Personnellement, je ne suis pas une personne "rationnelle" au sens commun, et je l'assume parfaitement.
Pour moi, "être rationnel" dans ce sens-là, c'est juste entrer dans un certain "moule" de pensée et de réflexion (ça me fait penser un peu à la discussion sur le rasoir d'Occam, d'ailleurs)... c'est penser dans les limites imposées d'un certain paradigme actuel, alors que je suis intimement persuadée que l'on ne résoudra aucune question "paranormale" au sens large si on ne commence pas à penser hors de ces limites... Hors des limites de notre raison et aussi hors des limites de notre langage (d'ailleurs, en grec, les deux termes peuvent plus ou moins se rejoindre sous le vocable
logos, cela signifie bien que dans notre démarche réflexive occidentale, ces deux capacités se rejoignent et se tiennent : il n'y a, en un sens, pas de raison sans langage). Hors, je pense que bien souvent, mettre des mots est une forme de traduction de ce qui dépasse le langage, ce qui est ineffable, et traduire, c'est toujours trahir.
Je préfère parler de discernement, cela me correspond plus. Le discernement, je le vois comme une sorte de radar mental qui me permet d'avancer et de construire ma propre pensée avec des limites mouvantes, sans forcément avoir de but clair et précis...
Je n'oppose pas nécessairement la raison et l'émotion, pas plus que le vrai et le faux, je ne vois pas les choses de façon aussi binaires... je pense qu'il y a une voie médiane et une façon d'utiliser la réflexion, mais aussi l'intuition et l'imagination pour appréhender et comprendre beaucoup plus que par la seule méthode cartésienne. L'intuition et l'imagination, ou même les émotions, sont au moins autant des vecteurs de savoir et de connaissance que la seule raison.
D'ailleurs, je ne suis pas trop d'accord non plus avec l'idée de convaincre (ou vaincre... parce qu'au final, c'est un peu la même chose). Vouloir convaincre ou vaincre, c'est juste avoir un sacré problème d'ego pour moi...
Je n'ai rien à imposer à qui que se soit, pas plus que je ne suis sensée sauver qui que se soit ou pourfendre quoique se soit... assumer ma propre quête est déjà pas mal. Le reste, je le laisse bien volontiers à ceux qui ont un complexe de supériorité à soigner (ou d'infériorité d'ailleurs, au fond, l'un dissimule bien souvent l'autre)...