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Article du journal catholique français La Croix sur 2012
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S’identifier 15/6/11 - 00 H 00 mis à jour le 22/6/11 - 12 H 44
Les discours sur l'apocalypse en 2012 inquiètent les autorités.. Les discours sur l'apocalypse en 2012 inquiètent les autorités.
La Mission interministérielle de lutte contre les sectes (Miviludes), qui publie ce matin son rapport annuel, observe une « résurgence des discours apocalyptiques », à l'approche de 2012. Elle lance un appel à la vigilance pour éviter les dérives qui, dans le cas de l'ordre du Temple solaire, avaient conduit à des suicides collectifs.
Vigilance. Tel sera ce matin le message de la Mission interministérielle de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), à l'occasion de la publication de son rapport annuel. À l'approche de 2012, cette mission placée auprès du premier ministre, observe « une résurgence des discours apocalyptiques ». « Incontestablement, nous sommes à un moment particulier, note ainsi son président, Georges Fenech. L'enquête inédite que nous avons menée dans 13 pays européens, au Canada, aux États-Unis et au Japon montre que partout, ce type de messages se multiplie. »
Plusieurs thèses, sans rapport entre elles, convergent pour prédire la fin du monde ou l'avènement d'une humanité nouvelle en 2012 : calendrier maya, numérologie autour du 21 décembre 2012 (21.12.2012), astrophysique, etc. Le tout relayé par une industrie culturelle qui a trouvé là un bon filon, du magazine « Savoir, comprendre, se préparer 21 décembre 2012 », paru ce printemps, au film catastrophe 2012, sorti il y a deux ans. Un « buzz planétaire » qui alimente un « climat de peur » et que l'on aurait tort de sous-estimer, affirme le président de la Miviludes.
Non seulement l'apocalypse est « un excellent produit d'appel » pour les mouvements sectaires, mais ceux qui s'y engouffrent sont « très dangereux », à en croire la psychologue Sonya Jougla. Cette clinicienne affirme que plusieurs de ses patients lui en parlent régulièrement. « Dans ces circonstances, les individus se sentent menacés, ont peur de mourir et pensent, pour certains, qu'ils doivent se placer sous la protection d'un gourou pour être sauvés », explique-t-elle. L'expérience lui a montré que « les sectes apocalyptiques ont une plus grande emprise », sont plus « aliénantes », avec pour conséquence « des pathologies aggravées » : rites de purification (pouvant provoquer des anorexies), névroses obsessionnelles, délires interprétatifs, etc.
« On voit des personnes quitter leur travail, rompre avec leur famille, commettre des actes illégaux comme des vols, dans la perspective d'un “transit” vers un autre monde », assure Sonya Jougla. Parfois jusqu'à l'extrême, comme dans l'affaire de l'ordre du Temple solaire (OTS). Entre 1994 et 1997, 74 personnes ont trouvé la mort à l'occasion de soi-disant « transits » vers la planète Sirius.
« Il ne faut pas tomber dans la psychose, mais des passages à l'acte sont possibles », souligne le président de la Miviludes. La mission s'est notamment rendue dans des lieux emblématiques comme dans le village de Bugarach (Aude), devenu un point de rassemblement car son pic est censé être épargné le 21 décembre 2012 (lire page suivante). « Il faut notamment surveiller les habitations isolées investies par des petits groupes d'adeptes » , fait remarquer Georges Fenech, qui, plus largement, souhaite que les pouvoirs publics renforcent la veille Internet et sensibilisent l'opinion publique. « Au départ, ces groupes tiennent un discours apparemment inoffensif, autour du retour à la nature, de la médecine douce, etc. Mais ce n'est que le point d'entrée dans des mouvances dangereuses. »
Historien suisse des mouvements religieux, Jean-François Mayer apporte quelques nuances. « Pour qu'un drame se produise, la seule référence à l'apocalypse ne suffit pas. Il y a toujours une conjonction entre un scénario de ce type et une situation délicate pour le groupe, qui voit dans le passage à l'acte une échappatoire, décrypte le directeur de l'institut Religioscope à Zurich. Ce fut le cas pour l'OTS qui s'est re trouvé dans cette une alchimie meurtrière. » Selon lui, on ne peut exclure qu'avec 2012 « un ou deux groupuscules dérivent » , mais « beaucoup de prédictions évoquent avant tout un processus de renouveau, ce qui relativise les inquiétudes ».
L'Église catholique n'observe pas d'agitation
Pas d'agitation particulière à propos de 2012. C'est ce qu'affirment des observateurs, au sein de l'Église en France, des nouveaux mouvements spirituels. « Il n'existe pas de textes officiels catholiques sur la datation de la fin du monde ; il faut s'en rapporter aux Évangiles », rappelle par ailleurs le service « Nouvelles croyances et dérives sectaires » de la Conférence des évêques de France. De fait, dans les Écritures, Jésus lui-même met en garde ses disciples contre les faux prophètes : « Le ciel et la terre passeront mais mes paroles ne passeront point. Quant à la date de ce jour, et à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père, seul » (Mt 24). L'Église ne peut donc dire autre chose que reprendre l'Évangile de Marc : « Veillez donc car vous ne savez pas quand le Seigneur va venir. »
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