Je suis tombée sur cette histoire en feuilletant mon
Dictionnaire Historique de la Magie et des Sciences occultes... Entre 1857 et 1873, dans le village haut-savoyard de Morzine se sont déroulés d'impressionnantes possessions, semblables aux cas les plus célèbres, touchant d'abord les élèves d'une école religieuses, puis des filles et femmes du village... mais à l'inverse de ce qui a pu se passer ailleurs ( Loudun etc... ), les autorités - aussi bien civiles qu'écclésiastiques ( puisque l'Êvêque refusa la pratique d'exorcismes ) entreprirent de traiter le problème de façon "rationnelle", et envoyèrent des médecins psychiatres ( à l'époque, on disait "aliéniste" ) pour traiter les "possédées" ( et des gendarmes, pour maintenir l'ordre )...
Du point de vue de la médecine psychiatrique, cette affaire inspira Charcot dans ses travaux sur l'hystérie, et elle comporte également un intêret sociologique, dans la mesure où à cette époque, le Comté de Savoie était rattaché depuis peu à la France, et les villages étaient fortement enclavées.
La construction d'un route reliant Morzine à la vallée permit d'ailleurs de résorber en grande partie le phénomène.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais je trouve l'affaire intéressante, dans la mesure où c'est la première affaire de possession à avoir été véritablement été traitée du point de vue psychiatrique, et qu'elle se situe en plein aux vrais débuts de cette discipline, et des travaux de Charcot et Janet sur l'hystérie...
Je pense qu'il y aurait matière à article... mais ( c'est pour ça que pour l'instant, j'ai préféré mettre le sujet dans généralité ), je n'ai pas trouvé grand-chose sur le sujet. Je n'ai trouvé que l'article de mon bouquin, et des liens partiels ( et payants pour un, en plus...

).
Mais bon, si ça peut donner une idée...
http://www.france-pittoresque.com/magazine/142.htmhttp://rh19.revues.org/index453.htmlhttp://locweb.free.fr/chronique.htm#possedeehttp://fr.wikipedia.org/wiki/MorzineCiter:
Les possédées de Morzine
Pendant environ 13 ans, de 1857 à 1870, plusieurs dizaines de femmes de Morzine furent prises de convulsions, d’hallucinations, de crises de somnambulisme. Elles se disaient possédées par des diables. Le docteur Augustin Constans, inspecteur général des asiles et un des médecins qui examinèrent les malades, qualifia ces faits d’"épidémie d’hystéro-démonopathie". La psychiatrie contemporaine pourrait qualifier ces crises « d’hystérie de conversion».
Cette affaire eut, à une époque où la psychiatrie était une spécialité balbutiante, une grande publicité. Des revues scientifiques se firent écho des faits [4], des sommités du monde médical vinrent examiner les Morzinoises. Magnétiseurs et spirites firent aussi le déplacement. [5] Le spirite Allan Kardec se rendit à Morzine avant d’être refoulé par les gendarmes.
Cette lettre du sous-préfet de Thonon adressée au préfet de la Haute-Savoie et datée du 4 mai 1864 est particulièrement éloquente. Elle fut rédigée après la cérémonie de confirmation opérée par l’évêque d’Annecy, un des pics de la crise. Le prélat fut agressé dans l'église bondée lors de la cérémonie de confirmation.
Les possédées de Morzine lors de la cérémonie de confirmation de 1864. Tableau de Laurent Baud, artiste-peintre et ancien maire de Morzine« Le brigadier Fourcade s’est distingué : il souffre de nombreuses blessures occasionnées en voulant secourir l’évêque. Il y a 120 ou 130 malades. Des jeunes fille guéries depuis 5 ans n’ont pu supporter cet effrayant spectacle et sont de nouveau atteintes ; trois enfants de 5 et 6 ans sont tombés en crise (...). La consternation et la peur n’ont jamais été si grandes à Morzine. C’est la population entière qui est malade. Les femmes seules ont des crises, mais tout le monde est frappé, et les esprits ébranlés ne peuvent être rassurés par le fait d’un seul et par le travail d’une année. C’est l’éducation morale de la commune qu’il faut refaire, en même temps que l’on devra appliquer des mesures rigoureuses ». Il faut couper nette l’influence religieuse. Les exercices religieux, les cérémonies, tout ce qui se rattache d’un point de vue moral ou matériel, la vue d’un prêtre, le son des cloches, sont des causes qui déterminent presque exclusivement les accès des malades. » [6]
"Les possédées de Morzine" est également un tableau du peintre et ancien maire Laurent Baud.
Ce qui est marrant, c'est que wikipédia et mon bouquin ne sont pas particulièrement d'accord ( enfin, il faudrait trouver un moyen de retracer les faits, parce que l'Evêque a pu changer d'avis entre temps... ou alors, ce n'était pas/plus le même...

)...
( pourtant au cas où certains se poseraient la question ce livre est un ouvrage que je qualifierais de "sérieux", puisque les auteurs sont tous universitaires ou chercheurs genre CNRS, ou historiens...

)