C'est sans doute en partie dû au fait que les journalistes ont déformé leurs propos, mais je trouve les arguments des climato-sceptiques assez légers :
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Les courbes de températures qu'il a reconstituées avec une équipe de l'Institut de physique du globe de Paris, qu'il dirige, montrent qu'entre 1900 et 1986, il n'y a pas eu de réchauffement en Europe. Les températures ont ensuite grimpé de 1 °C avant de se stabiliser, "pour une raison que l'on ignore", précise-t-il. En Amérique du Nord, l'évolution est en dents de scie : forte hausse jusque dans les années 1930 puis une baisse très marquée avant une remontée à partir des années 1970. Conclusion de Courtillot : "Il n'y a pas de climat global. Les variations se produisent à l'échelle régionale et sont indépendantes de l'évolution des teneurs en gaz carbonique qui, elles, n'ont cessé de grimper tout au long du XXe siècle.
La température moyenne du globe augmente mais, parce qu'elle n'augmente pas forcément partout au niveau régional, il n'y a pas de réchauffement climatique ? Vous trouvez ça logique, vous ?

Qu'on remette en question le lien entre les émissions anthropiques de gaz à effet de serre me semble raisonnable, mais dire qu'il n'y a « pas de climat global » ou prétendre qu'il n'y a pas de réchauffement global est une absurdité.
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"L'hypothèse d'un renforcement de l'effet de serre lié au CO2 n'est pas idiote en soi, mais prétendre que les émissions d'origine anthropique sont responsables à 90 % du changement climatique est stupide", assène Vincent Courtillot en rappelant qu'au cours des âges le climat de la Terre a varié de manière tout à fait naturelle, parfois de façon très brutale, le tout sans la moindre intervention humaine…
C'est en partie vrai, mais :
1) Le GIEC n'a jamais prétendu que le réchauffement était dû "à 90% aux émissions d'origine anthropique", sa conclusion la plus récente est que le réchauffement global est "très vraisemblablement" lié aux émissions humaines. Même le GIEC ne prétend pas qu'il est certain que le réchauffement climatique est liée à l'homme, cependant, c'est ce que les données tendent très fortement à indiquer et les éléments de preuves en ce sens s'accumulent.
2) Ce n'est pas parce que le climat de la Terre a varié par le passé sans intervention humaine (je m'interroge sur sa définition de "brutal", on parle quand même ici de changements importants en l'espace d'un seul siècle, ce qui est très court) que toute variation en est nécessairement naturelle...
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" Il me semble plus urgent de s'occuper de problèmes immédiats comme la démographie, la faim dans le monde, l'accès à l'eau potable ou le recyclage des déchets urbains, en grande partie occultés par la question du réchauffement ",
Ce n'est sans doute pas faux.
Je crois que certains climato-sceptiques cherchent à dénoncer la récupération politique et médiatique de l'écologie, que je n'aime personnellement pas non plus.
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" Les paramètres (du climat) sont hors de portée des modèles. Donc les modèles sont hors réalité", tranche Claude Allègre dans son dernier livre, paru la semaine dernière. Pour l'ancien ministre de la Recherche, qui résume sur ce point la position de tous les " sceptiques ", le climat est une machinerie beaucoup trop complexe et la climatologie une science bien trop jeune pour prétendre décrire le climat qu'il fera dans un siècle.
Je ne suis pas sûr de comprendre ce raisonnement, surtout venant d'un ancien ministre de la recherche. Pense-t-il vraiment que les modèles climatiques actuels ne servent à rien et que leurs conclusions sont nécessairement totalement fausses et devraient être ignorées ?
Il est clair que les modèles sont loin d'être parfaits, mais ils sont en constante amélioration et donnent jusqu'ici tous le même genre de résultats. Même en admettant que leurs résultats puissent être totalement faux, ne devrions-nous pas, par précaution, envisager la possibilité qu'ils soient corrects ?
J'ai été très surpris par la remarque comme quoi « on a déjà du mal à prédire le temps qu'il fera dans une semaine ». C'est à se demander si c'est bien un scientifique qui a été interviewé et pas une personne prise au hasard dans la rue. J'ai presque l'impression qu'on a échappé de peu au « La Terre ne se réchauffe pas, regardez comme il a neigé cette année ».
Je me pose aussi des questions sur sa remarque selon laquelle le principe de précaution serait un frein à la recherche.

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Yves Lenoir, ingénieur à l'École des mines de Paris et spécialiste du climat, cite en exemple le cycle de l'eau. "Comme il est quasiment impossible de simuler sa dynamique par des équations mathématiques, ce processus, qui représente le tiers des échanges de chaleur à l'échelle du globe, n'est pas inclus dans les modèles. " Une omission d'autant plus fâcheuse que la vapeur d'eau est le principal gaz à effet de serre, loin devant le CO2…
1) Je suis pratiquement certain qu'il se trompe et que la dynamique de l'eau est prise en compte dans les modèles climatiques. Il est vrai que c'est quelque chose de compliqué, mais s'il croit qu'il est « quasiment impossible de simuler la dynamique de l'eau par des équations mathématiques », comment les modèles météo fonctionnent-ils selon lui ?
2) Je suis absolument certain que le rôle de l'eau en temps que gaz à effet de serre est pris en compte dans les modèles sur lequel se base le GIEC, en tout cas.
Ce passage est vraiment bizarre. Je pense que le journaliste n'a pas compris ce que l'ingénieur lui disait, ou alors, ce gars ne sait vraiment pas de quoi il parle.
Bref...
Je pense que c'est bien de faire preuve de recul et de scepticisme vis-à-vis des conclusions du GIEC, mais le discours des climato-sceptiques a tendance à ressembler à une recherche de prétextes souvent douteux pour ne rien changer à notre manière de faire.
Indépendamment de la question du réchauffement climatique, comme je le disais au début du sujet, il y a d'autres raisons de limiter nos émissions en CO2 (et en d'autres gaz, à effet de serre ou non), comme leur dissolution dans les océans, qui nuit à la vie aquatique.
C'était le thème du sujet, à l'origine. On devrait peut-être essayer d'y revenir, désolé pour cet interlude sur le climat.
