au sommet de la chaine alimentaire.
Le fait que l'on ait droit actuellement à des "gentils vampires puritains" est finalement très révélateur de l'inhibition sociale dans laquelle nous nous trouvons. On nous "bride" de tous les côtés, même du côté de notre imaginaire, et voir ces jeunes filles se pâmer devant ces éphèbes finalement asexués, et bien ça me fait peur... (Plus que le bon vieux Nosferatu qui s'introduit nuitamment chez les jeunes filles).
Citation:
C'est vrai, et je pense aussi à la série Buffy contre les vampires qui avait (et qui a toujours) eu un large succès auprès d'un public spécifique que sont les adolescents.

Citer:
C'est vrai, et je pense aussi à la série Buffy contre les vampires qui avait (et qui a toujours) eu un large succès auprès d'un public spécifique que sont les adolescents.



Buffy est une série très intéressante, au delà de la lutte manichéenne du bien et du mal, il y a tout un tas de propos sociologiques sur le mal être adolescent (transformation du corps, qui devient "monstrueux" et difficile à appréhender, éveil à la sexualité, entrée dans le monde des adultes qui engendre des choix qui seront définitifs, angoisse existentielle devant l'avenir, mythe de l'apocalypse, sens du sacrifice, transgression des interdit...) mais aussi sur la société américaine (orientation dans les études, poids de la famille, de la religion, orientation sexuelle mal perçue car différente, poids du travail, problèmes raciaux, identification parentale...) quant on s'y attarde un peu. Pour moi qui ait été une grande fan (à l'époque je faisais caissière pour payer mes études et je finissais très tard le samedi, ce qui me donnait l'occasion de mater les épisodes de cette série qui était diffusée assez tard. ) cette série à toujours été "à part". Elle a assez mal vieillie, mais regarder certains épisodes clés reste un régal pour moi.

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Comme ce serait drôle de ressortir parmi ces gens qui marchent la tête en bas ! Les Antipodistes, je crois...

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