Je ne crois pas en avoir jamais parlé ici, mais j'ai toujours eu deux souhaits que je voudrais voir réalisés avant de mourir. S'ils sont exaucés, je m'estimerai être un homme comblé et je n'aurai aucun regret face à la mort.
Le premier est de vivre assez longtemps pour assister à l'ouverture de
la tombe de l'empereur Qin Shi Huang. Son mausolée s'étend sur près de 5000 ha, avec au milieu, la tombe proprement dite installée sous un large tumulus (dont je peux dire — pour l'avoir vu de mes propres yeux — qu'il ressemble à une petite montagne). Les chroniqueurs contemporains de l'empereur ont affirmé que le mausolée contenait des merveilles incommensurables : une reproduction de l'empire unifié de Chine avec des rivières et des lacs de mercures ; des plafonds incrustés de pierres précieuses et de perles pour figurer la voute céleste... Et il y a assez peu de raisons de douter de ces affirmations, vu ce que les simples zones périphériques du mausolée ont déjà révélé (pour faire simple, la célèbre armée de terre cuite).
Mais pour le moment, les autorités chinoises n'ont pas autorisé l'investigation de la tombe. D'une part, parce qu'elles souhaitent privilégier des méthodes d'exploration non-invasives et encore développer leurs technologies de préservations des artefacts, afin de ne pas dégrader de façon irréversible les richesses qui s'y trouvent enterrées. D'autre part, les textes anciens mentionnent que la tombe est équipée de pièges destinés à repousser les pillards (et ils seraient dignes d'un Indiana Jones : chausse-trapes, arbalètes automatiques...), ce qui explique que son exploration ne soit envisagée qu'avec prudence.
Le second souhait est de pouvoir entendre un jour une reconstitution de la
sordellina. Cette cornemuse italienne, inventée aux environs de 1600, est d'une complexité organologique qui dépasse largement tous les autres instruments à vent jamais inventés par la suite (y compris les instruments de l'orchestre moderne). La sourdeline était ainsi dotée de 3 ou 4 tuyaux, tous entièrement chromatiques et équipés de 30 à 60 clés, ce qui permettait de jouer des polyphonies complexes à plusieurs voix. Un vrai petit orgue !
Malheureusement, aucun exemplaire de
sordellina n'est parvenu jusqu'à nous et elle n'est connue que par des schémas (
elle est ainsi décrite dans la célèbre encyclopédie de Mersenne de 1636), peintures
(1) (2) et
gravures, qui sont heureusement suffisamment détaillées pour avoir une idée de la façon dont l'instrument fonctionnait.
Enfin, ça, c'était avant. Car maintenant, je n'ai plus qu'un souhait à vouloir voir se réaliser !
En effet, des grands malades ont réussi à force d'acharnement à reconstruire la
sordellina, et le résultat est (comme on pouvait s'y attendre) assez extraordinaire
(1) (2).
Deux vidéos pour entendre cette sourdeline reconstituée (mettez impérativement un casque ou de bonnes enceintes pour entendre les basses !) :
https://www.facebook.com/eric.montbel/v ... 365000296/https://www.facebook.com/LiuteriaMontec ... 893734478/Bref. Plus que la tombe de l'empereur, et je peux mourir tranquille.
