Alecto a écrit:
C'est un relisant un de mes mangas hier, que je suis tombée sur ce fantôme là.
Hmmm... Tu as dû lire
Gegege no Kitarō, je suppose ?
Alecto a écrit:
Littéralement, on pourrait le traduire (parait-il car je ne parle pas japonais, mais c'était dans le glossaire du manga) par "vieux bébé pleurant".
C'est un terme qui est assez difficile à traduire...
En fait, Konaki-jiji s'écrit
子泣き爺 en japonais (ou
こなきじじ si on préfère les hiragana). C'est un mot-valise formé à partir de
子 (
ko, "enfant"),
泣き (
naki, "se lamentant", "geignant") et
爺 (
jiji, un mot familier qui est grosso-modo l'équivalent de notre "pépé" ou "papy" en français).
On pourrait donc le traduire grosso-modo par "pépé se lamentant comme un enfant" (mais la traduction anglaise de "oldman crybaby" colle beaucoup mieux au mot japonais original).
Alecto a écrit:
Les spectres japonais semblent d'ailleurs avoir la vengeance, due à une mort généralement fort violente, pour principale motivation de leur hantise. Et le résultat est généralement violent (se faire écraser, c'est terrible!)
A l'instar de nombreux autres créatures du folklore japonais (comme le noppera-bō ou l'umibozu), le konaki-jiji est intermédiaire entre
le yurei (le fantôme revenant dans le monde des vivants pour se venger) et
le yokai (qui lui est un monstre n'ayant absolument rien d'humain).
Ça dépend sur quel aspect de la créature on préfère mettre l'accent...
Alecto a écrit:
Je n'ai pas trouvé grand' chose de plus sur le Konaki jiji, et j'espère qu'Ar soner aura un peu plus de chose à nous raconter^^
Malheureusement, non, je n'ai pas grand chose de plus à dire que ce que tu viens de raconter... et en dehors du
projet Obakemono, on ne trouve pas sur le web des masses d'informations en plus sur le konaki-jiji.
Le folklore japonais comptait traditionnellement un nombre incalculable de yokai, sachant que ceux-ci changeaient suivent les régions, les ethnies...
Je pense que le konaki-jiji fait partie de la cohorte de créatures folkloriques dont la croyance s'est éteinte au cours de l'ère Meiji (XIXème siècle), mais que Shigeru Mizuki a jugé suffisamment original et intéressant pour mettre en valeur dans ses mangas.
Mizuki s'est essentiellement intéressé au folklore du sud du Japon (c'est-à dire le sud de l'île d'Honshu et le nord de Shikoku), je suppose que le konaki-jiji appartient au folklore de cette région.
Ça n'a probablement rien à voir, mais le konaki-jiji me rappelle un peu le
"vieil homme de la mer" des légendes arabes (et que Sinbad le marin rencontre lors de son 5ème voyage).
En plein désert, un vieillard à l'allure fragile et fatiguée supplie Sinbad de bien vouloir le faire monter sur ses épaules pour lui épargner ses forces. Le héros accepte, mais sitôt le vieil homme monté, il enserre le cou de Sinbad de ses jambes avec une telle force que le arin n'arrive plus à s'en défaire. Sinbad est alors obligé de se plier aux quatre volontés du vieil homme, qui le fait marcher sans but dans le désert à la recherche de "son royaume enfoui sous le sable"... tandis que le poids du vieillard augmente sans cesse, au risque à terme d'écraser et de tuer sa "monture".
Finalement, Sinbad ruse et arrive à faire boire du vin au vieil homme de la mer ; celui-ci finit ivre mort et tombe des épaules de Sinbad qui est enfin libéré.
Alecto a écrit:
Comme tous les yokai japonais, je trouve ça à la fois fascinant et dérangeant. On dirait le "petit poucet" version vengeance.
C'est ce que j'apprécie particulièrement chez les yokai japonais : ils ont à la fois un côté très "pittoresque" -voire volontiers humoristique, mais de l'autre ils sont très sombres et cruels...
